Installée en Côte d’Ivoire depuis 28 ans, Catherine Delon, connaît parfaitement le pays d’Houphouët-Boigny. Retranchée à Bouaké où elle dirige la Librairie Delon, elle pleure la défiguration de la terre d’hospitalité et de paix. Profondément déçue et meurtrie par la dictature de Gbagbo et ses hommes, elle a déposé les gants pour leur cracher ses quatre vérités.
Vous êtes opératrice économique. Depuis quand êtes-vous installée à Bouaké ?
Je vis à Bouaké depuis 1973. C’est-à-dire 13 ans après l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance.
Cela suppose que vous connaissez bien la Côte d’Ivoire en général et Bouaké en particulier ?
Oui, c’est exact ! Je suis en Côte d’Ivoire depuis des années. J’ai résidé longtemps à Abidjan avant de m’installer à Bouaké où j’ai acheté une librairie.
Vous avez certainement de beaux souvenirs de la Côte d’Ivoire d’avant crise…
Je suis arrivée à l’époque de Feu Félix Houphouët-Boigny. A ce moment, j’étais coopérante et j’ai travaillé à la télévision scolaire. On m’avait proposée à un service où je devais ouvrir les écoles primaires, du Cp1 au CM2. En quelque temps, on avait réussi ce travail. Puisque des années après, le nombre d’écoles a sensiblement augmenté. L’objectif était d’ouvrir un panel d’écoles à l’époque. Le français n’était pas développé. C’est après l’ouverture de plusieurs écoles un peu partout que le français était véritablement enseigné dans toute la Cote d’Ivoire. C’étaient des écoles parfaitement suivies, avec des enseignants très motivés. C’est ce projet de télévision scolaire que j’ai réussi, du CP1 au CM2, répondant ainsi à l’attente du ministère de l’enseignement primaire tenu alors par M. Dikébié Pascal. Dans plusieurs villages, il y avait des écoles télévisuelles. Donc, tout était bien pensé. Si vous me parlez de cette période, moi, je vous dirais que tout était bien. Les gens étaient heureux et il n’y avait que très peu de policiers dans les rues.
On ne voyait pas de militaires armés partout. Ce n’était pas un pays en cris ni un pays en guerre.
C’était un pays de paix. J’ai également apprécié la période à laquelle nous avions Alassane Ouattara comme Premier ministre. On a vu un changement, durant ses 3 ans à la primature, j’étais déjà opératrice économique. J’ai travaillé à Abidjan en librairie. Le quotidien des opérateurs économiques avait changé.
Dans quel sens exactement ?
Je vais vous parler, par exemple, de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Avec Alassane Ouattara, elle a été bénéfique pour la Côte d’Ivoire. Pour moi, c’est un homme de vertu qui a travaillé pour le bien et l’intérêt de ce pays.
Et pourtant, des opérateurs économiques soutiennent le contraire…
Ce sont des arguments politiques. Ce ne sont pas des arguments concrets. Moi, je vous donne des exemples concrets. Lorsque vous répondez à un appel d’offre réellement, il n’y avait pas de problème. Bien sûr, il y a toujours des gens pour critiquer une action même quand c’est bon. A l’époque, si vous aviez une affaire au tribunal, vous n’aviez pas obligatoirement besoin d’un conseil (un Avocat) pour avoir raison. Parce que, demander les services d’un Avocat coûte cher.
Il n’est pas à la portée de tout le monde. Aujourd’hui, il est plus facile d’acheter un magistrat que de payer un Avocat, dit-on à Abidjan.
Vous qui êtes en Côte d’Ivoire depuis longtemps et qui vivez au quotidien cette crise qui perdure, est-ce que vous pensez que nous allons en sortir?
On était déjà sorti de la crise, mais il y a une crise dans la crise. C’est déjà compliqué pour s’en sortir. On a eu des élections transparentes à l’issue desquelles, il y a un Président élu, qui ne peut pas malheureusement gouverner. Tout les Ivoiriens attendent. Parce qu’à partir du moment où il y a des élections libres et transparentes qui ont donné M. Alassane Ouattara gagnant, il est bien évident qu’il devienne Président. C’est ce qu’on appelle la démocratie.
Et pourtant le camp Gbagbo refuse d’entendre cela…
Oui ! Mais le camp Gbagbo le refuse dans sa politique de ‘‘on gagne ou on gagne’’. Donc, on aurait dû s’attendre à cela. C’est cela qu’il faut regretter. Moi, je n’ai jamais cru en l’engagement de Monsieur Gbagbo Laurent de céder le pouvoir en cas de défaite. Je me suis toujours demandé comment cela allait se passer ? Puisque, c’est quelqu’un qui, durant sa campagne, avait pour slogan ‘‘on gagne ou on gagne’’. Lorsqu’il dit qu’il y a eu des élections bâclées à Bouaké, on c’est que c’est faux ! Moi, je vous assure sincèrement, je suis allée sur les sites. Tout s’est passé dans la sérénité. J’ai été sidérée quand j’ai appris que les élections ont été bâclées au Nord. C’est tellement flagrant ! Cette injustice est si poussée que même les militants LMP qui vivaient à Bouaké ne peuvent pas y croire. Tout le monde a été surveillé aussi bien par les observateurs nationaux qu’internationaux.
En plus, Gbagbo lui-même a envoyé 1500 soldats sur le terrain ?
Absolument, on avait vu 1500 soldats qui ont été bien accueillis dans le Nord. Dans les bureaux de vote, il y avait les représentants des deux camps (Rhdp et Lmp). Pour moi, c’est du jamais vu ! C’est inédit mais pas étonnant !
Selon vous, pourquoi Laurent Gbagbo s’accroche tant au pouvoir?
Demandez-le-lui. C’est pour peut-être rester au pouvoir qu’il le fait. C’est pour s’y éterniser qu’il s’accroche au pouvoir. C’est un mauvais perdant et il l’a démontré depuis de nombreuses années.
Cela n’étonne guère personne. C’est vrai que quand on est au pouvoir, c’est difficile de le laisser à l’autre, car il y a de l’argent derrière. C’est la couverture sociale, vous avez l’immunité (…). Penser un seul instant qu’on va perdre tout cela est hallucinant. Là, on arrive où nous, opérateurs économiques, ne faisons que subir les conséquences néfastes de la politique.
La politique, c’est du quotidien et c’est dangereux quelques fois parce qu’on peut vous tuer. C’est la dictature. On en arrive à un régime de dictature, voilà ! Cela a été stimulé partiellement avant les élections. Mais là, vous voyez Laurent Gbagbo dans un engrenage et c’est difficile pour lui de revenir en arrière. Alassane Ouattara est un homme calme, serein, qui n’aime pas la guerre.
Mais d’aucuns avancent qu’il est derrière la rébellion ?
Ce sont là encore des arguments politiques. C’est facile de le dire. Regardez la RTI et vous vous croirez dans un autre monde ! C’est une télévision démentielle, radio ‘‘Mille Collines’’. Je doute qu’elle puisse résister longtemps. Ce n’est pas bien avec les redevances payées par le contribuable. Ce n’est même pas bien pour l’entourage de Gbagbo, parce qu’on y dit des mensonges grossiers sans qu’on en soit interpellé.
Le comble, c’est qu’on accuse toujours l’Occident…
Qui accuse l’Occident ? C’est toujours les mêmes ! On va pas se flageller en arrière, parce qu’il y a une colonisation. Elle existait en Afrique. Il y a des gens qui vivent en Afrique surtout les Européens et autres qui sont contre cette colonisation. A cet effet, c’est immature de parler de colonisation. Il y a eu l’esclavage, les Ivoiriens le savent aussi. C’est non fondé d’accuser toujours l’Occident! Et pourtant, c’est trop facile d’attendre toujours de l’argent des Occidentaux! En échange, le minimum exigé est la démocratie et donc des élections transparentes et de bons résultats. C’est tout ! C’est la moindre des choses. L’élection présidentielle ivoirienne a été transparente. Mais au finish, il y a eu l’absence de démocratie, puisque le camp Gbagbo en a décidé ainsi. C’est dommage ! Cela a plongé le pays dans une situation intenable.
Réalisée à Bouaké par
MASS DomiI,
Vous êtes opératrice économique. Depuis quand êtes-vous installée à Bouaké ?
Je vis à Bouaké depuis 1973. C’est-à-dire 13 ans après l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance.
Cela suppose que vous connaissez bien la Côte d’Ivoire en général et Bouaké en particulier ?
Oui, c’est exact ! Je suis en Côte d’Ivoire depuis des années. J’ai résidé longtemps à Abidjan avant de m’installer à Bouaké où j’ai acheté une librairie.
Vous avez certainement de beaux souvenirs de la Côte d’Ivoire d’avant crise…
Je suis arrivée à l’époque de Feu Félix Houphouët-Boigny. A ce moment, j’étais coopérante et j’ai travaillé à la télévision scolaire. On m’avait proposée à un service où je devais ouvrir les écoles primaires, du Cp1 au CM2. En quelque temps, on avait réussi ce travail. Puisque des années après, le nombre d’écoles a sensiblement augmenté. L’objectif était d’ouvrir un panel d’écoles à l’époque. Le français n’était pas développé. C’est après l’ouverture de plusieurs écoles un peu partout que le français était véritablement enseigné dans toute la Cote d’Ivoire. C’étaient des écoles parfaitement suivies, avec des enseignants très motivés. C’est ce projet de télévision scolaire que j’ai réussi, du CP1 au CM2, répondant ainsi à l’attente du ministère de l’enseignement primaire tenu alors par M. Dikébié Pascal. Dans plusieurs villages, il y avait des écoles télévisuelles. Donc, tout était bien pensé. Si vous me parlez de cette période, moi, je vous dirais que tout était bien. Les gens étaient heureux et il n’y avait que très peu de policiers dans les rues.
On ne voyait pas de militaires armés partout. Ce n’était pas un pays en cris ni un pays en guerre.
C’était un pays de paix. J’ai également apprécié la période à laquelle nous avions Alassane Ouattara comme Premier ministre. On a vu un changement, durant ses 3 ans à la primature, j’étais déjà opératrice économique. J’ai travaillé à Abidjan en librairie. Le quotidien des opérateurs économiques avait changé.
Dans quel sens exactement ?
Je vais vous parler, par exemple, de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Avec Alassane Ouattara, elle a été bénéfique pour la Côte d’Ivoire. Pour moi, c’est un homme de vertu qui a travaillé pour le bien et l’intérêt de ce pays.
Et pourtant, des opérateurs économiques soutiennent le contraire…
Ce sont des arguments politiques. Ce ne sont pas des arguments concrets. Moi, je vous donne des exemples concrets. Lorsque vous répondez à un appel d’offre réellement, il n’y avait pas de problème. Bien sûr, il y a toujours des gens pour critiquer une action même quand c’est bon. A l’époque, si vous aviez une affaire au tribunal, vous n’aviez pas obligatoirement besoin d’un conseil (un Avocat) pour avoir raison. Parce que, demander les services d’un Avocat coûte cher.
Il n’est pas à la portée de tout le monde. Aujourd’hui, il est plus facile d’acheter un magistrat que de payer un Avocat, dit-on à Abidjan.
Vous qui êtes en Côte d’Ivoire depuis longtemps et qui vivez au quotidien cette crise qui perdure, est-ce que vous pensez que nous allons en sortir?
On était déjà sorti de la crise, mais il y a une crise dans la crise. C’est déjà compliqué pour s’en sortir. On a eu des élections transparentes à l’issue desquelles, il y a un Président élu, qui ne peut pas malheureusement gouverner. Tout les Ivoiriens attendent. Parce qu’à partir du moment où il y a des élections libres et transparentes qui ont donné M. Alassane Ouattara gagnant, il est bien évident qu’il devienne Président. C’est ce qu’on appelle la démocratie.
Et pourtant le camp Gbagbo refuse d’entendre cela…
Oui ! Mais le camp Gbagbo le refuse dans sa politique de ‘‘on gagne ou on gagne’’. Donc, on aurait dû s’attendre à cela. C’est cela qu’il faut regretter. Moi, je n’ai jamais cru en l’engagement de Monsieur Gbagbo Laurent de céder le pouvoir en cas de défaite. Je me suis toujours demandé comment cela allait se passer ? Puisque, c’est quelqu’un qui, durant sa campagne, avait pour slogan ‘‘on gagne ou on gagne’’. Lorsqu’il dit qu’il y a eu des élections bâclées à Bouaké, on c’est que c’est faux ! Moi, je vous assure sincèrement, je suis allée sur les sites. Tout s’est passé dans la sérénité. J’ai été sidérée quand j’ai appris que les élections ont été bâclées au Nord. C’est tellement flagrant ! Cette injustice est si poussée que même les militants LMP qui vivaient à Bouaké ne peuvent pas y croire. Tout le monde a été surveillé aussi bien par les observateurs nationaux qu’internationaux.
En plus, Gbagbo lui-même a envoyé 1500 soldats sur le terrain ?
Absolument, on avait vu 1500 soldats qui ont été bien accueillis dans le Nord. Dans les bureaux de vote, il y avait les représentants des deux camps (Rhdp et Lmp). Pour moi, c’est du jamais vu ! C’est inédit mais pas étonnant !
Selon vous, pourquoi Laurent Gbagbo s’accroche tant au pouvoir?
Demandez-le-lui. C’est pour peut-être rester au pouvoir qu’il le fait. C’est pour s’y éterniser qu’il s’accroche au pouvoir. C’est un mauvais perdant et il l’a démontré depuis de nombreuses années.
Cela n’étonne guère personne. C’est vrai que quand on est au pouvoir, c’est difficile de le laisser à l’autre, car il y a de l’argent derrière. C’est la couverture sociale, vous avez l’immunité (…). Penser un seul instant qu’on va perdre tout cela est hallucinant. Là, on arrive où nous, opérateurs économiques, ne faisons que subir les conséquences néfastes de la politique.
La politique, c’est du quotidien et c’est dangereux quelques fois parce qu’on peut vous tuer. C’est la dictature. On en arrive à un régime de dictature, voilà ! Cela a été stimulé partiellement avant les élections. Mais là, vous voyez Laurent Gbagbo dans un engrenage et c’est difficile pour lui de revenir en arrière. Alassane Ouattara est un homme calme, serein, qui n’aime pas la guerre.
Mais d’aucuns avancent qu’il est derrière la rébellion ?
Ce sont là encore des arguments politiques. C’est facile de le dire. Regardez la RTI et vous vous croirez dans un autre monde ! C’est une télévision démentielle, radio ‘‘Mille Collines’’. Je doute qu’elle puisse résister longtemps. Ce n’est pas bien avec les redevances payées par le contribuable. Ce n’est même pas bien pour l’entourage de Gbagbo, parce qu’on y dit des mensonges grossiers sans qu’on en soit interpellé.
Le comble, c’est qu’on accuse toujours l’Occident…
Qui accuse l’Occident ? C’est toujours les mêmes ! On va pas se flageller en arrière, parce qu’il y a une colonisation. Elle existait en Afrique. Il y a des gens qui vivent en Afrique surtout les Européens et autres qui sont contre cette colonisation. A cet effet, c’est immature de parler de colonisation. Il y a eu l’esclavage, les Ivoiriens le savent aussi. C’est non fondé d’accuser toujours l’Occident! Et pourtant, c’est trop facile d’attendre toujours de l’argent des Occidentaux! En échange, le minimum exigé est la démocratie et donc des élections transparentes et de bons résultats. C’est tout ! C’est la moindre des choses. L’élection présidentielle ivoirienne a été transparente. Mais au finish, il y a eu l’absence de démocratie, puisque le camp Gbagbo en a décidé ainsi. C’est dommage ! Cela a plongé le pays dans une situation intenable.
Réalisée à Bouaké par
MASS DomiI,