Crise post-électorale / Pour faire partir Laurent Gbagbo : Guillaume Soro dévoile sa stratégie depuis Dakar

En visite officielle au Sénégal de trois jours, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, Soro Guillaume a tenu le 17 février 2011 une conférence de presse. La crise ivoirienne et les moyens de faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir étaient au centre des discussions.

Accentuer la division au sein des Forces de défense et de sécurité (Fds) et isoler les irréductibles. C’est ce à quoi veut parvenir Soro Guillaume avant la grande offensive contre Laurent Gbagbo. Le Premier ministre ivoirien l’a fait savoir le 17 février 2011 à Dakar. C’était lors d’une conférence de presse tenue en marge d’une visite officielle dans la capitale sénégalaise.

Pour mener sa révolution annoncée pour le 21 février, Soro Guillaume lorgne du côté des Fds.

Selon lui, « La Cei détient des données techniques qui montrent que 63% des militaires ont voté M. Alassane Ouattara au second tour. Ce qui montre que l’armée de Côte d’Ivoire est avec M. Ouattara ». C’est donc sur ces hommes que compte le Premier ministre. Seul bémol, c’est que « M. Gbagbo en prévision de sa défaite, a créé au sein de l’armée des structures parallèles qu’il a lourdement armées notamment la Garde républicain, les Cecos et la Marine nationale, tous commandés par des proches». Face à cette situation, la stratégie du camp Ouattara consiste à rallier le maximum de militaires à sa cause ce qui semble en marche. «Mon téléphone est inondé de coups de fil de généraux et d’officiers supérieurs qui sont en train de nous rejoindre». Pour Soro, il s’agira d’organiser ce beau monde et éviter tout affrontement entre Fds et les Forces armées des Forces nouvelles (Fafn). «Cela ferait tellement plaisir à Gbagbo que les Fafn attaquent les Fds pour les solidariser entre elles et les pousser à réagir face à une agression extérieure.

C’est l’erreur qu’il ne faut pas commettre dans la stratégie. Les Fafn joueront leur part opportunément. Mais joueront leur part avec leurs frères d’arme des Fds», a-t-il expliqué avant d’ajouter : « Des Fds ont commencé à nous rejoindre à Bouaké. Ceux qui sont à Abidjan ont commencé à nous rejoindre au Golf. À un moment donné, Gbagbo va se retrouver avec des mercenaires et des irréductibles de la Garde républicaine. Et en ce moment, nous auront la force de la République et la légitimité de les affronter. Mais il ne faut pas faire l’erreur stratégique et tactique d’amener les deux armées à s’affronter. Les dégâts ne seraient que plus grands». Dans cette stratégie, la population civile est aussi appelée à jouer sa partition. Non pas à manifester mais à filmer toutes les exactions. « Le peuple de Côte d’Ivoire ne doit rien attendre de l’Ua et de la Cedeao. Le peule de Côte d’Ivoire doit faire sa révolution. C’est pourquoi, je demande aux Ivoiriens de s’organiser dans les villes, les villages et dans les campements pour construire la révolution. Le peuple de Côte d’Ivoire a dans sa main une arme fatale. Il s’agit des téléphones portables. Filmez et photographiez les exactions et envoyez les nous par les sites qui vous seront communiqués.

Grâce à ces preuves, tous les coupables des ces crimes seront poursuivis». Pour finir Soro Guillaume a ajouté que parallèlement à toutes ces mesures, l’asphyxie financière du régime en place sera renforcée afin de limiter ses marges de manœuvre. Le but étant de «faire partir Laurent Gbagbo tout en minimisant le nombre de perte en vie humaine».

Moussa TALL, correspondant à Dakar