Le Premier ministre Guillaume Soro a échangé samedi dernier avec les chefs traditionnels, religieux et de communauté de Bouaké au Secrétariat général des Forces nouvelles. Nous vous proposons l’intégralité de son intervention.
« M. le Préfet de Bouaké, M. le maire de Bouaké, messieurs les chefs traditionnels, messieurs les chefs de communauté, messieurs les religieux.
Avant que je ne prenne la parole pour lancer un message à la population de Bouaké, je veux tout d’abord lui présenter mes excuses. Cette population qui s’est mobilisée depuis 7h du matin pour nous attendre pour un meeting au stade.
Malheureusement, j’ai dû partir de Ouagadougou à Lomé, pour voir le Président Faure Gnassingbé dans le cadre de mes fonctions, en tant que Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire. Nous avons eu une audience qui a pris beaucoup de temps et le Président voulait me faire l’amitié de me retenir à déjeuner.
J’ai dû lui dire que je ne pouvais pas déjeuner parce que les populations à Bouaké m’attendaient. Malheureusement, je n’ai pas pu rattraper le temps et être là plus tôt pour pouvoir parler aux populations de Bouaké.
Mais je suis content d’une chose, les chefs traditionnels, nos papas, les chefs religieux, nos papas, les femmes, de 7h à 17h, sans boire ni manger nous ont attendus, cela veut dire que nos papas, nos mamans sont prêts pour la révolution. Parce que la révolution demande beaucoup d’endurance et beaucoup de courage. Mais avant d’aller plus loin, je vais demander aux chefs traditionnels, aux religieux, aux femmes, à tous ceux qui sont ici d’ovationner le Préfet de région de Bouaké et le corps préfectoral.
Mes premiers mots sont des mots de félicitations au corps préfectoral. Je veux que vous le reteniez. C‘est un grand symbole. Et je vais leur rappeler la phrase que je leur ai dite le premier jour en 2007 au cinéma le Capitole, quand ils ont mise les pieds à Bouaké.
Je leur ai dit qu’ils sont des pionniers de la République de Côte d’Ivoire. Et que la tâche serait difficile. La tâche serait même risquée. Mais qu’ils ne devraient pas se préoccuper des questions politiques et qu’ils devraient plutôt travailler au nom et pour le compte de la République de Côte d’Ivoire.
Mais je ne savais pas, en le disant ce jour-là, que les risques seraient grands pour eux. Et que même leur intégrité physique serait en jeu. Mais, j’ai été personnellement frappé et séduit par le professionnalisme du corps préfectoral de Côte d’Ivoire et surtout leur courage.
C’est pourquoi, j’ai voulu qu’on leur rende hommage parce que tout ce que nous sommes en train de faire, c’est grâce à leur courage. Car il aurait simplement suffi d’un coup de fil du ministre de l’Intérieur de l’époque pour leur dire de faire de faux rapports pour dire que les élections ont été truquées et que vous qui êtes assis devant moi êtes des fraudeurs et des étrangers, que la Côte d’Ivoire serait en train de brûler.
Mais c’est parce qu’ils ont refusé de dire le mensonge, ils ont refusé de trahir leur conscience professionnelles qu’aujourd’hui, nous avons la force de parler au monde entier et de dire que les élections se sont déroulées dans la transparence et dans la démocratie sur l’ensemble du territoire ivoirien.
C’est important, je les recevrai tout à l’heure pour leur parler, parce que je sais qu’on a coupé leur salaire dans l’espoir qu’en le faisant, ils auront faim et vont changer leur rapport. Mais les préfets qui ont eu le courage de leur opinion et qui ont tenu à leur serment et à leur profession, n’auront jamais faim. Je m’engage à leur assurer leur salaire au nom de la République de Côte d’Ivoire.
Ceci dit, je veux parler aux chefs traditionnels, aux religieux. C’est bien que des religieux soient là.
Vous qui êtes les garants de la tradition et vous, garants de l’éthique morale et religieuse, je veux vous parler.
J’ai été nommé Premier ministre en 2007. C’était pour amener les Ivoiriens aux élections, pour que la guerre finisse. Pendant trois ans, je ne dormais pas. Nous avons travaillé pour faire ces élections. C’est pourquoi, aujourd’hui je suis un homme triste pour mon pays parce que nous avons travaillé au risque de nos vies. Parce que le premier jour où j’allais à Abidjan, j’ai reçu beaucoup de coups de fil pour me dire ‘‘Guillaume, fais attention parce qu’on va te tuer à Abidjan.’’
Je suis allé quand même et on a travaillé.
Il fallait faire les cartes d’identité et on a fait. On a arrêté la guerre, je suis allé voir Gbagbo, Bédié, Ouattara et j’ai dit qu’on va organiser l’élection. L’engagement que je prends devant toute la Côte d’Ivoire, c’est de faire une élection propre où Gbagbo ne pourra pas tricher ; Alassane, Bédié ne pourront pas tricher non plus. Je fais l’élection non pas pour quelqu’un mais pour la Côte d’Ivoire.
Nous tous, nous aimons la Côte d’Ivoire et on s’est mis à travailler pour faire les élections.
Les Ivoiriens sont allés voter au premier tour et monsieur Ouattara et monsieur Gbagbo ont été les deux qui ont été admis au second tour.
Permettez-moi de m’arrêter un instant pour saluer le Président Bédié. Il faut que je le salue parce que le Président Bédié n’est pas venu au second tour. Je me suis rendu chez lui à la maison, il m’a dit une phrase forte que je veux vous redire.
Il m’a dit : ‘‘Soro, je ne suis pas admis au second tour mais je sais que dans certaines régions, Gbagbo m’a volé des voix mais moi Bédié, j’aime la Côte d’Ivoire, j’ai été ministre de l’Economie et des Finances en 1965, c’est nous qui avons tracé et construit la Côte d’Ivoire moderne. Pour l’amour que j’ai pour mon pays, même si j’ai le sentiment d’avoir été victime d’une fraude de la part de monsieur Gbagbo, j’accepte. Tu peux faire le deuxième tour.’’
Voila quelqu’un qui aime son pays. Cela fait deux fois que Bédié me démontre à moi qu’il aime la Côte d’Ivoire.
La première fois, c’était le 24 décembre 1999. Gbagbo prend pour se moquer en disant, Bédié c’est un peureux, il a fui. C’est parce qu’il a aimé son pays qu’il est parti. En 2010, il a aimé son pays, il a laissé le second tour. C’est pourquoi, je le salue, je lui rends hommage et je vous assure que je ne peux pas accepter que ce monsieur soit cloîtré à l’hôtel du Golf après tout ce qu’il a fait.
Nous sommes allés au second tour, M. Ouattara, M. Gbagbo. L’élection s’est bien déroulée, mais quand on prend la télévision nationale en elle-même, on voit les représentants de Gbagbo dire ‘‘on a bien voté, tout s’est bien passé’’. Fologo, Eugène Djué et tout le monde. Nous avions les tendances, je suis allé voir Gbagbo, pour lui dire : ‘‘Monsieur le Président, les résultats vous sont défavorables mais laissez la commission électorale indépendante donner les résultats.’’
Il n’a pas voulu, plongeant la Côte d’Ivoire dans une crise. Gbagbo n’aime pas la Côte d’Ivoire. Un pays qu’il n’a pas construit. Il s’aime lui-même mais il n’aime pas la Côte d’Ivoire. Parce que même s’il pense qu’il est une victime, il n’aime pas la Côte d’Ivoire. Parce que quand tu aimes ton pays et quand on franchit les 50 morts, les 100, les 200 et 300 morts, on quitte le pouvoir.
En Tunisie, Ben Ali a été bien élu mais il est parti. Mais lui, il est quel genre d’homme, qui dit aimer son pays, qui a perdu l’élection et qui refuse de partir. Il faut qu’il parte.
C’est pourquoi, je veux parler aux chefs traditionnels et aux religieux. Moi, j’ai des principes et des convictions. Nous avons organisé cette élection et je vous dis que Gbagbo l’a perdue. Les régions qu’on a invalidées ne sont pas celles qui ont élu Alassane parce que ce sont les électeurs de Bédié qui ont voté Alassane. Il y a dans des départements où il y a eu 80% de report de voix de Bédié sur Alassane. Gbagbo n’aime pas la Côte d’Ivoire. Est-ce que Houphouët l’a séquestré dans un hôtel avec tout son banditisme qu’il a fait en Côte d’Ivoire.
Il n’aime pas la Côte d’Ivoire. Nous devons lui montrer que nous, nous aimons notre pays. C’est pourquoi, j’ai dit à l’occasion d’une interview, que c’est aux Ivoiriens, ceux qui ont élu Alassane qui doivent aller l’installer au Palais et les Ivoiriens doivent compter sur eux-mêmes. Il n’y a pas de dictature qui ne soit vaincue si le peuple est mobilisé et nous allons le faire.
Nous allons nous organiser. Je demande aux chefs traditionnels et aux religieux, partout où vous êtes, organisez les populations pour la révolution de demain. Partout où vous êtes, dans les hameaux, campements, villages, villes, vous devez les organiser parce que, ce que nous allons entreprendre est une tâche importante et de longue haleine.
Nous ne pouvons pas laisser le pays divisé. Nous ne pouvons pas laisser Gbagbo brûler la Côte d’Ivoire. Parce que les hommes, ils vont, ils viennent. Mais ce qui est essentiel pour nous, c’est notre pays. Tout le monde sait qu’il a perdu les élections. Donc qu’il parte. Perdre une élection, ce n’est pas la fin. Au Benin, Kérékou a perdu, il est parti. Cinq ans après, il est revenu se présenter et il a gagné. C’est ça la démocratie.
La démocratie, on peut échouer aujourd’hui et gagner demain. Mais on ne dit pas je suis battu et je reste là quand-même. On ne l’acceptera pas. C’est pourquoi je voudrais, chers chefs traditionnels et religieux, vous dire que dans quelques jours Gbagbo partira et il partira. Il le sait lui-même. Il partira. J’ai dit quelque part s’il est suicidaire, nous sommes déterminés. Donc, il partira.
Le souci du Président Alassane Dramane Ouattara est de venir diriger un pays où il aura la capacité de réconcilier tout le monde. La philosophie d’Alassane est contraire à celle de Gbagbo qui dit mille morts à gauche, mille morts à droite, j’avance. Mais en disant ça il sera certainement un bon Président pour le cimetière, mais pas pour la République de Côte d’Ivoire. Parce que la République de Côte d’Ivoire, le Président de la République, sa première préoccupation, c’est le citoyen.
Le Président de la République me l’a répété chaque fois : ‘‘c’est vrai, je voulais devenir Président, je le suis aujourd’hui, mais je veux être Président des Ivoiriens vivants’’. Mais comme je le dis, nous allons nous donner les moyens pour que Gbagbo parte. Je n’ai aucun doute là-dessus.
A Abidjan, le Président Alassane m’a donné le ministère de la Défense, certains d’entre vous se sont demandés pourquoi les Forces Nouvelles n’attaquent pas ? Je vais vous dire, je suis ministre de la Défense et pour les Forces armées des Forces Nouvelles et pour les Fanci. J’ai dit Général Bakayoko que ce n’est pas la peine d’aller attaquer les Fanci parce qu’elles ont voté à 63% le Président Alassane. Si vous allez les attaquer, ce sont des électeurs d’Alassane que vous attaquez.
J’ai demandé aux Fanci qui ont voté Alassane de s’organiser. Ces Fanci donneront la main aux Forces Armées des Forces Nouvelles pour faire un et combattre les mercenaires de Gbagbo et sa garde républicaine. C’est ça la stratégie. C’est pourquoi tous les Fanci que j’ai nommés au ministère de la Défense, ne sont pas des Forces Nouvelles.
Mon directeur de Cabinet, Mian Gaston, il n’est pas des Forces Nouvelles. Le porte-parole militaire, le capitaine Kouakou Allah Léon n’est pas des Forces Nouvelles. C’est lui-même qui était au front de l’Ouest à Zouan-Hounien 2002 pour nous attaquer. Aujourd’hui, il est avec la République. Et celui qui incarne l’institution, la République aujourd’hui, c’est Alassane Dramane Ouattara. Donc, il est avec nous. Et vous avez vu qu’il a commencé à parler aux Forces de défense et de sécurité.
Ceux là sont les premiers visages que vous voyez. Mais il y a encore les 63 % des Fanci qui nous appellent.
Gbagbo croit qu’il a des soldats, il n’en a pas. Ils ne vont pas mourir pour lui. On ne meurt pas pour quelqu’un qui a perdu l’élection. On peut mourir pour la République mais pas pour un individu. Donc je sais que les FANCI ne se battront pas pour Gbagbo. Comme hier en 2000, les FANCI ne se sont pas battues pour Guéi. Aujourd’hui en 2011, les FANCI ne se battront pas pour Gbagbo. Ils ne se battront pas pour mourir pour Gbagbo. Donc, je peux vous rassurer. J’aurais aimé encore vous parler pendant longtemps car j’avais soif de vous voir, de voir Bouaké, parce que Bouaké me manque.
Je suis à Abidjan, Bouaké me manquait. Donc je voulais voir nos parents de Bouaké. Je suis content de vous avoir vus, d’avoir vu les chefs traditionnels, les chefs religieux et de pouvoir parler avec vous.
C’est sur ces notes d’espoir que je veux que vous gardiez la sérénité. Je vous demande de n’avoir aucune crainte, aucun doute car Gbagbo est fini. Gbagbo est fini, oui il est fini. Donc n’ayez aucun doute, Gbagbo, c’est terminé.
J’ai dis au Président Alassane de réfléchir pour voir comment réconcilier les Ivoiriens. Nous, on va le faire partir. Lui, il est Président, il doit déjà anticiper comment ça va se faire. Mais Gbagbo, ne parlez plus de lui, c’est fini tout le monde le dit.
La CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Nations unies disent qu’il a perdu. Lui seul ne peut pas contre tous ceux là.
Et puis même si tous ceux là ne sont pas là, nous, nous sommes là. Est-ce qu’il peut contre nous ?
Nous sommes ici depuis 2002. Donc n’ayez aucun doute, c’est terminé. Maintenant nous sommes en train de regarder l’opportunité. Mais je l’ai dit les populations doivent s’organiser pour que nous fassions la révolution ivoirienne et nous la ferons.
On le dira à chacun d’entre vous, le message parviendra, comment nous devons nous organiser. Je l’ai déjà dit à Dakar et je le dirai aux populations d’Abidjan. Nous allons nous organiser et Gbagbo s’en ira.
Chers parents, voici le message que je voulais vous livrer. Je tiens encore à vous remercier pour la grande patience dont vous avez fait preuve. Depuis 7h du matin vous avez attendu, vous avez été mobilisés, je suis reconnaissant, je vous dis ma gratitude d’avoir montré autant de patience et ensemble restons solidaires pour engager le combat pour la démocratie.
Quand nos pères se battaient hier, il y a eu des moments où ils doutaient mais ils ont fini par avoir l’indépendance. C’est comme cela aujourd’hui. Nous nous battons pour la démocratie et d’une manière ou d’une autre nous aurons la démocratie dans notre pays.
Je vous remercie.
« M. le Préfet de Bouaké, M. le maire de Bouaké, messieurs les chefs traditionnels, messieurs les chefs de communauté, messieurs les religieux.
Avant que je ne prenne la parole pour lancer un message à la population de Bouaké, je veux tout d’abord lui présenter mes excuses. Cette population qui s’est mobilisée depuis 7h du matin pour nous attendre pour un meeting au stade.
Malheureusement, j’ai dû partir de Ouagadougou à Lomé, pour voir le Président Faure Gnassingbé dans le cadre de mes fonctions, en tant que Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire. Nous avons eu une audience qui a pris beaucoup de temps et le Président voulait me faire l’amitié de me retenir à déjeuner.
J’ai dû lui dire que je ne pouvais pas déjeuner parce que les populations à Bouaké m’attendaient. Malheureusement, je n’ai pas pu rattraper le temps et être là plus tôt pour pouvoir parler aux populations de Bouaké.
Mais je suis content d’une chose, les chefs traditionnels, nos papas, les chefs religieux, nos papas, les femmes, de 7h à 17h, sans boire ni manger nous ont attendus, cela veut dire que nos papas, nos mamans sont prêts pour la révolution. Parce que la révolution demande beaucoup d’endurance et beaucoup de courage. Mais avant d’aller plus loin, je vais demander aux chefs traditionnels, aux religieux, aux femmes, à tous ceux qui sont ici d’ovationner le Préfet de région de Bouaké et le corps préfectoral.
Mes premiers mots sont des mots de félicitations au corps préfectoral. Je veux que vous le reteniez. C‘est un grand symbole. Et je vais leur rappeler la phrase que je leur ai dite le premier jour en 2007 au cinéma le Capitole, quand ils ont mise les pieds à Bouaké.
Je leur ai dit qu’ils sont des pionniers de la République de Côte d’Ivoire. Et que la tâche serait difficile. La tâche serait même risquée. Mais qu’ils ne devraient pas se préoccuper des questions politiques et qu’ils devraient plutôt travailler au nom et pour le compte de la République de Côte d’Ivoire.
Mais je ne savais pas, en le disant ce jour-là, que les risques seraient grands pour eux. Et que même leur intégrité physique serait en jeu. Mais, j’ai été personnellement frappé et séduit par le professionnalisme du corps préfectoral de Côte d’Ivoire et surtout leur courage.
C’est pourquoi, j’ai voulu qu’on leur rende hommage parce que tout ce que nous sommes en train de faire, c’est grâce à leur courage. Car il aurait simplement suffi d’un coup de fil du ministre de l’Intérieur de l’époque pour leur dire de faire de faux rapports pour dire que les élections ont été truquées et que vous qui êtes assis devant moi êtes des fraudeurs et des étrangers, que la Côte d’Ivoire serait en train de brûler.
Mais c’est parce qu’ils ont refusé de dire le mensonge, ils ont refusé de trahir leur conscience professionnelles qu’aujourd’hui, nous avons la force de parler au monde entier et de dire que les élections se sont déroulées dans la transparence et dans la démocratie sur l’ensemble du territoire ivoirien.
C’est important, je les recevrai tout à l’heure pour leur parler, parce que je sais qu’on a coupé leur salaire dans l’espoir qu’en le faisant, ils auront faim et vont changer leur rapport. Mais les préfets qui ont eu le courage de leur opinion et qui ont tenu à leur serment et à leur profession, n’auront jamais faim. Je m’engage à leur assurer leur salaire au nom de la République de Côte d’Ivoire.
Ceci dit, je veux parler aux chefs traditionnels, aux religieux. C’est bien que des religieux soient là.
Vous qui êtes les garants de la tradition et vous, garants de l’éthique morale et religieuse, je veux vous parler.
J’ai été nommé Premier ministre en 2007. C’était pour amener les Ivoiriens aux élections, pour que la guerre finisse. Pendant trois ans, je ne dormais pas. Nous avons travaillé pour faire ces élections. C’est pourquoi, aujourd’hui je suis un homme triste pour mon pays parce que nous avons travaillé au risque de nos vies. Parce que le premier jour où j’allais à Abidjan, j’ai reçu beaucoup de coups de fil pour me dire ‘‘Guillaume, fais attention parce qu’on va te tuer à Abidjan.’’
Je suis allé quand même et on a travaillé.
Il fallait faire les cartes d’identité et on a fait. On a arrêté la guerre, je suis allé voir Gbagbo, Bédié, Ouattara et j’ai dit qu’on va organiser l’élection. L’engagement que je prends devant toute la Côte d’Ivoire, c’est de faire une élection propre où Gbagbo ne pourra pas tricher ; Alassane, Bédié ne pourront pas tricher non plus. Je fais l’élection non pas pour quelqu’un mais pour la Côte d’Ivoire.
Nous tous, nous aimons la Côte d’Ivoire et on s’est mis à travailler pour faire les élections.
Les Ivoiriens sont allés voter au premier tour et monsieur Ouattara et monsieur Gbagbo ont été les deux qui ont été admis au second tour.
Permettez-moi de m’arrêter un instant pour saluer le Président Bédié. Il faut que je le salue parce que le Président Bédié n’est pas venu au second tour. Je me suis rendu chez lui à la maison, il m’a dit une phrase forte que je veux vous redire.
Il m’a dit : ‘‘Soro, je ne suis pas admis au second tour mais je sais que dans certaines régions, Gbagbo m’a volé des voix mais moi Bédié, j’aime la Côte d’Ivoire, j’ai été ministre de l’Economie et des Finances en 1965, c’est nous qui avons tracé et construit la Côte d’Ivoire moderne. Pour l’amour que j’ai pour mon pays, même si j’ai le sentiment d’avoir été victime d’une fraude de la part de monsieur Gbagbo, j’accepte. Tu peux faire le deuxième tour.’’
Voila quelqu’un qui aime son pays. Cela fait deux fois que Bédié me démontre à moi qu’il aime la Côte d’Ivoire.
La première fois, c’était le 24 décembre 1999. Gbagbo prend pour se moquer en disant, Bédié c’est un peureux, il a fui. C’est parce qu’il a aimé son pays qu’il est parti. En 2010, il a aimé son pays, il a laissé le second tour. C’est pourquoi, je le salue, je lui rends hommage et je vous assure que je ne peux pas accepter que ce monsieur soit cloîtré à l’hôtel du Golf après tout ce qu’il a fait.
Nous sommes allés au second tour, M. Ouattara, M. Gbagbo. L’élection s’est bien déroulée, mais quand on prend la télévision nationale en elle-même, on voit les représentants de Gbagbo dire ‘‘on a bien voté, tout s’est bien passé’’. Fologo, Eugène Djué et tout le monde. Nous avions les tendances, je suis allé voir Gbagbo, pour lui dire : ‘‘Monsieur le Président, les résultats vous sont défavorables mais laissez la commission électorale indépendante donner les résultats.’’
Il n’a pas voulu, plongeant la Côte d’Ivoire dans une crise. Gbagbo n’aime pas la Côte d’Ivoire. Un pays qu’il n’a pas construit. Il s’aime lui-même mais il n’aime pas la Côte d’Ivoire. Parce que même s’il pense qu’il est une victime, il n’aime pas la Côte d’Ivoire. Parce que quand tu aimes ton pays et quand on franchit les 50 morts, les 100, les 200 et 300 morts, on quitte le pouvoir.
En Tunisie, Ben Ali a été bien élu mais il est parti. Mais lui, il est quel genre d’homme, qui dit aimer son pays, qui a perdu l’élection et qui refuse de partir. Il faut qu’il parte.
C’est pourquoi, je veux parler aux chefs traditionnels et aux religieux. Moi, j’ai des principes et des convictions. Nous avons organisé cette élection et je vous dis que Gbagbo l’a perdue. Les régions qu’on a invalidées ne sont pas celles qui ont élu Alassane parce que ce sont les électeurs de Bédié qui ont voté Alassane. Il y a dans des départements où il y a eu 80% de report de voix de Bédié sur Alassane. Gbagbo n’aime pas la Côte d’Ivoire. Est-ce que Houphouët l’a séquestré dans un hôtel avec tout son banditisme qu’il a fait en Côte d’Ivoire.
Il n’aime pas la Côte d’Ivoire. Nous devons lui montrer que nous, nous aimons notre pays. C’est pourquoi, j’ai dit à l’occasion d’une interview, que c’est aux Ivoiriens, ceux qui ont élu Alassane qui doivent aller l’installer au Palais et les Ivoiriens doivent compter sur eux-mêmes. Il n’y a pas de dictature qui ne soit vaincue si le peuple est mobilisé et nous allons le faire.
Nous allons nous organiser. Je demande aux chefs traditionnels et aux religieux, partout où vous êtes, organisez les populations pour la révolution de demain. Partout où vous êtes, dans les hameaux, campements, villages, villes, vous devez les organiser parce que, ce que nous allons entreprendre est une tâche importante et de longue haleine.
Nous ne pouvons pas laisser le pays divisé. Nous ne pouvons pas laisser Gbagbo brûler la Côte d’Ivoire. Parce que les hommes, ils vont, ils viennent. Mais ce qui est essentiel pour nous, c’est notre pays. Tout le monde sait qu’il a perdu les élections. Donc qu’il parte. Perdre une élection, ce n’est pas la fin. Au Benin, Kérékou a perdu, il est parti. Cinq ans après, il est revenu se présenter et il a gagné. C’est ça la démocratie.
La démocratie, on peut échouer aujourd’hui et gagner demain. Mais on ne dit pas je suis battu et je reste là quand-même. On ne l’acceptera pas. C’est pourquoi je voudrais, chers chefs traditionnels et religieux, vous dire que dans quelques jours Gbagbo partira et il partira. Il le sait lui-même. Il partira. J’ai dit quelque part s’il est suicidaire, nous sommes déterminés. Donc, il partira.
Le souci du Président Alassane Dramane Ouattara est de venir diriger un pays où il aura la capacité de réconcilier tout le monde. La philosophie d’Alassane est contraire à celle de Gbagbo qui dit mille morts à gauche, mille morts à droite, j’avance. Mais en disant ça il sera certainement un bon Président pour le cimetière, mais pas pour la République de Côte d’Ivoire. Parce que la République de Côte d’Ivoire, le Président de la République, sa première préoccupation, c’est le citoyen.
Le Président de la République me l’a répété chaque fois : ‘‘c’est vrai, je voulais devenir Président, je le suis aujourd’hui, mais je veux être Président des Ivoiriens vivants’’. Mais comme je le dis, nous allons nous donner les moyens pour que Gbagbo parte. Je n’ai aucun doute là-dessus.
A Abidjan, le Président Alassane m’a donné le ministère de la Défense, certains d’entre vous se sont demandés pourquoi les Forces Nouvelles n’attaquent pas ? Je vais vous dire, je suis ministre de la Défense et pour les Forces armées des Forces Nouvelles et pour les Fanci. J’ai dit Général Bakayoko que ce n’est pas la peine d’aller attaquer les Fanci parce qu’elles ont voté à 63% le Président Alassane. Si vous allez les attaquer, ce sont des électeurs d’Alassane que vous attaquez.
J’ai demandé aux Fanci qui ont voté Alassane de s’organiser. Ces Fanci donneront la main aux Forces Armées des Forces Nouvelles pour faire un et combattre les mercenaires de Gbagbo et sa garde républicaine. C’est ça la stratégie. C’est pourquoi tous les Fanci que j’ai nommés au ministère de la Défense, ne sont pas des Forces Nouvelles.
Mon directeur de Cabinet, Mian Gaston, il n’est pas des Forces Nouvelles. Le porte-parole militaire, le capitaine Kouakou Allah Léon n’est pas des Forces Nouvelles. C’est lui-même qui était au front de l’Ouest à Zouan-Hounien 2002 pour nous attaquer. Aujourd’hui, il est avec la République. Et celui qui incarne l’institution, la République aujourd’hui, c’est Alassane Dramane Ouattara. Donc, il est avec nous. Et vous avez vu qu’il a commencé à parler aux Forces de défense et de sécurité.
Ceux là sont les premiers visages que vous voyez. Mais il y a encore les 63 % des Fanci qui nous appellent.
Gbagbo croit qu’il a des soldats, il n’en a pas. Ils ne vont pas mourir pour lui. On ne meurt pas pour quelqu’un qui a perdu l’élection. On peut mourir pour la République mais pas pour un individu. Donc je sais que les FANCI ne se battront pas pour Gbagbo. Comme hier en 2000, les FANCI ne se sont pas battues pour Guéi. Aujourd’hui en 2011, les FANCI ne se battront pas pour Gbagbo. Ils ne se battront pas pour mourir pour Gbagbo. Donc, je peux vous rassurer. J’aurais aimé encore vous parler pendant longtemps car j’avais soif de vous voir, de voir Bouaké, parce que Bouaké me manque.
Je suis à Abidjan, Bouaké me manquait. Donc je voulais voir nos parents de Bouaké. Je suis content de vous avoir vus, d’avoir vu les chefs traditionnels, les chefs religieux et de pouvoir parler avec vous.
C’est sur ces notes d’espoir que je veux que vous gardiez la sérénité. Je vous demande de n’avoir aucune crainte, aucun doute car Gbagbo est fini. Gbagbo est fini, oui il est fini. Donc n’ayez aucun doute, Gbagbo, c’est terminé.
J’ai dis au Président Alassane de réfléchir pour voir comment réconcilier les Ivoiriens. Nous, on va le faire partir. Lui, il est Président, il doit déjà anticiper comment ça va se faire. Mais Gbagbo, ne parlez plus de lui, c’est fini tout le monde le dit.
La CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Nations unies disent qu’il a perdu. Lui seul ne peut pas contre tous ceux là.
Et puis même si tous ceux là ne sont pas là, nous, nous sommes là. Est-ce qu’il peut contre nous ?
Nous sommes ici depuis 2002. Donc n’ayez aucun doute, c’est terminé. Maintenant nous sommes en train de regarder l’opportunité. Mais je l’ai dit les populations doivent s’organiser pour que nous fassions la révolution ivoirienne et nous la ferons.
On le dira à chacun d’entre vous, le message parviendra, comment nous devons nous organiser. Je l’ai déjà dit à Dakar et je le dirai aux populations d’Abidjan. Nous allons nous organiser et Gbagbo s’en ira.
Chers parents, voici le message que je voulais vous livrer. Je tiens encore à vous remercier pour la grande patience dont vous avez fait preuve. Depuis 7h du matin vous avez attendu, vous avez été mobilisés, je suis reconnaissant, je vous dis ma gratitude d’avoir montré autant de patience et ensemble restons solidaires pour engager le combat pour la démocratie.
Quand nos pères se battaient hier, il y a eu des moments où ils doutaient mais ils ont fini par avoir l’indépendance. C’est comme cela aujourd’hui. Nous nous battons pour la démocratie et d’une manière ou d’une autre nous aurons la démocratie dans notre pays.
Je vous remercie.