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Art et Culture Publié le mardi 22 février 2011 | Le Nouveau Réveil

Tiken Jah Facoly (artiste-reggaeman ivoirien) : “Les Ivoiriens doivent amorcer leur révolution pour libérer le pays”

© Le Nouveau Réveil Par DR
Opération un concert-une école : Tiken Jah offre un bâtiment au groupe scolaire Biafra.
Cérémonie de remise officielle du bâtiment du groupe scolaire Biafra de Treichville après l`opération Un concert-Une école le lundi 25 octobre 2010 à Abidjan.
Qu`est-ce qui explique votre sortie de cet après-midi ?

L`actualité aujourd`hui, c`est le vent de révolution qui souffle sur les pays arabes. Je pense que la majorité ne sait pas lire et écrire. La minorité qui sait le faire n`a pas forcement aujourd`hui la possibilité de faire bouger les choses. L`autre actualité, c`est la Côte d`Ivoire car la démocratie est confisquée. Nous sommes dans un processus de démocratisation. Il est important que les actifs que nous avons ne soient pas remis en cause. Des pays ont posé des actes qui méritent d`être salués. Nous avons les alternances au Ghana, au Mali. On espérait que l`histoire de démocratisation allait suivre son cours. Tout le monde espérait que ce serait le tour de la Côte d`Ivoire. Malheureusement, aujourd`hui la situation est bloquée en Côte d`Ivoire. Je ne m`exprime pas aujourd`hui en tant que soutien de qui que ce soit. Je m`exprime en tant que supporter de la démocratie. Le pouvoir du peuple par le peuple, parce que c`est la démocratie qui va donner le pouvoir à ce peuple qui est manipulé depuis 50 ans. L`heure est grave. Les Ivoiriens souffrent après avoir fait beaucoup de sacrifices. Cela fait longtemps qu`on nous parle de résistance et d`ingérence des pays occidentaux dans les affaires africaines. Je suis l`un des artistes africains qui a toujours pris position contre la France-Afrique. Le grand frère Alpha Blondy en a fait autant. Si nous prenons position pour la démocratie et que des gens parlent d`ingérence, nous pouvons dire que ces gens se sont réveillés un peu tard et qu`ils sont en train de parler d`une fausse résistance. Je dis non. J`ai toujours combattu la France-Afrique à travers mes albums. La situation est bloquée et c`est tout les Ivoiriens qui en souffrent. Que les Ivoiriens se lèvent et qu`ils chassent Laurent Gbagbo du pouvoir.

Tiken Jah, êtes-vous optimiste face à un règlement de la crise ivoirienne par le panel des 5 chefs d`Etat de l`Union africaine ?

Je ne suis pas optimiste. J`espère seulement que le panel va me surprendre. Car la composition politique de l`Union africaine inquiète. Un responsable qui a été désigné par feu Omar Bongo qui n`était pas un exemple de démocratie pour nous les Africains. Deuxièmement, le nouveau président en exercice de l`UA, le président Equato-guinéen, est au pouvoir depuis plus de 23 ans. Quel exemple de démocratie pourra-t-il donner ? Le président du panel est venu au pouvoir d`abord par un coup d`Etat. En tout état de cause, je souhaite qu`ils me surprennent et c`est à partir de ce moment que j`accorderai du crédit à l`organisation. Mais je dis que si l`Union africaine n`est pas pragmatique en Côte d`Ivoire, il serait important que la jeunesse africaine commence à réfléchir. Qu`elle commence à se demander si l`Ua se bat pour les peuples d`Afrique. Si, elle, l`Ua veut dire unité africaine ou Union des amis ? Si l`Ua n`est pas pragmatique, cela voudrait dire qu`il y a un arrangement entre les chefs d`Etat africain et que cette union ne parle pas pour nous. Il faut comprendre que la majorité des Ivoiriens est allée voter le 28 novembre 2010. Cette majorité a décidé que le destin de la Côte d`Ivoire doit être confié à une nouvelle personne. Le peuple souhaite le changement quand on voit les résultats des élections. Il faut que celui qui a été choisi par le peuple puisse avoir les pleins pouvoirs pour diriger le pays. Cela afin qu`en 2015, nous puissions interroger cette personne sur son bilan à la tête de la Côte d`Ivoire. Si ce bilan est négatif, le peuple se fera fort de le débarquer et de choisir une autre personne.

Quelles réflexions faites-vous aujourd`hui sur la résistance des populations à Abobo ?

Je m`incline d`abord devant la dépouille de toutes les victimes aussi bien des manifestants que des forces de l`ordre. Je présente mes condoléances aux familles éplorées. Cela dit, je pense que la résistance d`Abobo est une résistance à encourager. Les gens ont voté et leur vote n`a pas été pris en compte. Si Abobo résiste c`est que d`autres communes et personnes peuvent résister. Je voudrais profiter pour rendre hommage aux Abobolais. Le problème aujourd`hui ne se limite pas seulement à la commune d`Abobo. C`est une affaire de toute la Côte d`Ivoire. Il faut que les Ivoiriens amorcent leur révolution pour la libération totale du pays et enterrer définitivement l`ivoirité qui a mis le feu à la Côte d`Ivoire

Propos recueillis par T.Z
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