Les compagnies d'assurances vont certainement suivre les onze banques qui ont fermé. En manque de liquidité et dans l'impossibilité d'effectuer des prélèvements bancaires sur le compte de leurs clients, les maisons d'assurances s'enfoncent dans le creux ouvert par l'entêtement du camp Gbagbo.
Les sociétés d'assurances sont dans la tourmente. Elles craignent qu'un tsunami n'engloutisse leur secteur à cause de la fermeture à grande échelle des banques commerciales en Côte d'Ivoire. Un séisme bancaire qui fait suite à la déstructuration du système bancaire national par le régime illégal de Gbagbo qui refuse de quitter le pouvoir usurpé. Cette crise bancaire, faut-il l'indiquer, a contraint au moins, onze banques à suspendre temporairement leurs activités en l'espace d'une semaine. Toute chose qui entraîne brusquement dans le gouffre, certains domaines tels que les assurances dont l'activité est étroitement liée à celle des banques commerciales. La situation va en s'aggravant à telle enseigne que de nombreux opérateurs redoutent le blocage total de leur activité avec pour conséquence, la fermeture de plusieurs compagnies d'assurance. Selon des sources proches du milieu, l'une des branches d'assurance les plus touchées par l'arrêt des banques, reste l'assurance-vie ou de personnes qui font des dépôts mensuels en guise de simple épargne pour préparer la retraite, des frais funéraires en cas décès, etc.
Les prélèvements bancaires tombent en arrêt
Puisqu'au niveau production des contrats, les prélèvements se font via les banques. C'est un système automatique qui permet à la maison d'assurance d'effectuer des prélèvements sur le compte de son client à la banque pour alimenter son propre compte. «Malheureusement, tous les prélèvements bancaires sont arrêtés aujourd'hui. Puisque les établissements sont fermés. Or, ces prélèvements représentent 80% de nos chiffres d'affaires qui indubitablement vont s'éroder de manière drastique», déplore un agent-assureur qui précise que de grandes compagnies comme Colina, Nsia, Stamvie et Sidam sont de plus en plus en difficulté. Car, le chiffre d'affaires mensuel moyen sur ce segment va, en tant de temps de stabilité, de 200 à plus 600 millions de Fcfa, selon la taille de la compagnie. C'est justement le cas de Colina dont 60% de sa clientèle se trouve au trésor public qui reverse à cette compagnie, les prélèvements des fonctionnaires. Mais du fait du poids insupportable de l'asphyxie financière, le camp Gbagbo accroché de manière empruntée à la manette, ne se borne qu'à payer uniquement les salaires, et n'arrive plus à honorer de tels engagements. Ainsi donc, l'arrêt des retenues bancaires représente par conséquent des pertes énormes pour les sociétés. A en croire de nombreux opérateurs, l'autre difficulté tire sa source dans le non-règlement des chèques. «Nos clients paient généralement par chèque. Une fois ces chèques en notre possession, on ne peut plus les déposer pour le règlement parce que les banques parmi lesquelles beaucoup n'avaient pas encore fermé, refusent de les prendre pour des problèmes de liquidité liés à l'anarchie dans le système de compensation», explique cet agent. Tout en indiquant que dans le secteur des assurances, plus le chèque dure dans le circuit, plus il perd sa valeur. «Aujourd'hui, on ne peut plus encaisser de chèques. Or, nous sommes limités au niveau de notre caisse pour la détention de la liquidité eu égard au problème de sécurité. D'ailleurs, la situation dans laquelle on se trouve, rares sont les clients qui viennent payer en espèce. Ils préfèrent utiliser l'argent pour la consommation directe que d'épargner», explique un autre technicien du domaine. Poursuivant la situation de décrépitude dans le milieu, il fait remarquer que la banque-assurance, nouveau service, est fortement touchée par la crise bancaire. Dans la mesure où l'assureur propose des produits spécifiques à tous les clients qui ont des comptes domiciliés dans une banque donnée. «La banque, en tant qu'intermédiaire, est chargée de vendre ce produit pour le compte de la maison d'assurance. Elle reçoit en retour des commissions. Tous les clients qui ont des comptes domiciliés dans les maisons d'assurance ont également souscrit à des contrats dans certaines banques qui leur prélèvent chaque fin de mois. Or, le fait que les banques soient fermées, tout ce circuit est fortement grippé. Si la situation perdure, nous irons inévitablement vers la fermeture de nos entreprises», maugrée-t-il. D'autant qu'une bonne partie de la clientèle ne pourra pas être couverte. Les compagnies qui utilisent les chèques pour effectuer leur paiement ne sont plus en mesure de le faire. Autant dire que les prestations liées au paiement des sinistres et autres produits sont également suspendus, soutient cet opérateur. Ce qui met véritablement en danger les rachats partiels. C'est-à-dire une opération qui consiste à effectuer un retrait définitif d'une partie de l'épargne disponible. Que va-t-il se passer alors avec les clients qui, du fait de cet immobilisme bancaire, n'arrive plus à honorer leur engagement, c'est-à-dire à cotiser. Pour notre technicien, la loi est claire et précise sur ce genre de situation : «lorsqu'un client ne paie pas un mois, on lui fait une mise en demeure et, il a 40 jours pour venir payer. S'il ne paie pas et qu'il y a un décès pendant la période de couverture, ce dernier ne bénéficiera pas des ressources mobilisées par ce produit». Un véritable dilemme, reconnaît-il, quand on sait pertinemment que la fermeture des banques n'est pas le fait des clients mais des pro-Gbagbo. Comment dénouer de tels problèmes s'ils se présentaient? L'interrogation demeure, souligne-t-il.
Plusieurs contrats à l'eau
Pour lui, le contexte est d'autant plus dramatique que mêmes les cliniques et les pharmacies refusent les bons des compagnies d'assurance. Evoquant à tort ou à raison des problèmes de liquidité, elles se rétractent de plus en plus quand il s'agit de fournir des soins ou autres avantages liés à l'usage des bons. «L'impasse bancaire ne nous permet pas de payer les factures des pharmacies et des cliniques. Par conséquent, elles sont réticentes quand le malade présente un bon. D'ailleurs, certaines cliniques n'ont plus assez de réserve en terme de médicaments. Leurs stocks sont en voie d'épuisement total. La catastrophe n'est pas loin si pour des questions de liquidité, l'on n'arrive plus à se soigner correctement», s'inquiètent plusieurs dirigeants du secteur. Contrairement à l'assurance de personnes qui semble quasiment sous perfusion, les Iard (Incendies, accidents et risques divers), dénommés également assurances dommageables où l'on retrouve l'assurance automobile, l'assurance habitation, etc, fonctionnent à un rythme assez lent. D'autant plus que, là encore, les assureurs exigent le paiement en espèce ou rien. Face à ce blocage sans précédent qui risque de noyer tout le secteur, l'Association des sociétés d'assurances de Côte d'Ivoire (Asaci) devrait se réunir, depuis jeudi dernier, pour en évaluer l'impact réel. Mais, cette rencontre a été avortée à cause de certaines divergences. Si certaines sociétés voulaient dans l'immédiat fermer, d'autres, par contre, souhaitaient apprécier encore pendant un bon moment, la situation. Une dissonance qui, selon une source, n'a pas permis d'arrêter une position commune visant à suspendre les activités. Mais n'empêche, elle pourrait se faire unilatéralement.
Cissé Cheick Ely
Les sociétés d'assurances sont dans la tourmente. Elles craignent qu'un tsunami n'engloutisse leur secteur à cause de la fermeture à grande échelle des banques commerciales en Côte d'Ivoire. Un séisme bancaire qui fait suite à la déstructuration du système bancaire national par le régime illégal de Gbagbo qui refuse de quitter le pouvoir usurpé. Cette crise bancaire, faut-il l'indiquer, a contraint au moins, onze banques à suspendre temporairement leurs activités en l'espace d'une semaine. Toute chose qui entraîne brusquement dans le gouffre, certains domaines tels que les assurances dont l'activité est étroitement liée à celle des banques commerciales. La situation va en s'aggravant à telle enseigne que de nombreux opérateurs redoutent le blocage total de leur activité avec pour conséquence, la fermeture de plusieurs compagnies d'assurance. Selon des sources proches du milieu, l'une des branches d'assurance les plus touchées par l'arrêt des banques, reste l'assurance-vie ou de personnes qui font des dépôts mensuels en guise de simple épargne pour préparer la retraite, des frais funéraires en cas décès, etc.
Les prélèvements bancaires tombent en arrêt
Puisqu'au niveau production des contrats, les prélèvements se font via les banques. C'est un système automatique qui permet à la maison d'assurance d'effectuer des prélèvements sur le compte de son client à la banque pour alimenter son propre compte. «Malheureusement, tous les prélèvements bancaires sont arrêtés aujourd'hui. Puisque les établissements sont fermés. Or, ces prélèvements représentent 80% de nos chiffres d'affaires qui indubitablement vont s'éroder de manière drastique», déplore un agent-assureur qui précise que de grandes compagnies comme Colina, Nsia, Stamvie et Sidam sont de plus en plus en difficulté. Car, le chiffre d'affaires mensuel moyen sur ce segment va, en tant de temps de stabilité, de 200 à plus 600 millions de Fcfa, selon la taille de la compagnie. C'est justement le cas de Colina dont 60% de sa clientèle se trouve au trésor public qui reverse à cette compagnie, les prélèvements des fonctionnaires. Mais du fait du poids insupportable de l'asphyxie financière, le camp Gbagbo accroché de manière empruntée à la manette, ne se borne qu'à payer uniquement les salaires, et n'arrive plus à honorer de tels engagements. Ainsi donc, l'arrêt des retenues bancaires représente par conséquent des pertes énormes pour les sociétés. A en croire de nombreux opérateurs, l'autre difficulté tire sa source dans le non-règlement des chèques. «Nos clients paient généralement par chèque. Une fois ces chèques en notre possession, on ne peut plus les déposer pour le règlement parce que les banques parmi lesquelles beaucoup n'avaient pas encore fermé, refusent de les prendre pour des problèmes de liquidité liés à l'anarchie dans le système de compensation», explique cet agent. Tout en indiquant que dans le secteur des assurances, plus le chèque dure dans le circuit, plus il perd sa valeur. «Aujourd'hui, on ne peut plus encaisser de chèques. Or, nous sommes limités au niveau de notre caisse pour la détention de la liquidité eu égard au problème de sécurité. D'ailleurs, la situation dans laquelle on se trouve, rares sont les clients qui viennent payer en espèce. Ils préfèrent utiliser l'argent pour la consommation directe que d'épargner», explique un autre technicien du domaine. Poursuivant la situation de décrépitude dans le milieu, il fait remarquer que la banque-assurance, nouveau service, est fortement touchée par la crise bancaire. Dans la mesure où l'assureur propose des produits spécifiques à tous les clients qui ont des comptes domiciliés dans une banque donnée. «La banque, en tant qu'intermédiaire, est chargée de vendre ce produit pour le compte de la maison d'assurance. Elle reçoit en retour des commissions. Tous les clients qui ont des comptes domiciliés dans les maisons d'assurance ont également souscrit à des contrats dans certaines banques qui leur prélèvent chaque fin de mois. Or, le fait que les banques soient fermées, tout ce circuit est fortement grippé. Si la situation perdure, nous irons inévitablement vers la fermeture de nos entreprises», maugrée-t-il. D'autant qu'une bonne partie de la clientèle ne pourra pas être couverte. Les compagnies qui utilisent les chèques pour effectuer leur paiement ne sont plus en mesure de le faire. Autant dire que les prestations liées au paiement des sinistres et autres produits sont également suspendus, soutient cet opérateur. Ce qui met véritablement en danger les rachats partiels. C'est-à-dire une opération qui consiste à effectuer un retrait définitif d'une partie de l'épargne disponible. Que va-t-il se passer alors avec les clients qui, du fait de cet immobilisme bancaire, n'arrive plus à honorer leur engagement, c'est-à-dire à cotiser. Pour notre technicien, la loi est claire et précise sur ce genre de situation : «lorsqu'un client ne paie pas un mois, on lui fait une mise en demeure et, il a 40 jours pour venir payer. S'il ne paie pas et qu'il y a un décès pendant la période de couverture, ce dernier ne bénéficiera pas des ressources mobilisées par ce produit». Un véritable dilemme, reconnaît-il, quand on sait pertinemment que la fermeture des banques n'est pas le fait des clients mais des pro-Gbagbo. Comment dénouer de tels problèmes s'ils se présentaient? L'interrogation demeure, souligne-t-il.
Plusieurs contrats à l'eau
Pour lui, le contexte est d'autant plus dramatique que mêmes les cliniques et les pharmacies refusent les bons des compagnies d'assurance. Evoquant à tort ou à raison des problèmes de liquidité, elles se rétractent de plus en plus quand il s'agit de fournir des soins ou autres avantages liés à l'usage des bons. «L'impasse bancaire ne nous permet pas de payer les factures des pharmacies et des cliniques. Par conséquent, elles sont réticentes quand le malade présente un bon. D'ailleurs, certaines cliniques n'ont plus assez de réserve en terme de médicaments. Leurs stocks sont en voie d'épuisement total. La catastrophe n'est pas loin si pour des questions de liquidité, l'on n'arrive plus à se soigner correctement», s'inquiètent plusieurs dirigeants du secteur. Contrairement à l'assurance de personnes qui semble quasiment sous perfusion, les Iard (Incendies, accidents et risques divers), dénommés également assurances dommageables où l'on retrouve l'assurance automobile, l'assurance habitation, etc, fonctionnent à un rythme assez lent. D'autant plus que, là encore, les assureurs exigent le paiement en espèce ou rien. Face à ce blocage sans précédent qui risque de noyer tout le secteur, l'Association des sociétés d'assurances de Côte d'Ivoire (Asaci) devrait se réunir, depuis jeudi dernier, pour en évaluer l'impact réel. Mais, cette rencontre a été avortée à cause de certaines divergences. Si certaines sociétés voulaient dans l'immédiat fermer, d'autres, par contre, souhaitaient apprécier encore pendant un bon moment, la situation. Une dissonance qui, selon une source, n'a pas permis d'arrêter une position commune visant à suspendre les activités. Mais n'empêche, elle pourrait se faire unilatéralement.
Cissé Cheick Ely