C'est désormais officiel. La Société ivoirienne de raffinage (Sir) est en train de fermer. Ce ne sont pas les tournures alambiquées et les mots à mi-couverts de certaines personnes ou personnalités qui vont démontrer le contraire. En effet, comme nous l'annoncions dans nos précédentes parutions, la fermeture de la Sir est enclenchée. Récemment, dans un courrier à l'adresse de ses partenaires, la Société ivoirienne de raffinage a donné les raisons de cette fermeture. Il s'agit des sanctions de l'Union européenne à l'endroit de la Côte d'Ivoire, l'absence de pétrole brut, l'assèchement financier dû au gel des avoirs de l'entreprise en Europe et la fermeture des banques. C'est donc une réalité, ce fleuron de l'industrie ivoirienne est en difficulté, avec lui, les travailleurs et les sociétés partenaires. C'est justement dans ce cadre que dans la note évoquant les raisons de la fermeture, la Sir a fait savoir par ailleurs à ses partenaires qu'une rencontre permettra de voir avec eux ce qu'il faut faire pour qu'elle puisse honorer ses engagements vis-à-vis d'eux. Toute chose qui signifie que la situation dans laquelle se trouve la Sir, bien qu'elle soit conjoncturelle peut perdurer dans le temps. Ainsi, au lieu de se perdre en conjecture dans des explications qui ne tiennent pas la route, les refondateurs doivent dire la vérité aux populations ivoiriennes. Car on ne peut indéfiniment cacher le soleil avec la main. Le pot aux roses découvert, l'on veut faire croire qu'il s'agit maintenant d'un problème de maintenance alors que personne ne peut dire au niveau de Sir combien de temps va durer cette opération. A la vérité, le clan Gbagbo ne veut pas forcément qu'on lui fasse porter le chapeau de la fermeture de la Sir. Mais la vérité est là, implacable. Tout s'écroule à la Sir à cause de la mauvaise gestion que même un consortium de banque n'a pu sauver. Cette entreprise qui ne se portait pas si mal que ça à l'avènement des refondateurs au pouvoir, en 2000, a fini par agoniser et tomber dans un état comateux pour aboutir à cette fin tragique. Toutes les thérapies de choc n'ont pu véritablement relever la société. Même Uba (banque nigériane) qui s'était engagée à aider l'entreprise et les faveurs de l'Angola n'ont pu sortir la Sir de sa léthargie. Cette cessation d'activité que l'on veut cacher est encore un échec de la Refondation qui n'a jamais su préserver les acquis du passé. Aujourd'hui, ce sont les populations ivoiriennes qui paieront encore un lourd tribut à cette ''faillite'' de la Sir. Avec son corollaire de pénurie de carburant et de gaz domestique pour les ménages, et de gaz pour les centrales thermiques produisant de l'électricité. Donc des délestages en perspective. Au-delà donc de cette crise ivoirienne, il faut reconnaître que la situation a toujours été catastrophique surtout que les difficultés de la Sir sont aussi le fruit de sa gestion par le clan Gbagbo. Qui sème le vent récolte la tempête a-t-on coutume de dire. Les problèmes de la Sir sont bien réels. Que vaut une administration sans son service technique qui lui procure de la manne financière ? Le moteur pour un véhicule est ce que représente une unité pour une raffinerie.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA