Votre quotidien préféré a été absent pendant une semaine des kiosques à journaux. Dans cette interview, le Directeur de Publication du Patriote revient sur le mouvement du Collectif des journaux pour les acquis du 28 novembre 2010 et les raisons de la suspension de la parution du Patriote.
Le Patriote : Pourquoi reprenez-vous la parution après une semaine de suspension ?
Charles Sanga : L`objectif pour le Collectif n`était pas de priver la Côte d`Ivoire du débat démocratique qui tire sa substance dans la pluralité des opinions et la contradiction. Nous avions suspendu nos parutions pour deux raisons principales : les menaces récurrentes sur la vie de nos agents, sur nos installations, mais aussi en solidarité avec ceux d`entre nous qui, comme le Nouveau Réveil, ont été suspendus ou qui sont sous le coup de sanctions pécuniaires illégitimes comme Le Patriote et bien d`autres. Nous avions arrêté, par principe. Pour nous, la liberté de la presse est un droit constitutionnel et nul ne saurait, même soutenu de la plus grande armée du monde, la piétiner sous le prétexte fallacieux de faire respecter les institutions.
LP : Avez-vous eu des réponses à vos préoccupations ?
C.S. : Nous vivons dans un environnement d`insécurité. Nous espérons que notre action a été comprise par ceux qui pensent pouvoir nous bâillonner. Nous n`attendons pas qu`on nous mette des policiers pour nous suivre dans tous nos mouvements. Mais, nous voulons exercer notre métier reconnu par les lois ivoiriennes, en toute liberté. Le soutien presqu`unanime du lectorat et de certaines institutions nationales et internationales et les appels à la reprise nous encouragent et nous montrent que nous avons notre place.
LP : Quelle suite réservez-vous à la sanction du CNP qui vous impose de payer un million de francs Cfa d`amende ?
CS : Pour nous, le Conseil National de la Presse n`a pas deux présidents. Le ministre de la Communication par intérim, M. Hamed Bakayoko, a indiqué dans un communiqué, que la composition du CNP demeure inchangée. Il est donc clair que je ne peux pas me laisser intimider par des sanctions émanant d`une structure illégale. Nous ne reconnaissons aucune légitimité à Gbagbo encore moins à son prétendu ministre. D`onc ce CNP, nous est illégal et illégitime. Maintenant, vous savez que nous, notre seul arme c`est le stylo ou le clavier de l`ordinateur. En face, vous avez des gens qui se rendent nuitamment avec des armes, menacer les imprimeurs et les imprimeurs. Le CNP dans sa composition actuelle est une sorte de bras armé d`un pouvoir illégitime qui a du mal à cacher son jeu. Déby Dalli, à la tête de l`AIP depuis une décennie et qui n`a pu y apporter la moindre réforme afin de la moderniser, est aujourd`hui à la tête d`une structure moderne comme le CNP. Evidemment, ce militant actif du FPI voudrait voir tous les journaux colorés en bleu. Nous sommes d`autant plus outrés par la dangereuse inclinaison de cette structure, qu`elle est aujourd`hui, en majorité composée de journalistes. Ces derniers nous, semble-t-il, se délectent des difficultés que nous vivons. Mais, on l`a toujours dit, la roue de l`histoire tourne. Et quand on est animé de bon sens, on devrait comprendre que la situation actuelle, n`en a plus pour longtemps.
LP : Doit-on s`attendre à un autre mouvement de protestation ?
CS : Notre souhait, au sein du Collectif, est d`être présent sur le marché. Pas seulement pour des raisons économiques. Mais, nous participons à la vie démocratique de notre pays, à l`animation du débat en informant et en forgeant les opinions. La semaine d`absence a été durement ressentie, aussi bien par nos lecteurs que par ces milliers d`Ivoiriens sans coloration politique, mais qui cherchent à comprendre. Vous avez dû constater la morosité autour des kiosques à journaux, d`habitude animés par les « titrologues ». Ceci dit, nous ne repoussons rien. Nous aviserons si jamais le clan en place se résout à porter de nouvelles sanctions contre l`un des nôtres.
LP : Que recherche réellement le Collectif ?
CS : Comme son nom l`indique, nous voulons sauvegarder des acquis du 28 novembre. Ce jour a été historique pour la Côte d`Ivoire. Privés d`élections depuis une quinzaine d`années, les Ivoiriens sont sortis à plus de 80% pour s`exprimer dans les urnes. Cette forte mobilisation a donné un résultat qui est que Monsieur Alassane Ouattara a été élu Président de la République, à 54, 1% des voix. Ce n`est pas tant la personne du chef de l`Etat qui nous importe, mais il faut voir la symbolique de cette élection. Le peuple a donné un message. Pour nous, les Ivoiriens veulent dire que notre pays devrait être désormais au diapason de la démocratie, comme le sont aujourd`hui, l`Afrique du Sud ou le Ghana. Il n`est pas question de revenir en arrière et de retomber dans les mêmes travers. Ce sont ces acquis qu`il faut préserver. Si nous soutenons un hold-up électoral, imaginez ce qu`il adviendra de la liberté d`expression et du respect des droits de l`Homme.
Réalisée par Thiery Latt
Le Patriote : Pourquoi reprenez-vous la parution après une semaine de suspension ?
Charles Sanga : L`objectif pour le Collectif n`était pas de priver la Côte d`Ivoire du débat démocratique qui tire sa substance dans la pluralité des opinions et la contradiction. Nous avions suspendu nos parutions pour deux raisons principales : les menaces récurrentes sur la vie de nos agents, sur nos installations, mais aussi en solidarité avec ceux d`entre nous qui, comme le Nouveau Réveil, ont été suspendus ou qui sont sous le coup de sanctions pécuniaires illégitimes comme Le Patriote et bien d`autres. Nous avions arrêté, par principe. Pour nous, la liberté de la presse est un droit constitutionnel et nul ne saurait, même soutenu de la plus grande armée du monde, la piétiner sous le prétexte fallacieux de faire respecter les institutions.
LP : Avez-vous eu des réponses à vos préoccupations ?
C.S. : Nous vivons dans un environnement d`insécurité. Nous espérons que notre action a été comprise par ceux qui pensent pouvoir nous bâillonner. Nous n`attendons pas qu`on nous mette des policiers pour nous suivre dans tous nos mouvements. Mais, nous voulons exercer notre métier reconnu par les lois ivoiriennes, en toute liberté. Le soutien presqu`unanime du lectorat et de certaines institutions nationales et internationales et les appels à la reprise nous encouragent et nous montrent que nous avons notre place.
LP : Quelle suite réservez-vous à la sanction du CNP qui vous impose de payer un million de francs Cfa d`amende ?
CS : Pour nous, le Conseil National de la Presse n`a pas deux présidents. Le ministre de la Communication par intérim, M. Hamed Bakayoko, a indiqué dans un communiqué, que la composition du CNP demeure inchangée. Il est donc clair que je ne peux pas me laisser intimider par des sanctions émanant d`une structure illégale. Nous ne reconnaissons aucune légitimité à Gbagbo encore moins à son prétendu ministre. D`onc ce CNP, nous est illégal et illégitime. Maintenant, vous savez que nous, notre seul arme c`est le stylo ou le clavier de l`ordinateur. En face, vous avez des gens qui se rendent nuitamment avec des armes, menacer les imprimeurs et les imprimeurs. Le CNP dans sa composition actuelle est une sorte de bras armé d`un pouvoir illégitime qui a du mal à cacher son jeu. Déby Dalli, à la tête de l`AIP depuis une décennie et qui n`a pu y apporter la moindre réforme afin de la moderniser, est aujourd`hui à la tête d`une structure moderne comme le CNP. Evidemment, ce militant actif du FPI voudrait voir tous les journaux colorés en bleu. Nous sommes d`autant plus outrés par la dangereuse inclinaison de cette structure, qu`elle est aujourd`hui, en majorité composée de journalistes. Ces derniers nous, semble-t-il, se délectent des difficultés que nous vivons. Mais, on l`a toujours dit, la roue de l`histoire tourne. Et quand on est animé de bon sens, on devrait comprendre que la situation actuelle, n`en a plus pour longtemps.
LP : Doit-on s`attendre à un autre mouvement de protestation ?
CS : Notre souhait, au sein du Collectif, est d`être présent sur le marché. Pas seulement pour des raisons économiques. Mais, nous participons à la vie démocratique de notre pays, à l`animation du débat en informant et en forgeant les opinions. La semaine d`absence a été durement ressentie, aussi bien par nos lecteurs que par ces milliers d`Ivoiriens sans coloration politique, mais qui cherchent à comprendre. Vous avez dû constater la morosité autour des kiosques à journaux, d`habitude animés par les « titrologues ». Ceci dit, nous ne repoussons rien. Nous aviserons si jamais le clan en place se résout à porter de nouvelles sanctions contre l`un des nôtres.
LP : Que recherche réellement le Collectif ?
CS : Comme son nom l`indique, nous voulons sauvegarder des acquis du 28 novembre. Ce jour a été historique pour la Côte d`Ivoire. Privés d`élections depuis une quinzaine d`années, les Ivoiriens sont sortis à plus de 80% pour s`exprimer dans les urnes. Cette forte mobilisation a donné un résultat qui est que Monsieur Alassane Ouattara a été élu Président de la République, à 54, 1% des voix. Ce n`est pas tant la personne du chef de l`Etat qui nous importe, mais il faut voir la symbolique de cette élection. Le peuple a donné un message. Pour nous, les Ivoiriens veulent dire que notre pays devrait être désormais au diapason de la démocratie, comme le sont aujourd`hui, l`Afrique du Sud ou le Ghana. Il n`est pas question de revenir en arrière et de retomber dans les mêmes travers. Ce sont ces acquis qu`il faut préserver. Si nous soutenons un hold-up électoral, imaginez ce qu`il adviendra de la liberté d`expression et du respect des droits de l`Homme.
Réalisée par Thiery Latt