Une équipe de reportage de Le Temps est allée voir comment les déplacés d’Abobo vivent à la Paroisse Saint Ambroise du jubilé de Cocody Angré.
L’Elan de solidarité des Ivoiriens autour des victimes de guerre continue toujours de se manifester. Cet effort de compassion se fait de plus en plus sentir dans la communauté chrétienne catholique où les paroissiens posent des actes en ouvrant les portes de leurs églises aux sinistrés de la crise. Après Duékoué où les fidèles catholiques ont accueilli les victimes, ce sont leurs frères d’Abidjan qui leur emboitent le pas en offrant gîte et couvert aux victimes des événements d’Abobo. Ainsi, depuis le dimanche 27 février 2011, la paroisse Saint –Amboise jubilé d’Angré a ouvert ses portes aux déplacés venant de la commune d’Abobo. L’Abbé Eliason Désiré, Curé de la- dite paroisse interrogé hier, lundi 7 mars 2011, dans la cour de l’église raconte :
« Ils sont venus par vagues et nous les avons reçus par compassion. Nous les avons accueillis ici parce que depuis le mercredi 2 mars, nous les voyons passer avec leurs baluchons sur la tête et cela avec de la peine. C’est un élan de solidarité et une façon pour nous de contribuer à l’effort de paix. » A-t-il confié.
Dans la cour de cette paroisse, un dispositif est mis en place par les paroissiens. Il s’agit de la jeunesse catholique repartie en plusieurs départements. A cet effet, on a la Commission accueil et recensement, le département réception des dons, la Commission restauration, la Commission médicale et la Caritas qui reste l’épine dorsale du système. Il est 14 h lorsque la Commission accueil et recensement des victimes nous reçoit. Une équipe de jeunes volontaires catholiques sous une bâche, est très occupée. Il faut montrer patte blanche avant toute entreprise. Le curé de la paroisse l’Abbé Eliasson informé de notre passage nous facilite la tâche. Lorsque vous êtes au dehors, la haute clôture qui entoure la paroisse vous laisse indifférent. Mais dès que vous franchissez le seuil de l’église, vous êtes accueillis par des cris des enfants qui jouent dans la cour. On les voit courir dans tous les sens sur l’esplanade de l’église. Au fond de la cour, sous un grand hangar dressé, on peut apercevoir de nombreux sinistrés. Certains sont assis à même le sol entourés des enfants. D’autres couchés discutent à vives voix. Tout juste à côté du hangar, sont installés des latrines qui jouxtent le bureau du service Caritas. En balayant du regard, on distingue nettement sous une autre bâche, une équipe de jeunes filles qui s’attellent à la cuisine. C’est la Commission restauration. A cette heure-ci, une bonne odeur flirte les narines des visiteurs et surtout les gamins qui sont attirés par cela. A droite du portail principal, est installée l’équipe médicale. Rien n’est donc fait au hasard dans cette cour qui ressemble à un camp de scoutistes, tellement les services sont ordonnés. C’est le service des dons qui nous accueille le premier. En l’absence du président de la commission M. Brou Marcel, c’est son adjoint Yao Arnold qui nous reçoit. «Nous avons reçu beaucoup de dons de la part des paroissiens. Depuis le dimanche, l’élan de solidarité se poursuit. Et les dons arrivent de partout. Il y a des bonnes volontés et surtout les Ong qui continuent de se manifester. Cela nous rassure. Nous ne pouvons pas les quantifier à présent. Mais sachez seulement que nous avons reçu des vivres et des non vivres», a confié le responsable. Ces propos sont appuyés par M. Adio Richard, un autre responsable du département réception des dons qui vient confirmer la réception effective de vivres composés de riz, des boîtes de conserves, des biscuits, des vêtements, des chaussures etc. Celui-ci a soutenu que le service est fait de sorte que tous les sinistrés soient mis à l’aise. C’est d’ailleurs à notre présence que le service restauration a démarré la distribution du repas de midi. Les premiers servis sont d’abord les tout-petits, suivent ensuite les enfants âgés entre 8 et 12 ans et enfin les plus grands. Tout est ordonné. Malheureusement, notre tentative de soutirer quelques mots au responsable est freiné par l’affluence des enfants qui l’ont pratiquement submergé. Au service de recensement, c’est M. Kablan Fulgence qui nous reçoit. Son staff installé sous une bâche s’attelle à établir des statistiques. Dans ce département, chacun dispose d’un ordinateur. «Depuis le dimanche dernier, il y a plus de mille personnes accueillies par nos services. Nous sommes un camp de transit. Les victimes arrivent un peu fatiguées. Nous les recevons et nous les aidons. Ceux qui ont de la famille non loin d’ici quittent très rapidement le camp. Pour ceux qui n’en ont pas, ils passent la nuit ici», a soutenu M. Kablan.
En l’absence des médecins du camp, Dr Diomandé, Dr N’Da et Dr Soro, c’est l’infirmier d’Etat Kouadio Denis qui nous reçoit. Il dresse le bilan sanitaire du camp. «Tout se déroule normalement. Le paludisme et la diarrhée sont les deux cas de maladies que nous rencontrons ici. Un moment, il y a eu une épidémie de choléra qui a vite été maîtrisée. Je n’étais pas encore arrivé ici. Je l’ai appris en arrivant ici. Nous avons aussi des médicaments. Mais si on nous en donne, ça sera le bienvenu», a-t-il fait savoir.
Jean-Baptiste Essis
essisjb@hotmail.fr
L’Elan de solidarité des Ivoiriens autour des victimes de guerre continue toujours de se manifester. Cet effort de compassion se fait de plus en plus sentir dans la communauté chrétienne catholique où les paroissiens posent des actes en ouvrant les portes de leurs églises aux sinistrés de la crise. Après Duékoué où les fidèles catholiques ont accueilli les victimes, ce sont leurs frères d’Abidjan qui leur emboitent le pas en offrant gîte et couvert aux victimes des événements d’Abobo. Ainsi, depuis le dimanche 27 février 2011, la paroisse Saint –Amboise jubilé d’Angré a ouvert ses portes aux déplacés venant de la commune d’Abobo. L’Abbé Eliason Désiré, Curé de la- dite paroisse interrogé hier, lundi 7 mars 2011, dans la cour de l’église raconte :
« Ils sont venus par vagues et nous les avons reçus par compassion. Nous les avons accueillis ici parce que depuis le mercredi 2 mars, nous les voyons passer avec leurs baluchons sur la tête et cela avec de la peine. C’est un élan de solidarité et une façon pour nous de contribuer à l’effort de paix. » A-t-il confié.
Dans la cour de cette paroisse, un dispositif est mis en place par les paroissiens. Il s’agit de la jeunesse catholique repartie en plusieurs départements. A cet effet, on a la Commission accueil et recensement, le département réception des dons, la Commission restauration, la Commission médicale et la Caritas qui reste l’épine dorsale du système. Il est 14 h lorsque la Commission accueil et recensement des victimes nous reçoit. Une équipe de jeunes volontaires catholiques sous une bâche, est très occupée. Il faut montrer patte blanche avant toute entreprise. Le curé de la paroisse l’Abbé Eliasson informé de notre passage nous facilite la tâche. Lorsque vous êtes au dehors, la haute clôture qui entoure la paroisse vous laisse indifférent. Mais dès que vous franchissez le seuil de l’église, vous êtes accueillis par des cris des enfants qui jouent dans la cour. On les voit courir dans tous les sens sur l’esplanade de l’église. Au fond de la cour, sous un grand hangar dressé, on peut apercevoir de nombreux sinistrés. Certains sont assis à même le sol entourés des enfants. D’autres couchés discutent à vives voix. Tout juste à côté du hangar, sont installés des latrines qui jouxtent le bureau du service Caritas. En balayant du regard, on distingue nettement sous une autre bâche, une équipe de jeunes filles qui s’attellent à la cuisine. C’est la Commission restauration. A cette heure-ci, une bonne odeur flirte les narines des visiteurs et surtout les gamins qui sont attirés par cela. A droite du portail principal, est installée l’équipe médicale. Rien n’est donc fait au hasard dans cette cour qui ressemble à un camp de scoutistes, tellement les services sont ordonnés. C’est le service des dons qui nous accueille le premier. En l’absence du président de la commission M. Brou Marcel, c’est son adjoint Yao Arnold qui nous reçoit. «Nous avons reçu beaucoup de dons de la part des paroissiens. Depuis le dimanche, l’élan de solidarité se poursuit. Et les dons arrivent de partout. Il y a des bonnes volontés et surtout les Ong qui continuent de se manifester. Cela nous rassure. Nous ne pouvons pas les quantifier à présent. Mais sachez seulement que nous avons reçu des vivres et des non vivres», a confié le responsable. Ces propos sont appuyés par M. Adio Richard, un autre responsable du département réception des dons qui vient confirmer la réception effective de vivres composés de riz, des boîtes de conserves, des biscuits, des vêtements, des chaussures etc. Celui-ci a soutenu que le service est fait de sorte que tous les sinistrés soient mis à l’aise. C’est d’ailleurs à notre présence que le service restauration a démarré la distribution du repas de midi. Les premiers servis sont d’abord les tout-petits, suivent ensuite les enfants âgés entre 8 et 12 ans et enfin les plus grands. Tout est ordonné. Malheureusement, notre tentative de soutirer quelques mots au responsable est freiné par l’affluence des enfants qui l’ont pratiquement submergé. Au service de recensement, c’est M. Kablan Fulgence qui nous reçoit. Son staff installé sous une bâche s’attelle à établir des statistiques. Dans ce département, chacun dispose d’un ordinateur. «Depuis le dimanche dernier, il y a plus de mille personnes accueillies par nos services. Nous sommes un camp de transit. Les victimes arrivent un peu fatiguées. Nous les recevons et nous les aidons. Ceux qui ont de la famille non loin d’ici quittent très rapidement le camp. Pour ceux qui n’en ont pas, ils passent la nuit ici», a soutenu M. Kablan.
En l’absence des médecins du camp, Dr Diomandé, Dr N’Da et Dr Soro, c’est l’infirmier d’Etat Kouadio Denis qui nous reçoit. Il dresse le bilan sanitaire du camp. «Tout se déroule normalement. Le paludisme et la diarrhée sont les deux cas de maladies que nous rencontrons ici. Un moment, il y a eu une épidémie de choléra qui a vite été maîtrisée. Je n’étais pas encore arrivé ici. Je l’ai appris en arrivant ici. Nous avons aussi des médicaments. Mais si on nous en donne, ça sera le bienvenu», a-t-il fait savoir.
Jean-Baptiste Essis
essisjb@hotmail.fr