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Société Publié le mardi 15 mars 2011 | Le Patriote

Interdiction de parution de journaux ; perquisition au siège de Nord Sud… Gbagbo intensifie sa répression contre la presse

© Le Patriote
Un vendeur de journaux (presse ivoirienne)
Sale temps pour la presse ivoirienne ! L`ancien chef d`Etat, Laurent Gbagbo, dans les derniers soubresauts de sa tentative de confiscation du pouvoir, fait voir des vertes et des pas murs aux journalistes et travailleurs des médias libres. Ces derniers jours, ce sont les journaux proches du Rassemblement des Houphouétistes pour le Développement et la Paix (RHDP) qui sont dans l`œil du cyclone. La dernière action en date est la suspension de parution des journaux comme le Patriote, le Nouveau réveil, l`Expression, Nord Sud, le Mandat, l`Intelligent d`Abidjan, et le Démocrate. Comment en est- on arrivé là ?
Selon le communiqué du Groupement des Editeurs de presse de Côte d`Ivoire (GEPCI) et les propos de Dembelé Al Seni, Coordonnateur du Collectif des journaux pour les acquis du 28 novembre, « C`est le vendredi 11 mars dernier, aux environs de 13H 15 mn du matin que des hommes en armes appartenant aux FDS se sont introduits à Edipress à Adjamé». La raison de la présence de ces mercenaires et miliciens en ce lieu n`avait d`autre objectif que celui d`intimer l`ordre aux responsables de la société de messagerie de «ne pas procéder à la distribution des journaux proches du RHDP.» Ils entendaient ainsi occasionner un black-out sur les informations - les vraies - issues du dernier sommet extraordinaire du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l`Union africaine. Sommet au cours duquel les chefs d`Etat du Panel avaient tranché le conflit postélectoral en Côte d`Ivoire en confirmant Alassane Ouattara comme seul et unique président élu de la République de Côte d`Ivoire. Une consécration que Gbagbo et son clan ont immédiatement rejetée, montrant une fois de plus à la face du monde entier leur peu de disposition à mettre fin à une crise dont les convulsions se faisaient dans le sang des Ivoiriens par la faute du « Machiavel des Lagunes ».
Il est donc clair que "le boucher des lagunes" qui demeure dans sa logique suicidaire, voulait cacher le soleil avec la main.
Vu qu`ils tirent le gros de leurs revenus de la vente (les meilleures de la place) des gros tirages que sont le Patriote et le Nouveau réveil, les revendeurs et les grossistes des produits de presse ont donc refusé de ne vendre que les «journaux bleus ». Tout le monde devait donc trinquer : presse libre et journaux pro-Gbagbo. Voilà pourquoi les kiosques étaient vides les 11 et 12 mars derniers.

Les médias n`ont jamais été persécutés que sous Gbagbo

Non satisfaits de ce coup de massue contre la liberté de la presse, Laurent Gbagbo continue de poser des actes répréhensibles dans ce sens. C`est le cas de la perquisition opérée dans les locaux du quotidien Nord Sud, dimanche dernier.
Selon un journaliste de cette rédaction, « c`est un groupe de personnes en armes arrivés à 16H, ce jour-là, qui s`est mis à fouiller, de fond en comble, les locaux du journal. Ils ont dit que des armes y seraient cachées.» Sans avoir trouvé ce qu`ils cherchaient, les visiteurs indélicats avant de partir ont demandé : « Pourquoi les gens ne sont pas venus travailler aujourd`hui ? » L`homme commis à la surveillance des lieux a rétorqué ne rien en savoir.
En quittant les lieux, les hommes en armes ont promis faire le tour des rédactions des journaux proches du RHDP. Par-dessus tout, l`interdiction de parution des journaux, la perquisition de rédactions prouvent, à l`envie, que le respect de la liberté de la presse est un leurre avec Laurent Gbagbo. L`assassinat de Jean- Hélène, l`enlèvement de Guy André Kieffer, les casses, incendies des rédactions et les multiples incarcérations de journalistes sont là pour en témoigner.
A voir tout cela de près, la question qui taraude les esprits est de savoir « pourquoi Gbagbo, alors opposant, dont le combat a été porté à bout de bras par la presse, bâillonne-t-il tant les médias ? » La réponse, « il la donnera, surement lorsqu`il sera dans le box des accusés de la Cour Pénale Internationale (CPI)», conclut un éditorialiste de la presse ivoirienne.

Jean-Antoine Doudou
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