Le ver est dans le fruit. Rien ne va plus actuellement au sein de la grande muette. Les forces loyales à Laurent Gbagbo connaissent un bicéphalisme qui ne dit pas son nom. Entre le chef d’état-major, le général Philipe Mangou et le commandant de la garde républicaine, le général Dogbo Blé Bruno, le torchon brûle. Aujourd’hui, le commandant de la garde républicaine se comporte comme le patron des FDS. C’est Dogbo Blé Bruno qui pilote aujourd’hui, en réalité toutes les opérations sur le terrain. Le général Philipe Mangou ne joue que le rôle de faire-valoir. Il est en ce moment écarté de toutes les grandes décisions militaires et ne prend plus part aux conseils de guerre du clan. Depuis le massacre des femmes à Abobo, le général d’armée est rentré en conflit avec celui qui joue actuellement le rôle de chef d’état-major de Laurent Gbagbo. L’ancien commandant du théâtre des opérations n’a pas apprécié l’utilisation d’armes lourdes contre de pauvres femmes aux mains nues. Mangou, au cours d’une réunion, n’a pas manqué de s’élever contre ce qu’il a qualifié de « boucherie ». Une critique qui n’a pas beaucoup plu au général Dogbo Blé Bruno et au clan, qui ont du coup trouvé suspect l’attitude du CEMA. A partir de ce jour, les relations entre les deux hommes ont continué de se dégrader. Le général Dogbo Blé Bruno qui trouve son supérieur trop mou dans la gestion militaire de la crise postélectorale, a décidé de prendre des initiatives sans s’en référer à lui. Le patron de la garde républicaine a expliqué à Laurent et à Simone Gbagbo qu’il est le seul capable de libérer Abobo. L’ancien couple présidentiel a aussitôt décidé de confier tout le commandement des opérations sur le terrain à celui qui a décidé d’évincer le chef d’état-major dans le cœur des militaires et des artificiers du régime FPI. La dernière offensive des FDS sur Abobo le week-end dernier porte la marque du commandant du palais à qui le couple Gbagbo voue désormais une confiance sans limite. Une situation qui, aujourd’hui, met le patron des FDS dans la posture de l’homme à abattre. Le général Philipe qui a du mal à digérer cette disgrâce qui ne dit pas son nom, a décidé de prendre du recul dans la coordination des actions militaire en restant dans son petit coin. Mais cette attitude ne plait pas du tout aux caciques du pouvoir qui le suspectent d’être en collusion avec l’ennemi. Aujourd’hui, Philipe Mangou est un homme traqué. Ses moindres faits et gestes sont suivis de près par les hommes de Dogbo Blé Bruno. Des menaces d’élimination physique planent sur lui. Sa garde rapprochée ces derniers jours a été encore remplacée. Les bérets noirs qui assuraient la sécurité devant sa résidence à Yopougon ont été remplacés par les bérets rouges du général Dogbo Blé Bruno. Son entourage qui ne comprend pas cet acharnement, craint le pire pour lui. Pour l’heure, le général Dogbo Blé qui a décidé de prendre le contrôle des forces encore loyales à Laurent Gbagbo n’en a cure. Pour lui, ce qui compte pour le moment, c’est mettre Philipe Mangou sur l’éteignoir en vue de mettre en place le grand chaos que Laurent Gbagbo a promis au cas où il serait contraint de quitter le pouvoir. Mangou aujourd’hui est l’ombre de lui-même. Seul Dogbo Blé aujourd’hui est le véritable commandant des troupes restées loyales à Laurent Gbagbo. Le glas a vraiment sonné pour le chef d’état-major des FDS. Comme l’avait prévu le général Mathias Doué, Mangou est devenu le « prochain mouton du sacrifice » de Laurent Gbagbo. Le compte à rebours a commencé pour lui.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
