La chute de Laurent Gbagbo est inéluctable. Le compte à rebours a commencé pour lui. Il le sait. Mais l’ancien chef d’Etat, dans une logique suicidaire, a décidé, comme le gourou d’une secte pernicieuse, de conduire tous ses partisans à la déchéance, y compris le FPI, son parti. Laurent Gbagbo souhaite, après lui, que le FPI ne lui survive pas. C’est la raison pour laquelle il a décidé d’opter pour la politique du pire. Or en démocratie, s’il y a une chose qui est un acquis, c’est l’alternance. On peut perdre une élection et plus tard revenir aux affaires. Mais à une seule condition : qu’on accepte de se plier au verdict des urnes. En Afrique, les exemples en la matière sont légion. Le président Mathieu Kérékou qui avait régné pendant près de deux décennies au Bénin, l’ancien Dahomey, a été battu au début des années 90 par Nicéphore Soglo, un ancien cadre du FMI et de la banque mondiale. Mathieu Kérékou, la mort dans l’âme, a dû s’incliner devant le verdict des urnes. L’ancien autocrate, après sa défaite, a pris ses distances vis-à-vis du monde politique. Retiré dans son village natal, le « caméléon » comme l’appelle affectueusement ses concitoyens, a minutieusement préparé son retour. Cinq ans après, à la tête d’une coalition de partis politiques qui a décidé de faire de lui son porte-étendard, Mathieu Kérékou a pris sa revanche sur celui qui l’avait démystifié cinq ans plutôt. Kérékou est revenu et même rempilé pour cinq ans encore. Avant de céder le pouvoir à Yayi Boni. L’histoire de Mathieu Kérékou est une belle leçon de démocratie qui doit inspirer le FPI dans sa conduite de la crise postélectorale. Laurent Gbagbo peut croire qu’il est définitivement grillé. Mais pas le FPI. En tant q’un parti politique qui a dirigé la Côte d’Ivoire pendant dix ans, il a son mot à dire dans cette Côte d’Ivoire de demain. Le FPI, au nom de la démocratie, doit continuer de vivre. Elle doit donc refuser de suivre Laurent Gbagbo dans sa folie suicidaire et faire, pendant qu’il est encore temps, son aggiornamento. Laurent Gbagbo est un homme fini. Mais pas le FPI qui, certainement compte en son sein de cadres compétents. C’est à lui de le comprendre et de refuser de se sacrifier. Le président Alassane Ouattara a promis de diriger le pays avec toutes les compétences y compris celles issues du FPI. Il appartient au parti de Laurent Gbagbo de méditer cela et de saisir la main tendue par le nouveau chef d’Etat avant qu’il ne soit trop tard. Car Laurent Gbagbo ne peut et ne pourra pas gagner contre le monde entier. Quelles que soient les tueries, les massacres qu’il pourra perpétrer, il ne pourra pas s’en sortir. La voie dans laquelle il s’est engouffré, est sans issue. La fin ne pourra être que l’échec pour lui. Au FPI de le comprendre et de tirer les conséquences qui s’imposent s’il veut exister dans la nouvelle Côte d’Ivoire qui est en train de naître.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly