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Sport Publié le vendredi 18 mars 2011 | Le Patriote

Interview Kouadio Georges (Sélectionneur des Eléphants locaux) : “Je ne suis pas le seul fautif”

© Le Patriote Par Prisca
Football / CHAN Soudan 2011: le coach Kouadio Georges et ses poulains s`entraînent à Bingerville
Lundi 31 janvier 2011. Bingerville, Centre Technique. Photo: le coach Kouadio Georges
Pour son deuxième CHAN, Kouadio George a récolté le même résultat que le premier. Il n`a rien gagné et sort sur une note de déception. Mais le technicien de l`équipe nationale des locaux refuse de porter seul le chapeau de cette nouvelle débâcle. Entretien
Le Patriote : Quel regard portez-vous sur la participation de la Côte d`Ivoire à cette 2e édition du CHAN après cette autre élimination prématurée ?
Kouadio Georges : C`est vrai, nous venons d`échouer pour la deuxième fois en terre étrangère. J`en souffre. Mais je crois que dans la vie de l`Homme, il faut savoir assumer ses responsabilités. Je n`ai pas eu le temps de travail qu`il faut pour réussir une bonne compétition et donner à cette équipe l`âme qu`il faut. Par le passé, quand nous avons eu le temps nécessaire de travail comme par exemple la préparation des JO 2008, nous avons pu découvrir de nouveaux talents comme Gervinho, Tioté et autres. Nous sommes allés faire le tour de l`Europe et sortir les joueurs qu`il faut. Nous avons vu comment nous avons pu gagner la Francophonie avec tous ces jeunes gens-là. C`est dire que quand il y a la préparation, le résultat peut suivre. Même avec la préparation, ce n`est pas évident que vous soyez parmi les meilleurs ; à plus forte raison quand vous arrivez sans préparation. Là, seul un miracle peut vous sauver. Aujourd`hui, le miracle ne s`est pas produit. Ce n`est que partie remise. Cette deuxième élimination prématurée doit donner des leçons à tout le pays pour ne plus qu`on tombe dans ce genre de fautes.

LP : Le manque de préparation ne vous a pas empêché de promettre l`une des médailles mises en jeu au pays ?
KG : Ce n`est pas chose faite à l`arrivée. Mais quand vous lisez le jeu que nous avons produit, ce n`est que dans les détails que nous avons pêché. Mais c`est la préparation qui permet de surmonter les détails. Quand je vois des spécialistes comme Gérard Dreyfus, Anthony Baffoe et des sommités de la CAF nous féliciter et nous classer parmi les meilleures équipes qui ont produit le bon jeu que les gens souhaitaient voir, il y a tout de même une satisfaction. Le jeu que nous avons produit au tournoi de la CECAFA et qui nous a permis d`arriver en finale nous a valu une invitation du Zanzibar à participer à un tournoi. Tout cela montre que l`entraîneur a des capacités qu`il essaie d`inculquer aux joueurs. Mais c`est difficile dans notre cas quand on doit faire face à des adversaires qui ont 12, 13, 14 ou 15 journées de championnat dans les jambes. On ne va pas à une compétition avec pour seule référence un match de tour préliminaire de coupes africaines. C`est vous dire que les joueurs n`étaient pas en jambes. Avec ça, il faut ajouter le départ des meilleurs joueurs. Je peux citer Wawa Serge, Kipré Tchétché et Dion Sédé qui ont été les remèdes de cette équipe à la CECAFA. Ils sont aujourd`hui sous d`autres cieux. Vous ne pouvez pas enlever Kolo Touré et Drogba de la sélection senior et espérer conquérir le monde. A une compétition, vous êtes tenus de partir avec tous vos meilleurs joueurs. Mais chez nous, ce sont les meilleurs qui partent. C`est donc une sélection extrêmement difficile. Quand on pose un acte, on assume. En même temps, il faut analyser minutieusement avant de clouer au pilori les acteurs.

LP : Le fait que le championnat n`ait pas commencé, comme en 2009, a été préjudiciable à l`équipe ?
KG : Oui ! Tous les spécialistes le savent. Une équipe a besoin d`être en condition et la condition, c`est la compétition. Je prends le cas des dates FIFA. Les joueurs sont en compétition et quand on arrive en regroupement lundi, on peut jouer mercredi. Le championnat n`a pas repris et personne ne peut me dire sur quelle base il peut parler de cet échec. Si la compétition avait démarré et que nous n`avions pas eu de préparation adéquate, la condition physique nous aurait permis de faire les choses différemment. Mais nous avons essayé d`inculquer notre manière de jouer à ces jeunes pour pouvoir donner le meilleur d`eux-mêmes. C`est pour cela que j`ai le cœur tranquille parce que je sais que les joueurs ne m`ont pas trahis. Ils ont apporté tout ce qu`ils peuvent et je ne peux que leur tirer le chapeau et leur dire toutes mes félicitations pour tout ce qu`ils ont fait et bon courage. Ils ont été vraiment exemplaires, très engagés. L`entraîneur camerounais disait que si la Côte d`Ivoire avait mis au fond toutes es occasions de buts, on ne serait pas en train de dire qu`elle est ceci ou cela. Mais pour prendre le ballon et courir jusqu`à aller marquer, il faut être en condition physique. On a été obligé de prendre les meilleurs de la saison passée. Prenons le cas de Zougoula. Il était très pimpant la saison dernière. Je ne peux que composer qu`avec lui. Il y a des joueurs sur qui tu comptes et au finish tu es confronté à des problèmes administratifs. C`est dire que je ne suis pas au bout de mes peines. C`est trop facile pour les gens de penser que Georges est la cible facile.

LP : Depuis 2008, la sélection nationale locale ne gagne plus. Kouadio Georges n`est-il pas à bout de souffle, au bout de ses idées ?
KG : Je ne crois pas que Kouadio Georges soit au bout de ses idées. Georges est toujours pimpant, en forme. Georges se remet toujours en cause. Ce que je veux dire, c`est que c`est une sélection extrêmement difficile. Je vous mets au défi de confier cette sélection à José Mourinho (élu récemment, meilleur entraîneur du monde, ndlr). Avec les départs massifs des joueurs, le refus des clubs de céder les joueurs sélectionnés à un certain moment et les perturbations dans les préparations, vous ne pouvez pas demander à Mourinho de faire des miracles. Ce n`est pas possible. Aujourd`hui, ce n`est pas une affaire de Kouadio Georges. Les présidents de clubs ont leurs responsabilités dans le départ massif des joueurs. Il faut qu`ils arrivent à bien rémunérer les joueurs. Aujourd`hui ailleurs en Afrique, le traitement salarial des joueurs est meilleur que chez nous. Il faut y remédier. Si un joueur est bien payé et que tu le sollicites pour trois entraînements quotidiens, il répondra toujours présent. Cela évite aux joueurs d`aller de pays en pays pour des tests. C`est aussi l`un des problèmes majeurs de notre football.

LP : Kouadio Georges a-t-il fait son mea-culpa ? A quelles conclusions en est-il arrivé ?
KG : J`ai fait mon bilan. Ce que je sais, c`est que par moment quand les conditions sont meilleures, nous avons fait des résultats. Au tout début de notre mission, dans les années 2005, 2007, vous avez vu les résultats. Maintenant les joueurs ont tendance à partir un peu plus tôt. La préparation n`ayant pas suivi, c`est normal qu`il ait des creux dans les résultats. Il y a des hauts et des bas dans la vie de tout un chacun, mais il faut savoir laisser passer la tempête pour repartir sur de nouvelles bases. Je suis fautif sur un certain nombre de choses. En même temps, il est difficile de porter tout seul la responsabilité des échecs.

LP : Etes-vous disposé à continuer avec cette sélection ?
KG : Oui ! Je suis prêt à continuer. Je ne suis pas fatigué. J`ai encore des ressources. Mes connaissances ne sont pas arrivées à terme. Je peux faire mieux. Les facteurs de performance font que c`est tout un ensemble qui gagne.

Réalisée par OUATTARA Gaoussou à Kartoum (Soudan)
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