Les populations quittent, par vagues, la ville d’Abidjan. Elles fuient la terreur que l’ex chef de l’Etat, Laurent Gbagbo et ses milices sont en train d’installer dans la capitale économique. Evidemment, cette situation a des répercussions sur le prix du transport. Devant la demande forte en sens unique, les transporteurs ont dû procéder à des augmentations.
Les prix des tickets prennent l’ascenseur
Le contraste est plus que patent. Entre les rues et ruelles d’Adjamé et la gare routière, on se croirait dans deux mondes différents. L’un mort et l’autre vivant. Dans les rues, les personnes que l’on croise convergent pour la plupart vers la gare routière avec enfants et bagages sur la tête. A la gare routière elle-même, le monde se masse dans les cours des compagnies de transport. Entre les bagages et les voyageurs, difficile de se frayer un chemin ce mardi 22 mars 2011 à la gare de l’Union des Transports de Bouaké (UTB). La cour de cette grande compagnie de transport est bondée de monde. La fatigue et l’anxiété se lisent sur les visages des uns et des autres. Ces voyageurs sont là depuis deux, voire trois jours pour certains. Tous veulent, bien entendu, se procurer un ticket pour quitter Abidjan. Mais avoir le précieux sésame est devenu un véritable parcours du combattant. A midi passé, des personnes forment un rang interminable devant le guichet. Elles ont en face d’elles, les nouveaux prix affichés ce matin même. A savoir Bouaké : 10 000F, Tiébissou : 10 000F, Yamoussoukro : 7500F, Daloa : 6500F, Bouaflé 5500F. Bien que déplorant cette augmentation, le jeune K. Armand avoue ne pas être surpris. « Les premiers jours, c’était 6OOOF. Après, ils ont augmenté à 7000F, puis à 8000. Aujourd’hui, c’est 10000F, certainement que demain, ils diront 12 000F », dénonce- t-il. K. Armand nous indique qu’il part pour Bouaké et qu’il a fui les combats dans la commune d’Abobo. « Cela fait trois jours que je suis à la gare. Mes parents sont partis il y a de cela deux jours. Mais il n’y avait pas de place dans le car, je suis donc resté et depuis, je n’ai pas encore eu de ticket », explique t-il. Voulant savoir les raisons de cette augmentation en flèche du prix du transport, nous nous rendons auprès des responsables de la compagnie. Mais ces derniers nous renvoient à leur direction centrale, à Koumassi. A la direction centrale, on nous informe que c’est le service marketing qui s’occupe de ces questions. Malheureusement, les membres du service nous dit-on, ne sont pas en place.
Les prix grimpent!
La compagnie UTB, n’est cependant pas la seule à avoir augmenté ses tarifs. La compagnie internationale de transport terrestre (CITT), toujours à la gare routière d’Adjamé a, elle aussi, changé ses tarifs. Selon son chef de gare, M Brou, cette augmentation s’explique par la situation actuelle que traverse le pays. « Nous sommes une compagnie de mini car de 25 places. Avant cette situation que nous vivons actuellement, nous faisions la ligne de Bouaké à 5000F par personne. Et nous payions le carburant à 4OOOOFCFA. En revenant de Bouaké le véhicule payait son carburant puisqu’il prenait des passagers sur place pour Abidjan. Mais avec la situation qui prévaut, nous sommes obligés de faire venir les véhicules vides de Bouaké pour prendre les passagers à Abidjan. Vous comprenez que nous perdons dans ce cas. Nous sommes donc obligés d’augmenter le transport à 8000 f. Que nos parents comprennent que ce n’est pas de l’escroquerie, mais nous sommes obligés de le faire », explique le chef de Gare. En plus du voyage à perte, M Brou explique que les chauffeurs doivent faire face à des frais sur la route. « Depuis que les forces de l’ordre savent qu’il y a des départs massifs à l’intérieur du pays, ils ont multiplié les barrages sur la route. Pour, selon eux, un bagage mal arrimé, ils te font payer une somme exorbitante, cela sans compter les nombreux corridors sur la route », déplore t-il.
Malgré cette augmentation, avoir le ticket ne signifie pas pour autant la fin du calvaire. A la compagnie FFA, les passagers ont leurs tickets en main, cela depuis deux jours pour certains, mais point de trace de car. Fatigués de calmer des passagers sur les nerfs, les responsables de la compagnie ont fermé les guichets et ont déserté les lieux Assise à l’intérieur de la cour, dame Koné Salimenta est très inquiète. Depuis le matin, trois cars sont partis devant elle, sans qu’elle ne puisse avoir de place. « On nous a fait savoir que les passagers prioritaires étaient ceux qui avaient fait les réservations deux à trois jours à l’avance. Et C’est après le départ de tout ce monde qu’on s’occupera de nous. Pressée de quitter Abidjan avec ses enfants, elle affirme avoir payé les tickets avec des jeunes revendeurs à 12500f CFA. En effet, face à l’afflux massif de la population et la rareté des véhicules, des jeunes coxers (Jeunes bagagistes) de la gare se proposent de trouver rapidement des tickets pour les voyageurs, mais bien évidemment, à un prix plus élevé que celui de la gare. Ainsi, ils revendent les tickets de Bouaké ou Yamoussoukro à 12000 voire 13000FCFA. Des prix qui sont pratiquement les mêmes que ceux pratiqués par les mini cars, communément appelé Massa. Ces véhicules prisés par les voyageurs pour leur rapidité ont plus que doublé leur tarif .Ainsi des destinations comme Yamoussoukro, San Pedro, Daloa, Gagnoa, Bondoukou pour lesquelles les passagers payaient entre 4000 et 5000FCFA sont passées à 12 5OOFCFA. « Madame c’est le prix actuellement. Depuis trois jours, tout le monde voyage à ce prix », explique un jeune bagagiste à une dame hésitante devant le prix exorbitant. Malgré cette augmentation, les « Massa » ne manquent pas de passagers.
Le moins que l’on puisse écrire, c’est que les populations traumatisées par les combats à l’arme lourde dans plusieurs communes d’Abidjan, veulent coûte que coûte quitter la ville d’Abidjan, quitte à payer un prix très élevé.
Il faut noter toutes les compagnies desservant les villes au -delà de Bouaké, notamment Korhogo, Ferké, Boundiali, ont fermé pour « des raisons de sécurité ». Les voyageurs à destination de ces viles sont donc obligés de décomposer leurs parcours.
Dao Maïmouna (Photos Tano E.)
Adjamé
Des FDS rackettent
Imperturbable dans leur habitude. Le racket. Malgré les départs massifs des populations et la peur qui habite les quelques vendeurs, des gendarmes et des policiers continuent de racketter à la gare routière d’Adjamé. C’est à croire qu’ils sont complètement indifférents à ce qui se passe autour d’eux. Cette situation leur sert même d’occasion pour agir au vu et au su de tous sans craindre d’être inquiété. Personne n’est épargné par ces indélicats forces de l’ordre. Ils fouillent et dépouillent les passants comme les taximètres de leur argent. A la moindre résistance, ils n’hésitent pas tabassé leur victime. En plus de ces racketteurs, des éléments de la CRSI, souvent encagoulés font également des descentes dans la gare avec des armes braqués sur des cibles « invisibles ». Les populations effrayées, les regardent passer.
DM
Les prix des tickets prennent l’ascenseur
Le contraste est plus que patent. Entre les rues et ruelles d’Adjamé et la gare routière, on se croirait dans deux mondes différents. L’un mort et l’autre vivant. Dans les rues, les personnes que l’on croise convergent pour la plupart vers la gare routière avec enfants et bagages sur la tête. A la gare routière elle-même, le monde se masse dans les cours des compagnies de transport. Entre les bagages et les voyageurs, difficile de se frayer un chemin ce mardi 22 mars 2011 à la gare de l’Union des Transports de Bouaké (UTB). La cour de cette grande compagnie de transport est bondée de monde. La fatigue et l’anxiété se lisent sur les visages des uns et des autres. Ces voyageurs sont là depuis deux, voire trois jours pour certains. Tous veulent, bien entendu, se procurer un ticket pour quitter Abidjan. Mais avoir le précieux sésame est devenu un véritable parcours du combattant. A midi passé, des personnes forment un rang interminable devant le guichet. Elles ont en face d’elles, les nouveaux prix affichés ce matin même. A savoir Bouaké : 10 000F, Tiébissou : 10 000F, Yamoussoukro : 7500F, Daloa : 6500F, Bouaflé 5500F. Bien que déplorant cette augmentation, le jeune K. Armand avoue ne pas être surpris. « Les premiers jours, c’était 6OOOF. Après, ils ont augmenté à 7000F, puis à 8000. Aujourd’hui, c’est 10000F, certainement que demain, ils diront 12 000F », dénonce- t-il. K. Armand nous indique qu’il part pour Bouaké et qu’il a fui les combats dans la commune d’Abobo. « Cela fait trois jours que je suis à la gare. Mes parents sont partis il y a de cela deux jours. Mais il n’y avait pas de place dans le car, je suis donc resté et depuis, je n’ai pas encore eu de ticket », explique t-il. Voulant savoir les raisons de cette augmentation en flèche du prix du transport, nous nous rendons auprès des responsables de la compagnie. Mais ces derniers nous renvoient à leur direction centrale, à Koumassi. A la direction centrale, on nous informe que c’est le service marketing qui s’occupe de ces questions. Malheureusement, les membres du service nous dit-on, ne sont pas en place.
Les prix grimpent!
La compagnie UTB, n’est cependant pas la seule à avoir augmenté ses tarifs. La compagnie internationale de transport terrestre (CITT), toujours à la gare routière d’Adjamé a, elle aussi, changé ses tarifs. Selon son chef de gare, M Brou, cette augmentation s’explique par la situation actuelle que traverse le pays. « Nous sommes une compagnie de mini car de 25 places. Avant cette situation que nous vivons actuellement, nous faisions la ligne de Bouaké à 5000F par personne. Et nous payions le carburant à 4OOOOFCFA. En revenant de Bouaké le véhicule payait son carburant puisqu’il prenait des passagers sur place pour Abidjan. Mais avec la situation qui prévaut, nous sommes obligés de faire venir les véhicules vides de Bouaké pour prendre les passagers à Abidjan. Vous comprenez que nous perdons dans ce cas. Nous sommes donc obligés d’augmenter le transport à 8000 f. Que nos parents comprennent que ce n’est pas de l’escroquerie, mais nous sommes obligés de le faire », explique le chef de Gare. En plus du voyage à perte, M Brou explique que les chauffeurs doivent faire face à des frais sur la route. « Depuis que les forces de l’ordre savent qu’il y a des départs massifs à l’intérieur du pays, ils ont multiplié les barrages sur la route. Pour, selon eux, un bagage mal arrimé, ils te font payer une somme exorbitante, cela sans compter les nombreux corridors sur la route », déplore t-il.
Malgré cette augmentation, avoir le ticket ne signifie pas pour autant la fin du calvaire. A la compagnie FFA, les passagers ont leurs tickets en main, cela depuis deux jours pour certains, mais point de trace de car. Fatigués de calmer des passagers sur les nerfs, les responsables de la compagnie ont fermé les guichets et ont déserté les lieux Assise à l’intérieur de la cour, dame Koné Salimenta est très inquiète. Depuis le matin, trois cars sont partis devant elle, sans qu’elle ne puisse avoir de place. « On nous a fait savoir que les passagers prioritaires étaient ceux qui avaient fait les réservations deux à trois jours à l’avance. Et C’est après le départ de tout ce monde qu’on s’occupera de nous. Pressée de quitter Abidjan avec ses enfants, elle affirme avoir payé les tickets avec des jeunes revendeurs à 12500f CFA. En effet, face à l’afflux massif de la population et la rareté des véhicules, des jeunes coxers (Jeunes bagagistes) de la gare se proposent de trouver rapidement des tickets pour les voyageurs, mais bien évidemment, à un prix plus élevé que celui de la gare. Ainsi, ils revendent les tickets de Bouaké ou Yamoussoukro à 12000 voire 13000FCFA. Des prix qui sont pratiquement les mêmes que ceux pratiqués par les mini cars, communément appelé Massa. Ces véhicules prisés par les voyageurs pour leur rapidité ont plus que doublé leur tarif .Ainsi des destinations comme Yamoussoukro, San Pedro, Daloa, Gagnoa, Bondoukou pour lesquelles les passagers payaient entre 4000 et 5000FCFA sont passées à 12 5OOFCFA. « Madame c’est le prix actuellement. Depuis trois jours, tout le monde voyage à ce prix », explique un jeune bagagiste à une dame hésitante devant le prix exorbitant. Malgré cette augmentation, les « Massa » ne manquent pas de passagers.
Le moins que l’on puisse écrire, c’est que les populations traumatisées par les combats à l’arme lourde dans plusieurs communes d’Abidjan, veulent coûte que coûte quitter la ville d’Abidjan, quitte à payer un prix très élevé.
Il faut noter toutes les compagnies desservant les villes au -delà de Bouaké, notamment Korhogo, Ferké, Boundiali, ont fermé pour « des raisons de sécurité ». Les voyageurs à destination de ces viles sont donc obligés de décomposer leurs parcours.
Dao Maïmouna (Photos Tano E.)
Adjamé
Des FDS rackettent
Imperturbable dans leur habitude. Le racket. Malgré les départs massifs des populations et la peur qui habite les quelques vendeurs, des gendarmes et des policiers continuent de racketter à la gare routière d’Adjamé. C’est à croire qu’ils sont complètement indifférents à ce qui se passe autour d’eux. Cette situation leur sert même d’occasion pour agir au vu et au su de tous sans craindre d’être inquiété. Personne n’est épargné par ces indélicats forces de l’ordre. Ils fouillent et dépouillent les passants comme les taximètres de leur argent. A la moindre résistance, ils n’hésitent pas tabassé leur victime. En plus de ces racketteurs, des éléments de la CRSI, souvent encagoulés font également des descentes dans la gare avec des armes braqués sur des cibles « invisibles ». Les populations effrayées, les regardent passer.
DM