Discours apaisé à la Nation Alassane Ouattara, un humaniste

Sans triomphalisme. La voix est pleine d’émotions. La douleur (intérieure) n’est pas feinte. Alassane Ouattara annonce : « Après plusieurs semaines d’affrontements inutiles, l’ancien chef de l’Etat, Monsieur Laurent Gbagbo, a été arrêté ce lundi 11 avril 2011, par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ». Une fois de plus, le nouveau président de la République de Côte d’Ivoire démontre aux yeux de ses compatriotes et de la Communauté internationale, qu’il a un cœur et qu’il sait souffrir pour lui-même et pour autrui. Quelqu’un d’autre à sa place, suivez mon regard, aurait chanté comme un coq dans la basse-cour, venant de triompher de son adversaire. Certes, la victoire militaire sur son adversaire, après celle des urnes est nette, mais, il ne pavoise pas. Simplement, parce que, dira-t-il : « comme tous les Ivoiriens épris de paix, nous aurions voulu que le transfert du pouvoir à l’issue du scrutin du 28 novembre 2010, se fasse autrement ». Or cela ne s’est fait qu’ « après plusieurs semaines d’affrontements inutiles ». Des Ivoiriens et des étrangers sont morts inutilement. Pour Alassane Ouattara, l’humaniste, ces morts sont de trop. Il en souffre d’autant plus qu’avec un peu plus de raison et de respect pour la vie humaine, la Côte d’Ivoire aurait pu éviter ce drame qui, une fois de plus, vient noircir son histoire. Malgré tout, le chef de l’Etat veut donner l’exemple et partager son humanisme avec ses compatriotes. Alors, il rassure « les Ivoiriens, les Ivoiriennes, et la Communauté internationale que toutes les dispositions sont prises pour assurer l’intégrité physique de Monsieur Laurent Gbagbo, de son épouse et de tous ceux qui ont été appréhendés ». Quand on sait qu’en septembre 2002, le général Guéï Robert, son épouse, ses domestiques et ses gardes du corps ont été massacrés, il faut être de mauvaise foi pour affirmer que Laurent Gbagbo a connu la pire des humiliations parce qu’il a été appréhendé et conduit à l’hôtel du Golf en compagnie du monde qui l’entourait dans son bunker d’où il ordonnait des actions meurtrières contre des populations civiles accusées d’avoir soutenu son adversaire politique. Ce qui s’est passé est douloureux, mais il faut pratiquer le pardon. « Aujourd’hui, une page blanche s’ouvre devant nous. Blanche comme le blanc de notre drapeau, symbole d’espérance et de paix ». Le chef de l’Etat se projette dans le futur et ce futur, il veut le construire avec l’ensemble de ses concitoyens. Il avait dit qu’il était le Président de tous les Ivoiriens. De ceux qui ont voté pour lui. Et de ceux qui n’ont pas voté pour lui. Il aime son pays. Il aime ses compatriotes. « C’est ensemble que nous allons écrire notre histoire dans la réconciliation et le pardon ». Sans rancœurs et dans la paix. A nouvelle ère, nouveau discours. Ainsi est et apparaît Alassane Ouattara.
Raoul Mapiéchon