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Editorial Publié le lundi 18 avril 2011 | L’Inter

A l`aube d`une espérance nouvelle?

© L’Inter Par Kouamé Guy
Vainqueur de la bataille d`Abidjan: Bouaké célèbre le Président Alassane Ouattara, en présence du ministre Kandia Camara
Samedi 16 avril 2011. Bouaké. La population de Bouaké, avec à sa tête les autorités administratives, politiques, coutumières, religieuses et militaires célèbrent la victoire du Président Alassane Ouattara et des FRCI sur Gbagbo et ses troupes
«Quel gâchis!», serait-on tenté de s`écrier face à la bien malheureuse publicité, contre-productive à souhait, dont notre pays aurait pu bien se passer dans le dénouement de cette crise post-électorale que la Côte d`Ivoire vit depuis le 2nd tour de la présidentielle du 28 novembre 2010. L`image d`un Laurent Gbagbo arrêté et traîné, conspué par des soldats déchaînés contre lui, avec son épouse, Simone Gbagbo, aux cheveux hirsutes, comme si elle venait de se faire prendre à partie, n`est pas digne de notre «Côte d`Ivoire de paix» que nous connaissons tous. Mais, l`épilogue que les Forces Républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI), appuyées par les troupes françaises de la force Licorne et l`ONUCI, pouvait-il en être autrement après l`offensive généralisée lancée depuis le 1er avril dernier ? Non. Pour le reste, rien de nouveau sous les tropiques. Le Dr Alassane Dramane Ouattara vient d`être définitivement replacé dans le fauteuil présidentiel qui lui revenait de droit, au regard des résultats du 2nd tour de la présidentielle tels que la CEI les avait proclamés. Le prix à payer a été certes un peu lourd pour les populations civiles avec les pillages des grandes surfaces commerciales et autres entreprises, les mises à sac de magasins de grossistes de produits de première nécessité, les braquages de domiciles et les mains basses sur les biens des personnes qui parfois étaient elles-mêmes aux antipodes de l`activité politique. Même si le tableau au niveau des bilans n`est pas totalement reluisant, il n`y a pas à désespérer. Mieux, il y a même à beaucoup espérer, car comme l`a dit le Président Ouattara lui-même, nous sommes tous à «l`aube d`une espérance nouvelle». Sur le plan de la reconstruction économique et financière, la réputation de «gourou» de la finance internationale de l`actuel Président de la République sera un atout de taille. Ancien Gouverneur de la BCEAO, ancien Premier ministre, ancien DG adjoint du FMI, le Président Ouattara a les compétences, le profil et le coffre de la mission. D`ailleurs, il n`a pas fallu 24H pour que les bonnes nouvelles commencent à pleuvoir avec «400 millions d`euros» (262 milliards de Fcfa) d`aide exceptionnelle de la France à la Côte d`Ivoire, et les «180 millions d`euros» (171 milliards de Fcfa) d`aide de l`Union Européenne. S`il n`y a pas de craintes de ce côté là, il faut dire que les défis sont énormes et multiples pour le nouveau Président, et surtout pour son Premier ministre Guillaume Soro. Deux grands défis émergent déjà. D`abord, le «défi de la sécurité». En effet, trop d`armes circulent en ce moment dans le pays. Le comble dans l`affaire, c`est qu`on ne sait même plus qui détient ces armes, pourquoi ceux-ci les détiennent, et surtout pour en faire quoi. Si pour les troupes des FRCI, on sait l`usage républicain qu`elles font de leurs armes, qu`en est-il pour les autres? La question de l`insécurité se retrouve davantage aggravé avec tous ces prisonniers libérés qui circulent en ville et qui sont loin d`être appréhendés. Il est clair que la peur sera toujours au rendez-vous si à chaque pâtée de maisons, on doit se trouver nez-à-nez avec des hommes en armes qu`on ne connaît pas comme compagnons. C`est le 1er chantier qui s`impose au Premier ministre qui en a vu bien d`autres. Le deuxième défi reste celui de la «réconciliation». Comment faire cohabiter dans cette Côte d`Ivoire nouvelle, des anciens voisins ou amis que la politique a si profondément divisés aujourd`hui ? Parfois dans nos quartiers populaires, c`est ahuri qu`on a assisté à des scènes de quasi guerre civile entre populations que rien d`autre que la politique ne divisait avant. Comment remettre ensemble autour d`un même projet de reconstruction nationale des gens qui semblent si loin les uns des autres? Comment, dans les bureaux, les lieux publics, les transports en commun, ramener les habitants de ce pays vers «la patrie de la vraie fraternité»? Voilà le 2è chantier bien difficile, audacieux, mais pas impossible qui s`impose au Président Ouattara. Pour l`heure, il importe de ne proférer que de bonnes prières pour notre pays. Sécurité, paix et réconciliation nationale, voilà les moindres maux à souhaiter à la Côte d`Ivoire. Dieu bénisse ce pays !

Par JMK AHOUSSOU
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