ABIDJAN - Les uns pavoisent, les autres se taisent: la presse proche d`Alassane Ouattara fêtait lundi son retour et l`installation du nouveau président ivoirien, quand les quotidiens soutenant l`ex-chef d`Etat Laurent Gbagbo ne pouvaient reparaître, pour cause de pillages ou par peur.
L`arrêt de la publication des titres fin mars - en raison des combats dans
Abidjan - avait laissé la presse ivoirienne, connue pour ses prises de
position partisanes et sa virulence, aussi divisée que le pays: deux camps à
couteaux tirés, et quelques indépendants esseulés.
Lundi matin, la presse pro-Ouattara ne boudait pas son plaisir.
"Gbagbo est tombé, la Côte d`Ivoire renaît avec ADO", surnom du nouveau
président, proclamait en "Une" Le Patriote, quasi-organe du Rassemblement des
républicains (RDR) de M. Ouattara
"La Côte d`Ivoire renaît à la vie", renchérissait Nord-Sud, saluant "la
chute du dictateur" Gbagbo.
"Pour l`heure nous nous attelons à la consolidation du nouveau pouvoir",
justifie Lanciné Bakayoko, journaliste au sein de ce quotidien.
"Mais lorsque tout sera en place dans un contexte démocratique, nous serons
très critiques, en surveillant l`action gouvernementale. Nous n`aurons pas un
comportement moutonnier", assure-t-il à l`AFP.
La presse dite "bleue", pro-Gbagbo, n`est pas encore là pour leur donner la
réplique.
Notre Voie, journal du Front populaire ivoirien (FPI) de l`ex-président,
était absent des kiosques.
"Nos locaux ont été pillés, saccagés. Il n`y a rien à récupérer", explique
le rédacteur en chef Aboulaye Villard Sanogo. "Nous nous attelons à
reconstituer nos entreprises, c`est ce qui explique que nous ne pouvons
paraître. Et cela peut durer".
A l`heure du nouveau régime, les journalistes de ce quotidien violemment
anti-Ouattara vivent dans la crainte de règlements de comptes. "Les
journalistes pro-Gbagbo sont tous réfugiés quelque part", ajoute M. Sanogo.
La mutation la plus spectaculaire est celle de Fraternité-Matin, quotidien
d`Etat et premier journal ivoirien.
Dans sa dernière édition d`avant la guerre, il accablait "les rebelles
d`Alassane Ouattara". Lundi, "Frat-Mat" faisait sa "Une" sur l`appel à la
réconciliation du "président de la République Alassane Ouattara".
"Nous exécutons notre mission (...) qui est celle de rendre compte de façon
fidèle de la vie quotidienne des Ivoiriens, tout en sachant que le pouvoir en
place est notre premier employeur", souligne le rédacteur en chef Abel Doualy.
Mais la fin brutale de l`ère Gbagbo a laissé des traces: les principaux
responsables préfèrent rester "cachés", par crainte de représailles, confient
des journalistes.
Pour ceux qui ont choisi de participer à la nouvelle aventure, c`est une
chape de plomb qui s`est levée: "il n`y avait plus de critique au sein du
journal, le pouvoir nous demandait de faire comme la RTI" (télévision d`Etat),
redoutable instrument de propagande, regrette un journaliste.
Un autre assure même avoir entendu l`un de ses chefs passer cette consigne:
"ne cherchez pas à être intelligents quand on vous demande d`être bêtes!".
L`arrêt de la publication des titres fin mars - en raison des combats dans
Abidjan - avait laissé la presse ivoirienne, connue pour ses prises de
position partisanes et sa virulence, aussi divisée que le pays: deux camps à
couteaux tirés, et quelques indépendants esseulés.
Lundi matin, la presse pro-Ouattara ne boudait pas son plaisir.
"Gbagbo est tombé, la Côte d`Ivoire renaît avec ADO", surnom du nouveau
président, proclamait en "Une" Le Patriote, quasi-organe du Rassemblement des
républicains (RDR) de M. Ouattara
"La Côte d`Ivoire renaît à la vie", renchérissait Nord-Sud, saluant "la
chute du dictateur" Gbagbo.
"Pour l`heure nous nous attelons à la consolidation du nouveau pouvoir",
justifie Lanciné Bakayoko, journaliste au sein de ce quotidien.
"Mais lorsque tout sera en place dans un contexte démocratique, nous serons
très critiques, en surveillant l`action gouvernementale. Nous n`aurons pas un
comportement moutonnier", assure-t-il à l`AFP.
La presse dite "bleue", pro-Gbagbo, n`est pas encore là pour leur donner la
réplique.
Notre Voie, journal du Front populaire ivoirien (FPI) de l`ex-président,
était absent des kiosques.
"Nos locaux ont été pillés, saccagés. Il n`y a rien à récupérer", explique
le rédacteur en chef Aboulaye Villard Sanogo. "Nous nous attelons à
reconstituer nos entreprises, c`est ce qui explique que nous ne pouvons
paraître. Et cela peut durer".
A l`heure du nouveau régime, les journalistes de ce quotidien violemment
anti-Ouattara vivent dans la crainte de règlements de comptes. "Les
journalistes pro-Gbagbo sont tous réfugiés quelque part", ajoute M. Sanogo.
La mutation la plus spectaculaire est celle de Fraternité-Matin, quotidien
d`Etat et premier journal ivoirien.
Dans sa dernière édition d`avant la guerre, il accablait "les rebelles
d`Alassane Ouattara". Lundi, "Frat-Mat" faisait sa "Une" sur l`appel à la
réconciliation du "président de la République Alassane Ouattara".
"Nous exécutons notre mission (...) qui est celle de rendre compte de façon
fidèle de la vie quotidienne des Ivoiriens, tout en sachant que le pouvoir en
place est notre premier employeur", souligne le rédacteur en chef Abel Doualy.
Mais la fin brutale de l`ère Gbagbo a laissé des traces: les principaux
responsables préfèrent rester "cachés", par crainte de représailles, confient
des journalistes.
Pour ceux qui ont choisi de participer à la nouvelle aventure, c`est une
chape de plomb qui s`est levée: "il n`y avait plus de critique au sein du
journal, le pouvoir nous demandait de faire comme la RTI" (télévision d`Etat),
redoutable instrument de propagande, regrette un journaliste.
Un autre assure même avoir entendu l`un de ses chefs passer cette consigne:
"ne cherchez pas à être intelligents quand on vous demande d`être bêtes!".