Certainement fatigué d’être traité comme le champion du désordre et d’anarchie toute catégorie, le pays le plus peuplé d’Afrique veut regler son compte à la légende et se présenter au monde dans une nouvelle toilette politique. Cette révolution mentale devant être est marquée par le succès total qui sanctionne les élections présidentielles du samedi 16 avril qui a consacré la large victoire du candidat sortant Goodluck Jonathan. Une longue histoire qui vient de marquer une étape pour un autre parcours. Avec une certaine ambition de se prévaloir pays démocratique. Et pourtant, à l’annonce des résultats, des troubles sont signalés.
Convoqués pour élire leur Président ce samedi 16 avril, 73 millions d’électeurs sur les 155 millions d’habitants que compte le pays se sont prononcés en faveur de M. Goodluck Jonathan. C’est une surprise car les observateurs s’attendaient à un second tour qui devait opposer Goodluck au Général Buhari, même si les sondages relevaient tous la victoire probable du Président sortant. Dans ce pays permanemment en trouble, les observateurs avaient prédit une opportunité d’expression de violences. Car aucune élection présidentielle dans l’histoire de ce pays ne s’est terminée sans violence au bilan mortel. On relève que même l’euphorique première élection présidentielle de l’indépendance qui a marqué la victoire de Sir Abubakar Tafawa Balewa a fait plusieurs morts. Plus près dans les pages de l’histoire, on a en mémoire le triste sort de Moshood Abiola, contestataire des résultats des élections de 1993 et décédé en prison. Découvert par le monde occidental avec la guerre du Biafra dont la France était accusée d’être partie prenante, le Nigéria n’a jamais réussi à s’imposer comme un pays sérieux et stable. Son potentiel économique exploité dans un monstre désordre sur fond de corruption au plus haut niveau de l’Etat n’arrive pas à configurer une image de puissance économique africaine. Et pourtant, 1er exportateur du pétrole en Afrique noire avec des tonnes de barils par jour, le Nigéria regorge de nombreuses richesses dans son sous-sol et le territoire est couvert d’une riche faune et flore. C’est un pays de records en presque tout. Au plan social, toute l’armée se conjugue en termes de tension entre chrétiens et musulmans, entre le Nord et le Sud, entre revendications syndicales et répressions policières sans oublier le grand banditisme et maintenant avec les problèmes de revendication armée du delta du Niger qui fait planer sur le pays la hantise d’une situation à la Biafraise. Au plan diplomatique, les brusques et réguliers changements à la tête de l’Etat destabilisent le personnel diplomatique et la conséquence négative a déconsidéré gravement l’influence du Nigéria. Et cette faiblesse diplomatique a été payée cash au moment de la décision de la FIFA de choisir le pays africain le mieux indiqué pour organiser la Coupe du Monde 2010 sur le continent. On se souvient qu’à l’époque, cinq pays africains dont la Libye, la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Nigéria avaient soumissionné pour l’organisation de la compétition en Afrique. Entre autres arguments qui ont milité contre le choix du Nigéria, le cafouillage presque congénital à toute activité et particulièrement dans les organisations. L’Afrique du Sud a alors été préférée au Nigéria malgré son handicap de plus célèbre pays de violences au monde. Au plan militaire, la plus forte armée et la plus équipée ne peut prétendre exercer aisément une influence de maître dans la sous-région ouest-africaine même si le pays est le plus gros fournisseur de contingents de forces d’intervention militaires de la CEDEAO. A la limite, on dirait qu’elle tire son prestige en la matière avec le surnombre. En partance pour Addis-Abeba, il y a quelques années, votre serviteur a relevé la colère des nigérians contre leurs autorités qui n’organisent pas le peuple pour lui permettre de développer leur pays et qui n’étaient même pas capables de les doter d’une compagnie aérienne capable de parcourir le continent. Ils devaient se contenter des services de la compagnie Ethiopienne qui elle, dessert tous les continents. Depuis une année pourtant, entré timidement dans l’arène politique au sommet de l’Etat comme intérimaire et remplaçant du défunt Président Yar’ Adua, Goodluck Jonathan s’est imposé au fil des jours comme un homme d’Etat capable d’avoir une vision pour son pays. Le Général de Gaulle pourrait dire de lui qu’il a une certaine vision du Nigéria. Au plan interne, il a réussi à atténuer l’ardeur sécessionniste des combattants du delta du Niger sans pour autant annihiler le mouvement. Aux affrontements réguliers opposant des différentes confections religieuses, il appose sa marque d’intervention : vigueur policière et négociations discrètes. Des contrôles improvisés et des audits sont menés au sein de nombreux firmes nationales et internationales implantées dans le pays. Grâce à une vigoureuse lutte contre la criminalité et l’impunité, le Nigéria fait de moins en moins peur aux étrangers et les habitants commencent à rêver d’un grand pays en nature et en développement. Goodluck, l’intérimaire pressenti comme ce messie longtemps attendu, se voit ainsi tout désigné pour la mission. Le peuple lui a donné une victoire avec la manière comme on le dit en reportage sportif. Il ne doit pas dilapider cette espérance des électeurs qui se sont déplacés massivement pour voter dans le calme derrière lui. Jusque- là, Olusegun Obasanjo s’est imposé au Nigéria comme l’un de ses fils à savoir, allier autorité et notoriété. Depuis un an, Goodluck a su se confectionner une étoffe semblable avec un confortable crédit de perfectionnement potentiel à toute épreuve. Désormais, il est dans l’arène. Bonne chance Chairman !
CLAUDE MAURIN
Convoqués pour élire leur Président ce samedi 16 avril, 73 millions d’électeurs sur les 155 millions d’habitants que compte le pays se sont prononcés en faveur de M. Goodluck Jonathan. C’est une surprise car les observateurs s’attendaient à un second tour qui devait opposer Goodluck au Général Buhari, même si les sondages relevaient tous la victoire probable du Président sortant. Dans ce pays permanemment en trouble, les observateurs avaient prédit une opportunité d’expression de violences. Car aucune élection présidentielle dans l’histoire de ce pays ne s’est terminée sans violence au bilan mortel. On relève que même l’euphorique première élection présidentielle de l’indépendance qui a marqué la victoire de Sir Abubakar Tafawa Balewa a fait plusieurs morts. Plus près dans les pages de l’histoire, on a en mémoire le triste sort de Moshood Abiola, contestataire des résultats des élections de 1993 et décédé en prison. Découvert par le monde occidental avec la guerre du Biafra dont la France était accusée d’être partie prenante, le Nigéria n’a jamais réussi à s’imposer comme un pays sérieux et stable. Son potentiel économique exploité dans un monstre désordre sur fond de corruption au plus haut niveau de l’Etat n’arrive pas à configurer une image de puissance économique africaine. Et pourtant, 1er exportateur du pétrole en Afrique noire avec des tonnes de barils par jour, le Nigéria regorge de nombreuses richesses dans son sous-sol et le territoire est couvert d’une riche faune et flore. C’est un pays de records en presque tout. Au plan social, toute l’armée se conjugue en termes de tension entre chrétiens et musulmans, entre le Nord et le Sud, entre revendications syndicales et répressions policières sans oublier le grand banditisme et maintenant avec les problèmes de revendication armée du delta du Niger qui fait planer sur le pays la hantise d’une situation à la Biafraise. Au plan diplomatique, les brusques et réguliers changements à la tête de l’Etat destabilisent le personnel diplomatique et la conséquence négative a déconsidéré gravement l’influence du Nigéria. Et cette faiblesse diplomatique a été payée cash au moment de la décision de la FIFA de choisir le pays africain le mieux indiqué pour organiser la Coupe du Monde 2010 sur le continent. On se souvient qu’à l’époque, cinq pays africains dont la Libye, la Tunisie, le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Nigéria avaient soumissionné pour l’organisation de la compétition en Afrique. Entre autres arguments qui ont milité contre le choix du Nigéria, le cafouillage presque congénital à toute activité et particulièrement dans les organisations. L’Afrique du Sud a alors été préférée au Nigéria malgré son handicap de plus célèbre pays de violences au monde. Au plan militaire, la plus forte armée et la plus équipée ne peut prétendre exercer aisément une influence de maître dans la sous-région ouest-africaine même si le pays est le plus gros fournisseur de contingents de forces d’intervention militaires de la CEDEAO. A la limite, on dirait qu’elle tire son prestige en la matière avec le surnombre. En partance pour Addis-Abeba, il y a quelques années, votre serviteur a relevé la colère des nigérians contre leurs autorités qui n’organisent pas le peuple pour lui permettre de développer leur pays et qui n’étaient même pas capables de les doter d’une compagnie aérienne capable de parcourir le continent. Ils devaient se contenter des services de la compagnie Ethiopienne qui elle, dessert tous les continents. Depuis une année pourtant, entré timidement dans l’arène politique au sommet de l’Etat comme intérimaire et remplaçant du défunt Président Yar’ Adua, Goodluck Jonathan s’est imposé au fil des jours comme un homme d’Etat capable d’avoir une vision pour son pays. Le Général de Gaulle pourrait dire de lui qu’il a une certaine vision du Nigéria. Au plan interne, il a réussi à atténuer l’ardeur sécessionniste des combattants du delta du Niger sans pour autant annihiler le mouvement. Aux affrontements réguliers opposant des différentes confections religieuses, il appose sa marque d’intervention : vigueur policière et négociations discrètes. Des contrôles improvisés et des audits sont menés au sein de nombreux firmes nationales et internationales implantées dans le pays. Grâce à une vigoureuse lutte contre la criminalité et l’impunité, le Nigéria fait de moins en moins peur aux étrangers et les habitants commencent à rêver d’un grand pays en nature et en développement. Goodluck, l’intérimaire pressenti comme ce messie longtemps attendu, se voit ainsi tout désigné pour la mission. Le peuple lui a donné une victoire avec la manière comme on le dit en reportage sportif. Il ne doit pas dilapider cette espérance des électeurs qui se sont déplacés massivement pour voter dans le calme derrière lui. Jusque- là, Olusegun Obasanjo s’est imposé au Nigéria comme l’un de ses fils à savoir, allier autorité et notoriété. Depuis un an, Goodluck a su se confectionner une étoffe semblable avec un confortable crédit de perfectionnement potentiel à toute épreuve. Désormais, il est dans l’arène. Bonne chance Chairman !
CLAUDE MAURIN