L'ouragan qui est en train de déraciner les vieux baobabs du Maghreb, risque de souffler également sur le sahel. Le Burkina Faso où Blaise Compaoré règne en maître depuis plus de deux décennies, pourrait être la prochaine cible.
Les mouvements sociaux qui ont emporté les régimes tunisien et égyptien et qui agitent depuis un mois la Libye du colonel Kadhafi, n'épargneront pas l'Afrique au sud du Sahara. Le Niger a déjà donné le ton, lorsque l'armée a décidé de renverser Mamadou Tanja qui, obnubilé par le pouvoir, devenait un véritable autocrate. Au Burkina voisin, la situation n'est pas loin de celle du Niger. Le président Blaise Compaoré au pouvoir depuis 24 ans, vient d'être réélu par un score sans appel de 83% en novembre dernier. Malgré l'épuisement de ses deux mandats, il n'est visiblement pas prêt pour une alternance. Les députés de son parti sont à la manoeuvre pour introduire dans les prochains mois à l'assemblée nationale où ils sont majoritaires, une loi qui pourrait faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel. Ainsi, leur champion aujourd'hui âgé « seulement » de 59 ans, pourrait rester ad vitam aeternam au pouvoir. Mais cette volonté du camp Compaoré de monopoliser le pouvoir ne prend certainement pas en compte les aspirations de plus en plus fortes des jeunesses africaines au changement. Dans le collimateur de ces jeunes, figurent bien entendu tous ces présidents qui ne doivent leur longévité au pouvoir qu'au soutien de l'armée ou à celui de certaines grandes puissances dont ils servent les intérêts.
La jeunesse burkinabé fer de lance d'une révolte populaire?
Les troubles qui tendent à se généraliser aujourd'hui au Burkina sont partis d'un soulèvement des étudiants. Le 20 février dernier, Justin Zongo, un des leurs est décédé à Koudougou à une centaine de km de la capitale, des suites des coups reçus durant son interpellation. Or à en croire la police, il serait mort d'une méningite. Cet incident a déclenché des manifestations estudiantines qui se sont soldées par la mort de 6 personnes dont 4 étudiants et un policier lynché par les manifestants. Pour éviter une propagation de ces troubles, le gouvernement a décidé de la fermeture depuis le 14 mars de toutes les universités du pays. Cette répression n'arrangera pas la situation, la société civile, notamment la coalition contre la vie chère s'est mise en branle en mobilisant à Ouagadougou quelque milliers de manifestants. En donnant des congés forcés aux élèves et étudiants, les tenants du pouvoir pensaient pouvoir refermer la brèche sociale qui venait de s'ouvrir. Dans ce pays où le régime a la main lourde, lorsqu'il s'agit de faire taire les contestataires, on était loin de penser que c'est l'armée elle- même, véritable pilier du régime, qui va se mettre dans la danse. Dans la nuit du 22 au 23 mars dernier à Ouagadougou, des militaires sortis de deux casernes notamment le camp Guillaume Ouédraogo, la principale garnison du pays et le camp Sangoulé Lamizana, ont tiré plusieurs rafales en l'air et pillé plusieurs magasins. Cette montée de tension est consécutive à la condamnation de cinq des leurs dans une affaire de mœurs. Ces mêmes soldats ont poussé l'outrecuidance jusqu'à aller investir nuitamment la résidence privée du ministre de la Défense, où ils auraient commis d'importants dégâts. La grogne des soldats des casernes de la capitale a atteint depuis hier lundi l'intérieur du pays. A Fada N'gourma à 220 km de Ouagadougou, des soldats du 32e régiment d'infanterie commando de cette localité ont libéré à la prison civile, un militaire emprisonné pour viol d' une fillette de 14 ans, non sans tirer en l'air causant un mouvement de panique général. Le président Blaise Compaoré qui a pris la pleine mesure de la situation, a convoqué le chef d'Etat- major de l'armée, le Général Dominique Djindjéré, sans pour autant apaiser la colère des mutins. Plus tard dans la journée, ceux- ci vont sortir leurs chars pour bloquer l'entrée de la ville. Ils prendront plus tard la route de Koupéla, 45 km plus loin, réquisitionnant des camions citerne pour se ravitailler en carburant. Les mêmes soldats à bord d'une dizaine de pick- up, ont mis le cap sur Tenkodogo, à 78 km au nord de leur base, armés de lance-roquettes. Dans leur avancée vers le camp militaire de Tenkodogo, ils ont reçu le renfort dune cinquantaine d'autres soldats. En fin de journée, le calme semble être revenu; les soldats mécontents ont reçu la visite d'un envoyé de l'Etat- major et attendaient le point des discussions. La libération des soldats arrêtés et l'engagement de la hiérarchie à ne pas poursuivre les mutins, sont les deux demandes mises sur la table par les insurgés. Le régime va t-il céder à ces desiderata? En tout cas la survie du régime dépend de son habileté à désamorcer cette bombe.
Charles d'Almeida
Les mouvements sociaux qui ont emporté les régimes tunisien et égyptien et qui agitent depuis un mois la Libye du colonel Kadhafi, n'épargneront pas l'Afrique au sud du Sahara. Le Niger a déjà donné le ton, lorsque l'armée a décidé de renverser Mamadou Tanja qui, obnubilé par le pouvoir, devenait un véritable autocrate. Au Burkina voisin, la situation n'est pas loin de celle du Niger. Le président Blaise Compaoré au pouvoir depuis 24 ans, vient d'être réélu par un score sans appel de 83% en novembre dernier. Malgré l'épuisement de ses deux mandats, il n'est visiblement pas prêt pour une alternance. Les députés de son parti sont à la manoeuvre pour introduire dans les prochains mois à l'assemblée nationale où ils sont majoritaires, une loi qui pourrait faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel. Ainsi, leur champion aujourd'hui âgé « seulement » de 59 ans, pourrait rester ad vitam aeternam au pouvoir. Mais cette volonté du camp Compaoré de monopoliser le pouvoir ne prend certainement pas en compte les aspirations de plus en plus fortes des jeunesses africaines au changement. Dans le collimateur de ces jeunes, figurent bien entendu tous ces présidents qui ne doivent leur longévité au pouvoir qu'au soutien de l'armée ou à celui de certaines grandes puissances dont ils servent les intérêts.
La jeunesse burkinabé fer de lance d'une révolte populaire?
Les troubles qui tendent à se généraliser aujourd'hui au Burkina sont partis d'un soulèvement des étudiants. Le 20 février dernier, Justin Zongo, un des leurs est décédé à Koudougou à une centaine de km de la capitale, des suites des coups reçus durant son interpellation. Or à en croire la police, il serait mort d'une méningite. Cet incident a déclenché des manifestations estudiantines qui se sont soldées par la mort de 6 personnes dont 4 étudiants et un policier lynché par les manifestants. Pour éviter une propagation de ces troubles, le gouvernement a décidé de la fermeture depuis le 14 mars de toutes les universités du pays. Cette répression n'arrangera pas la situation, la société civile, notamment la coalition contre la vie chère s'est mise en branle en mobilisant à Ouagadougou quelque milliers de manifestants. En donnant des congés forcés aux élèves et étudiants, les tenants du pouvoir pensaient pouvoir refermer la brèche sociale qui venait de s'ouvrir. Dans ce pays où le régime a la main lourde, lorsqu'il s'agit de faire taire les contestataires, on était loin de penser que c'est l'armée elle- même, véritable pilier du régime, qui va se mettre dans la danse. Dans la nuit du 22 au 23 mars dernier à Ouagadougou, des militaires sortis de deux casernes notamment le camp Guillaume Ouédraogo, la principale garnison du pays et le camp Sangoulé Lamizana, ont tiré plusieurs rafales en l'air et pillé plusieurs magasins. Cette montée de tension est consécutive à la condamnation de cinq des leurs dans une affaire de mœurs. Ces mêmes soldats ont poussé l'outrecuidance jusqu'à aller investir nuitamment la résidence privée du ministre de la Défense, où ils auraient commis d'importants dégâts. La grogne des soldats des casernes de la capitale a atteint depuis hier lundi l'intérieur du pays. A Fada N'gourma à 220 km de Ouagadougou, des soldats du 32e régiment d'infanterie commando de cette localité ont libéré à la prison civile, un militaire emprisonné pour viol d' une fillette de 14 ans, non sans tirer en l'air causant un mouvement de panique général. Le président Blaise Compaoré qui a pris la pleine mesure de la situation, a convoqué le chef d'Etat- major de l'armée, le Général Dominique Djindjéré, sans pour autant apaiser la colère des mutins. Plus tard dans la journée, ceux- ci vont sortir leurs chars pour bloquer l'entrée de la ville. Ils prendront plus tard la route de Koupéla, 45 km plus loin, réquisitionnant des camions citerne pour se ravitailler en carburant. Les mêmes soldats à bord d'une dizaine de pick- up, ont mis le cap sur Tenkodogo, à 78 km au nord de leur base, armés de lance-roquettes. Dans leur avancée vers le camp militaire de Tenkodogo, ils ont reçu le renfort dune cinquantaine d'autres soldats. En fin de journée, le calme semble être revenu; les soldats mécontents ont reçu la visite d'un envoyé de l'Etat- major et attendaient le point des discussions. La libération des soldats arrêtés et l'engagement de la hiérarchie à ne pas poursuivre les mutins, sont les deux demandes mises sur la table par les insurgés. Le régime va t-il céder à ces desiderata? En tout cas la survie du régime dépend de son habileté à désamorcer cette bombe.
Charles d'Almeida