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Politique Publié le mardi 19 avril 2011 | Soir Info

Changement de régime - Pourquoi Koulibaly n’a pas fait allégeance à Ouattara

Il a manqué au moins un à l’appel : Koulibaly Mamadou. L’énigmatique chef du parlement n’a pas pointé dans le ballet de personnalités parties faire allégeance au nouveau président de la République Alassane Ouattara. De quoi intriguer un certain nombre. Des présidents d’institution- comme lui- se sont déjà rendus au Golf hôtel, quartier général d’Alassane Ouattara : Tia Koné, président de la Cour suprême, Youssouf Koné, grand chancelier et…bien sûr Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social. Le dernier cité a généralement fait allégeance aux nouvelles autorités les fois où il s’est opéré dans le pays un changement de régime. Koulibaly Mamadou est resté jusqu’ici discret. Aucune information officielle au sujet de ses activités. Il est toutefois connu dans les milieux réservés que le n° 1 du parlement est absent du pays. Koulibaly Mamadou suit de loin les évènements successifs qui ont
lieu en Côte d’Ivoire. Une première source l’annonce au Ghana voisin où se trouve sa famille quand une autre évoque laconiquement des « déplacements privés ». Peu importe que le collaborateur du chef de l’Etat déchu soit en famille ou dans des…affaires privées, le fait pour lui de ne pas avoir fait allégeance aux nouvelles autorités est sujet à controverse. Prétexterait-il d’une séparation des pouvoirs (exécutif et législatif) pour se soustraire d’un exercice auquel se sont prêtés volontiers des personnalités ayant collaboré avec l’ancien régime ? Serait-il dans une logique de non reconnaissance des nouvelles autorités ? L’un de ses proches restés sur place à Abidjan croit être sûr d’une chose au moins : « Le président (Koulibaly) est dépité ». « Dépité par quoi ? », l’interrogions-nous : par une succession d’évènements aussi « sanglants que gratuits ». « Il a longtemps tiré la sonnette
d’alarme. Mais n’a pas été entendu », explique au téléphone le proche de Koulibaly Mamadou.
L’une des rares déclarations du chef du parlement à l’éclatement de la crise post-électorale avait consisté en un appel à « l’entente ». Il s’exprimait alors à travers un canal peu habituel « Radio espoir », la bien connue radio catholique : « On fait la paix des braves et on fait un gouvernement d’union puis les protagonistes s’installent et gèrent ensemble. Connaissant déjà ce schéma. Il a été appliqué à tellement de reprises qu’aujourd’hui nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas. Et comme nous sommes en situation postélectorale et que nous sommes en conflit postélectoral, peut être qu’il vaut mieux gagner une étape. Le maillon qui consiste à nous entretuer, nous ne sommes pas obligés de passer par là. On peut sauter l’intermède qui consiste à passer par les tueries et arriver directement à une entente, à une cohabitation, à une cogestion, à une complicité entre les protagonistes pour
travailler pour les populations » (radio espoir, le 12 décembre 2010).
« Dépité » ? Le mot n’est probablement pas assez fort qui campe l’état d’esprit d’un personnage en constante introspection. Autant il désapprouverait fortement « les bombardements de la France » et « l’ingérence extérieure » dans la crise post-électorale, autant Koulibaly ne trouverait pas « exempts de critiques » ses propres camarades de parti. « Il avait, à certaines tribunes, prévenu sur les risques d’une élection sans désarmement…Mais, on ne va pas refaire l’histoire », concède ce proche de Koulibaly dont l’amertume pourrait bien ressembler à celle de son chef.
Kisselminan COULIBALY
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