x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 20 avril 2011 | Le Patriote

Portrait : Alassane Ouattara - L’aboutissement d’une longue lutte

Il revient de loin ! Entre les vertes et les pas mûres, entre la croix et la bannière, Alassane Ouattara aura tout vu, tout subi. De 1992, date du fameux « on verra », parlant d’une éventuelle candidature à l’élection présidentielle, au 11 avril 2011, point de chute de l’ancien Chef de l’Etat qui envisageait de confisquer le pouvoir, que de chemin parcouru par l’unique Premier Ministre de Félix Houphouët Boigny. Une lutte abyssale, tumultueuse dont l’objectif majeur était de se maintenir dans le débat politique en Côte d’Ivoire. Mais en vrai Ouattara, « les hommes de la puissance et de la force », Ado a résisté et a fini par remporter le challenge de la conquête du pouvoir d’Etat. Et pourtant, la tâche n’a pas été aisée. Avec son lot de désolation, de morts, de frustrations, d’exil et d’attentats manqués. Pendant près de 17 ans, Alassane Ouattara, le nouveau Président ivoirien, a connu toutes sortes d’humiliations, de descente aux enfers, pour la simple et unique raison qu’il voulait « mettre son expérience nationale et internationale au service de ses concitoyens ». Depuis la disparition de Félix Houphouët Boigny, Ouattara n’a pas connu de temps de répit encore moins de repos. Notamment pendant les dix ans de pouvoir Gbagbo. Au lendemain du coup de force du Général Robert Guéi, Laurent Gbagbo manœuvre à souhait pour faire invalider la candidature de Ouattara. « C’est moi qui aies demandé à Guéi de retirer le dossier d’Alassane Ouattara. Si sa candidature était retenue, je n’hésiterai pas à faire descendre mes partisans dans la rue ». Dès sa prise de pouvoir par le biais d’un « soulèvement populaire », Laurent Gbagbo prend Ouattara pour cible. En octobre 2000, les partisans de ce dernier sont froidement assassinés et jetés à la lisière de Yopougon. C’est le premier charnier de l’histoire de notre pays. La Côte d’Ivoire est en émoi. En novembre 2000, à la faveur de la journée de la réconciliation au stade Houphouët Boigny, Gbagbo jette Ouattara en pâture à ses « jeunes patriotes ». Il est hué, conspué et évite même de se faire lyncher par une foule manipulée et instrumentalisé par l’ancien président. En décembre de la même année, sa candidature aux législatives à Kong est à nouveau rejeté par une justice aux ordres de Gbagbo. En Janvier 2001, sur les ondes d’une radio panafricaine, Gbagbo annonce sa haine viscérale pour ADO : « tous ceux qui suivent Ouattara ne seront rien dans ce pays ». Alassane Ouattara part en France pour ne revenir qu’en octobre 2001 à la faveur du « Forum pour la Réconciliation nationale ». A cette tribune, il adresse un pardon émouvant à sa mère, Hadja Nabintou Cissé épouse Ouattara, pour toutes les humiliations subies à cause de sa volonté de faire de la politique. En dépit du fait qu’il ait dit publiquement devant la nationale que « l’article 35 de la Constitution a été fait pour éliminer Ouattara », Gbagbo biaise les conclusions du forum bien tenu par le premier ministre Seydou Elimane Diarra. En septembre 2002, une tentative de coup d’Etat muée en rébellion éclate dans le pays. Laurent Gbagbo fait assassiner le Général Robert Guéi et 19 membres de sa famille. Avec plus de chance, Ouattara échappe à une mort certaine orchestrée par les escadrons de la mort de la refondation. Son aide de camp est froidement abattu. Son domicile pillé, saccagé et incendié. Le Président Ouattara reprend le chemin de l’exil. En novembre 2004, lors de l’opération dite « dignité » ou reprise de la guerre, les militants du RDR paient un lourd tribut à la volonté meurtrière de Laurent Gbagbo. De nombreuses personnes sont assassinées sans autre forme de procès. Retranché à Paris, le corps lourd face aux exactions vécues par ses militants et sympathisants, Ouattara est frappé par un grand malheur. La disparition de sa génitrice, Hadja Nabintou Cissé, un soutien de poids pour lui. En décembre 2005, il rentre à Abidjan pour offrir des obsèques dignes à sa mère.

La force du pardon

Assurément, il n’était pas au bout de ses peines. En effet, quelques temps plus tard, des individus sans foi ni loi, envoyés par le pouvoir, exhument la dépouille de Maman Ouattara. Alassane Ouattara est atterré, devant ce spectacle qui dépasse l’entendement humain. Mais celui que le Pr Zadi Zaourou comparait à un « baobab », ne fléchit guère. Il est resté debout dans la douleur et obtient une autre victoire sur ses adversaires qui entendaient par cet acte ignoble, le désamorcer.
De 2006 à novembre 2010, la « guerre » contre Ouattara ne baissera pas d’intensité. En manque d’arguments pour soutenir leur candidature, Gbagbo et les siens remettent au goût du jour, l’ivoirité de mauvais aloi, qui a failli perdre la Côte d’Ivoire. Dans les journaux, les « agoras » et « parlements », le slogan est le même : « Ouattara n’est pas Ivoirien », « il est le père de la rébellion » ou encore « il est le candidat de l’Etranger ». Toutes ces injures glissent sur la peau de Ouattara. Pendant que ses adversaires jasent, ergotent et pinaillent sans cesse, il donne dans les valeurs de paix, de pardon, de réconciliation, de développement si chère à Houphouët Boigny. Mieux, il parcourt la Côte d’Ivoire de long en large et fait la promotion de son ambitieux programme de gouvernement. Visiblement, une adhésion populaire se fait autour de sa personne, étant donné qu’il est au cœur des aspirations de son peuple. C’est fort de cela qu’en novembre 2010 au cours du second tour de la présidentielle qui l’oppose à Gbagbo, Alassane Ouattara fait feu de tout bois et étale son concurrent. Vaincu malgré tous les discours de haine, Laurent Gbagbo refuse de lâcher les rênes du pouvoir et engage le pays dans une crise postélectorale meurtrière et dévastatrice. Fort heureusement, le 11 avril dernier, il est capturé par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara peut maintenant savourer les délices du pouvoir et se mettre au service de tous les Ivoiriens. Pour tout dire, le combat n’a pas été de tout repos. 17 ans de combat contre l’arbitraire, l’injustice et la dictature. Véritablement, Alassane Ouattara revient de très loin, au terme d’une lutte où il a vu toutes les humiliations, connu les pires trahisons. A présent aux affaires, Ouattara fait sienne cette citation du philosophe Albert Camus : « une existence humaine n’est pleine que si elle explore les sentiers du malheur et du bonheur ». C’est fort de cela que le nouveau Président de la République, qui détient désormais les leviers et commandes du pouvoir, a décidé de s’inscrire dans une dynamique sans équivoque : La force du pardon. Là où certains auraient donné dans la rancune et la rancœur, Ouattara a choisi de prôner l’oubli des offenses et de s’inscrire résolument dans les sentiers du pardon, de la réconciliation et de la paix. Il se veut « le président de tous les Ivoiriens ». En dépit des coups reçus, il n’a pas crié à la vengeance. Il a préservé la vie de Gbagbo, de sa famille et de ses proches. C’est assurément d’un tel homme d’Etat que les Ivoiriens ont besoin. Un personnage qui servira de fer de lance à la création de « la nouvelle Côte d’ Ivoire ».
Bakary Nimaga
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ