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Politique Publié le mercredi 20 avril 2011 | Nord-Sud

Boa Thiémélé Edjampan ( Pdt du conseil général d’Abengourou (Pdci) : “Alassane Ouattara doit nommer par compétence”

Président du Conseil général d’Abengourou et membre influent du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Boa Thiémélé Edjampan confie dans cet entretien que le nouveau président doit relever le double défi de la réconciliation et de la reconstruction. Mais pour y parvenir Alassane Ouattara doit, selon lui, s’entourer de cadres compétents.

Laurent Gbagbo a finalement été chassé du pouvoir après plus de quatre mois de maintien forcé. Le responsable du Rhdp que vous êtes considère-t-il cela comme un soulagement ?
Ce n’est pas seulement un soulagement. C’est la fin d’une aventure qui allait tuer la démocratie. Une élection présidentielle a eu lieu sous le regard du monde entier. Les résultats sont tombés sans aucune contestation. Et, voilà que Laurent Gbagbo s’arroge la victoire par le canal d’une institution aux ordres. C’était inacceptable.

Après avoir promis qu’il ne quitterait le pouvoir que mort, le président sortant a supplié ses captifs de ne pas le tuer. Quelle analyse faites-vous de ces discours d’un côté guerrier et de l’autre d’impuissance ?
Je pouvais difficilement croire, connaissant l’homme, qu’il puisse aller jusqu’au bout de cette logique suicidaire. C’étaient des bravades inutiles qui ont eu ces lourdes conséquences qu’on aurait pu éviter.

Est-ce à dire que vous estimez que ce qu’il disait était du bluff ?
Effectivement. Mais encore mieux, c’était une démagogie sanguinaire. Au fait lorsqu’il est arrivé au pouvoir sa seule préoccupation était de s’y maintenir. Pendant longtemps il a refusé d’aller au vote. On croyait qu’il préparait sa victoire alors qu’en réalité il préparait la guerre. Voyez toutes ces armes qui ont été achetées malgré l’embargo. Et, lorsqu’il a eu la certitude que ses armes étaient positionnées, il a alors consenti à aller à l’élection. M. Gbagbo n’est pas le démocrate pour lequel il a voulu se faire passer. Je me souviens de son slogan de campagne en 2000 où il disait qu’il est l’espoir de la Côte d’Ivoire. Pourtant il ne pouvait rien apporter parce qu’il n’avait aucune expérience de gestion.

L’une des conséquences de ce manque d’expérience est la fragilisation du tissu social. La période de campagne a donné lieu à des troubles dans de nombreuses villes dont Abengourou qui a toujours été une cité paisible. Quelle est la situation aujourd’hui ?
L’ère Gbagbo a été caractérisée par l’usage de la violence comme mode d’expression politique. Ce qui est tout à fait contraire aux enseignements du président Houphouet Boigny. La cohésion sociale a été mise à mal. Il s’agit maintenant de la restaurer partout en Côte d’Ivoire et pas seulement dans une partie du pays. S’agissant du cas spécifique d’Abengourou, il n’y a pas eu de chasse aux sorcières. Personne n’a été contraint de quitter la ville. Bien au contraire nous avons reçu un nombre important de déplacés qui fuyaient les combats. Seulement, aujourd’hui avec le retour de la normalité, les plus zélés de Lmp se sentent gênés. Puisque nous sommes frontalier du Ghana, il y en a qui se sont réfugiés dans ce pays voisin. Nous faisons tout pour qu’ils comprennent que leur vie n’est pas en danger et qu’ils peuvent revenir. Dans ce sens, nous avons mis sur pied avec le corps préfectoral et les élus un comité d’évaluation, de sensibilisation et de veille pour la réconciliation.

Qui compose ce comité ?
Il regroupe toutes les forces vives de la commune à savoir les représentants de l’Etat, les forces militaires, les partis et groupements politiques, la chefferie traditionnelle, les guides religieux, des Ong, des syndicats, les communautés allogènes et étrangères et tous ceux qui participent à la vie de la commune. L’objectif comme je l’ai dit est de permettre que tous vivent en parfaite harmonie à l’image des années précédentes.

Le Rhdp doit relever, en plus du défi de la cohésion, celui de la reconstruction. La tâche s’annonce difficile.
La reconstruction doit reposer sur un gouvernement fort. De ce côté je n’ai aucune crainte. Nous avons un président élu qui est un homme d’expérience, un économiste très fort en matière de gestion monétaire. Tout cela a fait que déjà la France, l’Union européenne ont promis d’octroyer des crédits pour nous aider dans la reconstruction. La banque mondiale et le fonds monétaire devraient suivre. Je crois que toutes les conditions sont réunies pour que la Côte d’Ivoire soit rebâtie le plus vite.

Un autre défi à relever cette fois par le Rhdp est celui de sa cohésion. C’est l’heure du partage du gâteau. N’y a-t-il pas de risque que cela fragilise la coalition ?
C’est le Rhdp qui a soutenu la candidature du président Alassane Ouattara. Le Rhdp s’est battu partout pour qu’il gagne. C’est donc le Rhdp qui soutiendra ses actions à venir. Je suis convaincu que les partis qui composent le Rhdp et qui devront se transformer en un parti houphouétiste unifié sauront conduire la barque. Je ne pense pas qu’on soit attaché à distribuer des postes au Pdci (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), au Rdr (Rassemblement des républicains ), au Mfa (Mouvement des forces d’avenir, ndlr), ou à l’Udpci (Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire ). Le président Alassane Ouattara doit prendre des cadres. Il doit faire en sorte que ceux qui peuvent soient placés au bon endroit pour qu’on avance. En tout cas au niveau de ma petite région d’Abengourou, nous travaillons dans ce sens. Nous voulons mettre des hommes capables de conduire la bataille politique et économique pas seulement pour que chacun ait quelque chose à manger.

Ce parti houphouétiste unifié vous y croyez vraiment ?
Il faut qu’il soit mis en place. Ce sont les partis qui existent déjà qui le créeront. On ne leur impose rien. Il faut, à mon avis, un parti unifié fort pour soutenir les actions du président Ouattara. Quand vous voyez en face que la coalition politique Lmp est en lambeau, il faut en face de ce parti en lambeau une coalition forte qui puisse entreprendre des actions à long terme. Le travail doit se faire, bien entendu à court à moyen mais aussi à long terme. Il faut rétablir la Côte d’Ivoire dans sa vocation première. Celle d’une terre d’accueil, d’hospitalité, un pays de fraternité et de prospérité. Nous devons y arriver en tant que fils d’Houphouet Boigny.

Laurent Dona Fologo, votre ancien camarade de parti est venu saluer le président Ouattara et le président Bédié, son « ancien patron » selon ses propres termes, après un soutien jusqu’au bout à Laurent Gbagbo. Quel commentaire faites-vous de cette sortie ? Est-ce cela la politique ivoirienne ?
Non, c’est Fologo ! Ce n’est pas autre chose. Ce que je peux dire c’est que d’un, il est venu en tant que président du Conseil économique et social, en tant qu’institution donc de la République pour faire allégeance au président de la République qui est installé. De deux, il a la chance d’avoir été, avec le président Alassane Ouattara et le président Bédié dans le même parti à un moment donné. Mais ça ne donne pas plus. Il n’est plus dans ce parti. Il a créé son parti et il a soutenu l’homme qui a semé le désarroi en Côte d’Ivoire. On ne peut pas passer cela sous silence. Personnellement, j’ai trouvé que c’est Fologo dans sa nature qui est venu chez le président et qui a cherché à voir le président Bédié qui l’a reçu. C’est déjà pour lui-même une démarche qu’il fallait faire. Nous verrons la suite.

Entretien réalisé à Abengourou par Bamba K. Inza
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