Le président de l’Assemblée Nationale a appelé au respect de la Constitution pour une réconciliation nationale vraie. Cette phase a eu le don d’irriter quelques internautes pro-Rhdp, qui y ont vu de la provocation. Pourtant l’interpellation du professeur Mamadou Koulibaly rejoint la position de l’Union Africaine : reconnaissance de la victoire légitime et crédible de Ouattara, mais injonction au Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire d’investir le Président élu. L’appel du Président de l’Assemblée nationale ne consiste point une remise en cause de la volonté exprimée dans les urnes par les Ivoiriens le 28 novembre dernier. Au contraire dans le cadre de la réconciliation nationale et du retour à la normalité, en vue de bâtir un Etat de droit et de garantir la pérennité des Institutions, il s’agit de faire la fusion entre la légitimité et la légalité. Rencontrer Alassane Ouattara, en sa qualité de chef d’Etat et de Président élu, aller au Golf Hôtel, manifester sa bonne volonté, sont des actes positifs que Mamadou Koulibaly a posés. Dans ces conditions, la polémique autour des mots comme allégeance et ralliement n’a pas sa place. Le Rhdp et le Président Ouattara n’ont aucun problème avec la Constitution. Elle sera respectée ‘’si on a eu l’impression que le camp Ouattara était prêt à sortir le revolver quand il entendait parler de Constitution, c’est tout simplement parce que le camp Gbagbo et LMP avaient pris en otage la Constitution. Ils avaient ‘’privatisé’’ et apprivoisé’’ la Constitution, prenant des ordonnances, sans consulter le parlement, où ils étaient pourtant majoritaires. Aujourd’hui, à l’heure de la réconciliation, pour l’instauration d’un Etat de droit et d’une société démocratique, les députés auront à jouer leur partition. Que ce soit maintenant, ou avec la prochaine législature. En attendant justement les prochaines élections à venir, le Président de l’Assemblée nationale, souhaite pour les questions relatives à la loi, et qui sont en dehors du domaine réglementaire, que le gouvernement sollicite une loi spéciale d’habilitation qui encadre et légitime la prise des ordonnances par le Président de la République. Cette loi spéciale peut porter sur l’ensemble des actes et décisions relatifs à la situation exceptionnelle, aussi qu’au processus de réconciliation nationale, sur une période allant de 3 à 6 mois. Le débat reste ouvert sur la question, tout comme il est ouvert sur la question de la légitimité de l’actuelle Assemblée nationale. Enfin, dans les semaines et les mois à venir il faudrait peut-être aussi ouvrir le débat sur la nature du régime politique en Côte d’Ivoire. Cette présidentialisation excessive, que nous vivons, avec les risques de culte de la personnalité qu’engendre le suffrage universel direct, pour l’élection du président de la République, est-elle définitivement préférable, au régime parlementaire ? Que c’est si beau d’en finir avec les armes et la violence pour des débats d’idées vrais et sains.
Charles Kouassi
Charles Kouassi