Il ne réussira pas sans cela. Le Président de la République, Alassane Ouattara, ne mènera pas à bien son programme de gouvernement sans une véritable réconciliation. Il en est conscient. Pendant sa campagne et juste après sa prise effective du pouvoir, il a réaffirmé sa volonté d’organiser une vraie réconciliation. Il a annoncé avoir même déjà pris contact avec son homologue sud-africain, Jacob Zuma, afin de bénéficier de l’expertise de ce pays. Preuve qu’il en connaît la nécessité et l’urgence. Quasiment tous les pays qui sortent de crise passent par cet exercice. Avec des fortunes diverses. Le modèle Sud-africain semble cependant le plus accompli. Entre 1994 et 1998, près de 20 000 personnes ont été entendues. Au bout, il s’est trouvé des victimes pour dénoncer un traitement inapproprié de certains bourreaux. En réalité, ils estiment qu’on a forcé leur pardon. « La voie (du pardon) est en accord avec la vision africaine du monde », a justifié l’archevêque Desmond Tutu qui dirigeait la Commission. Comme pour dire qu’au-delà du modèle sud-africain la Côte d’Ivoire doit imaginer également son modèle à elle. Un modèle basé sur sa culture et son expérience. La Côte d’Ivoire effectivement n’est pas novice dans l’exercice des réconciliations. Il y a eu les années Houphouët et plus récemment le Forum de la Réconciliation entre octobre et décembre 2001 avec l’ancien Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Pour autant septembre 2002 n’a pu être empêchée. Ce qui consacrait l’échec du Forum. De toute façon, il ne pouvait qu’échouer car pour Laurent Gbagbo il ne s’agissait que d’un instrument politique. C’est pourquoi d’ailleurs, il n’a jamais appliqué les résolutions de ces assises. Un espace de Réconciliation ne saurait être un instrument politique. Outre ce tort originel, il y a eu des victimes autoproclamées en lieu et place de vraies victimes. Souvenons-nous des parades comme celle de Ben Soumahoro. Le Forum était devenu une foire plutôt qu’un sérieux exercice pour mettre le pays sur les rails. La commission que Ouattara compte mettre en place, qu’elle s’appelle vérité-justice-Réconciliation ou autre chose, devrait tirer les leçons de cet échec. Il faut certainement éviter une réconciliation menée au pas de course et aussi une réconciliation qui devienne un boulet. Parce qu’il est impératif que le peuple de Côte d’Ivoire se remette au travail. Cela peut l’amener à faire l’impasse sur les petites idées. Il n’y a que par le travail qu’on s’affranchit.
KIGBAFORY Inza
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