Mamadou Coulibaly a encore donné un coup de pied dans la fourmilière. Au sortir de l’audience que lui a accordée le président Alassane Ouattara avant-hier mercredi 20 avril, il a fait une déclaration jugée critique voire audacieuse. Ce qui a fait dire que le n° 3 de l’ex-parti au pouvoir et président de l’Assemblée nationale « déraille ». C’est que Mamadou Koulibaly, comme à son habitude, n’a pas mâché ses mots : il a parlé vrai, comme qui dirait. Ses propos ont porté pour l’essentiel sur le contexte informel, du moins non régi par les normes institutionnelles dans lequel les nouvelles autorités gèrent le pays, ainsi que les représailles et chasses aux sorcières dont sont victimes, selon lui, les partisans de l’ancien régime. Il a plaidé pour un retour rapide à ce qu’il a appelé « la légalité constitutionnelle ». Pour le président de l’Assemblée nationale, il importe que le successeur de Laurent Gbagbo puisse se départir de l’image de chef d’une junte portée au pouvoir par des militaires. Il lui faut revêtir son accession au pouvoir d’une onction juridique, après avoir acquis son droit d’entrée au palais par les armes. A la limite, il remet en cause les premiers pas posés par Alassane Ouattara en qualité de chef de l’Etat, vu que ces actes ne jouissent pas, selon lui, d’une valeur juridique. « Nous avons parlé de plusieurs sujets, en particulier, je lui ai fait part des préoccupations des députés qui aimeraient bien qu’en tout début de mandat, nous puissions nous inscrire dans la légalité constitutionnelle. Donc, que les ordonnances qui sont prises en ce moment puissent faire l’objet d’une autorisation de l’Assemblée nationale et d’une régularisation. Et le président a donné à son accord », a lâché à sa sortie d’audience Mamadou Koulibaly. Comme pour dire que Ouattara exerce actuellement le pouvoir en dehors de tout cadre légal. D’ailleurs, il parle « d’absence d’Etat pour le moment ».
GOUVERNER DANS LA LEGALITE
Mamadou Koulibaly, qui sait que le pouvoir de Ouattara pourrait souffrir de cette absence de cachet de « légalité constitutionnelle », joue à fond cette carte-là pour sans doute espérer en tirer des dividendes politiques au profit de l’ancien parti au pouvoir. Dans la même veine, il réclame que le nouveau chef d’Etat soit à son tour investi par le Conseil constitutionnel, avec à sa tête Paul Yao N’dré, le même qui avait pourtant déjà investi Laurent Gbagbo comme président élu à l’issue du scrutin du 28 novembre 2010. Pour le président de l’Assemblée nationale, pour faire chic et surtout « entrer dans l’application de la Constitution », il faut qu’Alassane Ouattara soit oint par le Conseil constitutionnel, quitte à piétiner l’arrêt du même Yao N’dré qu’on disait insusceptible de recours. Un juridisme dont voici le non-dit : la nécessité de laver le nouveau locataire du palais présidentiel de l’image de putschiste que lui collent les tenants de l’ancien régime. Message apparemment perçu par le camp Ouattara, qui n’a pas tardé à réagir à la sortie du n°3 du Front populaire ivoirien. Pour l’hôtel du Golf, Mamadou Koulibaly n’a pas de leçon de droit à leur donner, lui dont l’institution a cautionné la velléité de confiscation du pouvoir par l’ex-chef de l’Etat, laquelle attitude a entraîné la guerre et plongé ainsi le pays dans cette situation « d’absence d’Etat » dont il parle. Par ailleurs, le président du parlement a fustigé les représailles et pillages dont sont l’objet les dignitaires de l’ancien régime et leurs partisans. « Je lui ai dit par ailleurs que par rapport à la sécurité, de nombreux militants du Fpi et de Lmp, ceux qu’on appelle pro-Gbagbo, étaient très inquiets pour leur sécurité dans les quartiers, qu’ils étaient dénoncés, indexés. Comme si être militants de ce mouvement était une tare, ils se cachaient, ils se sentaient brimés », a-t-il dénoncé, non sans ajouter que « l’Assemblée nationale a été pillée, mon domicile à Abidjan et à Azaguié, ma famille menacée et pillée ». Au moment où bien des personnalités de l’ancien régime se terrent, Mamadou Koulibaly ose, lui, s’insurger contre ce qu’il considère contre la traque aux pro-Gbagbo. C’est sacrément audacieux et nécessairement dérangeant ! Et c’est ce toupet qui fait grincer des dents du côté du Golf, où l’on estime que Koulibaly a beau jeu de décrier ce qui se passe aujourd’hui alors qu’il s’était muré dans un silence assourdissant quand les résidences des personnalités du Rhdp étaient pillées et que leurs partisans étaient pourchassés et brûlés vifs. Pour s’être fait complice du hold-up électoral de Laurent Gbagbo, il ne saurait se prévaloir de ses propres turpitudes, se défend-on.
Assane NIADA
GOUVERNER DANS LA LEGALITE
Mamadou Koulibaly, qui sait que le pouvoir de Ouattara pourrait souffrir de cette absence de cachet de « légalité constitutionnelle », joue à fond cette carte-là pour sans doute espérer en tirer des dividendes politiques au profit de l’ancien parti au pouvoir. Dans la même veine, il réclame que le nouveau chef d’Etat soit à son tour investi par le Conseil constitutionnel, avec à sa tête Paul Yao N’dré, le même qui avait pourtant déjà investi Laurent Gbagbo comme président élu à l’issue du scrutin du 28 novembre 2010. Pour le président de l’Assemblée nationale, pour faire chic et surtout « entrer dans l’application de la Constitution », il faut qu’Alassane Ouattara soit oint par le Conseil constitutionnel, quitte à piétiner l’arrêt du même Yao N’dré qu’on disait insusceptible de recours. Un juridisme dont voici le non-dit : la nécessité de laver le nouveau locataire du palais présidentiel de l’image de putschiste que lui collent les tenants de l’ancien régime. Message apparemment perçu par le camp Ouattara, qui n’a pas tardé à réagir à la sortie du n°3 du Front populaire ivoirien. Pour l’hôtel du Golf, Mamadou Koulibaly n’a pas de leçon de droit à leur donner, lui dont l’institution a cautionné la velléité de confiscation du pouvoir par l’ex-chef de l’Etat, laquelle attitude a entraîné la guerre et plongé ainsi le pays dans cette situation « d’absence d’Etat » dont il parle. Par ailleurs, le président du parlement a fustigé les représailles et pillages dont sont l’objet les dignitaires de l’ancien régime et leurs partisans. « Je lui ai dit par ailleurs que par rapport à la sécurité, de nombreux militants du Fpi et de Lmp, ceux qu’on appelle pro-Gbagbo, étaient très inquiets pour leur sécurité dans les quartiers, qu’ils étaient dénoncés, indexés. Comme si être militants de ce mouvement était une tare, ils se cachaient, ils se sentaient brimés », a-t-il dénoncé, non sans ajouter que « l’Assemblée nationale a été pillée, mon domicile à Abidjan et à Azaguié, ma famille menacée et pillée ». Au moment où bien des personnalités de l’ancien régime se terrent, Mamadou Koulibaly ose, lui, s’insurger contre ce qu’il considère contre la traque aux pro-Gbagbo. C’est sacrément audacieux et nécessairement dérangeant ! Et c’est ce toupet qui fait grincer des dents du côté du Golf, où l’on estime que Koulibaly a beau jeu de décrier ce qui se passe aujourd’hui alors qu’il s’était muré dans un silence assourdissant quand les résidences des personnalités du Rhdp étaient pillées et que leurs partisans étaient pourchassés et brûlés vifs. Pour s’être fait complice du hold-up électoral de Laurent Gbagbo, il ne saurait se prévaloir de ses propres turpitudes, se défend-on.
Assane NIADA