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Politique Publié le vendredi 22 avril 2011 | Nord-Sud

Après son audience avec le chef de l’Etat: Le piège de Koulibaly à Ouattara

© Nord-Sud Par DR
Politique nationale - Le député Mamadou Koulibaly, président de l`Assemblée nationale de Côte d`Ivoire
Photo: Mamadou Koulibaly, député FPI
Le président de l’ex-parlement était à l’hôtel du Golf mercredi. Sa longue déclaration à la presse, au sortir de l’audience avec le président de la République, cache des intentions peu avouables. Décryptage.

Les images de l’audience accordée par le président de la République au chef de l’ex-parlement parlent d’elles mêmes. Face à Alassane Ouattara, Mamadou Koulibaly a manqué de tenue. Est-ce parce qu’il a été reçu à l’hôtel du Golf, siège provisoire de l’Etat ? Avec ses lunettes accrochées à sa chemise, le battement incessant de ses jambes, le vice-président du Front populaire ivoirien (Fpi) a manqué d’égards à celui que lui-même a appelé le président de la République. Il a rappelé la fameuse image de Laurent Gbagbo, croisant les jambes et affichant du dédain, lors d’une rencontre de l’opposition avec Félix Houphouet-Boigny.

Le défenseur des Bété ?

Par ailleurs, la longueur de son intervention face aux caméras faisait plus penser à un compte-rendu fidèle de l’entretien. Une première dans les annales de la République.
Dans le fond, face aux journalistes, l’ex-député de Koumassi a tenté de démontrer qu’il n’était pas venu faire allégeance au président de la République. Il rappelle que c’est Ouattara qui a sollicité la rencontre, alors que lui était tranquillement à Accra. Invité pour discuter, Mamadou Koulibaly pouvait alors s’offrir le beau rôle. Il est le président de l’Assemblée nationale et, à ce titre, il détient une partie du pouvoir. Face à Ouattara, à qui le peuple a confié l’exécutif, lui veut rester maître du législatif. « J’en ai profité pour lui dire que l’Assemblée nationale faisait sa séance solennelle d’ouverture le mercredi 27 avril 2011 », a expliqué Koulibaly. Pourtant, l’ex-président d’institution sait très bien que le parlement doit être renouvelé après l’élection du 28 novembre 2010. En d’autres termes, il n’y a plus de députés. Sans la guerre inutile voulue par le clan de Koulibaly, les Ivoiriens se seraient donné un nouveau parlement ou seraient en train de préparer les conditions du vote. Informer le président de la République qu’il réunira les députés la semaine prochaine est donc une manière pour Koulibaly de marquer sa liberté sur la scène politique. Alors que le maintien ou non de l’Assemblée nationale qu’il dirigeait devait être le fruit d’un accord politique.
Toujours dans cette même logique de l’affrontement politique avec le nouveau pouvoir, le collaborateur de Laurent Gbagbo marque tout de suite son territoire : la Constitution. Il veut inscrire toutes les actions à venir dans le cadre de la Constitution, « la boussole » de l’ex-chef de l’Etat et de son clan.
Se poser en défenseur de la loi fondamentale est une manière bien habile pour Koulibaly de chercher à rassembler autour de sa personne tous les fidèles de l’ancien président.
Bien plus, l’offensive politique de l’ex-député de Koumassi autour des restes du Fpi cible aussi l’ethnie de l’ex-chef de l’Etat, les Bété.
« Si on peut reprocher des choses au Fpi ou à Gbagbo Laurent, ce n’est pas aux Bété qu’il faut le faire payer », a malicieusement lancé le curieux visiteur du chef de l’Etat. Cette utilisation politique de l’ethnie fait penser à une autre de son maître d’hier qui déclarait après le coup d’Etat de 1999 contre Henri Konan Bédié : « Quiconque touche à un Baoulé me trouvera sur son chemin ». Mais, le nouveau défenseur des Bété feint d’ignorer que les Forces républicaines ont conquis toute la région natale de l’ex-chef de l’Etat sans qu’elles s’adonnent à des excès contre ses populations. Des campagnes sont en cours pour rassurer ceux qui se sont refugiés en brousse par crainte de représailles. D’illustres fils de la région œuvrent déjà à la réconciliation des Ivoiriens. Il s’agit, entre autres, du Pr Alphonse Djédjé Mady, du Pr Maurice Kakou Guikahué, de Marcel Zady Kessi, etc. Une réalité qui met à nu l’opportunisme politique malsain du vice-président du Fpi.

L’avenir, c’est moi

Quant aux cadres du Fpi pour qui Koulibaly s’autoproclame l’avocat, il convient de lui rappeler que pendant que lui se la coulait douce à Accra, le président de la République a fait loger plusieurs d’entre eux à l’hôtel Pergola, sous la protection des forces impartiales.
Dans cette débauche d’énergie pour paraître « Monsieur propre », Koulibaly n’entend pas assumer le bilan sanglant de son mentor. C’est ainsi qu’il n’a aucun mot de compassion pour toutes les familles des innocents tués dans la tentative folle de confiscation du pouvoir par tous les moyens par l’ancien chef de l’Etat. Motus et bouche cousue sur les massacres, notamment celui des femmes d’Abobo, le 3 mars dernier. Il évite adroitement d’appeler les derniers miliciens de son clan à déposer les armes. A l’évidence, l’ex-président de l’Assemblée nationale veut se présenter comme un recours pour la reconstruction de son parti après la débâcle de l’option militaire.
Une opération risquée. Car, il n’est pas sûr qu’il soit absout pour tous les crimes de son clan, notamment ceux commis depuis le 28 novembre 2010.
Les jeux sont loin d’être faits dans sa propre famille politique. Certes, tous les poids lourds du Fpi sont encore terrés voire tétanisés. Mais, dans la perspective du gouvernement d’union et des élections locales, ils devraient très vite reprendre du service. Selon certains observateurs, Mamadou Koulibaly, présenté comme un fidèle de Simone Gbagbo, n’a jamais été accepté par la nomenklatura du Fpi. Et, il n’est pas sûr qu’il résiste à une trop forte pression de ceux qu’il a désavoués publiquement pour leur gestion scabreuse des affaires de l’Etat. Même si lui-même s’est bien gardé de démissionner.
Enfin, la démarche de l’ex-député de Koumassi fait aujourd’hui de lui le seul opposant au nouveau régime. S’il ne se retire pas de la vie politique, Koulibaly serait tenté d’occuper le poste tant envié de leader de l’opposition, dans une configuration politique où les principaux partis se retrouvent dans une sorte de cogestion de l’Etat.
Par cette morgue, Koulibaly veut-il signifier aux yeux de tous qu’il reste le gardien du temple ?
Kesy B. Jacob
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