Le ministre ivoirien du Plan et du développement était, hier, l’invité de Radio France internationale. L’entretien a tourné autour des questions économiques, politiques et sociales.
Ce qui manque le plus, aujourd’hui, à Abidjan c’est l’argent liquide. Les salaires de Mars n’ont pas été payés. Tous les jours des milliers d’Abidjanais passent à leurs banques pour voir si elles sont ouvertes mais la plupart de ces banques restent fermées. Qu’est-ce qu’ils peuvent faire ?
Le système bancaire a dû fermer à la suite du braquage de la Bceao et des banques commerciales par le régime de Laurent Gbagbo. Depuis ce temps la Bceao ne fonctionne pas, les banques ne fonctionnent pas non plus et nous avons pris les dispositions après les travaux avec la Bceao et je pense que la semaine prochaine, elle rouvrira et à sa suite, tout le système bancaire va se remettre à fonctionner. C’est la normalité qui sera de retour.
Autre problème la pénurie de carburant. Les files d’attente se multiplient devant les rares stations-service qui sont ouvertes. Comment régler le problème ?
Avant la crise post-électorale que nous avons connue, la Société ivoirienne de raffinage était en déficit, pratiquement sous perfusion et vous savez également que la Sir est au nombre des entreprises qui finançaient le régime illégitime de Laurent Gbagbo. Dans l’urgence le gouvernement a discuté avec le Nigeria et tous les pays-frères pour l’approvisionnement en carburant en gaz butane et autres produits pétroliers qui incessamment seront disponibles sur le marché d’Abidjan.
De nombreuses sociétés et administrations ont été pillées et leurs ordinateurs volés, combien de semaines, combien de mois faudra-t-il pour remettre tout cela en route ?
C’est cela qu’il faut craindre. Rares sont les directions de service public ou les entreprises dont le matériel informatique, en particulier, a été pillé. Mais, j’espère et nous attendons en tout cas que d’ici à la mi-mai, les choses rentrent dans l’ordre. Ce sera également la période où le président commencera à mettre en place l’ensemble des autorités, en particulier le gouvernement et les institutions.
Vous rentrez de Washington. La communauté internationale vous a-t-elle promis une aide ou pas ?
Des promesses ont été faites. Vous savez que la République française a pris des engagements et dans le courant de la semaine prochaine, les premiers décaissements seront faits. La France a pris l’engagement de donner la somme de 400 millions d’Euros en deux étapes, une partie devant permettre de faire face aux premières contraintes de salaire, dès la fin de ce mois. Mais, également de remettre à flot l’administration avec le matériel informatique. La deuxième tranche permettra de faire face aux arriérés vis-à-vis, notamment, de la Bad et de la Banque mondiale. Ce qui va faciliter la mobilisation des ressources promises par ces institutions.
Vous êtes originaires de Man, une région de l’Ouest cruellement touché, le mois dernier par les massacres de plusieurs centaines de personnes. Human Right Watch et Amnesty affirment que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, les forces pro-Ouattara sont impliquées dans ces massacres.
Ce que nous savons, c’est qu’il y a eu des combats à Duékoué, dans les autres départements de la région, beaucoup d’Ivoiriens et de non-ivoiriens ont été tués, de plusieurs origines ethniques, de plusieurs sensibilités religieuses, ce ne sont pas des cibles particulières. Nous avons demandé à la communauté internationale de prendre des dispositions pour venir accompagner l’enquête nationale qui est en cours afin que la lumière soit suffisamment faite sur les graves évènements de l’Ouest et sur la base des conclusions, les mesures qui s’imposent seront prises.
Tout de même, est-ce que la communauté guéré n’a pas été particulièrement visée ?
Je voudrais dire qu’il y a eu beaucoup de nos parents guéré qui ont été tués. Mais, il y a eu égalent beaucoup de malinké qui ont été tués, beaucoup de baoulé qui ont été tués dans cette région ; beaucoup de Burkinabé. Je ne peux pas être précis parce que, autant on me dit que 100 personnes ont été tuées à Bloléquin, qui n’étaient pas des guérés, autant on me dit que parmi ceux qui sont tombés à Duékoué, presque la moitié est guéré. Je pense que le Cicr est sur place, d’autres organisations des droits de l’Homme sont parties. Il faut confronter les chiffres et nous souhaitons que la lumière soit faite.
Depuis sa capture, le 11 avril, Laurent Gbagbo est au secret dans le Nord du pays. Comment voyez-vous son avenir ?
Nous sommes dans un Etat de droit. Nous pensons que le régime illégitime qui était en place depuis le 5 décembre a posé un certain nombre d’actes au nombre desquels l’atteinte à la sûreté de l’Etat, les détournements de deniers publics et d’autres faits graves. Face à ces faits, la Justice ivoirienne prendra un certain nombre de mesures.
Laurent Gbagbo doit-il être jugé ?
Evidemment. Quand vous m’entendez dire tout ça, je ne sais pas comment il échappera à la justice !
Est-ce que vous dites cela parce que vous êtes le dauphin politique de Robert Guéï et que vous voulez que la lumière soit faite sur son assassinat en septembre 2002?
Ecoutez, à l’occasion des obsèques de Robert Guéi, il y a quelques mois maintenant, j’avais déclaré en présence du président Laurent Gbagbo que le pardon qui avait commencé à être accordé par la famille, par les proches de Robert Guéi, a besoin de la vérité pour qu’un sens lui soit donné. Je pense que cette vérité-là, c’est que la justice puisse prendre en charge ce dossier. Depuis 2003, Laurent Gbagbo a promis les résultats de l’enquête sur la mort de Robert Guéi, mais, nous n’avons rien vu venir jusqu’à ce que le sort se soit abattu sur lui le 11 avril dernier. Donc, la vérité triomphera du mensonge.
Propos recueillis sur Rfi par MAE
Ce qui manque le plus, aujourd’hui, à Abidjan c’est l’argent liquide. Les salaires de Mars n’ont pas été payés. Tous les jours des milliers d’Abidjanais passent à leurs banques pour voir si elles sont ouvertes mais la plupart de ces banques restent fermées. Qu’est-ce qu’ils peuvent faire ?
Le système bancaire a dû fermer à la suite du braquage de la Bceao et des banques commerciales par le régime de Laurent Gbagbo. Depuis ce temps la Bceao ne fonctionne pas, les banques ne fonctionnent pas non plus et nous avons pris les dispositions après les travaux avec la Bceao et je pense que la semaine prochaine, elle rouvrira et à sa suite, tout le système bancaire va se remettre à fonctionner. C’est la normalité qui sera de retour.
Autre problème la pénurie de carburant. Les files d’attente se multiplient devant les rares stations-service qui sont ouvertes. Comment régler le problème ?
Avant la crise post-électorale que nous avons connue, la Société ivoirienne de raffinage était en déficit, pratiquement sous perfusion et vous savez également que la Sir est au nombre des entreprises qui finançaient le régime illégitime de Laurent Gbagbo. Dans l’urgence le gouvernement a discuté avec le Nigeria et tous les pays-frères pour l’approvisionnement en carburant en gaz butane et autres produits pétroliers qui incessamment seront disponibles sur le marché d’Abidjan.
De nombreuses sociétés et administrations ont été pillées et leurs ordinateurs volés, combien de semaines, combien de mois faudra-t-il pour remettre tout cela en route ?
C’est cela qu’il faut craindre. Rares sont les directions de service public ou les entreprises dont le matériel informatique, en particulier, a été pillé. Mais, j’espère et nous attendons en tout cas que d’ici à la mi-mai, les choses rentrent dans l’ordre. Ce sera également la période où le président commencera à mettre en place l’ensemble des autorités, en particulier le gouvernement et les institutions.
Vous rentrez de Washington. La communauté internationale vous a-t-elle promis une aide ou pas ?
Des promesses ont été faites. Vous savez que la République française a pris des engagements et dans le courant de la semaine prochaine, les premiers décaissements seront faits. La France a pris l’engagement de donner la somme de 400 millions d’Euros en deux étapes, une partie devant permettre de faire face aux premières contraintes de salaire, dès la fin de ce mois. Mais, également de remettre à flot l’administration avec le matériel informatique. La deuxième tranche permettra de faire face aux arriérés vis-à-vis, notamment, de la Bad et de la Banque mondiale. Ce qui va faciliter la mobilisation des ressources promises par ces institutions.
Vous êtes originaires de Man, une région de l’Ouest cruellement touché, le mois dernier par les massacres de plusieurs centaines de personnes. Human Right Watch et Amnesty affirment que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire, les forces pro-Ouattara sont impliquées dans ces massacres.
Ce que nous savons, c’est qu’il y a eu des combats à Duékoué, dans les autres départements de la région, beaucoup d’Ivoiriens et de non-ivoiriens ont été tués, de plusieurs origines ethniques, de plusieurs sensibilités religieuses, ce ne sont pas des cibles particulières. Nous avons demandé à la communauté internationale de prendre des dispositions pour venir accompagner l’enquête nationale qui est en cours afin que la lumière soit suffisamment faite sur les graves évènements de l’Ouest et sur la base des conclusions, les mesures qui s’imposent seront prises.
Tout de même, est-ce que la communauté guéré n’a pas été particulièrement visée ?
Je voudrais dire qu’il y a eu beaucoup de nos parents guéré qui ont été tués. Mais, il y a eu égalent beaucoup de malinké qui ont été tués, beaucoup de baoulé qui ont été tués dans cette région ; beaucoup de Burkinabé. Je ne peux pas être précis parce que, autant on me dit que 100 personnes ont été tuées à Bloléquin, qui n’étaient pas des guérés, autant on me dit que parmi ceux qui sont tombés à Duékoué, presque la moitié est guéré. Je pense que le Cicr est sur place, d’autres organisations des droits de l’Homme sont parties. Il faut confronter les chiffres et nous souhaitons que la lumière soit faite.
Depuis sa capture, le 11 avril, Laurent Gbagbo est au secret dans le Nord du pays. Comment voyez-vous son avenir ?
Nous sommes dans un Etat de droit. Nous pensons que le régime illégitime qui était en place depuis le 5 décembre a posé un certain nombre d’actes au nombre desquels l’atteinte à la sûreté de l’Etat, les détournements de deniers publics et d’autres faits graves. Face à ces faits, la Justice ivoirienne prendra un certain nombre de mesures.
Laurent Gbagbo doit-il être jugé ?
Evidemment. Quand vous m’entendez dire tout ça, je ne sais pas comment il échappera à la justice !
Est-ce que vous dites cela parce que vous êtes le dauphin politique de Robert Guéï et que vous voulez que la lumière soit faite sur son assassinat en septembre 2002?
Ecoutez, à l’occasion des obsèques de Robert Guéi, il y a quelques mois maintenant, j’avais déclaré en présence du président Laurent Gbagbo que le pardon qui avait commencé à être accordé par la famille, par les proches de Robert Guéi, a besoin de la vérité pour qu’un sens lui soit donné. Je pense que cette vérité-là, c’est que la justice puisse prendre en charge ce dossier. Depuis 2003, Laurent Gbagbo a promis les résultats de l’enquête sur la mort de Robert Guéi, mais, nous n’avons rien vu venir jusqu’à ce que le sort se soit abattu sur lui le 11 avril dernier. Donc, la vérité triomphera du mensonge.
Propos recueillis sur Rfi par MAE