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Politique Publié le mardi 26 avril 2011 | Le Mandat

Lettre ouverte à Pascal Affi N’guessan - N’outrepassez pas les limites de notre patience et tolérance

© Le Mandat Par DR
Front populaire ivoirien - Le président Pascal Affi N`Guessan, invité de la Coordination des Communicateurs citoyens bénévoles pour le plébiscite de Laurent Gbagbo
Vendredi 08 octobre 2010. Abidjan, Golf Hôtel. Importante conférence de presse du Porte-parole de la Majorité Présidentielle, président du comité des experts et président du parti, Pascal Affi N`Guessan
Les propos que de nombreux responsables du Front populaire ivoirien (Fpi) tiennent en ces moments sur la vie politique dans notre pays me surprennent de plus en plus. Après ceux, à la fois étonnants et choquants tenus par Mamadou Koulibaly, et Paul Yao Ndré, au sortir d’une audience avec Sem le président de la République Alassane Ouattara, voilà aussi que M. Affi N’guessan, président du Fpi, se livre à un discours bizarre. Je vous en donne des extraits: "Dans ce contexte de violence, l`Etat de droit et les libertés sont étouffés. L`arbitraire règne en maître (...). L`opposition est réduite au silence. C`est le règne de la pensée unique dans l`audiovisuel comme dans la presse écrite et une ambiance de dictature s`installe progressivement sur le pays (…). Pour échapper aux exactions, voire à la mort, les cadres et sympathisants du FPI vivent (...) dans la clandestinité, la peur et la précarité (…). Seule une solution politique issue de négociations et d`un consensus de la classe politique peut permettre à notre pays (...) de sortir dignement de cette crise ».
A entendre ces propos venant de cet homme, j’ai vraiment l’impression de me retrouver sur une autre planète, et que c’est d’un pays autre que la Côte d’Ivoire, notre Côte d’Ivoire, qu’il s’agit. En effet, il n’y a seulement que deux semaines que le pouvoir a véritablement changé de camp. Deux semaines, juste deux semaines que le peuple de Côte d’Ivoire, grâce au soutien de forces alliées, s’est débarrassé du régime des refondateurs qui ont détruit ce beau pays d’hier devenu méconnaissable aujourd’hui, par leurs graves manquements. Avant ce changement, c’étaient Affi N’guessan et consorts qui avaient le monopole de la parole dans ce pays où aucun parti politique ne pouvait tenir de réunion, de meetings. Fraternité Matin, la Radio nationale, la Rti qui était devenue télé Lmp, étaient la chose des refondateurs. On ne lisait et n’entendait sur ces médias d’Etat, que la parole des gens de Lmp ; on ne voyait, à la télévision qu’eux, rien qu’eux. Et, aujourd’hui, M. Affi N’guessan ose tenir de tels propos concernant la TCI. Sont-ils, ses acolytes de Lmp et lui, devenus amnésiques ? J’ai donc décidé, comme je l’ai fait à l’endroit de M. Mamadou Koulibaly, de rafraîchir la mémoire d’Affi N’guessan. Comme on le fait au village, je vais procéder d’abord par un conte: celui d’un « Empereur africain », le deuxième Empereur d’Afrique post indépendance.

LE CONTE DE NANAN GBAGBO

« Il était une fois, un petit pays d’Afrique de l’ouest appelé la Côte d’Ivoire. Dieu y envoya, pour le diriger, un empereur et une impératrice. Il les baptisa des noms de Nanan Laurent Gbagbo Soundjata Napoléon, et Impératrice Simone Evihet-Gbagbo. Ils régnèrent sur ce pays pendant dix années. Dix de gloire, de règne sans partage et sans contestation. Nul n’osait contester ou réclamer quoi que ce soit, dans ce pays, sous peine d’être réprimé. Il faut cependant dire qu’avant d’accéder au trône, cet Empereur en herbe s’était vraiment montré atypique. Adulé de tous quand il était jeune, il a avait fait rêver le peuple en lui promettait démocratie, abondance, liberté d’opinion et bien d’autres choses. Son discours portait sur, notamment, quatre belles promesses : l’assurance maladie, la gratuité de l’école, la liberté, un mieux-être de la population. Sur la question de la gratuité de l’école, le peuple fut cependant un étonné car jusque-là, l’école avait toujours été gratuite. Mais, bon, le peuple a quand même applaudi, car un futur Nanan, c’est fait pour être applaudi. Le peuple lui offrit donc le trône. Mais, une fois installé au pouvoir, l’Empereur devint soudain intraitable et méconnaissable. En lieu et place de l’assurance maladie, l’école gratuite, l’amélioration des conditions de vie et de travail de la population, ils entreprirent, ses sbires et lui, de piller les richesses du pays, de construire des écoles privées, de laisser se dégrader les hôpitaux qui existaient déjà, d’affamer le peuple. Nul n’eut plus désormais droit à la parole. Pour survivre dans ce pays, il fallait penser, dormir, mange et rire comme l’Empereur et ses sbires. Ce fut le règne de la pensée unique.
Comme tout bon Empereur, Nanan Gbagbo Soundjata Napoléon rêva de guerre. Il aimait l’affrontement, la bagarre. Alors, il servit à son peuple, une guerre. Pour sa gloire. Une vraie guerre, comme on en voit dans les films de guerre et dans les Westerns. Du sang, du sang partout. Pour en arriver là, il enseigna à la jeunesse du pays l’art d’insulter, de haïr et de tuer tous ceux qui ne pensaient pas comme eux. On appela cela « l’amour patriotique », car pour l’Empereur et ses affidés, l’amour de la patrie doit s’exprimer à travers l’art de guerroyer. L’Empereur eut donc à sa disposition des hommes et des femmes taillés à la mesure de son ambition. Ceux-ci, très zélés, réussirent, en peu de temps, à faire du peuple, une armée entière, prête à servir de chair à canon, à semer la haine au sein de la population. Les étrangers, notamment les Français, furent désignés comme les pires ennemies du pays, ceux par qui le malheur arrive. Il fallait donc les chasser, les déposséder de leurs biens.
Chose étonnante encore : dans ce pays, des autochtones étaient considérés comme faisant partie de la diaspora. Tout simplement parce qu’ils avaient quitté leur village natal pour aller faire fortune dans d’autres villes du pays, notamment celles dont étaient originaires les vizirs de l’Empereur. Alors, on brûlait, on pillait, on exterminait ces gens de la ‘‘diaspora’’. En toute impunité. Et le peuple eut peur. Peur de cette politique étrange qui n’était pas celle-là qui lui avait été promise. Peur de l’Empereur et de ses hommes armés. Le peuple s’en remit alors à Dieu à qui il lança un appel au secours. Et Dieu entendit les pleurs du peuple, comme il entend toujours les pleurs de ses enfants. Il décida ainsi de chasser du pouvoir Nanan Laurent Gbagbo Soundjata Napoléon 1er et ses sbires.
Un jour, Il annonça donc à L’Empereur Nanan Gbagbo Laurent Soundjata Napoléon 1er, l’arrivée, très prochaine, d’un nouveau dirigeant car Dieu avait vu que Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er et ses bandes armées avaient trahi le peuple. Le nouveau dirigeant choisi par Dieu venait d’une autre lignée de gens du pays destinée à régner un jour et à leur tour, sur le pays. Ce futur et proche dirigeant avait, lui, passé une grande part sa vie à l’étranger où il forgea sa personnalité dans l’amour du travail bien fait, le respect de ses semblables, l’humilité devant les vanités de ce monde: l’argent, les femmes, les chants des griots, etc. Quand donc Dieu annonça au peuple l’arrivée de cet homme, Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er et sa cour devinrent hystériques et menaçants. Et déclarèrent à qui voulait l’entendre que le pouvoir leur avait été donné à JAMAIS et pour TOUJOURS par Dieu. Ce qui surprit Dieu lui-même, car il n’avait jamais été question non plus, pour Lui, de donner le trône à Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er pour la vie. Ca, jamais !
Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er et sa cour se fâchèrent donc contre Dieu, se détourèrent de Lui, et se mirent, plus que jamais, à la dévotion de petits dieux mauvais : le dieu-argent, le dieu-corruption, le dieu-fornication, le dieu-injure, le dieu-guerre, offensant ainsi le vrai Dieu au nom multiple: Yahvé, Jéohah, Allah, Lagos, Bouddha, Gnamien Kpli, kôlôtcholo, etc. Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1eret sa cour se payèrent alors les services de nombreuses personnes dont la mission fut de prononcer le mot « Dieu » partout, à toute occasion, même quand l’Empereur et ses gens commettaient les pires exactions que l’on ait jamais connues au pays. Et, au nom de Dieu, ils étaient habilités à tuer, à faire des sacrifices humains qu’ils camouflaient dans les fondations de monument étranges et laids, en faisant croire au peuple qu’étaient en train d’embellir la ville afin de refonder le pays. Au nom donc de Dieu, le futur dirigeant tant attendu n’avait pas droit au trône. On concocta toutes sortes de plans diaboliques, de slogans haineux, pour l’éloigner du pouvoir. Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er et sa cour distribuèrent des armes, beaucoup d’armes à leurs combattants, pour livrer la guerre aux partisans du dirigeant attendu. Le pays souffrit de quatre mois de guerre. Mais à la fin, le pouvoir maléfique Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er et sa cour tomba. L’Empereur méchant et son épouse diabolique furent capturés et mis au cachot. C’était la fin du cauchemar que le pays venait de vivre. Une tâche urgente attend cependant le nouveau dirigeant: retrouver et juger tous ceux qui se sont rendu coupables des tueries qui ont endeuillé le pays; en premier lieu, les ex-responsables de l’Empire déchiré. Le nouveau chef les envoyer chercher avec élégance, les reçut. Compréhensif et plein de tolérance, il leur donna la parole, espérant sans doute entendre d’eux des propos de repentir et de demande sincère de pardon pour tout le mal qu’ils ont fait au peuple. Mais à la grande surprise du peuple, les bourreaux d’hier lui dirent qu’ils sont des martyres et des persécutés ». Voilà mon mensonge de ce soir. Un mensonge qui raconte exactement la vie de notre peuple, au cours de ces dix dernières années.

AFFI N’GUESSAN, UN IRRESPONSABLE DANGEREUX

Oui, M. Affi N’guessan se donne une âme de martyre. C’est vraiment pénible pour moi d’entendre de tels propos venant de cet homme. Je revois Affi N’guessan à la place de la République, à l’occasion du camping-meeting organisé par Blé Goudé; Affi N’guessan proférant des menaces et des propos haineux à l’encontre de tous ceux qui, comme moi, ne pensaient pas comme eux, ne voyaient pas la Côte d’Ivoire de la même manière qu’eux; tous ceux d’entre nous qu’il appelait « les ennemis de la Côte d’Ivoire ». Je revois encore Affi dans ses costumes et ses chemises Pathé’O, sur les antennes de la télévision Lmp, menaçant la communauté internationale, lançant le défi que, Alassane Ouattara « l’étranger », devra passer sur leurs corps pour arriver au pouvoir. Je revois encore et encore Affi prédisant l’apocalypse en Côte d’Ivoire, la guerre civile si le Fpi, Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er et sa cour dont il fait partie, la grande prêtresse Simone Evihet-Gbabo et sa cours aussi à elle, n’étaient plus au pouvoir. Je vois et revois tout cela.
Voilà seulement treize jours que M. Affi N’guessan et ses acolytes sont dans l’opposition, après avoir infligé des tortures aux Ivoiriens. Rien que treize jours qu’ils ne sont plus au pouvoir. Rien que treize jours pendant lesquels, ils ne peuvent plus utiliser, à eux seuls les médias d’Etat pour proférer, à longueur de journée, des menaces sur tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Et M. Affi s’estime victime du nouveau régime, et martyrisé. Et il parle, lui aussi, de dictature. Il est vraiment devenu amnésique, ce Monsieur. Je me vois contrainte donc de lui rafraîchir la mémoire.
M. Affi, vous souvenez-vous de la marche des femmes, au Plateau, en 2008? Cette marche qu’elles avaient organisée en vue de protester contre la vie chère? Sous vos instructions, cette marche a été réprimée par les « Sorbonnards ». A titre de rappel, vous avez même félicité ces « Sorbonnards », ces bandits, pour avoir battu des femmes qui voulaient se plaindre du coût élevé de la vie.
M. Affi N’guessan, souvenez-vous encore : mars 2004, la marche du Rhdp. Là aussi, de nombreux militants d’Abobo ont été tués alors même qu’ils ne s’étaient pas rendus au lieu de rassemblement. Bilan: plus de 200 morts. Souvenez-vous encore: le charnier de Yopougon, les victimes des escadrons de la mort, les sept femmes assassinées par vos FDS dans la commune d’Abobo, parce qu’elles voulaient protester contre la confiscation du pouvoir par votre régime. J’ajoute à ce rappel déjà accablant, les nombreuses atteintes aux droits de l’homme: ces militants du Rhdp brûlés vif au pneu et à l’essence, parce qu’ils ne sont pas de votre bord politique, et aussi parce qu’ils sont de confession musulmane. Je vous rappelle aussi l’assassinat du général Robert Guéi, son épouse et tout le personnel de sa résidence. Les exilés et réfugiés politiques ne se comptaient pas sous votre règne, M. Affi N’guessan. Des officiers supérieurs de l’armée ont été assassinés ou bastonnés et humiliés par des subalternes; des journalistes venus de Bouaké ont été torturés et emprisonnés pendant cette grave crise que vous n’avez eu pas peur de provoquer, convaincus que vous gagneriez la partie, par le pouvoir des armes. Rappelez-vous encore, M. Affi: ces imans et leurs familles massacrés à Williamsville, à Yopougon, Port-Bouët, et j’en passe. La liste est longue, trop longue.
M. Affi, tous ces crimes crapuleux et inqualifiables commis sous votre régime, ont-ils été faits au nom de la liberté d’expression et de ces droits de l’homme que vous réclamez tant aujourd’hui pour vous et vos partisans? Le blocus imposé aux membres du Rhdp et au gouvernement de Sem Alassane Ouattara était-il une forme de liberté d’expression, de protection des droits de l’homme? M. Affi! Vous êtes vraiment loin de la plaque! Ou bien vous vous trompez de bonne foi, et dans ce cas, vous êtes un irresponsable dangereux; ou bien alors, vous vous moquez du Président Alassane Ouattara, et dans cet autre cas, vous êtes un individu impoli; ou bien, enfin, vous faites sciemment fie des souffrances du peuple ivoirien; et dans ce troisième et dernier cas, vous êtes un être insensible et dangereux. Dans tous ces cas, vous restez un homme irresponsable, impoli et insensible; donc, un homme dangereux. Vous, Affi N’guessan, vous vous permettez, devant le Président de la République, Alassane Ouattara, de faire des revendications de droit à la liberté de parole! Vous manquez vraiment de sérieux et de sens de la responsabilité. Laissez-moi vous posez quelques questions:
- franchement, qu’avez-vous fait de ce pouvoir que le peuple ivoirien vous a OFFERT en 2000 ? Je dis qu’en l’an 2000, le pouvoir vous avait été offert car vous savez très bien que Gbagbo n’a pas gagné l’élection de 2000, et il n’a jamais gagné d’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Ce règne de 10 ans fut donc un don des Ivoiriens; parce beaucoup d’Ivoiriens avaient eu peur de voir les militaires conserver le pouvoir. Mais, qu’avez-vous fait de ce don? Rien. Vous n’avez fait que le dévaloriser, blasphémer à son encontre. Vous n’avez même pas su en disséquer la sémantique. Alors, ayez un peu d’égard, juste un brin de respect pour ce peuple qui a réellement souffert le martyr au cours de vos dix années de règne ;
- liberté de la presse. Vous aussi, vous Affi N’guessan, vous parlez de liberté de la presse? Mais de quelle presse parlez-vous? De la Rti ou de la Tci, ou de la presse nationale en générale, ou la presse internationale? Affi, savez-vous l’importance de la presse dans un pays? N’est-ce pas vous qui avez bâillonné la Rti et la radio, ces organes pour lesquels les contribuables ivoiriens payent chacun une redevance de 2000 f cfa, et cela, depuis des décennies? Il n’y avait que le Fpi et ses « suiveurs » qui y avaient droit. Seuls vous, Gbagbo, Simone, Bro-Grébé, Blé Goudé, Damanan Pickas, et autres, étaient autorisés à s’exprimer sur les antennes nationales. Vos journalistes se nomment Ahoua Ehoura, Hermann Aboua, Claude Franck About et l’ex tout puissant DG Brou Amessan. Ils ne parlaient que de vous et de vos activités propagandistes. Il n’y avait que vous, rien que vous. Comment faites-vous, M. Affi N’guessan, pour oublier aussi vite cette période où vous étiez intraitables avec la presse?
- Vous faisiez fermer Rfi ainsi que les journaux de l’opposition, au gé de vos humeurs. Avez-vous oublié cela?
- Vous faisiez brûler les journaux de l’opposition. Vous êtes allé jusqu’à même nous interdire d’émettre de simples sms à partir de nos portables.
- Vous nous aviez privés des chaînes de télévision internationale, nos seules sources d’informations et de distractions saines.
On ne peut plus compter le nombre de vos exactions contre la presse, M. Affi. Et vous, après seulement quelques jours de sevrage d’antenne, une antenne de télévision privée en plus, vous osez jouer les martyrs, et vous revendiquez des passages dans la presse! Vous qui avez traqué et chassé les journalistes nationaux et internationaux, vous cherchez aujourd’hui à vous exprimer dans des organes. Quel paradoxe, quelle contradiction entre les actes que vous posés et vos agissements. Les jours pairs, vous interdisiez le territoire ivoirien à untel et les jours impairs, vous recourez à lui. Qu’est-ce que vous êtes drôles et irresponsables, au Fpi.
Vous, Alcide Djédjé, Ahoua Don Mello et je ne sais qui d’autres, avez fustigé et chassé les Forces des Nations unies de la Côte d’Ivoire (Onuci); idem du 43è BIMA et de l’Ambassadeur de France que vous aviez qualifié de citoyen lambda. A peine des difficultés se sont-elles dressées sur votre route, que vous êtes allés vous mettre sous protection du 43è BIMA, puis des forces impartiales onusiennes. Les chaînes de télévisions étrangères (France 24, Itélé, LCI, Africa 24, TV5, RFI et BBC) qui étaient interdites d’émettre dans notre pays, sous votre règne méchant, sont brusquement devenues vos canaux de communication pour exprimer le ‘‘martyr’’ que vous subissez! Mais enfin, au Fpi, ne savez-vous pas ce que signifie le mot « honte? » Même Nanan Gbagbo Soundjata Laurent Napoléon 1er, devenu aujourd’hui et tout banalement Gbagbo Laurent, ex-professeur d’histoire désormais à la retraite, mendie des ‘‘interviews exclusives’’ à ces chaînes décriées hier, par votre régime. Ridicule, tout ça.

APPEL A LA RAISON

M. Affi, nous vous savons orgueilleux, imbu de votre personne. Mais sachez que si les Ivoiriens, qui aspirent aller à la paix, à la réconciliation et à la reconstruction du pays, vous tolèrent certains écarts de langage, ce n’est pas par faiblesse, ni par peur, car vous et votre régime ne faites plus peur à personne dans ce pays. Vous êtes (re)devenu un banal citoyen, mais un citoyen au passé de criminel que nous aurons à juger forcément, un jour. Ne croyez pas que les choses vont se passer comme cela. Ce serait trop facile pour vous. Vous pouvez vraiment vous estimer avoir eu de la chance que l’actuel chef de notre pays s’appelle Alassane Ouattara. Ailleurs, sous d’autres cieux, il y a longtemps que l’on vous aurait exécuté, ou bien vous seriez en train de croupir au fond d’un cachot noir, humide, plein de cafards, de salamandres et de pipi de chat noir.
Exercez-vous, ne serait-ce qu’un seul instant, à vous regardez dans un miroir, M. Affi, et posez-vous la petite question suivante: « Ai-je fait, bien fait pour mon pays ce que je devrais faire? », plutôt que d’aller dire des jérémiades sur les antennes et dans les journaux libres que vous détestiez, du temps où vous étiez le tout puissant Affi N’guessan. En 10 années de pouvoir, le bilan du règne des Refondateurs est là, palpable: la pauvreté généralisée, le vol, les détournements de deniers publics, l’avenir de la jeunesse bouché, la culture de la violence, les tueries, etc. Vous parlez aussi de Dialogue, de consensus. Vous saviez donc l’existence de ces mots-là dans la langue française? N’est-ce pas vous qui aviez rejeté toutes les propositions de dialogue? N’est-ce pas vous qui avez fermé toutes les portes au dialogue, au profit de la violence et de la barbarie? N’est-ce pas vous qui avez proposé comme solution à cette crise, l’usage des armes, en recourant aux mercenaires libériens et angolais, et en armant les jeunes désœuvrés acquis à votre cause pour une guerre de libération? Est-ce cela le dialogue?
Monsieur Affi, apprenez à faire profil bas un tant soit peu, et ayez surtout à l’esprit que ce n’est plus vous qui êtes aux commandes en Côte d’Ivoire. Il n’y a que Sem Alassane Ouattara qui est élu et qui dirige le pays. Vous avez crié sur tous les toits que la Côte d’Ivoire sombrerait dans le chaos si vous n’en étiez plus les dirigeants. M. Affi, depuis que vous avez tous été chassés du palais, depuis que vous avez été contraints de vivre dans une chambre quelconque de la Pergola et, à présent, au Golf hôtel, depuis que Gbagbo a été arrêté et transféré au Golf puis assigné en résidence surveillée à Korhogo, et Simone, au Golf puis à Odienné; depuis donc que nombre d’entre vos suiveurs d’hier se sont évanouis dans la nature tandis que d’autres sont détenus au QG de Ouattara ou à la Pergola, combien d’Ivoiriens se sont soulevés réellement pour exiger votre retour, à part quelques miliciens criminels réfugiés quelque part à Yopougon?
Ni dans l’ensemble de la population abidjanaise, ni surtout dans l’intérieur du pays qui représente la majeure partie du territoire ivoirien, on n’a eu à noter de réels soulèvements populaires. Cela devrait vous instruire car, au temps où vous régniez, pendant que vous tuiez la population, les militants du Rhdp que nous sommes avons bravé vos FDS, au prix de la mort. Mais aujourd’hui où le pouvoir a changé de camp, vos partisans ne peuvent par en faire autant. Pourquoi ce silence? Pourquoi cette paix qui revient progressivement et sûrement en Côte d’Ivoire? La réponse est simple: cela signifie que vous ne représentez plus rien et que ce n’est pas pour vous que la Côte d’Ivoire va s’embraser. Les Ivoiriens s’étaient certes laissés entraînés par votre folie; mais toute folie a des limites. Et ils sont revenus aujourd’hui au bon sens et à la lucidité. Vous vous êtes leurrés pendant toutes ces années, Affi. Un fait significatif: à peine Laurent et Simone ont-ils été arrêtés que les maquis ont rouvert, les commerçants ont repris leurs activités. Bientôt, les banques vont rouvrir, l’administration reprend peu à peu sa vie normale. Les Ivoiriens ont retrouvé l’ambiance qu’ils aiment, la bière coule de nouveau, et à flot. Et, progressivement, plus personne ne se soucie de vous.
M. Affi, le silence de la population après l’arrestation de Gbagbo n’était pas synonyme de peur. C’est bien plutôt le signe que le peuple en avait assez de votre règne, de votre mal gouvernance, vos tueries, vos slogans, vos prières sataniques, vos incantations diaboliques. Et ce peuple avait hâte de se libérer de l’emprise de votre pouvoir démoniaque. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il ne manifeste plus aucun signe de compassion pour vous. C’est aussi la preuve que ceux qui vous suivaient ne le faisaient pas par conviction. Vous avez semé la haine, la violence, l’intolérance, la xénophobie en Côte d’Ivoire. Vous avez traîné le pays dans l’abîme, abêti le peuple qui ne jurait plus que par la violence, la paresse, pendant que vous vous enrichissiez.
M. Affi, vous n’êtes, dans le fond, qu’un simple ingénieur de la Fonction publique. Cela fait huit ans que vous n’êtes plus Premier ministre et, à ma connaissance, vous n’êtes pas un industriel. Si ce n’est aux dépens du pauvre contribuable, comment alors êtes-vous parvenu à amasser toute une fortune au point d’assurer des frais de 10 millions de FCFA par an, à l’Université de Grand-Bassam, au profit de votre fille qui n’a même pas pu obtenir le bac? Et puis d’ailleurs, pourquoi l’avez-vous inscrite dans une université privée en lieu et place d’une de nos ‘‘belles’’ universités publiques que vous aviez livrées aux mains des fescistes et des bandes de malfaiteurs qui écumaient les campus pour le compte de votre régime?
C’est clair, M. Affi, c’est pour cette opulence dans laquelle vous avez vécu pendant 10 années, et que vous venez de perdre, que vous vous lamentez de manière si pitoyable et si comique. Ce n’est pas par souci de revendiquer une quelconque liberté d’opinion, ni d’affirmer des droit de l’homme. Vous pleurez vos avoirs qui sont gelés en ce moment. Vous pleurez les nombreux voyages auxquels vous n’aurez plus droit. Vous pleurez pour les jouissances et facilités que vous venez de perdre et certainement à jamais, car je ne vois pas les Ivoiriens en train de tolérer, encore, de nouveaux régimes qui pourraient s’adonner à autant de gaspillage. Le beau temps est donc terminé pour vous, M. Affi. Vous êtes redevenu un simple citoyen, banal et vulgaire, qui devra payer ses impôts… comme tout citoyen. Sachez donc, d’ores et déjà, qu’il ne vous appartient pas de décider du sort qui vous sera infligé, car il vous sera infligé forcément et nécessairement des peines exemplaires et rigoureuses. Au nom de la réconciliation, l’Etat se doit, obligatoirement, d’ester en justice, contre vous. Nous ne demeureront pas éternellement dans l’impunité.
Sur cette question de corrections à infliger, je compte d’ailleurs sur l’habileté du général Gaston Ouassenan Koné, expert en matière de rééducation des gens impolis et irresponsables. J’espère que cet illustre ministre d’Houphouët n’a pas oublié ses belles méthodes et techniques de fessée magistrale, comme celle qu’à l’époque, il avait savamment administrée à un certain Abdramane Sangaré. C’est cela aussi le prix de la reddition. Quand on a livré une guerre insensée et qu’on a perdu la bataille, on doit se soumettre. En 2000, après le coup d’Etat contre le Pdci, Laurent Dona-Fologo et Emile Constant Bombet, deux hautes figures de ce parti qui venait d’être déchu, n’ont pas été caressés à Akouédo par les « jeunes gens » de Robert Guéi. Affi N’guessan et son régime n’ont pas, non plus, laissé de choix à Robert Guéi et à ses partisans. Criminels, ils les ont tués. Froidement.
Nous ne demandons pas la peine capitale pour ceux qui, comme Affi N’guessan, Mamadou Koulibaly, Charles Blé Goudé et autres, ont conduit notre pays dans le chaos. Nous demandons simplement et de manière juste, que des corrections exemplaires leur soient administrées afin que plus jamais nul ne s’avise de recommencer ces choses mauvaises qu’ont faites les refondateurs. Oui, il faut que le Général Ouassénan intervienne vite pour mettre de l’ordre dans tout ça. C’est trop facile. Et le Président Alassane me paraît trop gentil dans le traitement de cette affaire. Et même si, par esprit de conciliation, il nous invitait à effacer et oublier tout cela, il faut que ces malfaiteurs de refondateurs aient au moins la décence de se taire. C’est une simple question de bonne éducation.

Elisabeth Goli, journaliste sportif
e-mail : moya_goli@yahoo.fr
Tél (+221) 70 306 01 13
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