Après les récents évènements douloureux qui ont secoué la ville d’Abidjan, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire vivent désormais avec les populations. Une cohabitation qui n’est pas toujours au goût des uns et des autres.
La bataille d’Abidjan a eu bel et bien lieu. Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), venues libérer la capitale économique, sont aujourd’hui disséminées dans les communes où elles cohabitent bon gré mal gré avec les populations. Ainsi, au Mahou, sous-quartier d’Angré, leur présence a, au début, été accueillie avec une grande peur qui a fait place ensuite au soulagement et à une grande collaboration. Koné Maséa, vendeuse de condiments au terminus des wôrô-wôrô de ce sous-quartier raconte ainsi les premières heures de la venue des Frci dans le quartier. « Le lundi 28 mars, nous avons été surpris par l’invasion d’un commando armé, accompagné de bruit de kalachnikov. Cela nous a traumatisés et nous nous sommes terrés pendant quelques jours à la maison afin de voir dans quelle mesure on pouvait quitter la zone», explique la vendeuse, mère de trois enfants. Pourtant, lorsque le commando s’empare du commissariat du 22ème arrondissement d’Angré et sans faire de mal à la population, cette dernière se ravise, surtout qu’une organisation à l’improviste est mise en place par les jeunes du secteur. «Trois jours après l’attaque du commissariat, quelques éléments des Frci nous ont demandé de constituer des groupes pour surveiller nos cités face aux pillages qui étaient en cours. C’est ainsi que nous avons barricadé le “carrefour Mahou“ avec certains des leurs afin de filtrer les entrées et les sorties», raconte N’Dah Serge, l’un des jeunes bénévoles du quartier qui se sont joints aux Frci.
Soulagement et collaboration…
Face à l’action salvatrice de ces jeunes, les parents et habitants de la zone n’ont pas ménagé leurs efforts pour soutenir tant soit peu leurs bienfaiteurs. «Lorsque les jeunes se sont organisés pour la sécurisation du quartier, nous nous sommes aussi organisés pour assurer le ravitaillement quotidien de nos jeunes et les quelques éléments des Frci venus les épauler, jusqu’à la chute de Gbagbo », révèle Kady Bamba. Cette mère de famille, visiblement la quarantaine, était à la tâche pendant les 10 jours difficiles que les Abidjanais ont vécus. Et d’ajouter que la sécurisation s’est déroulée 24h/24h et sans incident majeur. Selon elle, cette collaboration a rassuré les habitants au point que ceux qui envisageaient de quitter la zone à l’arrivée des Forces républicaines se sont ravisés. A la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, la décision de la levée des barricades et autres barrages a été mise à exécution. A Koumassi également, les populations vivent en bonne intelligence avec les forces républicaines. Elles se sont accommodées de la présence de ces ‘‘forces de l’ordre’’ qui, du matin au soir, patrouillent à bord de véhicules 4X4. Un habitant du quartier confie que cette présence n’était intimidante qu’aux toutes premières heures. «Mais cela n’est qu’un vieux souvenir», se réjouit-il.
…précèdent ensuite la méfiance
Les habitants du quartier d’Abobo-Dokui ne savent pas si elles doivent se réjouir ou non de la présence des Frci dans leur cité. Ainsi, Soro Michèle, institutrice, confie que la présence de tous ces individus en armes lui fait terriblement peur. «Tous les jeunes ont des armes et ce qui est effrayant, c’est qu’il est certain que parmi eux, plusieurs n’ont reçu aucune formation sur l’utilisation des armes. Et le pire, c’est qu’ils se livrent au racket des populations. Tantôt, il faut donner l’argent de thé ou de café ou donner quelque chose. Tant qu’il y aura tous ces jeunes en armes dans le quartier et dans la ville, on ne pourra pas se sentir en sécurité », indique-t-elle. Un avis que partage Goli P, pour qui il faut soustraire tous les Frci des rues. «Ce sont eux qui pillent et on accuse à tort des miliciens et autres. Ce sont eux les vrais responsables de tous les vols et pillages. Il faut que le gouvernement prenne les mesures adéquates pour les enlever des rues. Ce qui est dommage, c’est que la majorité d’entre eux parlent le Dioula et il y a des analphabètes parmi eux. Ils détournent le débat », explique ce dernier. T. R, retraité pour sa part trouve la présence des Frci rassurante. «On doit toujours craindre les pillages et les braquages surtout que nous sommes dans un sous-quartier. Leur présence permet d’éviter de nombreux dérapages et décourage les nombreux voleurs libérés lors de l’ouverture des différentes maisons d’arrêt. J’ai entendu certaines personnes se plaindre de racket mais cela est sans doute dû au fait que ceux-ci n’ont pas d’argent. Estimons-nous heureux qu’ils ne font pas usage de leurs armes pour nous soutirer de l’argent ou nous obliger à faire quoi que ce soit », explique-t-il. C’est aussi le cas dans la cité balnéaire de Port Bouet, qui même s’ils ont été applaudi par les populations sont aujourd’hui craintes par celles-ci qui craignent également des dérives. « Ils nous font aujourd’hui peur et ils n’ont pas encore arrêté la chasse aux étudiants », déplore un habitant de la commune
Une présence obligatoire pour des raisons de sécurité
Les forces républicaines quant à elles estiment qu’elles font de leur mieux pour assurer la sécurité des populations du quartier. ‘‘On patrouille’’ dans le quartier. On est à la disposition des populations. S’il y a un problème, ils n’ont qu’à nous faire signe et c’est réglé », indique un élément de la force républicaine. Même son de cloche du côté du commissariat du 22ème arrondissement. Pour le commandant en chef actuel de ce commissariat Adamo Roquette, le démantèlement des barricades vient à point nommé dans la reprise des activités, ce qui rend nécessaire leur présence sur le terrain. « Nous avons déguerpi la majorité des barrages pour faciliter la circulation des biens et des personnes. Aussi, pour regrouper certains de nos éléments afin de mieux coordonner nos interventions face aux pillages », nous indique le commandant, en passe de contenir les pillards. Toutefois, il rassure que “des éléments restent détachés dans certains points stratégiques“, pour garantir la sécurité.
Napargalè Marie
La bataille d’Abidjan a eu bel et bien lieu. Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), venues libérer la capitale économique, sont aujourd’hui disséminées dans les communes où elles cohabitent bon gré mal gré avec les populations. Ainsi, au Mahou, sous-quartier d’Angré, leur présence a, au début, été accueillie avec une grande peur qui a fait place ensuite au soulagement et à une grande collaboration. Koné Maséa, vendeuse de condiments au terminus des wôrô-wôrô de ce sous-quartier raconte ainsi les premières heures de la venue des Frci dans le quartier. « Le lundi 28 mars, nous avons été surpris par l’invasion d’un commando armé, accompagné de bruit de kalachnikov. Cela nous a traumatisés et nous nous sommes terrés pendant quelques jours à la maison afin de voir dans quelle mesure on pouvait quitter la zone», explique la vendeuse, mère de trois enfants. Pourtant, lorsque le commando s’empare du commissariat du 22ème arrondissement d’Angré et sans faire de mal à la population, cette dernière se ravise, surtout qu’une organisation à l’improviste est mise en place par les jeunes du secteur. «Trois jours après l’attaque du commissariat, quelques éléments des Frci nous ont demandé de constituer des groupes pour surveiller nos cités face aux pillages qui étaient en cours. C’est ainsi que nous avons barricadé le “carrefour Mahou“ avec certains des leurs afin de filtrer les entrées et les sorties», raconte N’Dah Serge, l’un des jeunes bénévoles du quartier qui se sont joints aux Frci.
Soulagement et collaboration…
Face à l’action salvatrice de ces jeunes, les parents et habitants de la zone n’ont pas ménagé leurs efforts pour soutenir tant soit peu leurs bienfaiteurs. «Lorsque les jeunes se sont organisés pour la sécurisation du quartier, nous nous sommes aussi organisés pour assurer le ravitaillement quotidien de nos jeunes et les quelques éléments des Frci venus les épauler, jusqu’à la chute de Gbagbo », révèle Kady Bamba. Cette mère de famille, visiblement la quarantaine, était à la tâche pendant les 10 jours difficiles que les Abidjanais ont vécus. Et d’ajouter que la sécurisation s’est déroulée 24h/24h et sans incident majeur. Selon elle, cette collaboration a rassuré les habitants au point que ceux qui envisageaient de quitter la zone à l’arrivée des Forces républicaines se sont ravisés. A la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, la décision de la levée des barricades et autres barrages a été mise à exécution. A Koumassi également, les populations vivent en bonne intelligence avec les forces républicaines. Elles se sont accommodées de la présence de ces ‘‘forces de l’ordre’’ qui, du matin au soir, patrouillent à bord de véhicules 4X4. Un habitant du quartier confie que cette présence n’était intimidante qu’aux toutes premières heures. «Mais cela n’est qu’un vieux souvenir», se réjouit-il.
…précèdent ensuite la méfiance
Les habitants du quartier d’Abobo-Dokui ne savent pas si elles doivent se réjouir ou non de la présence des Frci dans leur cité. Ainsi, Soro Michèle, institutrice, confie que la présence de tous ces individus en armes lui fait terriblement peur. «Tous les jeunes ont des armes et ce qui est effrayant, c’est qu’il est certain que parmi eux, plusieurs n’ont reçu aucune formation sur l’utilisation des armes. Et le pire, c’est qu’ils se livrent au racket des populations. Tantôt, il faut donner l’argent de thé ou de café ou donner quelque chose. Tant qu’il y aura tous ces jeunes en armes dans le quartier et dans la ville, on ne pourra pas se sentir en sécurité », indique-t-elle. Un avis que partage Goli P, pour qui il faut soustraire tous les Frci des rues. «Ce sont eux qui pillent et on accuse à tort des miliciens et autres. Ce sont eux les vrais responsables de tous les vols et pillages. Il faut que le gouvernement prenne les mesures adéquates pour les enlever des rues. Ce qui est dommage, c’est que la majorité d’entre eux parlent le Dioula et il y a des analphabètes parmi eux. Ils détournent le débat », explique ce dernier. T. R, retraité pour sa part trouve la présence des Frci rassurante. «On doit toujours craindre les pillages et les braquages surtout que nous sommes dans un sous-quartier. Leur présence permet d’éviter de nombreux dérapages et décourage les nombreux voleurs libérés lors de l’ouverture des différentes maisons d’arrêt. J’ai entendu certaines personnes se plaindre de racket mais cela est sans doute dû au fait que ceux-ci n’ont pas d’argent. Estimons-nous heureux qu’ils ne font pas usage de leurs armes pour nous soutirer de l’argent ou nous obliger à faire quoi que ce soit », explique-t-il. C’est aussi le cas dans la cité balnéaire de Port Bouet, qui même s’ils ont été applaudi par les populations sont aujourd’hui craintes par celles-ci qui craignent également des dérives. « Ils nous font aujourd’hui peur et ils n’ont pas encore arrêté la chasse aux étudiants », déplore un habitant de la commune
Une présence obligatoire pour des raisons de sécurité
Les forces républicaines quant à elles estiment qu’elles font de leur mieux pour assurer la sécurité des populations du quartier. ‘‘On patrouille’’ dans le quartier. On est à la disposition des populations. S’il y a un problème, ils n’ont qu’à nous faire signe et c’est réglé », indique un élément de la force républicaine. Même son de cloche du côté du commissariat du 22ème arrondissement. Pour le commandant en chef actuel de ce commissariat Adamo Roquette, le démantèlement des barricades vient à point nommé dans la reprise des activités, ce qui rend nécessaire leur présence sur le terrain. « Nous avons déguerpi la majorité des barrages pour faciliter la circulation des biens et des personnes. Aussi, pour regrouper certains de nos éléments afin de mieux coordonner nos interventions face aux pillages », nous indique le commandant, en passe de contenir les pillards. Toutefois, il rassure que “des éléments restent détachés dans certains points stratégiques“, pour garantir la sécurité.
Napargalè Marie