Alors que la crise n’est pas totalement estompée, les circuits de commercialisation montrent leur capacité à assurer sans trop d’à-coups, l’approvisionnement en produits vivriers.
Les cliquetis de canon perturbent encore ici et là les activités de commercialisation des produits vivriers, mais la situation devrait s’améliorer. Malgré les conditions sécuritaires précaires, les opérateurs du secteur se débattent pour assurer les disponibilités en denrées alimentaires. «Même s’il y a des problèmes, nous devons tout faire en vue de permettre aux ivoiriens de vivre. C’est un défi et nous voulons le relever», assure Boti Lou Irié, présidente des Coopératives de vivriers de Cocody (Cocovico). En effet, le ravitaillement des marchés abidjanais en produits vivriers se redresse peu à peu. Sur les différentes places commerciales, le niveau d’approvisionnement progresse. Le sorgho, le mil, le maïs, le manioc, le riz, la banane-plantain, l’arachide et le haricot ne sont plus des produits aussi rares. Au marché d’Abobo, beaucoup de camions en provenance des régions productrices ont déversé leurs contenus dans les magasins. Les clients observent que les étals sont relativement bien achalandés. «On vient de loin. Dans ces conditions, on ne peut que féliciter les braves commerçants qui font des efforts pour fournir la nourriture», félicite le président des consommateurs de la commune Issa Ballo. Quant aux cultures périssables, telles que la pomme de terre, l’oignon, la tomate, le piment, le chou, le concombre et les légumes, les opérateurs économiques essaient de minimiser le niveau déficit. «Ces produits sont fragiles et leur système de conditionnement pose problème», explique Irié Lou Lizié responsable de coopérative qui fait observer qu’une vingtaine de camions chargés sont bloqués au corridor de Tiébissou.
Attention au racket !
«On veut qu’ont paie 50 à 60.000 Fcfa avant de passer», se plaint-elle. En réalité, les commerçants continuent de faire le trajet entre Abidjan et les plantations situées généralement à l’intérieur du pays. Mais à cause du désordre engendré par les miliciens à Yopougon, principale porte d’entrée à la mégapole abidjanaise, les circuits et la fréquence des dessertes sont largement dictés par la situation sécuritaire. «Quand les crépitements commencent, nous sommes obligés d’attendre », explique-t-elle. Au marché gouro d’Adjamé, de nombreux clients viennent tous les jours se procurer des fruits et des légumes qui sont ventilés dans les autres communes du district. Ainsi, les circuits d’approvisionnement ont non seulement réussi à organiser des flux réguliers en produits vivriers de base (céréales, tubercules, féculents) qui composent encore une très grande part de l’alimentation urbaine domestique, mais ils ont su aussi s’ajuster aux changements et répondre à celle des secteurs tels que la restauration populaire, la fabrication de plats cuisinés, et les filières de transformation artisanales agroalimentaires.
Cette dynamique au niveau des circuits de vente n’empêche cependant pas les tensions sur les marchés avec une hausse régulière des prix liée à la forte demande. Aujourd’hui, les ménages à faible revenus ne sont pas dans une situation aisée dans la mesure où, du fait de la crise, la population à charge va grandissante : la poursuite des flux migratoires en provenance des zones de conflit dans un contexte où les nouveaux arrivants parviennent de plus en plus difficilement à subvenir à leurs propres besoins, contribue à aggraver la charge qui pèse sur les revenus des ménages hôtes. Ces ménages consacrent la quasi-totalité de leurs revenus au pôle alimentation. En effet, les clients s’informent des prix des denrées et font des calculs pour savoir ce qu’ils peuvent s’offrir ce jour-là pour nourrir leur famille.
«Les vendeuses ne sont pas responsables de la hausse des prix», dédouane Mme Irié. «Nous avons besoin de tracteurs, de véhicules de ramassage, de camions remorques pour ramasser les bananes, les ignames, les aubergines, les tomates, les piments», dit-elle. En fait, les coûts de transport ont monté en flèche à cause de la multiplication des barrages. Même en payant les frais de route pour faire partie d’un convoi « sécurisé », les femmes se font souvent extorquer beaucoup d’argent aux barrages routiers.
«Le camion de 32 tonnes nous revenait à 20.000 Fcfa. Aujourd’hui, nous versons 35 à 40.000 Fcfa aux forces de l’ordre», précise la commerçante. « Les prix des régimes de bananes ont également doublé au bord-champ», marmonne-t-elle. Une bonne nouvelle tout de même. La présidente de la Fédération nationale des coopératives de vivriers de Côte d’Ivoire (FENACOVICI), Irié Lou Collette annonce que les consommateurs assisteront dans les semaines à venir à une légère baisse des prix. En effet, avec l’acquisition de nouveaux camions, la faîtière devrait pouvoir économiser sur les frais de location. Mais pour de nombreux clients, il faut une implication plus forte des autorités gouvernementales. Selon eux, la surchauffe des prix est la conséquence d’un manque de contrôle des prix des produits vivriers sur les différents marchés et surtout de la cupidité de certains commerçants. En effet, ces clients estiment que l’Etat doit s’assurer du contrôle réel et de l’affichage des prix de vente des produits vivriers de consommation courante et du suivi rigoureux pour les maintenir à des taux raisonnables. Une exigence un peu démesurée au vu du contexte.
Lanciné Bakayoko
Les cliquetis de canon perturbent encore ici et là les activités de commercialisation des produits vivriers, mais la situation devrait s’améliorer. Malgré les conditions sécuritaires précaires, les opérateurs du secteur se débattent pour assurer les disponibilités en denrées alimentaires. «Même s’il y a des problèmes, nous devons tout faire en vue de permettre aux ivoiriens de vivre. C’est un défi et nous voulons le relever», assure Boti Lou Irié, présidente des Coopératives de vivriers de Cocody (Cocovico). En effet, le ravitaillement des marchés abidjanais en produits vivriers se redresse peu à peu. Sur les différentes places commerciales, le niveau d’approvisionnement progresse. Le sorgho, le mil, le maïs, le manioc, le riz, la banane-plantain, l’arachide et le haricot ne sont plus des produits aussi rares. Au marché d’Abobo, beaucoup de camions en provenance des régions productrices ont déversé leurs contenus dans les magasins. Les clients observent que les étals sont relativement bien achalandés. «On vient de loin. Dans ces conditions, on ne peut que féliciter les braves commerçants qui font des efforts pour fournir la nourriture», félicite le président des consommateurs de la commune Issa Ballo. Quant aux cultures périssables, telles que la pomme de terre, l’oignon, la tomate, le piment, le chou, le concombre et les légumes, les opérateurs économiques essaient de minimiser le niveau déficit. «Ces produits sont fragiles et leur système de conditionnement pose problème», explique Irié Lou Lizié responsable de coopérative qui fait observer qu’une vingtaine de camions chargés sont bloqués au corridor de Tiébissou.
Attention au racket !
«On veut qu’ont paie 50 à 60.000 Fcfa avant de passer», se plaint-elle. En réalité, les commerçants continuent de faire le trajet entre Abidjan et les plantations situées généralement à l’intérieur du pays. Mais à cause du désordre engendré par les miliciens à Yopougon, principale porte d’entrée à la mégapole abidjanaise, les circuits et la fréquence des dessertes sont largement dictés par la situation sécuritaire. «Quand les crépitements commencent, nous sommes obligés d’attendre », explique-t-elle. Au marché gouro d’Adjamé, de nombreux clients viennent tous les jours se procurer des fruits et des légumes qui sont ventilés dans les autres communes du district. Ainsi, les circuits d’approvisionnement ont non seulement réussi à organiser des flux réguliers en produits vivriers de base (céréales, tubercules, féculents) qui composent encore une très grande part de l’alimentation urbaine domestique, mais ils ont su aussi s’ajuster aux changements et répondre à celle des secteurs tels que la restauration populaire, la fabrication de plats cuisinés, et les filières de transformation artisanales agroalimentaires.
Cette dynamique au niveau des circuits de vente n’empêche cependant pas les tensions sur les marchés avec une hausse régulière des prix liée à la forte demande. Aujourd’hui, les ménages à faible revenus ne sont pas dans une situation aisée dans la mesure où, du fait de la crise, la population à charge va grandissante : la poursuite des flux migratoires en provenance des zones de conflit dans un contexte où les nouveaux arrivants parviennent de plus en plus difficilement à subvenir à leurs propres besoins, contribue à aggraver la charge qui pèse sur les revenus des ménages hôtes. Ces ménages consacrent la quasi-totalité de leurs revenus au pôle alimentation. En effet, les clients s’informent des prix des denrées et font des calculs pour savoir ce qu’ils peuvent s’offrir ce jour-là pour nourrir leur famille.
«Les vendeuses ne sont pas responsables de la hausse des prix», dédouane Mme Irié. «Nous avons besoin de tracteurs, de véhicules de ramassage, de camions remorques pour ramasser les bananes, les ignames, les aubergines, les tomates, les piments», dit-elle. En fait, les coûts de transport ont monté en flèche à cause de la multiplication des barrages. Même en payant les frais de route pour faire partie d’un convoi « sécurisé », les femmes se font souvent extorquer beaucoup d’argent aux barrages routiers.
«Le camion de 32 tonnes nous revenait à 20.000 Fcfa. Aujourd’hui, nous versons 35 à 40.000 Fcfa aux forces de l’ordre», précise la commerçante. « Les prix des régimes de bananes ont également doublé au bord-champ», marmonne-t-elle. Une bonne nouvelle tout de même. La présidente de la Fédération nationale des coopératives de vivriers de Côte d’Ivoire (FENACOVICI), Irié Lou Collette annonce que les consommateurs assisteront dans les semaines à venir à une légère baisse des prix. En effet, avec l’acquisition de nouveaux camions, la faîtière devrait pouvoir économiser sur les frais de location. Mais pour de nombreux clients, il faut une implication plus forte des autorités gouvernementales. Selon eux, la surchauffe des prix est la conséquence d’un manque de contrôle des prix des produits vivriers sur les différents marchés et surtout de la cupidité de certains commerçants. En effet, ces clients estiment que l’Etat doit s’assurer du contrôle réel et de l’affichage des prix de vente des produits vivriers de consommation courante et du suivi rigoureux pour les maintenir à des taux raisonnables. Une exigence un peu démesurée au vu du contexte.
Lanciné Bakayoko