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Politique Publié le mercredi 4 mai 2011 | Le Patriote

Hamed Bakayoko (Ministre de la Communication par intérim) aux journalistes : “Libérez-vous et faites votre travail, en toute responsabilité”

© Le Patriote Par Emma
Médias : la Journée mondiale de la presse célébrée à Abidjan, en présence du ministre Hamed Bakayoko
Mardi 3 mai 2011. Abidjan. Siège du Conseil national de la presse. Photo: le ministre de l`Intérieur délégué à la Communication, Hamed Bakayoko (D) a rehaussé de sa présence la cérémonie organisée par le président du CNP, Egène Dié Kacou (G)
« Mesdames et Messieurs, les premiers responsables des organisations professionnelles de la presse et des instances de régulation et d`autorégulation,
Je voudrais, à l`occasion de cette journée internationale de la liberté de la presse, vous dire la grande joie de me retrouver parmi vous, au siège du Conseil national de la Presse. Cette journée nous donne l`occasion de recevoir cette déclaration collective à l`endroit du Premier ministre, Chef du gouvernement, du Président de la République, des journalistes et des propriétaires de médias. Cette journée est un moment important dans la régulation des Nations. Car, la presse est un pouvoir important, troisième pour certains, quatrième pour d`autres. Malheureusement, dans certains pays, ce pouvoir se vide de son contenu comme c`est le cas en Côte d`Ivoire. La presse pour moi, c`est un indice de bonne gouvernance. Quand vous prenez un pays développé comme la France, les gouvernants tiennent compte de l`opinion publique exprimée dans la presse. La presse se présente comme le régulateur de l`équilibre dans la société. Je le dis partout que tout ce qui n`est pas équilibré ne tient pas dans l`espace et dans le temps. La liberté de la presse oui. Mais je crois que la liberté a ses limites. Elle a une certaine frontière comme l`indique le thème de cette journée : « Les médias au 21e siècle, nouvelles frontières, nouveaux obstacles ». Je ne crois pas qu`on puisse parler de liberté quand on tombe dans la déchéance, quand on perd de vue les valeurs qui équilibrent la société. Donc pour moi, cette journée nous offre l`occasion de parler à la presse à une période où on sort de crise. Une crise qui a été marquée par les actes de haute gravité de la part de la presse, que tout le monde sait. Je le dis parce que chacun convient avec moi, que la presse a une responsabilité importante dans ce qui est arrivé à la Côte d`Ivoire. Les journalistes ont voulu être aux avant-postes des politiques. Ils sont allés plus loin que les politiques. Quand les politiques étaient dans leurs discours et leurs actions, à un niveau de nuisance de puissance 5, les journalistes étaient à 10 voire 20. Alors que ce n`était pas leur mission ou leur travail. Le président Eugène Dié Kacou dans sa déclaration commune a parlé de rétrospection de tous, je crois que c`est important, cette autocritique individuelle. Chacun devant son propre tribunal, le tribunal de sa conscience. J`ai été journaliste, donc j`ai traversé presque toutes les étapes du journaliste engagé avec des titres enflammés, pour en arriver au journaliste responsable. Je pense qu`avec le Président Ouattara, il est important d`indiquer que plus rien ne sera comme avant. On ne peut pas avoir connu ce que nous avons vécu et laisser faire. Sinon, cela sera irresponsable vis-à-vis de notre propre histoire, de nos enfants et de nos concitoyens. Je le dis, on ne peut plus laisser faire n`importe quoi dans la presse aujourd`hui en Côte d`Ivoire. La liberté de la presse doit s`inscrire dans une très grande responsabilité du journaliste et du premier responsable du journal. Parce que nous savons que les journalistes et les journaux ont une très grande responsabilité à jouer dans l`évolution de notre pays. Je le dis, parce que j`entends ça et là qu`il faut sécuriser certaines rédactions. Moi, j`invite tous ceux qui ont peur à se débarrasser de la peur. Tous ceux qui hésitent à venir au travail à reprendre le travail. Car, dans la vision du Président Ouattara, nous ne venons pas avec l`intention de vengeance et d`écraser nos adversaires. Nous n`avons pas l`intention de faire comme ce qu`a fait le régime déchu. C`est vrai, il faut aller sur des principes de pardon, de réconciliation, mais en ayant une idée claire de la responsabilité de ce qui s`est passé dans notre pays. Parce qu`à un moment donné dans notre pays, les gens avaient l`impression que l`impunité était sans limite. Il faut à présent que les gens réalisent que l`impunité n`est plus possible avec le Président Ouattara. On ne peut pas déstabiliser le corps social ni insulter les citoyens et les déstabiliser dans leur vie privée gratuitement, parce qu`on est journaliste. Ce n`est plus possible, car l`Etat que le Président Ouattara veut bâtir ne peut s`accommoder avec cela. Nous allons tout mettre en œuvre pour que le journaliste tout comme le citoyen soit sécurisé et protégé. Nous allons mettre en œuvre une loi qui respecte la liberté de chacun. Je ne veux pas présager de ce que le ministre de la Communication viendra mettre en place, mais pour traduire la vision du Président Ouattara, c`est celle d`une Côte d`Ivoire responsable, transparente et crédible. Il insiste, plus personne ne pourra se cacher derrière n`importe quelle couverture pour se maintenir dans l`impunité. Même si vous êtes son propre fils et que vous débordez hors de la loi, il va vous regarder froidement et vous dire que vous êtes hors de la loi. C`est de ça que le pays a besoin pour rebondir. Je voudrais vous inviter à vous engager pour ce nouveau combat, ce défi à relever pour cette nouvelle Côte d`Ivoire à bâtir. L`Ivoirien nouveau, conscient de sa responsabilité et contribuant à la cohésion et au développement de son pays, c`est cette Côte d`Ivoire qu`il veut bâtir. Pour ceux qui ont suivi, il y a peu, nos interventions au plus fort de la crise, je disais à certains frères comme Ouattara Gnonzié d`arrêter leur zèle inutile. J`insistais pour dire que les choses excessives ne peuvent pas tenir dans le temps. Il a même destitué le président du CNP. Quand vous êtes en déphasage avec tout le reste du monde, il faut savoir que vous êtes dans le faux et donc s`arrêter. Je crois que cette chute doit être une leçon pour eux. Je vous assure et je le répète que nous rentrons dans une Côte d`Ivoire de valeur et de travail. Si vous êtes un grand tricheur et incapable de produire des résultats, vous serez en marge du développement. Il faut le dire aujourd`hui, nous n`allons pas contribuer à maintenir une presse qui ne fait pas avancer le pays. Nous n`allons pas soutenir des journalistes qui dévisagent le tissu social et tue les Ivoiriens. Récemment, quand l`ancien Secrétaire général des Nations Unis est allé rendre visite aux hommes de l`ancien régime, il a dit que certains ne réalisent pas la gravité de l`acte qu`ils ont posé. Imaginez-vous que certains journaux de la place, rapportant les tueries à l`arme lourde des femmes à Abobo par les miliciens et mercenaires de Gbagbo, ont écrit que le sang de ces femmes versé était du « bissap ». C`est choquant. La presse n`a pas joué son rôle et doit assumer sa responsabilité. Dans cette crise, quel que soit le camp politique, chaque Ivoirien a payé un lourd tribut. Je crois qu`avec le Président Ouattara, il faut à présent repartir sur de nouvelles bases. Il faut également donner les moyens à tout le monde de repartir. C`est la vision du Président. C`est aujourd`hui clair que tous ceux qui vont se mettre en travers de la loi, la rigueur de la loi va les frapper. On est conscient que ce pays a besoin de grandeur, de repartir sur de nouvelles bases de valeur, de travail et de respect de chacun. La vérité, la transparence à la presse. Je vous dis de dire la vérité, libérez-vous. Faites votre travail en toute responsabilité. Je voudrais traduire, avant de finir, l`engagement du gouvernement à s`occuper de la sécurité des organes de presse et des journalistes, l`engagement également du gouvernement à plus de sécurité pour tous les citoyens. Il faut que les journalistes puissent travailler sur la base du respect strict des règles d`éthique et de déontologie régissant la profession. Mais nous n`allons pas accepter que la presse s`inscrive dans la déstabilisation de la Côte d`Ivoire et la cohésion sociale. Je demande à cette journée internationale de liberté de la presse aux journalistes de maintenir la cohésion et de contribuer au développement de la Côte d`Ivoire. La presse a une grande responsabilité dans la reconstruction de cette nouvelle Côte d`Ivoire. Le Président de la République m`a dit qu`il est prêt à vous soutenir et à aider tous les entreprises de presse sinistrées à contribuer à l`avancée d`un véritable Etat de droit et de démocratie en Côte d`Ivoire. »
Propos retranscrits par Moussa Keita

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