La destruction de la Sorbonne et la fermeture des cités universitaires, hauts lieux de productions de CD piratés sonneront-elles le glas de la piraterie en Côte d’Ivoire ? Les artistes se prononcent.
Une gangrène. C’est au bas mot, ce que représente la piraterie pour les créateurs ivoiriens. Durant les dix ans de règne de la refondation, le fléau s’est développé en Côte d’Ivoire et a pris des proportions inquiétantes. Des œuvres musicales se sont retrouvées sur le marché à des prix dérisoires, avant même leur sortie officielle. L’album ‘’Tapis rouge’’ des Garagistes a été sorti par les pirates avec un titre du jeune chanteur zouglou, Lunik. ‘’African Revelution’’ de Tiken Jah Fakoly a connu le même sort. Les reproducteurs n’ont pas attendu le 27 septembre 2010, date officielle de la sortie de l’album de l’enfant de Gbeléban pour inonder le marché de cette galette musicale. Le groupe Magic System n’a pas gagné plus de 25.000 Fcfa de droit d’auteur après la vente des CD pour leur album ‘’Poisson d’avril’’. Toutes choses qui ont rendu précaire la vie des artistes musiciens qui n’arrivent plus à vivre de leur art. Les obligeant à quémander la mansuétude de bonnes volontés pour se soigner. De petits vendeurs soutenus par des gourous avaient envahi tous les carrefours de la capitale économique. Toutes les tentatives de répression ont échoué. Des créateurs ont été battus à sang pour avoir essayé de déloger des vendeurs. Les efforts pour démanteler le réseau se sont soldés par des revers car, les plus gros trafiquants constituaient le socle du pouvoir Gbagbo : les étudiants. « Lorsque les agents de la brigade anti-piraterie se rendaient sur les cités universitaires pour faire leur travail, les étudiants leur répliquaient que c’étaient eux qui avaient mis Laurent Gbagbo au pouvoir et qu’on ne pouvait rien leur faire », se désole Djabo Steck, artiste-chanteur, proche collaborateur du président du conseil d’administration du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida), Gadji Céli. Pour lui, l’acte d’effacement de ces hauts lieux de la piraterie permet aux créateurs de souffler. « C’est un grand ouf de soulagement. Car le gros des productions de CD non conventionnels se faisait dans les cités universitaires et à la Sorbonne au Plateau. Ces deux endroits étant fermés, la Dalle, un autre point de production au Black-market à Adjamé, a mis fin à ses activités subversives », apprécie-t-il. Seulement, Justin K., manager Afrique de la star mondiale du reggae, Alpha Blondy, constate autre chose. « Malgré la disparition de ces lieux de reproduction illégale, il y a toujours des CD qui se vendent aux différents grands carrefours. Pour preuve, ‘’Vision’’, le dernier opus d’Alpha Blondy sorti en Europe le 4 avril se retrouve illégalement sur le marché », s’indigne-t-il. Et, d’ajouter : « ça pourra limiter les stocks de CD pirates. Mais dire que ça mettra fin à la piraterie, j’en doute fort. Car, il y a de grosses têtes qu’il faut faire tomber». Pour Antoinette Konan, c’est un signal fort lancé aux falsificateurs qui peut « aider à diminuer l’ampleur du fléau », mais pas le stopper. Car, pense-t-elle, « il reste du travail à faire ». « Le reste des tâches doit être focalisé sur les mentalités. Il faut qu’on consacre du temps à la sensibilisation. C'est-à-dire éduquer les Ivoiriens de sorte qu’ils aient l’habitude d’acheter des œuvres originales », propose-t-elle. L’expansion à grande échelle de la piraterie et du racket ayant constitué les cancers du régime Gbagbo, une attention particulière des nouvelles autorités sera en mesure de permettre aux créateurs de vivre de leur art. En attendant la nomination du successeur d’Anzoumana Moutayé, les artistes dans leur majorité souhaite que la nouvelle Côte d’Ivoire soit assainie de cette gangrène, pour leur permettre de participer pleinement au développement socio-économique et surtout culturel.
Sanou A.
Une gangrène. C’est au bas mot, ce que représente la piraterie pour les créateurs ivoiriens. Durant les dix ans de règne de la refondation, le fléau s’est développé en Côte d’Ivoire et a pris des proportions inquiétantes. Des œuvres musicales se sont retrouvées sur le marché à des prix dérisoires, avant même leur sortie officielle. L’album ‘’Tapis rouge’’ des Garagistes a été sorti par les pirates avec un titre du jeune chanteur zouglou, Lunik. ‘’African Revelution’’ de Tiken Jah Fakoly a connu le même sort. Les reproducteurs n’ont pas attendu le 27 septembre 2010, date officielle de la sortie de l’album de l’enfant de Gbeléban pour inonder le marché de cette galette musicale. Le groupe Magic System n’a pas gagné plus de 25.000 Fcfa de droit d’auteur après la vente des CD pour leur album ‘’Poisson d’avril’’. Toutes choses qui ont rendu précaire la vie des artistes musiciens qui n’arrivent plus à vivre de leur art. Les obligeant à quémander la mansuétude de bonnes volontés pour se soigner. De petits vendeurs soutenus par des gourous avaient envahi tous les carrefours de la capitale économique. Toutes les tentatives de répression ont échoué. Des créateurs ont été battus à sang pour avoir essayé de déloger des vendeurs. Les efforts pour démanteler le réseau se sont soldés par des revers car, les plus gros trafiquants constituaient le socle du pouvoir Gbagbo : les étudiants. « Lorsque les agents de la brigade anti-piraterie se rendaient sur les cités universitaires pour faire leur travail, les étudiants leur répliquaient que c’étaient eux qui avaient mis Laurent Gbagbo au pouvoir et qu’on ne pouvait rien leur faire », se désole Djabo Steck, artiste-chanteur, proche collaborateur du président du conseil d’administration du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida), Gadji Céli. Pour lui, l’acte d’effacement de ces hauts lieux de la piraterie permet aux créateurs de souffler. « C’est un grand ouf de soulagement. Car le gros des productions de CD non conventionnels se faisait dans les cités universitaires et à la Sorbonne au Plateau. Ces deux endroits étant fermés, la Dalle, un autre point de production au Black-market à Adjamé, a mis fin à ses activités subversives », apprécie-t-il. Seulement, Justin K., manager Afrique de la star mondiale du reggae, Alpha Blondy, constate autre chose. « Malgré la disparition de ces lieux de reproduction illégale, il y a toujours des CD qui se vendent aux différents grands carrefours. Pour preuve, ‘’Vision’’, le dernier opus d’Alpha Blondy sorti en Europe le 4 avril se retrouve illégalement sur le marché », s’indigne-t-il. Et, d’ajouter : « ça pourra limiter les stocks de CD pirates. Mais dire que ça mettra fin à la piraterie, j’en doute fort. Car, il y a de grosses têtes qu’il faut faire tomber». Pour Antoinette Konan, c’est un signal fort lancé aux falsificateurs qui peut « aider à diminuer l’ampleur du fléau », mais pas le stopper. Car, pense-t-elle, « il reste du travail à faire ». « Le reste des tâches doit être focalisé sur les mentalités. Il faut qu’on consacre du temps à la sensibilisation. C'est-à-dire éduquer les Ivoiriens de sorte qu’ils aient l’habitude d’acheter des œuvres originales », propose-t-elle. L’expansion à grande échelle de la piraterie et du racket ayant constitué les cancers du régime Gbagbo, une attention particulière des nouvelles autorités sera en mesure de permettre aux créateurs de vivre de leur art. En attendant la nomination du successeur d’Anzoumana Moutayé, les artistes dans leur majorité souhaite que la nouvelle Côte d’Ivoire soit assainie de cette gangrène, pour leur permettre de participer pleinement au développement socio-économique et surtout culturel.
Sanou A.