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Politique Publié le samedi 7 mai 2011 | Le Nouveau Réveil

Mian Augustin (secrétaire général de la Fesci) : “Nous allons réorienter la Fesci. La dissolution n’est pas la solution”

© Le Nouveau Réveil Par Prisca
Activités syndicales : La Fesci tient une AG extraordinaire.
La Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d`Ivoire (Fesci) a tenu une AG extraordinaire le mardi 21 septembre 2010 à l`université de Cocody en présence de son S.G Mian Augustin. Photo : Mian Augustin.
Au banc des accusé, la Fesci, une fois de plus par la voix de son Secrétaire géréral, Mian Augustin, se prononce sur la situation socio-politique.


Vous êtes le secrétaire général de la Fesci. Avec un peu de recul, aujourd`hui, quel est votre regard sur la crise post-électorale ?
Je voudrais, avant de me prononcer sur la crise post-électorale, regretter ce qui s`est passé après les élections. Regretter, parce que nous sommes sortis d`une guerre après les élections. Ce que nous, élèves et étudiants, avions voulu éviter. Malheureusement, nous n`avons pas pu l`éviter. Au plus fort de la crise, nous avons appelé à un cessez-le-feu. Nous sommes intervenus sur beaucoup de chaînes de radios étrangères pour le faire. Et demander qu`on s`asseye pour négocier. Ça n`a pas été le cas, c`est regrettable. Parce qu`il y a eu beaucoup de morts, de tous les bords. La crise a entraîné une déchirure profonde du tissu social. Elle a fragilisé les relations humaines. Même au sein de certaines familles, il y a des dissensions, il y a des querelles. Au niveau des partis politiques, aujourd`hui, certaines personnes ne se parlent plus. Nous sommes devenus systématiquement des ennemis et non pas des adversaires politiques. Cela, pour dire que la Côte d`Ivoire s`est énormément fragilisée. On ne retrouve plus le vrai visage d`unité, de fraternité de la Côte d`Ivoire.

Selon vous, quel rôle la Fesci a-t-elle joué dans cette crise ?
Si vous parlez de rôle, ce serait faire croire que l`on nous a confié un rôle à jouer.

On a vu la Fesci partie prenante de la crise post-électorale.
Evidemment, il faut le dire en toute honnêteté, nous avons opté pour le président Laurent Gbagbo. Mais ce qu`il faut retenir, c`est qu`au sein de la Fesci, tous les étudiants ne soutenaient pas Laurent Gbagbo. La Fesci a décidé ouvertement de soutenir Laurent Gbagbo. Mais lorsque nous sommes allés voter, le bulletin est secret et personne ne sait ce qui s`est passé dans les urnes. Ce qu`il faut retenir, c`est que nous avons accompagné le président Laurent Gbagbo. C`est un choix que nous avons opéré. Et après les élections, la guerre est survenue. Beaucoup de choses ont été dites sur la Fesci. Ce sont des responsabilités qu`il faut assumer en toute honnêteté. Parce qu`en réalité, pendant cette crise, les armes ont circulé à tous les niveaux. Les armes ont traversé nos universités, nos résidences universitaires. Et ça, nous le reconnaissons. C`est pourquoi, je dis que c`est regrettable. Vous savez que pendant la guerre, c`est le désordre. En réalité, à la Fesci, nous ne sommes pas des soldats, nous ne sommes non plus pas des miliciens. Cela n`empêche que les armes ont circulé dans notre milieu.

Avant la guerre, on a vu la Fesci jouer pleinement son rôle de maître des cités universitaires. Les cités universitaires étaient interdites à certains candidats. Pensez-vous que la Fesci avait le droit d`agir ainsi, en tant que structure de tous les élèves et étudiants ?
Véritablement non. La structure qui défend les intérêts matériels et moraux des étudiants n`avait pas à prendre cette position. Vous pouvez avoir de meilleures intentions, mais lorsque les conditions de mise en œuvre de ces intentions ne sont pas réunies, il est clair que beaucoup de choses vous échappent. Cela ne veut pas dire que tu ne contrôles pas ta troupe. Pendant la période de campagne, la tension était forte. Les avis étaient partagés. Mais j`ai tout mis en œuvre pour qu`il y ait la pluralité sur le campus et dans les résidences universitaires. Mais encore une fois, c`est regrettable.

Lors de votre campagne, vous avez prôné une Fesci nouvelle avec le retrait des machettes sur les campus. Lorsque vous êtes arrivé les choses semblaient aller et puis après, la Fesci est retombée dans la violence. Qu`est-ce qui n`a pas marché ?
Vous faites une bonne observation. Avant même que je ne pose ma candidature, j`ai fait mille et une réflexions. Nous nous sommes rendu compte que dans l`opinion, qu`elle soit nationale ou internationale et même en notre sein, la Fesci n`avait pas une bonne réputation. Je me suis dit, il faut que je vienne imprimer ma marque, pour faire de la Fesci un instrument de développement au service de l`école ivoirienne. Une Fesci mature, une Fesci digne de l`étudiant et de l`élève. Parce qu`une structure qui, en son temps, avait dix-huit ans, ne pouvait pas se permettre de se comporter comme une structure qui venait de naître. La Fesci était déjà mûre pour appréhender les difficultés de l`école et les poser en toute responsabilité. Voici la noble ambition que nous avions en venant à la tête de la structure. Les étudiants? dans leur ensemble, ont adhéré à ce projet. Mais comme vous le savez, nous étions toujours dans une période d`élection qui amenait les uns et les autres à voir l`intérêt électoral. La question de l`école était un peu en arrière, nos projets n`ont pas été validés, et beaucoup de choses n`ont pas été faites. La priorité, c`était de régler la crise politico-militaire (réunification du pays, désarmement). Néanmoins dans notre discours, partout où nous sommes passés, nous avons toujours prôné cela. Nous avons réussi à extirper les machettes de nos rangs. Mais la situation socio-politique a eu son impact sur notre volonté de redresser la Fesci.

Vous avez pris partie pour Laurent Gbagbo. Il a passé dix ans à la tête du pays. Quelle a été, selon vous, son action en faveur de l`école ?
Je voudrais dire que pendant ces dix années, l`école est restée telle qu`elle était pendant ces dix années.

Il n`y a pas eu de nouvelles résidences universitaires, pas d`amphithéâtre, les résidences universitaires de Yopougon dont le retrait aux étudiants a été très critiqué, n`ont pas été restituées. Quel commentaire ?
Je voudrais tout simplement dire que c`est regrettable. Je pense qu`il faut revoir tout cela maintenant.

Les nouvelles autorités ont décidé de la fermeture des universités et des résidences universitaires. Quel commentaire faites-vous de ces décisions?
Il faut dire qu`au lendemain de la prise de cette décision, nous l`avons saluée. Parce que cette décision rejoint point par point les résolutions du séminaire que nous avons eu les 16 et 17 novembre 2007 à Grand-Bassam, avec le ministre Cissé Bacongo. Nous avons passé au peigne fin les problèmes de l`enseignement supérieur. Nous avons dit qu`il fallait réhabiliter les résidences universitaires. Il fallait désengorger les résidences et il fallait même inciter des promoteurs à construire des résidences et les attribuer au regard d`autres critères. Nous avons posé clairement ces problèmes, et il n`y a pas eu de suivi. Les décisions de Grand-Bassam n`ont pas été mises en œuvre. Aujourd`hui, fermer les résidences universitaires, c`est salutaire. D`abord, ça rejoint les conclusions du séminaire de 2007. Et par rapport à la crise, les universités ont subi d`énormes dégâts. L`université de Cocody a subi un pillage systématique. Il n`y a plus de meuble, il n`y a plus d`appareil didactique. C`est pareil pour les résidences universitaires. A Abobo, les cités n`ont plus de porte, plus de fenêtre… A Port-Bouët, il n`y a plus de charpente, plus de porte, plus de fenêtre, les bâtiments ont partis en fumée. Il ne reste plus que le campus, Mermoz et la Cité Rouge. Ça veut dire que même si on ne fermait pas, les étudiants ne pouvaient pas retourner et y vivre. Donc, fermer pour réhabiliter et assainir, cela nous va droit au cœur. Ça va nous permettre d`enlever toutes ces installations anarchiques. Et comme les armes ont circulé, ça permettra de fouiller de fond en comble pour enlever ce qu`il faut enlever dans les résidences, de sorte qu`au retour, on ait un espace sain où nous allons retrouver un esprit sain et l`étudiant va retrouver son image d`antan.

On sait que c`est dans les résidences universitaires que la Fesci tient ses réunions et fait ses meetings. Avec la fermeture des résidences universitaires, que va devenir la Fesci ?
Les résidences ne sont qu`un support. C`est là que nous tenons nos réunions, c`est vrai. Mais si les résidences sont fermées, cela ne veut pas dire que la Fesci ne fonctionne pas. La Fesci, c`est dans les esprits. Et la Fesci existe dans les lycées et collèges, dans les grandes écoles publiques et privées. Mais il faut reconnaître que cela a une incidence sur nos activités.

De plus en plus, des voix s`élèvent pour parler de la dissolution de la Fesci. Quel est votre avis sur la question ?
Comme je le dis, beaucoup de reproches sont faits à la Fesci. C`est de bonne guerre parce que nous avons notre part de responsabilité. C`est normal que des gens pensent ainsi. Mais nous ne pensons pas que dissoudre la Fesci serait la solution. Parce que d`abord, c`est un syndicat qui est régulièrement constitué. C`est un syndicat implanté sur toute l`étendue du territoire national. C`est un syndicat qui est fort. Il faut simplement revoir sa façon de faire, de fonctionner et remettre la Fesci, sur les rails. Sinon la dissolution ne serait pas la solution pour régler le problème de l`école. Le problème de l`école est profond, les difficultés sont énormes. C`est cela qu`il faut voir.

Vous parlez de réorientation de la Fesci. En tant que secrétaire général, quelle est votre nouvelle vision de la Fesci sous le régime actuel ?
Au lendemain de la prise effective du pouvoir par le président Alassane Ouattara, nous sommes intervenus pour dire que nous le soutenons et qu`on se tenait à sa disposition pour l`accompagner dans la nouvelle Côte d`Ivoire. L`ensemble des élèves et étudiants, à travers la Fesci voudrait être au rendez-vous de cette nouvelle Côte d`Ivoire. Dans quinze ans ou vingt ans, les défis majeurs à relever pour le pays, ce serait les élèves et étudiants qui sont sur les bancs aujourd`hui. C`est pourquoi, nous restons constants dans notre esprit de révolutionner la Fesci. De faire une nouvelle Fesci qui serait effectivement un instrument qui puisse réellement défendre les intérêts matériels et moraux des élèves et étudiants. Une Fesci mature, responsable, sérieuse. Aujourd`hui, avec tous ces dérapages, avec tout ce que l`on nous reproche, il est bon de retourner notre veste pour faire une nouvelle Fesci, dans une nouvelle école, dans une nouvelle Côte d`Ivoire. Nous avons besoin que les nouvelles autorités nous accompagnent sur cette voie. Le changement commence dans la prise de conscience. Il faut que nous redoublions de sagesse pour qu`on sache que le moment est arrivé.

Avez-vous souvent eu l`impression que le régime d`alors vous imposait des choses ?
Non. Nous n`avons jamais été contraints à quoi que ce soit.

Vous n`avez pas eu les moyens pour mettre en œuvre votre projet ?
Non. Puisque la priorité, c`était des questions politiques. Il fallait les régler pour qu`on puisse toucher du doigt d`autres questions.

Dans la nouvelle dynamique, quel message avez-vous pour les élèves et étudiants ?
Je voudrais saisir l`opportunité pour demander encore une fois pardon à toute la Côte d`Ivoire. C`est regrettable ce qui est arrivé, je pense que nous devons aller de l`avant. Il faut que la vérité soit connue pour qu`on puisse aller de l`avant. En ce qui nous concerne, la Fesci, nous n`avons rien à cacher, la vérité est connue de tout le monde. Il faut que chacun joue pleinement son rôle. Il faut qu`on puisse se pardonner. Un pardon sincère. Il ne sert à rien de faire des règlements de compte. Il faut arrêter la chasse aux sorcières. Et comme les résidences sont fermées, je voudrais appeler les camarades élèves à beaucoup de sérieux, beaucoup de discipline. J`appelle les étudiants au calme, à beaucoup de retenue. Nous sommes en train de voir dans quelle mesure nous allons nous retrouver pour parler de la nouvelle Fesci. Quant aux résidences, nous leur demandons de la patience, nous sommes en contact avec notre tutelle pour que les choses se passent bien. Parce que nous voulons aller à l`école et sauver l`année scolaire et universitaire.

Beaucoup de jeunes patriotes sont sortis du pays, certainement par peur de représailles. Pourquoi n`avez-vous pas bougé ?
Je ne savais pas pourquoi il fallait sortir. Je me disais qu`à l`extérieur, je ne pouvais pas me sentir à l`aise. Et puis, si je me retrouvais loin, je risquais de mettre la vie de tous les élèves et étudiants en danger. Parce qu`en sortant du pays, on pouvait nous taxer de beaucoup de choses. Il fallait rester et dire, aujourd`hui il y a un nouveau président, nous l`accompagnons dans sa vision. Et puis, il faut reconstruire la Côte d`Ivoire. Nous sommes là aussi pour préparer la réconciliation.

Etes-vous en contact avec les autres leaders (Blé Goudé, Dibopieu, Koffi Serge) ?
Je ne suis pas en contact avec eux.

Vous n`avez pas de leur nouvelle ?
Pas du tout.

Un message pour votre tutelle ?
Il faut sauver l`année scolaire. C`est très important. C`est pourquoi, je voudrais saluer Mme Kandia Camara qui prend toutes les dispositions pour sauver l`année. J`appelle tous les élèves et étudiants qui ont encore peur, de ne pas avoir peur. Je leur demande de revenir et de reprendre le chemin de l`école. Parce qu`en indiquant la date de la rentrée, Madame le ministre a pris toutes les dispositions sécuritaires. Donc, je voudrais les rassurer. Sortez de vos cachettes et venez à l`école.
Interview réalisée par JULES CLAVER AKA
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