Un mois après l’arrestation de Laurent Gbagbo, la ferveur est retombée à l’hôtel du Golf. Fini le ballet des partisans et courtisans du nouveau chef de l’Etat. C’est du moins ce que nous avons constaté samedi 7 mai dernier. Durant toute la journée, le hall est resté quasiment vide. Les quelques personnes qui s’y attardent ont l’impression d’être encombrantes. Pour un week-end et à seulement quelques semaines de la prise de pouvoir effective par Alassane Ouattara, nous nous attendions à voir circuler dans le hall, des postulants aux postes, Cv sous les aisselles. Mais rien. Tout au long de la journée, aucun membre du gouvernement, aucun membre du personnel de la présidence ou de l’entourage d’Alassane Ouattara n’a été aperçu dans le hall, comme c’était le cas plusieurs jours après l’arrestation de l’ancien chef de l’Etat. Preuve que le vide se fait progressivement à l’hôtel du Golf. Bien des ministres, nous apprendra-t-on, ont regagné leurs domiciles. Le chef de l’Etat est lui aussi retourné à sa résidence mitoyenne à l’hôtel. Le président du Pdci, Henri Konan Bédié, s’est éloigné lui aussi des conditions de vie austères du Golf à la faveur de la fête de Pâques. Il séjourne depuis dans sa ville natale de Daoukro. L’établissement hôtelier s’est également vidé de plusieurs militaires et autres combattants qui avaient assiégé les lieux depuis la bataille d’Abidjan. Certes, on y voit encore des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire(Frci), mais plus en nombre impressionnant comme il y a deux semaines. Sont davantage visibles les casques bleus et leurs casernes de fortune, qui rappellent bien des bidonvilles d’Abidjan. Mais aussi ces vendeuses de sucrerie, sachets d’eau, banane douce…, qui occupent encore l’entrée du Golf, donnant de la devanture un aspect de marché gouro. On voit également aller et venir des agents de la Rti, dont les activités sont momentanément délocalisées au Golf où sont logées la radio et la télévision ( TCI, télé Côte d’Ivoire), tenant lieu de médias publics. Ne passent pas non plus inaperçus les chefs de guerre. Samedi dernier, trois d’entre eux ont fait leur apparition dans le hall : le mythique Koné Zackaria, en tenue militaire plutôt sobre, sans son traditionnel bonnet et son gilet pare-balles mystique ; Morou Ouattara, en treillis fringant, portable scotché à l’oreille et flanqué de ses gardes du corps ; Hervé Touré, dit Vetcho, lui aussi marqué à la culotte par sa garde rapprochée. Ils restent une des rares attractions de l’hôtel. On se presse de leur serrer chaleureusement la main, pour ceux qui peuvent les approcher. Un autre « commandant », moins connu, fait filmer, avec une caméra, son déplacement par un de ses éléments. Difficile de ne pas attirer les regards avec un tel « faro » digne d’un Dj. Le nouveau visage du Golf, c’est aussi le fait de ne plus voir passer de temps à autre les « prisonniers Vip » que sont ces personnalités de l’ex-parti au pouvoir, qui y ont été détenues depuis leur arrestation. Durant toute la journée, pas un n’a été aperçu transitant par le hall pour aller aux toilettes, comme par le passé. Ce qui confirme l’information selon laquelle ils ont été transférés à l’intérieur du pays. On n’a pas non plus de trace des miliciens et mercenaires libériens arrêtés sur le front à Yopougon. Ils seraient gardés dans une caserne.
Assane NIADA
Photo : Image de l’hôtel du Golf
Légende : L’hôtel du Golf reprend peu à peu ses droits
Assane NIADA
Photo : Image de l’hôtel du Golf
Légende : L’hôtel du Golf reprend peu à peu ses droits