“De nombreux journaux sont encore absents des kiosques. Pour des raisons de sécurité mais aussi du fait du matériel saccagé lors des évènements post-électoraux. Dans cette interview, Guillaume Gbato, Secrétaire général du Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d'Ivoire (Synapp-ci) appelle à aider ces entreprises à revenir sur le marché. Il interpelle surtout le Fonds de soutien et de développement de la presse (Fsdp) à jouer son rôle en attendant que l'Etat n'intervienne.
Guillaume Gbato, vous êtes le Secrétaire général du Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d'Ivoire (Synapp-ci). Alors comment se porte la presse dans son ensemble après cette crise?
Je pense qu'à l'occasion de la journée de la liberté de la presse qui a été célébrée dans notre pays comme dans le monde entier, le 03 mai dernier, toutes les organisations professionnelles du secteur des médias en Côte d'Ivoire y compris notre syndicat, avons fait une déclaration pour constater que la crise a frappé durement le secteur des médias et particulièrement la presse privée écrite. Mais aussi les deux (02) médias d'Etat que sont la RTI et Fraternité Matin. Si du côté de ces médias publics, des efforts sont faits aujourd'hui pour leur permettre de reprendre, beaucoup d'entreprises de presse privées restent encore fermées. Les organisations professionnelles dans une démarche collective, ont fait une déclaration que le Synapp-ci soutient et ont lancé un appel en direction des journalistes, en direction des autorités notamment au président de la République et au Premier ministre et en direction du public pour que chacun joue sa partition et permette aujourd'hui le retour de tous les titres dans les kiosques.
Mais ce n'est pas encore le cas. Il se trouve que les journaux de l'opposition malgré ces appels sont encore absents dans les kiosques. Qu'est-ce qui bloque ce retour selon vous ?
En tant que responsable de syndicat, nous avons discuté avec les responsables de ces entreprises. Les concernés évoquent deux (02) problèmes majeurs. D'abord le problème de sécurité. Aujourd'hui, bien qu'il n'y ait pas d'interdiction formelle de parution, les uns et les autres ne se sentent pas en sécurité. C'est le premier problème qu'ils ont posé. Le second problème, pour certaines entreprises, les locaux sont occupés par des hommes armés, des éléments de Frci. Je ne peux pas dire formellement puisqu'on n'a pas de documents officiels. Mais certaines entreprises sont occupées par des hommes en arme. Cette situation renforce le sentiment d'insécurité. L'autre aspect qui est l'aspect technique, beaucoup d'entreprises ont perdu jusqu'au plus petit matériel pour pouvoir mettre en route une entreprise. Je parle de tout ce qui concerne la mémoire administrative. Il y a tout cela à reconstituer. Mais la plus grosse préoccupation est la question de la sécurité. Et dans les discussions que nous avons, des efforts sont faits pour encourager les uns et les autres à essayer de transcender ces questions pour voir dans quelle mesure, ces journaux peuvent réapparaître dans un bref délai. Bien entendu, en ayant un certain nombre de garantie mais aussi en prenant aussi des engagements pour contribuer à l'apaisement général que tout le monde souhaite en ce moment. Il faut ajouter à tout cela des problèmes financiers parce que le matériel coûte cher. Il faut donc analyser ces problèmes au plus haut niveau, nous sommes en contact avec tous les responsables des organisations professionnelles et des structures de régulation, notamment le Cnp. Le président Eugène Kacou fait beaucoup pour nous. Je voudrais profiter pour remercier tous les aînés, le président Eugène Kacou, le président Kébé Yacouba, le président Koné Samba, tous ces anciens qui se sont mobilisés autour de leurs jeunes frères pour permettre qu'un dialogue soit établi et faciliter le retour de ces journaux.
Les problèmes que vous évoquez sont extrêmement importants et donc il faut absolument un soutien fort pour espérer le retour des journaux en question.
Le soutien est de plusieurs ordres. Il est d'abord moral. Ces journaux bénéficient du soutien de l'ensemble des professionnels du secteur. Ensuite, il y a un soutien matériel. Il va falloir que de bonnes volontés puissent aider les journalistes qui ont tout perdu. Mais aussi que l'Etat de Côte d'Ivoire puisse voir comment aider ces entreprises de presse. Ce sont des entreprises qui participent à l'économie nationale. Un journal nourrit ses propres travailleurs, ceux qui les distribuent en profitent, ceux qui font la publicité en profitent. De façon directe, des gens sont liés à l'entreprise mais de façon indirecte, si on prend les imprimeurs, c'est un manque à gagner pour eux, les distributeurs tout comme les publicitaires. C'est toute une chaîne et donc les entreprises de presse participent à la relance économique. C'est cela que nous expliquons pour dire aux uns et aux autres que nous avons besoin de ces entreprises de presse en tant que facteur de propagation d'idée et d'équilibre dans la démocratie mais nous avons besoin de ces entreprises de presse en tant qu'entreprise. Il faut donc que tout le monde comprenne qu'il y a des efforts à faire de part et d'autre pour ne pas que des gens se retrouvent au chômage. Je prends une entreprise comme "Notre voie" que je connais bien qui emploie plus de cent (100) personnes. Je veux dire imprimerie, rédaction. Il faut donc qu'on fasse un effort pour que cette aide vienne de tout le monde. Le public doit être tolérant, les autorités doivent faire des efforts pour garantir la sécurité des travailleurs sur les lieux de travail. Les promoteurs de presse eux-mêmes doivent faire un effort pour aménager un environnement éditorial apaisé. Les structures de régulation, chacune doit jouer sa partition.
Cette aide dont vous parlez doit venir en premier lieu du Fonds de soutien et de développement de la presse (Fsdp). Ce n'est pas votre avis ? Est-ce que vous avez pris attache avec cette structure ?
Parmi les aînés que j'ai remerciés pour leurs appuis constants, figure le président Kébé qui est le président du conseil de gestion du Fsdp. Le président Kébé est, je crois, très informé de cette situation. Mais je pense que la direction exécutive du fonds doit faire un certain nombre d'effort. Le conseil de gestion, est une structure de conception et d'orientation. Mais la direction exécutive doit faire un certain nombre d'effort. Parce que le fonds aujourd'hui doit justifier son existence. En période de crise extrême comme celle que nous vivons, c'est au fonds de donner l'exemple. J'ai lu dans la presse que la directrice exécutive Mme N'guessan a évoqué un certain nombre de difficultés qui sont compréhensibles et peut-être réelles. Mais en même temps, j'ai envie de dire qu'il appartient au fonds de donner du signal. Parlant de signal, je ne veux pas rentrer dans trop de formalismes au risque de décevoir un peu.
Dans cette même presse à laquelle vous faites allusion, Mme N'guessan Bernise n'a pas manqué d'indiquer que le coffre-fort du Fsdp a été éventré. C'est une réponse qu'elle vous donne parlant de difficultés.
Oui, c'est vrai que Mme N'guessan en a parlé. Mais tous les appuis qui avaient été annoncés et décidés, je ne crois pas qu'ils étaient dans le coffrefort. Encore que pour le moment, on ne nous a pas dit combien d'argent dont dispose le fonds dans ce coffre. Mais ce n'est pas cela le problème. A supposer que le coffre-fort ait été éventré, ce qui reste, il faut que quelque chose reste, il faut que quelque chose soit fait urgemment pour les entreprises de presse. Mais aussi pour les organisations professionnelles. Il y a des subventions qui ont été décidées depuis septembre 2010 pour l'année 2010. Nous sommes en mai 2011, c'est-à-dire, il nous reste trois (03) mois pour atteindre septembre 2011. Et jusqu'à présent, ces subventions n'ont pas été données.
Quelles en sont les raisons ?
Mme N'guessan a évoqué la campagne électorale, la crise, mais je dis que tout se normalise maintenant et donc chacun doit jouer son rôle. Le fonds aujourd'hui est le résultat d'une lutte, d'un combat de tout le secteur pour appuyer le secteur de la presse. En attendant que l'Etat, le gouvernement décident d'autres octrois, il faut que le fonds agisse avec promptitude puisque si on reste dans les procédures, de trop longues procédures, je crains que les acteurs de la presse pense que le fonds n'a pas joué son rôle.
Mme N'guessan Bernise vous répond encore que le fonds est entrain d'évaluer les préjudices et après il va soumettre le dossier au conseil de gestion qui lui avisera. Et à la fin, c'est l'Etat de Côte d'Ivoire qui devra dégager les moyens. Un langage clair qui explique que le fonds n'a pas d'argent pour les entreprises de presse qui en ont besoin. Est-ce que ce message ne vous inquiète pas ?
C'est très inquiétant. C'est vrai, le fonds est un démembrement de l'Etat mais en même temps, ce qui avait été fait comme appui, nous savons que des efforts avaient été faits avant la crise. Ce que nous demandons au fonds notamment à la directrice exécutive, c'est qu'on rentre en possession de ce qui est là. Aujourd'hui, pour évaluer un préjudice, on n'a pas besoin de deux (02) semaines. Il suffit de convoquer les différents responsables des entreprises qui font un état des lieux. Le conseil de gestion peut se réunir de façon express et décider vu l'urgence. Je crois que cette situation appelle chacun des acteurs à jouer à fond sa partition. Les organisations professionnelles dans leur ensemble avaient demandé dans la déclaration que le plan d'urgence soit élargi à la presse. Mais en attendant, il faut que dans l'urgence, le fonds règle les questions des appuis décidés en 2010, mais aussi prenne le taureau par les cornes et soit devant pour que les autres suivent. Mais si le fonds attend comme tout le monde, je crains qu'il n'y ait pas de déclic. Mme N'guessan Bernise parle de budget. Mais un budget, c'est une question d'affectation. Aujourd'hui, on ne demande pas au fonds de recréer les entreprises. Ce n'est pas cela. On demande au fonds de faire le minimum.
C'est-à-dire ?
C'est-à-dire de donner du matériel, des ordinateurs, des imprimantes. Des dépenses peuvent aller de deux (02) à trois (03) millions. Pour une entreprise qui n'a plus rien, si on lui offre deux (02) à trois (03) ordinateurs plus une flacheuse et une imprimante, on lui aurait permis au moins de faire quelque chose. Si on peut l'aider à signer un contrat avec un imprimeur en servant de garantie, ce sont des gestes qui peuvent être faits sans argent. Tous les appuis ne sont pas forcément financiers. Il faut qu'on commence la réflexion en ne se mettant pas des blocages. Le rôle du fonds est très important. Aujourd'hui, le secteur de la presse est sinistré et il a besoin du fonds et nous appelons rapidement une concertation entre le fonds, les organisations professionnelles et les entreprises pour rapidement faire l'état des lieux, indiquer les voies et sortir des procédures administratives qui peuvent nous être préjudiciables.
En attendant, est-ce que vous avez un message à lancer à tous les acteurs de la presse en cette période de réconciliation?
Aujourd'hui, notre pays a suffisamment souffert. Chacun doit mettre de l'eau dans son vin et être tolérant pour que les journaux puissent jouer leur rôle de régulateur d'opinion mais aussi, d'entreprise. En ce qui concerne les journalistes, il faut que chacun apporte quelque chose pour ramener la sécurité dans le secteur. Au niveau des autorités, nous souhaitons des discussions pour que les problèmes posés soient solutionnés.
Interview réalisée par Djè KM
Guillaume Gbato, vous êtes le Secrétaire général du Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d'Ivoire (Synapp-ci). Alors comment se porte la presse dans son ensemble après cette crise?
Je pense qu'à l'occasion de la journée de la liberté de la presse qui a été célébrée dans notre pays comme dans le monde entier, le 03 mai dernier, toutes les organisations professionnelles du secteur des médias en Côte d'Ivoire y compris notre syndicat, avons fait une déclaration pour constater que la crise a frappé durement le secteur des médias et particulièrement la presse privée écrite. Mais aussi les deux (02) médias d'Etat que sont la RTI et Fraternité Matin. Si du côté de ces médias publics, des efforts sont faits aujourd'hui pour leur permettre de reprendre, beaucoup d'entreprises de presse privées restent encore fermées. Les organisations professionnelles dans une démarche collective, ont fait une déclaration que le Synapp-ci soutient et ont lancé un appel en direction des journalistes, en direction des autorités notamment au président de la République et au Premier ministre et en direction du public pour que chacun joue sa partition et permette aujourd'hui le retour de tous les titres dans les kiosques.
Mais ce n'est pas encore le cas. Il se trouve que les journaux de l'opposition malgré ces appels sont encore absents dans les kiosques. Qu'est-ce qui bloque ce retour selon vous ?
En tant que responsable de syndicat, nous avons discuté avec les responsables de ces entreprises. Les concernés évoquent deux (02) problèmes majeurs. D'abord le problème de sécurité. Aujourd'hui, bien qu'il n'y ait pas d'interdiction formelle de parution, les uns et les autres ne se sentent pas en sécurité. C'est le premier problème qu'ils ont posé. Le second problème, pour certaines entreprises, les locaux sont occupés par des hommes armés, des éléments de Frci. Je ne peux pas dire formellement puisqu'on n'a pas de documents officiels. Mais certaines entreprises sont occupées par des hommes en arme. Cette situation renforce le sentiment d'insécurité. L'autre aspect qui est l'aspect technique, beaucoup d'entreprises ont perdu jusqu'au plus petit matériel pour pouvoir mettre en route une entreprise. Je parle de tout ce qui concerne la mémoire administrative. Il y a tout cela à reconstituer. Mais la plus grosse préoccupation est la question de la sécurité. Et dans les discussions que nous avons, des efforts sont faits pour encourager les uns et les autres à essayer de transcender ces questions pour voir dans quelle mesure, ces journaux peuvent réapparaître dans un bref délai. Bien entendu, en ayant un certain nombre de garantie mais aussi en prenant aussi des engagements pour contribuer à l'apaisement général que tout le monde souhaite en ce moment. Il faut ajouter à tout cela des problèmes financiers parce que le matériel coûte cher. Il faut donc analyser ces problèmes au plus haut niveau, nous sommes en contact avec tous les responsables des organisations professionnelles et des structures de régulation, notamment le Cnp. Le président Eugène Kacou fait beaucoup pour nous. Je voudrais profiter pour remercier tous les aînés, le président Eugène Kacou, le président Kébé Yacouba, le président Koné Samba, tous ces anciens qui se sont mobilisés autour de leurs jeunes frères pour permettre qu'un dialogue soit établi et faciliter le retour de ces journaux.
Les problèmes que vous évoquez sont extrêmement importants et donc il faut absolument un soutien fort pour espérer le retour des journaux en question.
Le soutien est de plusieurs ordres. Il est d'abord moral. Ces journaux bénéficient du soutien de l'ensemble des professionnels du secteur. Ensuite, il y a un soutien matériel. Il va falloir que de bonnes volontés puissent aider les journalistes qui ont tout perdu. Mais aussi que l'Etat de Côte d'Ivoire puisse voir comment aider ces entreprises de presse. Ce sont des entreprises qui participent à l'économie nationale. Un journal nourrit ses propres travailleurs, ceux qui les distribuent en profitent, ceux qui font la publicité en profitent. De façon directe, des gens sont liés à l'entreprise mais de façon indirecte, si on prend les imprimeurs, c'est un manque à gagner pour eux, les distributeurs tout comme les publicitaires. C'est toute une chaîne et donc les entreprises de presse participent à la relance économique. C'est cela que nous expliquons pour dire aux uns et aux autres que nous avons besoin de ces entreprises de presse en tant que facteur de propagation d'idée et d'équilibre dans la démocratie mais nous avons besoin de ces entreprises de presse en tant qu'entreprise. Il faut donc que tout le monde comprenne qu'il y a des efforts à faire de part et d'autre pour ne pas que des gens se retrouvent au chômage. Je prends une entreprise comme "Notre voie" que je connais bien qui emploie plus de cent (100) personnes. Je veux dire imprimerie, rédaction. Il faut donc qu'on fasse un effort pour que cette aide vienne de tout le monde. Le public doit être tolérant, les autorités doivent faire des efforts pour garantir la sécurité des travailleurs sur les lieux de travail. Les promoteurs de presse eux-mêmes doivent faire un effort pour aménager un environnement éditorial apaisé. Les structures de régulation, chacune doit jouer sa partition.
Cette aide dont vous parlez doit venir en premier lieu du Fonds de soutien et de développement de la presse (Fsdp). Ce n'est pas votre avis ? Est-ce que vous avez pris attache avec cette structure ?
Parmi les aînés que j'ai remerciés pour leurs appuis constants, figure le président Kébé qui est le président du conseil de gestion du Fsdp. Le président Kébé est, je crois, très informé de cette situation. Mais je pense que la direction exécutive du fonds doit faire un certain nombre d'effort. Le conseil de gestion, est une structure de conception et d'orientation. Mais la direction exécutive doit faire un certain nombre d'effort. Parce que le fonds aujourd'hui doit justifier son existence. En période de crise extrême comme celle que nous vivons, c'est au fonds de donner l'exemple. J'ai lu dans la presse que la directrice exécutive Mme N'guessan a évoqué un certain nombre de difficultés qui sont compréhensibles et peut-être réelles. Mais en même temps, j'ai envie de dire qu'il appartient au fonds de donner du signal. Parlant de signal, je ne veux pas rentrer dans trop de formalismes au risque de décevoir un peu.
Dans cette même presse à laquelle vous faites allusion, Mme N'guessan Bernise n'a pas manqué d'indiquer que le coffre-fort du Fsdp a été éventré. C'est une réponse qu'elle vous donne parlant de difficultés.
Oui, c'est vrai que Mme N'guessan en a parlé. Mais tous les appuis qui avaient été annoncés et décidés, je ne crois pas qu'ils étaient dans le coffrefort. Encore que pour le moment, on ne nous a pas dit combien d'argent dont dispose le fonds dans ce coffre. Mais ce n'est pas cela le problème. A supposer que le coffre-fort ait été éventré, ce qui reste, il faut que quelque chose reste, il faut que quelque chose soit fait urgemment pour les entreprises de presse. Mais aussi pour les organisations professionnelles. Il y a des subventions qui ont été décidées depuis septembre 2010 pour l'année 2010. Nous sommes en mai 2011, c'est-à-dire, il nous reste trois (03) mois pour atteindre septembre 2011. Et jusqu'à présent, ces subventions n'ont pas été données.
Quelles en sont les raisons ?
Mme N'guessan a évoqué la campagne électorale, la crise, mais je dis que tout se normalise maintenant et donc chacun doit jouer son rôle. Le fonds aujourd'hui est le résultat d'une lutte, d'un combat de tout le secteur pour appuyer le secteur de la presse. En attendant que l'Etat, le gouvernement décident d'autres octrois, il faut que le fonds agisse avec promptitude puisque si on reste dans les procédures, de trop longues procédures, je crains que les acteurs de la presse pense que le fonds n'a pas joué son rôle.
Mme N'guessan Bernise vous répond encore que le fonds est entrain d'évaluer les préjudices et après il va soumettre le dossier au conseil de gestion qui lui avisera. Et à la fin, c'est l'Etat de Côte d'Ivoire qui devra dégager les moyens. Un langage clair qui explique que le fonds n'a pas d'argent pour les entreprises de presse qui en ont besoin. Est-ce que ce message ne vous inquiète pas ?
C'est très inquiétant. C'est vrai, le fonds est un démembrement de l'Etat mais en même temps, ce qui avait été fait comme appui, nous savons que des efforts avaient été faits avant la crise. Ce que nous demandons au fonds notamment à la directrice exécutive, c'est qu'on rentre en possession de ce qui est là. Aujourd'hui, pour évaluer un préjudice, on n'a pas besoin de deux (02) semaines. Il suffit de convoquer les différents responsables des entreprises qui font un état des lieux. Le conseil de gestion peut se réunir de façon express et décider vu l'urgence. Je crois que cette situation appelle chacun des acteurs à jouer à fond sa partition. Les organisations professionnelles dans leur ensemble avaient demandé dans la déclaration que le plan d'urgence soit élargi à la presse. Mais en attendant, il faut que dans l'urgence, le fonds règle les questions des appuis décidés en 2010, mais aussi prenne le taureau par les cornes et soit devant pour que les autres suivent. Mais si le fonds attend comme tout le monde, je crains qu'il n'y ait pas de déclic. Mme N'guessan Bernise parle de budget. Mais un budget, c'est une question d'affectation. Aujourd'hui, on ne demande pas au fonds de recréer les entreprises. Ce n'est pas cela. On demande au fonds de faire le minimum.
C'est-à-dire ?
C'est-à-dire de donner du matériel, des ordinateurs, des imprimantes. Des dépenses peuvent aller de deux (02) à trois (03) millions. Pour une entreprise qui n'a plus rien, si on lui offre deux (02) à trois (03) ordinateurs plus une flacheuse et une imprimante, on lui aurait permis au moins de faire quelque chose. Si on peut l'aider à signer un contrat avec un imprimeur en servant de garantie, ce sont des gestes qui peuvent être faits sans argent. Tous les appuis ne sont pas forcément financiers. Il faut qu'on commence la réflexion en ne se mettant pas des blocages. Le rôle du fonds est très important. Aujourd'hui, le secteur de la presse est sinistré et il a besoin du fonds et nous appelons rapidement une concertation entre le fonds, les organisations professionnelles et les entreprises pour rapidement faire l'état des lieux, indiquer les voies et sortir des procédures administratives qui peuvent nous être préjudiciables.
En attendant, est-ce que vous avez un message à lancer à tous les acteurs de la presse en cette période de réconciliation?
Aujourd'hui, notre pays a suffisamment souffert. Chacun doit mettre de l'eau dans son vin et être tolérant pour que les journaux puissent jouer leur rôle de régulateur d'opinion mais aussi, d'entreprise. En ce qui concerne les journalistes, il faut que chacun apporte quelque chose pour ramener la sécurité dans le secteur. Au niveau des autorités, nous souhaitons des discussions pour que les problèmes posés soient solutionnés.
Interview réalisée par Djè KM