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Politique Publié le vendredi 13 mai 2011 | Le Nouveau Réveil

Kouadio Konan Bertin (président de la Jpdci) : “Nous allons en Ag pour mettre de l’ordre au sein de la Jpdci”

© Le Nouveau Réveil Par Prisca
Réunion de crise du Pdci-Rda sous haute tension: Le Bureau politique dit non à un congrès extraordinaire et à une nouvelle candidature à la présidentielle
Mercredi 14 juillet 2010. Abidjan, Maison du parti, à Cocody. La réunion du Bureau politique se tient sous très haute tension. Photo: Kouadio Konan Bertin (KKB), président des jeunes du PDCI-RDA
Kouadio Konan Bertin, président national de la Jpdci était hier dans nos locaux pour éclairer ses militants sur la tenue de l’assemblée générale extraordinaire de la Jpdci. Au cours de cet entretien, KKB passe en revue l’actualité nationale.

Avant l'Assemblée générale extraordinaire de la Jpdci, peut-on savoir la quintessence de ces échanges avec le président du parti ?
Je voudrais, avant tout propos, renouveler mes sentiments les plus sincères envers le président Bédié. J'ai appris à le côtoyer, à la suite du coup d'Etat de 99 quand tous ses amis l'avaient abandonné et qu'il avait même été mis en congé du Pdci-Rda. Depuis bientôt 11 ans, j'ai côtoyé l'homme de façon continue et à aucun moment, le doute ne ma habité. J'ai toujours cru en lui et je crois en lui. Il m'a pris comme un fils. Les rapports que nous avons eus jusqu'à présent, ont été placés sous cet angle au point où je peux penser qu'entre M. Bédié et moi, c'est moins de la politique qu'une vie de père à fils. C'est dans ces conditions-là qu'il m'a apporté assistance quand mes bobos sont survenus au Golf hôtel. C'est lui qui m'a accompagné auprès du président Ouattara et tous les deux se sont mis ensemble pour m'envoyer me faire soigner dans un des hôpitaux les plus prestigieux du monde, l'hôpital américain de Paris.
Quand on a bénéficié de ses grands soins, on ne peut qu'être reconnaissant. C'était donc un devoir pour moi, revenu à Abidjan, d'aller lui dire que je me porte bien grâce à lui.
Les médecins se sont bien occupés de moi et il me retrouve en bonne santé. J'ai donc été lui dire merci avant d’aller très prochainment exprimer ma gratitude au président Ouattara.
C'est donc essentiellement de cela que nous avons parlé avec le président Bédié. Je lui ai aussi suggéré que je souhaitais tenir l'assemblée générale avec les jeunes du Pdci pour mettre un peu d'ordre, car vous savez qu'en mon absence, il y a eu beaucoup de remue-ménage.
Les derniers instants de M. Gbagbo qui avait tenté de déstabiliser le Pdci en interne ont semé le flou dans l'esprit de nos militants et des jeunes en particulier. Il est donc bon de recadrer les choses, remettre les gens en ordre de bataille pour les préparer à affronter les défis futurs.

Vous êtes allé voir le président Bédié, mais n'avez-vous pas évoqué la question de la mise en place du gouvernement qui doit se faire après le 21 mai ?
Ce qui fait la différence entre nos militants et certains, c'est que quand on marche avec quelqu'un, on apprend à le connaître.
J'ai appris à connaître modestement M. Henri Konan Bédié et nous appartenons à la même culture politique. M. Bédié a tout hérité d'Houphouët-Boigny, mais il n'est jamais allé lui demander quoi que ce soit. Il a été fait ministre sans qu'il ne soit obligé lui-même de forcer la main à Houphouët. Il a été également fait successeur sans qu'il l'ait demandé. Il est le président du Pdci-Rda. Il connaît tout le monde, il connaît ses soldats, leur compétence. Il sait qui fait quoi pour le parti et qui peut faire quoi. Il sait les critères qui vont prévaloir pour nommer x ou y.
En ce moment précis, je pense qu'il a besoin d'un peu de quiétude, de concentration, pour faire de bons choix. Pour la survie de notre parti. Il ne m'appartient pas, en ces temps précis, d'aller déranger le président. Sur ces questions-là, je pense qu'il y a des gens compétents et nous devons leur faire confiance.
Je le dis aux jeunes, le jour je verrai M. Bédié et je lui dirai, donnez-moi telle chose, cela va signifier que je n'ai plus confiance en lui.

De quoi sera-t-il question lors des assises de l'assemblée générale ?
Du premier tour des élections au 2e tour et après la crise qui s'en est suivie, nous ne nous sommes plus retrouvés. Il a été question un moment donné d'Atsé Jean Claude, il y a eu un moment un remue-ménage qui a semé le doute dans l'esprit des jeunes militants.
Il est important que nous nous retrouvions dans un premier temps pour rassurer les jeunes que le Pdci se porte encore bien autour d'Henri Konan Bédié.
C'est vrai, nous avons perdu le 1er tour des élections mais nous avons gagné par le Rhdp. Comment allons-nous aux législatives ? C'est la question qui mérite d'être traitée. Nous savons que les jeunes constituent toujours le fer de lance et une bonne partie de l'électorat. C'est pourquoi, nous devons, dès maintenant les prendre en main. Tout n'est pas le fait du président Ouattara. Il faut lui donner une majorité confortable à l'Assemblée nationale pour qu'il puisse gouverner. Ce n'est pas après qu'il faut le faire, c'est dès maintenant. Vous voyez bien que pendant que certains courent après des postes, d'autres travaillent pour préparer demain.
Il va falloir ensuite rassurer les jeunes sur toutes les petites questions qui peuvent semer le doute dans leur esprit et le président Bédié a trouvé que c'était une bonne occasion. Il a donc souhaité et proposé que nous puissions reporter l'Ag pour la tenir après l'investiture du président de la République. Il se pourrait même que M. Bédié soit avec nous à cette occasion parce que n'oubliez pas, nous cherchons une bonne opportunité pour magnifier notre leader, pour rendre hommage à M. Henri Konan Bédié, homme d'Etat, homme de pardon, homme de vision.

On vous a vu battre le pavé en tant que militant de l'opposition. Vous êtes militant d'un rassemblement aujourd'hui au pouvoir. Est-ce qu'il y aura un changement de stratégies ou d'orientations dans la façon de mener vos actions sur le terrain ?
Bien sûr ! Tout dépendra des positions qu'on occupera les uns et les autres, mais quand on gagne un pouvoir, c'est pour gouverner. Il ne faut pas que l'on fasse comme M. Gbagbo. On est opposant à vie. Dans l'opposition, on est opposant, arrivé au pouvoir, on se trouve une opposition forcément. Gbagbo s'est opposé jusqu'à ce qu'il quitte le pouvoir.
M. Alassane Ouattara hérite d'une Côte d'Ivoire défigurée. La Côte d'Ivoire doit être reconstruite. Je pense que si les jeunes ont un peu d'énergie à revendre, il faut qu'ils la mettent au service de la construction de la Côte d'Ivoire.
Je pense qu'il y a de grands chantiers qu'il faut explorer telles que la réconciliation nationale qui doit déboucher sur la paix sociale parce que nous avons besoin de paix et de cohésion sociale.
N'oubliez pas que le président Félix Houphouët-Boigny a rêvé de bâtir durant toute sa vie, une nation. La nation fait appel au rejet de l'appartenance ethnique pour ne considérer que l'appartenance à une même nation.
Avec le passage de M. Gbagbo, nous sommes tombés dans le tribalisme. Il faut tout reprendre à zéro.
Je disais aux uns et aux autres, nous proches du pouvoir plus que quiconque avons le devoir de disposer nos cœurs au pardon, d'oublier ce qu'on a vécu hier, sans toutefois regarder dans le rétroviseur parce que pour que le président de la République puisse rebâtir la Côte d'Ivoire, il aura besoin d'une paix intérieure, ce qui suppose que nous puissions renégocier la cohésion sociale, pardonner aux uns et aux autres.
C'est un travail immense qui est à faire. Une fois que nous aurons réussi cela, il faudra remettre les Ivoiriens au travail.
Tous les secteurs en Côte d'Ivoire sont dans l'abîme. Il faut donc reconstruire l'Ivoirien nouveau, dans une certaine rigueur. Par exemple à l'école primaire jusqu'à l'université, il faut que les gens soient rééduqués. Il y a beaucoup de choses à faire et je crois que si nous avons de l'énergie. C'est bien dans ces domaines-là qu'il faut travailler que de chercher plutôt à faire la politique politicienne.

C'est un nouveau type de citoyen qui va émerger. Ce ne sera pas le patriotisme à la Blé Goudé tel que nous l'avons connu qui a semé la division.
Je retiens une chose dans la vie : tout excès nuit. Il faut garder la mesure dans tout ce que l'on fait. En tout cas, je ne vais pas être le Blé Goudé de Gbagbo auprès d'Alassane Ouattara. Si je dois faire quelque chose, c'est de faire en sorte que l'apport auprès de M. Ouattara fasse avancer.
Si vous allez à l'école convenablement, sans casser, sans brûler, vous ne trichez pas, vous êtes déjà patriotes.
Si vous partez au travail pour chercher à gagner votre pain à la sueur de votre front, à la fin du mois, vous êtes patriotes.
Si vous aimez votre pays, vous êtes déjà patriotes. Il ne sert à rien d'aller inventer un nouveau type de patriotisme encore.

Vous parlez de réconciliation, mais avez-vous des nouvelles de vos frères qui étaient au pouvoir hier, parlant de Blé Goudé, Damana Pickass, Konaté Navigué ?
Quel est le message que vous voulez leur porter par rapport à l'environnement dans lequel nous sommes ?
Pendant longtemps au Pdci-Rda, j'ai été victime de mes relations avec Blé Goudé et les autres. Quelques militants ne comprenaient pas qu'on soit militant au Pdci-Rda et qu'on ait des amis ailleurs.
Malheureusement ou heureusement, sur les bancs des écoles, on noue les amitiés qui s'appellent Soro Guillaume, Blé Goudé, Damana Pickass.
Tous les autres, nous nous sommes connus déjà dans l'adversité déjà sur les campus universitaires. Ils sont ce qu'ils sont et je suis ce que je suis. Mais une démocratie, c'est celle qui privilégie le droit à la différence. On peut être différent sans toutefois être des ennemis. C'est toujours ce que j'ai pensé parce que je ne suis pas un homme politique sectaire. Ce sont les valeurs que m'enseigne le Pdci où j'ai pris mon adhésion. J'ai toujours tendu la main aux uns et autres. Je ne vous cache pas, c'est au nom de ces amitiés que depuis un certain temps, beaucoup frappent à ma porte. Je les accueille. J'en ai parlé au ministre Ahoussou qui en a parlé au président de la République. Il m'a donné le feu vert pour que je les rencontre.
Aux aveux, le président de la Jfpi Konaté Navigué et son bureau, d'ici quelques semaines, les Ivoiriens les verront..
Mais il ne faut pas non plus qu'ils aient peur de le faire. Je suis bien placé pour savoir combien les militants du Rdr ont souffert, combien nos frères du Nord ont été massacrés.
Malheureusement, je leur dis la Côte d'Ivoire n'a pas besoin d'un président qui soit l'homme d'un clan. S'ils veulent que Ouattara soit un grand président pour un grand pays comme la Côte d'Ivoire, il faut l'adhésion de toutes les ethnies de ce pays. Alors, nous devons être les premiers à l'aider dans ce sens. Il est impérieux qu'à la cérémonie de tout à l'heure, où on a honoré la mémoire de ceux qui sont morts, Ouattara n'a pas fait de distinction. Une mort au Pdci, une mort au Fpi ou une mort au Rdr est une mort parce que c'est avant tout la mort d'Ivoirien.
Il a salué la mémoire de tous les morts. C'est un bon signe, c'est un bon début. Il faut continuer à mettre cela en application au sein des vivants, de ceux qui vivent dans la clandestinité et dans la peur. Qu'ils sortent de là. Nous devons les rassurer et leur faire comprendre que notre régime n'est pas un régime de revanchard. C'est un régime où tout le monde pourra évoluer et gagner son pain à la sueur de son front. Si un cadre du Fpi est compétent, le président de la République, dans son gouvernement de large ouverture dont il parle, prendra les compétents qu'il faut pour avancer. Ce n'est pas un régime de terreur. Je les encourage donc à venir l'esprit dégagé et sincère. Nos portes leur sont ouvertes. Un bon militant du Pdci-Rda doit être pénétré de l'esprit de pardon. Nous tendons la main à tous les autres pour créer une harmonie en notre sein. Créons des vibrations positives autour du président de la République pour que notre pays avance et qu'il renoue avec son destin de pays phare de la sous-région.

Deux mots forts resurgissent réconciliation et vérité. On parle même d'une Commission vérité et réconciliation. Il y a une procédure d'action judiciaire enregistrée contre l'ancien régime. Cela semble antinomique et transpirer un certain doute aux yeux de certains quant à leur bonne foi.
Si vous avez bien compris, le poste de M. Banny est Dialogue, Vérité et Réconciliation. Pour aller à la réconciliation, il faut qu'on se parle, que chacun dise sa part de vérité. Mais n'oublions pas non plus que nous sommes dans une République régie par la loi qui repose sur la justice et l'équité. On a besoin de faire la lumière sur ces milliers de morts et de situer les responsabilités. On peut après prendre des mesures politiques mais cela n'exclut pas qu'il faille suivre certaines procédures indispensables.
Les procédures en cours ne sont pas contraires à l'esprit de réconciliation.
Quant M. Ouattara était au second tour avec M. Gbagbo à l'époque, il a dit qu'il fera la lumière sur le coup d'Etat de 99. Bien au contraire, la réconciliation dans le mensonge ne sera pas solide. Il faut qu'on fasse la lumière sur tout ce qu'on a vécu.

La cohésion est-elle renforcée entre vous membre du Rhdp ? Notamment entre Yayoro Karamoko et les autres leaders de jeunesse Rhdp ?
Nos liens sont plus que renforcés. Il y a une certaine complicité entre nous maintenant. Il nous arrive de réfléchir ensemble sur nos destins. Les jeunes sont aussi en droit de revendiquer dans ce changement qui s'opère dans la société, une représentation accrue, on ne peut pas être divisé, on doit être uni.
Le Rjdp est né avant le Rhdp, ce n'est donc pas en si bon chemin que nous allons nous diviser.
Interview réalisé par Patrice Yao et
Akwaba Saint Clair
Coll.: CRA
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