Directeur général de Fraternité Matin, ministre de la Jeunesse et des Sports, Ministre de l'Information, Secrétaire Général du PDCI-RDA, Ministre d'Etat, ministre de la solidarité, Président du Conseil Economique et Social, Laurent Dona-Fologo aura servi tous les régimes de 1970 à 2011. Comme il se surnomme lui-même, en bon Talleyrand, il a toujours su trouver le mot ou la phrase pour entrer et rester dans les bonnes grâces de chaque nouveau pouvoir, tout en reniant son attachement à l'ancien et à toute idéologie. Ainsi, il s'est dit disciple d'Houphouët-Boigny. Après le décès d'Houphouët-Boigny, il dira que " même dans le tombeau, je serai avec le Président Bédié " Quand un coup d'Etat renverse le président Bédié et installe le général Robert Guéi, Fologo dira : " je vais écrire une nouvelle page de la Côte d'Ivoire avec le général Guéi ". A l'avènement de Laurent Gbagbo, Fologo se déclare " le père du sursaut national " et clame à tout vent " Laurent Gbagbo est un combattant de la liberté, il incarne le renouveau de la Côte d'Ivoire ". Sous chaque régime, Fologo se positionne. Après avoir soutenu bec et ongles Laurent Gbagbo contre le RHDP, il est allé faire allégeance au Président Ouattara le 16 avril dernier, soit 5 jours après la chute de Gbagbo. Voici ce qu'il a dit en substance : "… Je suis venu parce que je suis président d'une institution de la République. Hier, deux de mes collègues ont été reçus. Je ne pouvais pas être en marge… Je pense, a-t-il estimé, que l'appel à la réconciliation du président Ouattara doit être reçu 5/5 par toutes les oreilles de Côte d'Ivoire… Même s'il y a eu beaucoup de malentendus entre nous, il faut que nous jouions la carte de la démocratie, la démocratie, ce n'est pas la guerre…Même sur un ring de boxe, le vaincu ensanglanté va embrasser le vainqueur à plus forte raison pour nous qui faisons la politique… Je suis venu saluer le président de la République. Depuis que le président a été installé président, moi je le reconnais en tant que tel. Je dis que la constante de ma vie politique a toujours été la légalité…Comme on peut faire des erreurs et être allé trop loin dans ses positions, je pense que nous devrons dire pardon aux Ivoiriens là où nous avons fauté…J'ai souhaité qu'il réussisse et qu'il résiste. Je souhaite que tous les Ivoiriens donnent leur cœur, vident la haine de leur cœur et donnent leur participation au développement général du pays… Le président m'a dit qu'il comptait sur les bonnes volontés pour servir le pays. J'ai dit que je suis un notable de la république et je suis prêt à jouer le rôle qu'un notable joue… Partout où j'irai, je travaillerai dans le sens de la réconciliation pour qu'on retrouve une vie normale en Côte d'Ivoire ". Hélas, un décret est venu le mettre au repos le vendredi 13 mai dernier, le débarquant de la présidence du Conseil économique et social. De fait, Dona-Fologo doit aller à la retraite, malgré lui. Car, l'on doit comprendre que 41 ans à faire le tour des postes au gré des régimes et des présidents, ça suffit ! Place aux plus jeunes et aux convaincus et convaincants. C'est une retraite pratiquement aux forceps que le Président Ouattara offre ainsi à l'ex-Secrétaire général du PDCI-RDA, président du RPPP et membre du CNRD de Laurent Gbagbo.
Eddy PEHE
Eddy PEHE