Les ex-tenants du pouvoir, dans la tourmente après le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir, sont à l’épreuve de l’opposition. Affaire de coup d’Etat LMP, réconciliation nationale, entrée du FPI au gouvernement… Autant d’interrogations auxquelles Mamadou Koulibaly le Président de l’Assemblée nationale a bien voulu répondre. A travers cette interview, le numéro 2 du Fpi crache ses vérités et dit tout.
Monsieur le président, la presse à Abidjan rapporte de façon persistante que des cadres LMP préparent une opération de déstabilisation depuis l’extérieur, qu’en dites-vous ?
Je ne suis pas au courant d’une telle opération de déstabilisation. Les militants et cadres avec qui je suis en contact ont tous conservé un esprit républicain. Cependant, dans tous les camps, il y a aujourd’hui encore des passions qui s’expriment soit par la peur, soit par l’agressivité. Au Front populaire ivoirien, nous sommes prêts à appuyer le nouveau gouvernement dans sa mission de réconciliation, à condition que celui-ci fasse preuve d’une réelle volonté d’apaisement. Il est impératif que le gouvernement garantisse la sécurité des biens et des personnes, de toutes les personnes, quelles que soient leurs origines, ethnies, religions, opinions politiques, ce qui permettrait aux dizaines de milliers d’Ivoiriens qui sont réfugiés dans les pays voisins de retourner en Côte d’Ivoire pour y vivre en paix.
Vous vous êtes inscrit dans une approche de collaboration avec les nouvelles autorités, quel est le degré d’adhésion des cadres à cette option ?
Tous les cadres avec lesquels j’ai eu l’occasion de discuter sont prêts à apporter leur contribution à la reprise économique et au retour à la normalité en Côte d’Ivoire. Le gouvernement doit travailler à créer le climat de sécurité qui permettra à toutes les bonnes volontés de se déployer pour le bien de la Côte d’Ivoire. Les objectifs du gouvernement et ceux du Front populaire ivoirien s’accordent sur ce point, mais pour qu’on y arrive, il faut qu’on laisse le FPI travailler, qu’on permette à ses militants de se réunir et d’apporter leurs pierres à la reconstruction de la Nation.
Pourquoi, en dehors de quelques partisans FPI/LMP d’Europe et sur Internet, aucun cadre connu de votre parti n’a contrarié vos positions ?
Chaque fois qu’on a pu discuter, on est tombé d’accord. Cela ne me surprend pas qu’il y ait encore des incompréhensions ici et là. Cela signifie simplement qu’il y a encore un travail d’explications à effectuer. D’où l’urgence d’un retour rapide à la normalité en Côte d’Ivoire.
Peut-on estimer que vous assurez l’intérim au FPI jusqu’à nouvel ordre ?
Je suis le troisième vice-président du Front populaire ivoirien, donc numéro quatre dans la hiérarchie du parti. Le président Affi Nguessan, le premier vice-président Aboudrahamane Sangaré et la deuxième vice-présidente Simone Gbagbo sont aujourd’hui malheureusement dans l’incapacité d’assumer leurs fonctions. La responsabilité de diriger le parti m’échoit donc momentanément et j’assume ce rôle. J’entends travailler avec le concours des instances du parti, que je souhaite réunir rapidement, dès que le gouvernement nous donnera l’assurance que nous pouvons le faire sans danger.
Pourquoi n’êtes-vous pas encore allé voir Laurent Gbagbo, Simone, Affi Nguessan ? Est-ce vrai que c’est parce qu’ils ont refusé de vous recevoir, pour éviter de cautionner votre démarche et vous légitimer auprès de la base ?
Je ne sais pas ce qui vous permet de dire cela. Vous savez, nos camarades sont aujourd’hui emprisonnés ou en résidence surveillée, sans droit de visite. Certains n’ont même pas encore eu l’occasion de consulter leurs avocats. J’ai néanmoins pu, au sortir de l’audience que m’a accordée le président Ouattara, obtenir son autorisation pour voir certains d’entre eux, notamment Simone Gbagbo, Aboudrahamane Sangaré, Diabaté Béh, Geneviève Bro Grébé, Jean-Jacques Béchio, Dakoury-Tabley, Dedi Adèle, Michel Gbagbo, etc. alors qu’ils étaient encore emprisonnés à l’Hôtel du Golf. Très récemment, à l’issue de la prestation de serment du chef de l’Etat, j’ai obtenu l’autorisation du ministre de l’Intérieur pour rendre visite aux camarades retenus à la Pergola. Nous n’avons pas oublié Laurent Gbagbo. Dès que l’opportunité se présentera, j’irai le voir.
Vos proches et amis disent que vous n’avez pas attendu l’arrivée de Ouattara ou le départ de Laurent Gbagbo pour marquer votre différence, car vous vous comportiez déjà comme un opposant dans le FPI. Si pour eux, le FPI aurait gagné à vous écouter, les autres estiment par contre que ce sont vos critiques qui ont perdu le parti…
Ce ne sont certainement pas mes proches et mes amis qui vous ont dit que je me comportais «comme un opposant dans le FPI». Le Front populaire ivoirien est une instance éminemment démocratique au sein de laquelle la diversité des opinons est perçue comme une richesse. J’ai eu l’occasion d’exprimer mes points de vue sur certains sujets ou problèmes, comme d’autres ont exprimé les leurs. Cela n’a donc pas pu conduire le parti à sa perte, d’autant moins que le FPI est très loin d’être perdu. Il est là, il est vivant, et il entend jouer entièrement son rôle dans la difficile et très sensible période de sortie de guerre et reconstruction de l’unité du pays dans laquelle nous nous trouvons.
Est-il possible de décider d’entrer au gouvernement et de proposer des cadres, sans avoir réuni le secrétariat général du parti ? Une rencontre ne pourrait-elle pas assurer un débat et une plus large adhésion, de sorte à atténuer les critiques des militants du net ?
Vous allez vite en besogne. Aucune discussion en ce sens n’a eu lieu à ce jour, à ma connaissance. Une décision relative à une éventuelle participation du Front populaire ivoirien à un gouvernement d’union ne peut intervenir qu’après consultation des militants, afin d’éviter que des décisions personnelles ne prennent le pas sur la volonté du parti. Si le FPI participait à un tel gouvernement, il devrait assumer ce qui s’y ferait. Il serait donc impératif que nous soyons d’accord sur les missions assignées à ce gouvernement. Je suis un partisan de l’organisation rapide d’un secrétariat général et d’un comité central extraordinaire, dès que les conditions sécuritaires seront réunies.
Si les autorités ne peuvent, même avec le soutien des forces impartiales, garantir la liberté de réunion, comment cela peut-il rassurer les cadres qui seront nommés ?
Cela serait un vrai problème. Le gouvernement doit mettre tout en œuvre pour que les libertés fondamentales, dont celle de réunion, de tous les Ivoiriens, qu’ils soient au gouvernement ou pas, soient respectées, et que la sécurité de tous ceux qui ont des intérêts en Côte d’Ivoire soit assurée.
Certains au RHDP et autour du Président de la République doutent que le FPI, LMP et vous-même jouiez franc-jeu. A la lumière de l’expérience vécue au sein de l’ancien pouvoir, qu’avez-vous à dire pour les rassurer ?
Tout d’abord, je crois que la responsabilité de rassurer les gens incombe en premier lieu au gouvernement ! Aujourd’hui encore, dix jours après la prestation de serment du président Ouattara, des pillages et des exactions continuent sur tout le territoire ivoirien. Les Ivoiriens sont toujours dans la peur. Nombre d’entre eux sont toujours en exil ou vivent terrés dans les forêts. Tout le monde a donc intérêt à jouer franc-jeu, toute autre chose serait problématique. Il faut pouvoir se faire confiance, c’est primordial. C’est le manque de confiance et de dialogue qui nous a menés à la guerre. Si le président Ouattara ne fait pas confiance aux Ivoiriens, il ne pourra pas y avoir de réconciliation.
Quel est votre agenda personnel Monsieur le Président par intérim du FPI ?
Quant à moi personnellement, je crois que mon passé parle pour moi. J’étais dès le départ contre la guerre. On n’aurait jamais dû aller si loin dans l’abominable. Je ne suis pas un va-t-en guerre. Je suis un homme qui se veut de dialogue et de consensus. Dès le début de la crise postélectorale, j’ai répétitivement appelé toutes les parties au dialogue et à la mesure. Je n’ai malheureusement pas été écouté. Cela va peut-être changer.
Charles Kouassi
Monsieur le président, la presse à Abidjan rapporte de façon persistante que des cadres LMP préparent une opération de déstabilisation depuis l’extérieur, qu’en dites-vous ?
Je ne suis pas au courant d’une telle opération de déstabilisation. Les militants et cadres avec qui je suis en contact ont tous conservé un esprit républicain. Cependant, dans tous les camps, il y a aujourd’hui encore des passions qui s’expriment soit par la peur, soit par l’agressivité. Au Front populaire ivoirien, nous sommes prêts à appuyer le nouveau gouvernement dans sa mission de réconciliation, à condition que celui-ci fasse preuve d’une réelle volonté d’apaisement. Il est impératif que le gouvernement garantisse la sécurité des biens et des personnes, de toutes les personnes, quelles que soient leurs origines, ethnies, religions, opinions politiques, ce qui permettrait aux dizaines de milliers d’Ivoiriens qui sont réfugiés dans les pays voisins de retourner en Côte d’Ivoire pour y vivre en paix.
Vous vous êtes inscrit dans une approche de collaboration avec les nouvelles autorités, quel est le degré d’adhésion des cadres à cette option ?
Tous les cadres avec lesquels j’ai eu l’occasion de discuter sont prêts à apporter leur contribution à la reprise économique et au retour à la normalité en Côte d’Ivoire. Le gouvernement doit travailler à créer le climat de sécurité qui permettra à toutes les bonnes volontés de se déployer pour le bien de la Côte d’Ivoire. Les objectifs du gouvernement et ceux du Front populaire ivoirien s’accordent sur ce point, mais pour qu’on y arrive, il faut qu’on laisse le FPI travailler, qu’on permette à ses militants de se réunir et d’apporter leurs pierres à la reconstruction de la Nation.
Pourquoi, en dehors de quelques partisans FPI/LMP d’Europe et sur Internet, aucun cadre connu de votre parti n’a contrarié vos positions ?
Chaque fois qu’on a pu discuter, on est tombé d’accord. Cela ne me surprend pas qu’il y ait encore des incompréhensions ici et là. Cela signifie simplement qu’il y a encore un travail d’explications à effectuer. D’où l’urgence d’un retour rapide à la normalité en Côte d’Ivoire.
Peut-on estimer que vous assurez l’intérim au FPI jusqu’à nouvel ordre ?
Je suis le troisième vice-président du Front populaire ivoirien, donc numéro quatre dans la hiérarchie du parti. Le président Affi Nguessan, le premier vice-président Aboudrahamane Sangaré et la deuxième vice-présidente Simone Gbagbo sont aujourd’hui malheureusement dans l’incapacité d’assumer leurs fonctions. La responsabilité de diriger le parti m’échoit donc momentanément et j’assume ce rôle. J’entends travailler avec le concours des instances du parti, que je souhaite réunir rapidement, dès que le gouvernement nous donnera l’assurance que nous pouvons le faire sans danger.
Pourquoi n’êtes-vous pas encore allé voir Laurent Gbagbo, Simone, Affi Nguessan ? Est-ce vrai que c’est parce qu’ils ont refusé de vous recevoir, pour éviter de cautionner votre démarche et vous légitimer auprès de la base ?
Je ne sais pas ce qui vous permet de dire cela. Vous savez, nos camarades sont aujourd’hui emprisonnés ou en résidence surveillée, sans droit de visite. Certains n’ont même pas encore eu l’occasion de consulter leurs avocats. J’ai néanmoins pu, au sortir de l’audience que m’a accordée le président Ouattara, obtenir son autorisation pour voir certains d’entre eux, notamment Simone Gbagbo, Aboudrahamane Sangaré, Diabaté Béh, Geneviève Bro Grébé, Jean-Jacques Béchio, Dakoury-Tabley, Dedi Adèle, Michel Gbagbo, etc. alors qu’ils étaient encore emprisonnés à l’Hôtel du Golf. Très récemment, à l’issue de la prestation de serment du chef de l’Etat, j’ai obtenu l’autorisation du ministre de l’Intérieur pour rendre visite aux camarades retenus à la Pergola. Nous n’avons pas oublié Laurent Gbagbo. Dès que l’opportunité se présentera, j’irai le voir.
Vos proches et amis disent que vous n’avez pas attendu l’arrivée de Ouattara ou le départ de Laurent Gbagbo pour marquer votre différence, car vous vous comportiez déjà comme un opposant dans le FPI. Si pour eux, le FPI aurait gagné à vous écouter, les autres estiment par contre que ce sont vos critiques qui ont perdu le parti…
Ce ne sont certainement pas mes proches et mes amis qui vous ont dit que je me comportais «comme un opposant dans le FPI». Le Front populaire ivoirien est une instance éminemment démocratique au sein de laquelle la diversité des opinons est perçue comme une richesse. J’ai eu l’occasion d’exprimer mes points de vue sur certains sujets ou problèmes, comme d’autres ont exprimé les leurs. Cela n’a donc pas pu conduire le parti à sa perte, d’autant moins que le FPI est très loin d’être perdu. Il est là, il est vivant, et il entend jouer entièrement son rôle dans la difficile et très sensible période de sortie de guerre et reconstruction de l’unité du pays dans laquelle nous nous trouvons.
Est-il possible de décider d’entrer au gouvernement et de proposer des cadres, sans avoir réuni le secrétariat général du parti ? Une rencontre ne pourrait-elle pas assurer un débat et une plus large adhésion, de sorte à atténuer les critiques des militants du net ?
Vous allez vite en besogne. Aucune discussion en ce sens n’a eu lieu à ce jour, à ma connaissance. Une décision relative à une éventuelle participation du Front populaire ivoirien à un gouvernement d’union ne peut intervenir qu’après consultation des militants, afin d’éviter que des décisions personnelles ne prennent le pas sur la volonté du parti. Si le FPI participait à un tel gouvernement, il devrait assumer ce qui s’y ferait. Il serait donc impératif que nous soyons d’accord sur les missions assignées à ce gouvernement. Je suis un partisan de l’organisation rapide d’un secrétariat général et d’un comité central extraordinaire, dès que les conditions sécuritaires seront réunies.
Si les autorités ne peuvent, même avec le soutien des forces impartiales, garantir la liberté de réunion, comment cela peut-il rassurer les cadres qui seront nommés ?
Cela serait un vrai problème. Le gouvernement doit mettre tout en œuvre pour que les libertés fondamentales, dont celle de réunion, de tous les Ivoiriens, qu’ils soient au gouvernement ou pas, soient respectées, et que la sécurité de tous ceux qui ont des intérêts en Côte d’Ivoire soit assurée.
Certains au RHDP et autour du Président de la République doutent que le FPI, LMP et vous-même jouiez franc-jeu. A la lumière de l’expérience vécue au sein de l’ancien pouvoir, qu’avez-vous à dire pour les rassurer ?
Tout d’abord, je crois que la responsabilité de rassurer les gens incombe en premier lieu au gouvernement ! Aujourd’hui encore, dix jours après la prestation de serment du président Ouattara, des pillages et des exactions continuent sur tout le territoire ivoirien. Les Ivoiriens sont toujours dans la peur. Nombre d’entre eux sont toujours en exil ou vivent terrés dans les forêts. Tout le monde a donc intérêt à jouer franc-jeu, toute autre chose serait problématique. Il faut pouvoir se faire confiance, c’est primordial. C’est le manque de confiance et de dialogue qui nous a menés à la guerre. Si le président Ouattara ne fait pas confiance aux Ivoiriens, il ne pourra pas y avoir de réconciliation.
Quel est votre agenda personnel Monsieur le Président par intérim du FPI ?
Quant à moi personnellement, je crois que mon passé parle pour moi. J’étais dès le départ contre la guerre. On n’aurait jamais dû aller si loin dans l’abominable. Je ne suis pas un va-t-en guerre. Je suis un homme qui se veut de dialogue et de consensus. Dès le début de la crise postélectorale, j’ai répétitivement appelé toutes les parties au dialogue et à la mesure. Je n’ai malheureusement pas été écouté. Cela va peut-être changer.
Charles Kouassi