Le Front populaire ivoirien (Fpi), l`ancien parti au pouvoir dont les rênes sont actuellement tenues par le professeur Mamadou Koulibaly, 3è vice-président de ce parti (le président Affi N`Guessan et les autres vice-présidents étant en résidence surveillée ndlr), se trouve dans un véritable dilemme : entrer ou non dans le gouvernement d`union nationale en formation par le président Alassane Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro. Sur recommandation de l`Union africaine, le nouveau président ivoirien devrait mettre en place un gouvernement d`union avec des cadres de l`ancien parti au pouvoir. Alassane Ouattara a rassuré le samedi 21 mai dernier, au cours de son discours d`investiture, qu`il ne se dérobera pas à cet engagement pris face à ses pairs de l`Union africaine. « Dans les prochains jours, je formerai un gouvernement d’union, regroupant toutes les forces politiques de notre pays et la société civile ». Mieux, le président ivoirien, au cours d`une interview sur la chaîne de télévision France 24 le dimanche 22 mai, a souligné qu`il prendrait dans son gouvernement « les modérés du Fpi ». En clair, le nouveau régime n`est pas opposé à une collaboration avec son adversaire des élections dans le cadre d`un gouvernement d`ouverture. Qu`en est-il cependant du côté du Front populaire ivoirien ? L`idée fait débat. Le parti des réfondateurs, sur convocation de son secrétaire général Miaka Oureto, devrait réunir aujourd`hui son comité central, pour discuter des questions brûlantes de l`actualité, et sans nul doute, de la conduite à adopter face à l`appel à participer au gouvernement d`ouverture. Si du côté du Fpi, la procédure veut que les instances dirigeantes se réunissent et se prononcent pour des décisions aussi importantes, l`ancien président de ce parti et ancien chef de l`Etat Laurent Gbagbo, en a une idée plutôt claire. Pour lui, pas question de former un gouvernement qui regrouperait des personnalités d`obédience politique divergente, comme cela a été le cas pendant les dix années de crise. Au cours de diverses interventions pendant la campagne électorale, le président Gbagbo a indiqué que s`il remportait les élections, il formerait non pas un gouvernement d`union, issu de consultations avec les différents partis politiques ivoiriens, mais un gouvernement dont il aura tout seul le choix des personnalités devant y figurer.
Laurent Gbagbo avait en idée d`en finir avec ces gouvernements fourre-tout, où les antagonismes liés à l`idéologie politique noyaient souvent l`action gouvernementale. Ces gouvernements « N`zassa » qui depuis janvier 2003 avec l`accord de Linas Marcoussis, étaient censés apporter la paix à la Côte d`Ivoire, mais qui n`ont servi en réalité qu`à remplir les poches de ceux qui y ont participé et à préparer la bataille finale. C`est pour rompre avec cette façon de diriger le pays où des personnalités imposées par l`adversaire mènent une bataille politicienne, que Laurent Gbagbo avait dit sa volonté de couper avec les gouvernements d`union nationale visant à juguler une crise.
Mamadou Koulibaly pour une opposition forte
L`ancien patron du palais présidentiel, pour le démontrer, narguait même ses adversaires qui siégaient à la table du gouvernement qu`il dirigeait. « Il n`y a pas d`opposition en Côte d`Ivoire », répétait-il, faisant allusion à tous ces cadres de l`opposition d`alors, obligés de critiquer le gouvernement auquel ils appartiennent pourtant. Le troisième vice-président du Fpi et deuxième personnalité de l`Etat, le professeur Mamadou Koulibaly est sur la même longueur d`onde que l`ancien président. Au moment où il est question de l`entrée ou non du Fpi, désormais parti d`opposition dans le gouvernement Ouattara, la position, du moins personnelle, de l`actuel président du Fpi est sans ambiguïté. « Mais ma propre position, c’est que l’Afrique n’a pas besoin de gouvernement d’union. Et lorsque l’on va aux élections et qu’il y en a un qui gagne, ma philosophie c’est qu’il prenne l’entièreté du pouvoir, qu’il l’assume complètement pendant la durée de son mandat », s`est-il voulu clair, au cours de l`interview qu`il a accordée hier à la radio Rfi. Mieux, souligne-t-il, la reconciliation nationale prônée par le nouveau régime n`a pas forcément besoin d`un gouvernement d`union. « Il faut déjà renoncer à la vengeance justicière et permettre que l’opposition s’organise et ait le droit d’exister. En étant dans l’opposition, nous pouvons contribuer à la réconciliation », se convainc-t-il.
Toutefois, le professeur Koulibaly ne veut pas enfreindre aux règles établies pour le fonctionnement de son parti. « Si j’arrive à organiser, avec l’appui du secrétaire général du FPI, une réunion du comité central du FPI et si ce comité central décide que nous devons répondre positivement à l’invitation du président de la République à entrer au gouvernement, j’aviserai ». La balle se trouve donc dans le camp de ce comité central, dont la réunion est prévue aujourd`hui au siège du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd).
Les débats, on l`imagine, pourraient être houleux. Car si certains cadres voient à travers cet appel du gouvernement Ouattara, le moment de gloire sonné pour eux, d`autres pensent que la participation à ce gouvernement viendrait légitimer l`accession au pouvoir d`Alassane Ouattara, que ceux-ci ont toujours considéré comme un coup d`Etat.
Hamadou ZIAO
Laurent Gbagbo avait en idée d`en finir avec ces gouvernements fourre-tout, où les antagonismes liés à l`idéologie politique noyaient souvent l`action gouvernementale. Ces gouvernements « N`zassa » qui depuis janvier 2003 avec l`accord de Linas Marcoussis, étaient censés apporter la paix à la Côte d`Ivoire, mais qui n`ont servi en réalité qu`à remplir les poches de ceux qui y ont participé et à préparer la bataille finale. C`est pour rompre avec cette façon de diriger le pays où des personnalités imposées par l`adversaire mènent une bataille politicienne, que Laurent Gbagbo avait dit sa volonté de couper avec les gouvernements d`union nationale visant à juguler une crise.
Mamadou Koulibaly pour une opposition forte
L`ancien patron du palais présidentiel, pour le démontrer, narguait même ses adversaires qui siégaient à la table du gouvernement qu`il dirigeait. « Il n`y a pas d`opposition en Côte d`Ivoire », répétait-il, faisant allusion à tous ces cadres de l`opposition d`alors, obligés de critiquer le gouvernement auquel ils appartiennent pourtant. Le troisième vice-président du Fpi et deuxième personnalité de l`Etat, le professeur Mamadou Koulibaly est sur la même longueur d`onde que l`ancien président. Au moment où il est question de l`entrée ou non du Fpi, désormais parti d`opposition dans le gouvernement Ouattara, la position, du moins personnelle, de l`actuel président du Fpi est sans ambiguïté. « Mais ma propre position, c’est que l’Afrique n’a pas besoin de gouvernement d’union. Et lorsque l’on va aux élections et qu’il y en a un qui gagne, ma philosophie c’est qu’il prenne l’entièreté du pouvoir, qu’il l’assume complètement pendant la durée de son mandat », s`est-il voulu clair, au cours de l`interview qu`il a accordée hier à la radio Rfi. Mieux, souligne-t-il, la reconciliation nationale prônée par le nouveau régime n`a pas forcément besoin d`un gouvernement d`union. « Il faut déjà renoncer à la vengeance justicière et permettre que l’opposition s’organise et ait le droit d’exister. En étant dans l’opposition, nous pouvons contribuer à la réconciliation », se convainc-t-il.
Toutefois, le professeur Koulibaly ne veut pas enfreindre aux règles établies pour le fonctionnement de son parti. « Si j’arrive à organiser, avec l’appui du secrétaire général du FPI, une réunion du comité central du FPI et si ce comité central décide que nous devons répondre positivement à l’invitation du président de la République à entrer au gouvernement, j’aviserai ». La balle se trouve donc dans le camp de ce comité central, dont la réunion est prévue aujourd`hui au siège du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd).
Les débats, on l`imagine, pourraient être houleux. Car si certains cadres voient à travers cet appel du gouvernement Ouattara, le moment de gloire sonné pour eux, d`autres pensent que la participation à ce gouvernement viendrait légitimer l`accession au pouvoir d`Alassane Ouattara, que ceux-ci ont toujours considéré comme un coup d`Etat.
Hamadou ZIAO