Le président par intérim du Front populaire ivoirien (Fpi), Mamadou Koulibaly est bien dans son rôle. Coûte que coûte, le président de l’Assemblée nationale sortante tient à pousser Alassane Ouattara à commettre sa première gaffe politique. Alors que les Ivoiriens se mettent à rêver d’un retour à une vraie stabilité politique, notamment avec le gouvernement d’union (ou de large ouverture), M. Koulibaly a décidé de jouer les trouble-fêtes. « Mais, ma propre position, c’est que l’Afrique n’a pas besoin de gouvernements d’union. Lorsqu’on va aux élections et qu’il y en a un qui gagne, ma philosophie est que le vainqueur prenne l’entièreté du pouvoir, l’assume complètement pendant la durée de son mandat », répond l’ancien bras droit de Laurent Gbagbo, à la question ade savoir si oui ou non, il était disposé à voir le Fpi entrer dans le gouvernement d’union d’Alassane Ouattara. Une vraie dérobade quand on sait que, après avoir été reçu par Alassane Ouattara, M. Koulibaly a confessé qu’aucun parti n’était assez fort pour gouverner seul, dans le contexte actuel. Prenant, aujourd’hui, appui sur une philosophie politique polémiste, Mamadou Koulibaly veut amener M. Ouattara, à renier ses engagements vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis des différents compromis de sortie de crise. En effet, s’il y a un sujet sur lequel Alassane Ouattara est demeuré constant lors de la campagne pour la présidentielle, c’est bien celui de l’intégration dans son gouvernement, de personnes ayant des compétences avérées, y compris celles militant dans des partis de l’opposition. Le piège qui est ainsi tendu, de manière subtile, par Mamadou Koulibaly, à Alassane Ouattara, c’est celui du respect de la parole donnée. Le risque d’apparaître comme un homme sans parole est d’autant plus grand que aussi bien l’Accord politique de Ouagadougou que pour la décision du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine, qui enjoignent le nouveau président de la République à former un gouvernement d’union. « L'Union africaine invite le président selon elle élu de Côte d'Ivoire à former un gouvernement d'union nationale dont le Premier ministre, les ministres de l'Intérieur et de la Défense seront nommés après consultation du CPC », stipule le communiqué rendu public le 11 mars dernier, à Addis-Abeba, par le panel des cinq chefs d’Etat. Cette décision qui prend ses racines immédiates dans l’Apo dont l’inspirateur est Laurent Gbagbo, a la particularité d’être « contraignante pour toutes les parties ». La Fpi qui veut se soustraire à cette contrainte, veut entraîner, dans sa comédie, toute la Côte d’Ivoire. En posant leurs conditions pour entrer au gouvernement, Mamadou Koulibaly et compagnie, des disciples de Laurent Gbagbo, réputé être un ‘’boulanger’’, veulent sans doute initier le nouveau chef de l’exécutif ivoirien à la roublardise. Un art dans lequel ils excellent. « Le Fpi n’est pas à mesure aujourd’hui de poser des préalables », avait clamé, mardi dernier, le président par intérim du parti à la rose, sur Radio France internationale (Rfi). A peine 24 heures, il vient, avec ses camarades, de faire le contraire de sa profession de foi.
Marc Dossa
Marc Dossa