La page de Laurent Gbagbo qui s’est refermée, le 11 avril dernier, avec la mise aux arrêts de l’ancien chef de l’Etat et de plusieurs de ses collaborateurs, a sans doute, indirectement, mis en pièces, la coalition politique LMP.
Plus rien ne va dans la famille politique de Laurent Gbagbo. La belle union affichée par ‘’La Majorité présidentielle (Lmp)’’ avant les deux tours de la présidentielle ivoirienne, semble désormais relever du passé. La crise post-électorale étant passée par-là, les partis et autres organisations satellites qui s’étaient arrimés au Front populaire ivoirien (Fpi) de Laurent Gbagbo, dans la perspective du scrutin présidentiel de 2010 ont commencé à retrouver peu à peu leur indépendance. La coalition politique qui a accompagné M. Gbagbo dans sa conquête du pouvoir dans les urnes, est donc sur le point de voler en éclats, si ce n’est déjà fait. C’est que désormais, les principaux acteurs de Lmp ne scrutent plus l’horizon sous le même angle. Des sons discordants qu’ils avaient commencé à émettre quand naquit la crise post-électorale, se révèlent être une vraie divergence de vues entre Laurent Gbagbo et ses alliés politiques. Selon plusieurs sources concordantes, les soutiens de ces ‘’amis’’ ont commencé à faiblir lorsque l’ancien homme fort d’Abidjan s’est engagé dans un bras de fer sur les résultats du second tour de la présidentielle, avec le vrai vainqueur, Alassane Ouattara. « Nous lui avions dit que ce n’était pas une bonne idée de s’engager sur la voie d’une confrontation à l’issue incertaine. Malheureusement, ceux qui étaient vraiment écoutés en ces temps-là, étaient les faucons », révèle, aujourd’hui, un ancien proche de la ‘’Refondation’’ qui a visiblement tourné casaque.
Les allégeances : le début de la fin Les signes qui devraient confirmer l’effritement de l’ex-majorité présidentielle, sont à rechercher dans les allégeances tous azimuts que des barons de l’ancien pouvoir des frontistes, font à Alassane Ouattara. Le premier à jeter l’éponge est le sulfureux Laurent Dona Fologo. C’était le 31 mars, lorsqu’on annonçait les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), aux portes d’Abidjan. « Le Ces (Conseil économique et social, Ndlr) prend acte des évènements en cours. Par conséquent, il demande au président Gbagbo de remettre le pouvoir à M. Ouattara Alassane dans les plus brefs délais. Il n’y a pas d’autre issue », conseillait Laurent Fologo, à son ‘’mentor’’ de l’époque. Et, depuis la chute de Laurent Gbagbo, les choses sont allées très vite. Non content de reconnaître le pouvoir d’Alassane Ouattara, M. Fologo s’est déclaré, disposé à servir le nouvel exécutif ivoirien, promettant de lui être fidèle et loyal. « La politique est la saine appréciation des réalités bonnes ou mauvaises. Aujourd’hui, je suis tout à fait disposé avec le président Ouattara pour la réconciliation nationale », déclarera-t-il, le 19 avril, dans un entretien accordé à Radio France internationale. Par cet acte de retournement de veste, M. Fologo, président du Rassemblement pour le progrès, la paix et le partage (Rppp), ne sera pourtant pas seul sur la scène. 48 heures après la chute de Laurent Gbagbo, Tia Koné, anciennement président de la Cour suprême et le général Issouf Koné, ex-grand chancelier de l’ordre national, tous deux réputés être d’éminences grises de la ‘’Refondation’’, sont allés faire allégeance à M. Ouattara. Que ce soit dans des cadres formels ou informels, avec ou sans la bénédiction de leur parti, d’autres cadres de l’ex-majorité présidentielle ne se feront pas prier pour se mettre sous la coupole du nouveau président de la République, Alassane Ouattara. Pas comptable du bilan de Gbagbo «L’Udcy (Union Démocratique et Citoyenne, Ndlr) appelle ses militants en particulier et tous les Ivoiriens en général au sursaut national et invite toutes les couches sociales du pays à s’inscrire dans une perspective de restauration de l’unité », avait réagi le 13 mai dernier, le parti de Mel Eg Théodore, après la (re)proclamation des résultats du second tour de la présidentielle, par Paul Yao-N’Dré, président du Conseil constitutionnel. Même ceux qui manquent de courage dans l’immédiat, pour se dévoiler, tentent de se retrouver dans la sphère d’Alassane Ouattara. Ils étaient ainsi, très nombreux à effectuer le déplacement de Yamoussoukro, pour assister à l’investiture du successeur de Laurent Gbagbo. « Nous ne sommes pas des suiveurs. Nous étions à Lmp pour une cause bien déterminée. Puisqu’elle a été dévouée, nous avons décidé de répondre à l’appel à la réconciliation nationale du président Ouattara qui a fait un grand discours, samedi dernier (le 21 mai, Ndlr) à Yamoussoukro », confie un des anciens soutiens de poids à Laurent Gbagbo. Ce que ne dit pas notre interlocuteur, c’est que des voix, au sein du Fpi, avaient commencé à s’élever, accusant les partis satellites de n’avoir pas suffisamment ‘’mouillé’’ le maillot, en vue de la réélection de Laurent Gbagbo. Vrai ou faux ? « Nous ne pouvons pas accepter de telles critiques. Les responsables de la défaite sont à rechercher au Fpi-même. Quand le président devait décaisser de l’argent pour la campagne, c’est aux cadres du Fpi qu’il le remettait. Et, à cause de leur égoïsme, il ne nous remettait pas tout l’argent. Dans ma région, par exemple, je n’ai pas attendu d’aide avant de travailler », peste notre source qui promet, bientôt, le grand déballage sur ceux qui ont conduit Laurent Gbagbo à sa perte. En toile de fond de la patate chaude que se renvoient dignitaires du Fpi et alliés de Lmp, le bilan de la gestion du pouvoir par Laurent Gbagbo. En clair, les alliés ne veulent aucunément assumer le bilan catastrophique de la ‘’refondation’’, en ces temps où le nouveau pouvoir entend lâcher la justice aux trousses des collaborateurs de M. Gbagbo. « Quand les faucons du Fpi ont commencé à utiliser les discours guerriers, notamment contre les Forces nouvelles, nous les avons prévenus contre cette erreur. Il valait mieux utiliser un discours qui rassemble plutôt que celui qui divise. Comment peut-on dire du Pdci (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Ndlr) et du Rdr (Rassemblement des républicains, Ndlr) qui sont deux poids lourds de la politique ivoirienne, qu’il n’y a rien en face ? », s’interroge-t-on dans les officines annexes de l’ancien pouvoir. En se démarquant de ce bilan, certains espèrent tirer quelques marrons du feu, surtout en décrochant quelques maroquins dans le prochain gouvernement d’union nationale.
Lmp vers sa belle mort
Selon plusieurs observateurs, telle que constituée, Lmp ne pouvait pas survivre à l’échec de la présidentielle. Selon eux, cette disparition programmée procédait de l’hétérogénie qui caractérisait cette coalition politique. « Dans leur ensemble, les partis satellites du Fpi ont voulu soutenir Laurent Gbagbo pour deux raisons majeures. Tandis que les uns voulaient se venger de leur ancien parti, les autres espéraient ‘’manger’’ un peu avec M. Gbagbo. Ils ne partageaient donc pas de projet en tant que tel », analyse Emmanuel Kampang, universitaire camerounais vivant aux Etats-Unis.
Marc Dossa
Plus rien ne va dans la famille politique de Laurent Gbagbo. La belle union affichée par ‘’La Majorité présidentielle (Lmp)’’ avant les deux tours de la présidentielle ivoirienne, semble désormais relever du passé. La crise post-électorale étant passée par-là, les partis et autres organisations satellites qui s’étaient arrimés au Front populaire ivoirien (Fpi) de Laurent Gbagbo, dans la perspective du scrutin présidentiel de 2010 ont commencé à retrouver peu à peu leur indépendance. La coalition politique qui a accompagné M. Gbagbo dans sa conquête du pouvoir dans les urnes, est donc sur le point de voler en éclats, si ce n’est déjà fait. C’est que désormais, les principaux acteurs de Lmp ne scrutent plus l’horizon sous le même angle. Des sons discordants qu’ils avaient commencé à émettre quand naquit la crise post-électorale, se révèlent être une vraie divergence de vues entre Laurent Gbagbo et ses alliés politiques. Selon plusieurs sources concordantes, les soutiens de ces ‘’amis’’ ont commencé à faiblir lorsque l’ancien homme fort d’Abidjan s’est engagé dans un bras de fer sur les résultats du second tour de la présidentielle, avec le vrai vainqueur, Alassane Ouattara. « Nous lui avions dit que ce n’était pas une bonne idée de s’engager sur la voie d’une confrontation à l’issue incertaine. Malheureusement, ceux qui étaient vraiment écoutés en ces temps-là, étaient les faucons », révèle, aujourd’hui, un ancien proche de la ‘’Refondation’’ qui a visiblement tourné casaque.
Les allégeances : le début de la fin Les signes qui devraient confirmer l’effritement de l’ex-majorité présidentielle, sont à rechercher dans les allégeances tous azimuts que des barons de l’ancien pouvoir des frontistes, font à Alassane Ouattara. Le premier à jeter l’éponge est le sulfureux Laurent Dona Fologo. C’était le 31 mars, lorsqu’on annonçait les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), aux portes d’Abidjan. « Le Ces (Conseil économique et social, Ndlr) prend acte des évènements en cours. Par conséquent, il demande au président Gbagbo de remettre le pouvoir à M. Ouattara Alassane dans les plus brefs délais. Il n’y a pas d’autre issue », conseillait Laurent Fologo, à son ‘’mentor’’ de l’époque. Et, depuis la chute de Laurent Gbagbo, les choses sont allées très vite. Non content de reconnaître le pouvoir d’Alassane Ouattara, M. Fologo s’est déclaré, disposé à servir le nouvel exécutif ivoirien, promettant de lui être fidèle et loyal. « La politique est la saine appréciation des réalités bonnes ou mauvaises. Aujourd’hui, je suis tout à fait disposé avec le président Ouattara pour la réconciliation nationale », déclarera-t-il, le 19 avril, dans un entretien accordé à Radio France internationale. Par cet acte de retournement de veste, M. Fologo, président du Rassemblement pour le progrès, la paix et le partage (Rppp), ne sera pourtant pas seul sur la scène. 48 heures après la chute de Laurent Gbagbo, Tia Koné, anciennement président de la Cour suprême et le général Issouf Koné, ex-grand chancelier de l’ordre national, tous deux réputés être d’éminences grises de la ‘’Refondation’’, sont allés faire allégeance à M. Ouattara. Que ce soit dans des cadres formels ou informels, avec ou sans la bénédiction de leur parti, d’autres cadres de l’ex-majorité présidentielle ne se feront pas prier pour se mettre sous la coupole du nouveau président de la République, Alassane Ouattara. Pas comptable du bilan de Gbagbo «L’Udcy (Union Démocratique et Citoyenne, Ndlr) appelle ses militants en particulier et tous les Ivoiriens en général au sursaut national et invite toutes les couches sociales du pays à s’inscrire dans une perspective de restauration de l’unité », avait réagi le 13 mai dernier, le parti de Mel Eg Théodore, après la (re)proclamation des résultats du second tour de la présidentielle, par Paul Yao-N’Dré, président du Conseil constitutionnel. Même ceux qui manquent de courage dans l’immédiat, pour se dévoiler, tentent de se retrouver dans la sphère d’Alassane Ouattara. Ils étaient ainsi, très nombreux à effectuer le déplacement de Yamoussoukro, pour assister à l’investiture du successeur de Laurent Gbagbo. « Nous ne sommes pas des suiveurs. Nous étions à Lmp pour une cause bien déterminée. Puisqu’elle a été dévouée, nous avons décidé de répondre à l’appel à la réconciliation nationale du président Ouattara qui a fait un grand discours, samedi dernier (le 21 mai, Ndlr) à Yamoussoukro », confie un des anciens soutiens de poids à Laurent Gbagbo. Ce que ne dit pas notre interlocuteur, c’est que des voix, au sein du Fpi, avaient commencé à s’élever, accusant les partis satellites de n’avoir pas suffisamment ‘’mouillé’’ le maillot, en vue de la réélection de Laurent Gbagbo. Vrai ou faux ? « Nous ne pouvons pas accepter de telles critiques. Les responsables de la défaite sont à rechercher au Fpi-même. Quand le président devait décaisser de l’argent pour la campagne, c’est aux cadres du Fpi qu’il le remettait. Et, à cause de leur égoïsme, il ne nous remettait pas tout l’argent. Dans ma région, par exemple, je n’ai pas attendu d’aide avant de travailler », peste notre source qui promet, bientôt, le grand déballage sur ceux qui ont conduit Laurent Gbagbo à sa perte. En toile de fond de la patate chaude que se renvoient dignitaires du Fpi et alliés de Lmp, le bilan de la gestion du pouvoir par Laurent Gbagbo. En clair, les alliés ne veulent aucunément assumer le bilan catastrophique de la ‘’refondation’’, en ces temps où le nouveau pouvoir entend lâcher la justice aux trousses des collaborateurs de M. Gbagbo. « Quand les faucons du Fpi ont commencé à utiliser les discours guerriers, notamment contre les Forces nouvelles, nous les avons prévenus contre cette erreur. Il valait mieux utiliser un discours qui rassemble plutôt que celui qui divise. Comment peut-on dire du Pdci (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Ndlr) et du Rdr (Rassemblement des républicains, Ndlr) qui sont deux poids lourds de la politique ivoirienne, qu’il n’y a rien en face ? », s’interroge-t-on dans les officines annexes de l’ancien pouvoir. En se démarquant de ce bilan, certains espèrent tirer quelques marrons du feu, surtout en décrochant quelques maroquins dans le prochain gouvernement d’union nationale.
Lmp vers sa belle mort
Selon plusieurs observateurs, telle que constituée, Lmp ne pouvait pas survivre à l’échec de la présidentielle. Selon eux, cette disparition programmée procédait de l’hétérogénie qui caractérisait cette coalition politique. « Dans leur ensemble, les partis satellites du Fpi ont voulu soutenir Laurent Gbagbo pour deux raisons majeures. Tandis que les uns voulaient se venger de leur ancien parti, les autres espéraient ‘’manger’’ un peu avec M. Gbagbo. Ils ne partageaient donc pas de projet en tant que tel », analyse Emmanuel Kampang, universitaire camerounais vivant aux Etats-Unis.
Marc Dossa