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Politique Publié le mardi 31 mai 2011 | Le Nouveau Réveil

Ex-chroniqueur politique à "Le Nouveau Réveil"/Honneur et gratitude au Pr Kouakou Koffi Désiré !

Au moment où il a plu au Tout Puissant de l'appeler auprès de lui là-haut, ici bas, c'est la consternation, l'affliction et la douleur. La triste nouvelle de sa disparition, véritable onde de choc, a créé un émoi indescriptible. La douleur qui nous étreint ici, sur la terre de Assabonou en pleurs, en ce jour fatidique du 28 mai 2011, est la preuve qu'il demeure cher à nos cœurs.
Au-delà de l'émotion légitime que ne manque jamais de susciter la perte d'une personnalité aussi distinguée que lui, d'une sympathie très attachante, le devoir de mémoire et de vérité nous impose d'ouvrir nos cœurs pour risquer, ici et maintenant, en quelques lignes, l'esquisse du souvenir impérissable d'une vie pleine, pour que se perpétue à jamais la flamme de la reconnaissance et de la gratitude en hommage à son savoir-vivre et à son savoir-être.
Né le 12 août 1954 à Dabou, cette éminence grise a tiré sa révérence le 12 février 2011, au moment où l'on s'y attendait le moins. Qui pouvait imaginer que cet homme plein de vie et d'amour partirait ainsi sans le moindre au revoir, sans crier gare? Le mystère implacable de sa mort alimente les supputations et en rajoute à la sempiternelle question sur le but de nos destinées.
En arrière plan des spéculations philosophiques sur le sens de la mort, surgit la réflexion sur la signification de la vie. Le Professeur KOUAKOU KOFFI DESIRE a consacré sa vie au travail bien fait et au partage de son amour pour ses semblables. Sans calcul et sans relâche, il mettait toujours le cœur à l'ouvrage. De nombreuses œuvres portent la marque indélébile de son génie créateur hors pair. Doté d'un esprit d'analyse aguerri et d'un esprit critique aiguisé, avec un art consommé, il est l'auteur d'une série d'articles dont l'écriture l'a hissé au rang de chroniqueur émérite. Sa plume alerte était alimentée par le souffle vivifiant de la vérité et de la mesure. C'était un éveilleur de nos consciences assoupies. Plusieurs générations d'étudiants ivoiriens ont vu leur devenir professionnel façonné par cet enseignant ouvert et affable dont l'aisance dans le maniement de la langue de Cervantès a fait tant d'émules, mieux des disciples. On l'appelait affectueusement " Maestro ". OUI le Professeur KOUAKOU KOFFI DESIRE demeure un Maître au sens plein du terme devant l'Eternel. Directeur de thèse attentionné, par ses conseils avisés, il a guidé savamment les premiers pas de nombreux Docteurs ès lettres sur le chemin difficile de la recherche scientifique. La rigueur et le sens de la responsabilité qui sous tendent la démarche méthodologique du Professeur KOUAKOU lui ont valu d'assumer d'importantes fonctions à divers titres. Vice-président de la Commission agraire et domaniale du Conseil Economique et Social, Conseiller Technique chargé des Organisations Non Gouvernementales au Ministère de la Santé et de l'Hygiène Publique, Directeur de la Coopération Internationale au Ministère de l'Intégration, Directeur de la Formation et de la Coopération Internationale au Ministère des Transports, cet homme qui part s'est distingué comme un serviteur loyal de l'Etat de Côte d'Ivoire. Et comme si le sort avait voulu confirmer l'adage selon lequel nul n'est prophète chez soi, les mérites de ce grand commis de l'Etat ont été reconnus plus par les Universités du Pérou et du Venezuela que par l'Etat de Côte d'Ivoire : Officier dans l'ordre du mérite de l'Enseignement Supérieur de Côte d'Ivoire, il est distingué dans l'ordre du mérite du Libérateur Simon Bolivar de la République Bolivarienne du Venezuela, Médaillé de l'Université Ricardo Palma du Pérou et Membre actif du prestigieux Institut Ricardo Palma du Pérou, il était aussi Membre de la Fédération Internationale des Spécialistes de l'Amérique Latine et des Caraïbes, où il prononça diverses conférences. Son éloquence de grand orateur ayant dépassé les limites de l'Afrique et de l'Europe, c'est l'Amérique Latine qui le sollicitait.
Conscient de la nécessité de procurer toujours un peu de mieux-être à ses semblables, il a fait de la générosité et du partage son credo. Dans sa quête quotidienne du bien-être pour le plus grand nombre, il a su traduire en actions concrètes sa vision de l'homme en consacrant une grande partie de son temps et de ses ressources matérielles et financières à la création et à l'animation d'Organisations humanitaires. L'ONG internationale espagnole AFRICA ARCO IRIS dont il était le Coordonnateur pour l'Afrique Subsaharienne a redonné le sourire et la vie à des milliers d'enfants et de femmes défavorisés. De nombreuses campagnes de vaccinations gratuites contre la méningite, la fièvre typhoïde, la fièvre jaune, des séances d'opérations ophtalmologiques gratuites, des dons d'ambulances et d'équipements biomédicaux et des dizaines de milliers des jeux et de jouets ont permis de soulager les plus démunis. Avec la même générosité, il a créé la Société Bolivarienne pour l'Afrique de l'Ouest jetant ainsi les bases de la coopération bilatérale décentralisée entre l'Amérique Latine et notre pays. Autant d'actions humanitaires qui témoignent si tant s'en faut que l'homme avait la main sur le cœur. Serviable et disponible à souhait, cet humaniste était d'une humilité surprenante. Il n'hésitait pas à partager sa table à manger avec ses chauffeurs et autres visiteurs sans distinction de statut social. Il n'est pas exagéré de dire que cet homme était l'humilité faite chair ! Et c'est cette chair qui est aujourd'hui vouée à la poussière. L'homme de Foi qu'il était, savait manifestement qu'ici-bas, tout était vanité. En confiant sa vie au Christ, il s'est engagé à vivre pour lui…. Et à mourir aussi pour lui. Même si sa foi en l'homme a pu lui faire prendre des coups, comme cela arrive à tous les mortels, les contrecoups, les vicissitudes et les avatars de notre pérégrination terrestre n'ont rien changé dans sa foi en la vie aussi éphémère fut- elle. C'est pourquoi la disparition d'un être aussi cher constitue en soi une interpellation individuelle et collective. Ai-je été pour l'autre ce qu'il attendait de moi ? En tout état de cause, les œuvres pétries de ses mains d'artiste demeurent des chantiers ouverts à l'espérance d'une consolidation permanente au service de la pérennisation des acquis indéniables que l'Homme laisse à la postérité. Dès lors, le Professeur n'est pas mort ! Il ne mourra que par l'oubli né de nos ingratitudes et de nos égoïsmes de mortels, que dis-je, de morts en sursis.
Il laisse à notre bienveillante attention une partie de lui-même et non des moindres : Sa tendre épouse et leurs enfants, nos enfants, Géraldine, Nadège, Désiré, Guy Roland, Marie Kathleen dont les larmes rouges de douleurs éprouvent nos consciences d'amis, collègues, de parents. La peine est grande mais partagée. Séchons nos larmes parce qu'auprès du divin père, KKD repose en paix. Eprouvé qu'il fût par tant de charges et victime de la pesanteur des rêves chers à nos cœurs, il voulait pour tous le salut, la libération et la liberté. En vérité, corps et âme, jusqu'à ce que s'évapore son souffle de vie, il s'est battu plus pour nous que pour lui-même ! Quel don de soi !
Ce combattant infatigable est hélas tombé, mais les armes de la vie à la main. Que tout l'honneur et la gratitude soient rendus à son nom pour immortaliser le souvenir de son passage. En passant de vie à trépas, il n'a fait que changer de monde pour épouser l'air divin de l'Eternité. La graine que Dieu a semée à travers lui meurt pour donner vie à l'espérance de la vie éternelle. Qu'il repose donc en paix pour que nul n'en ignore !
La contribution d'un disciple pour que demeure Maestro !!!
Eloi Noël KOUASSI
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