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Showbizz Publié le mercredi 1 juin 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Alpha Blondy, artiste-chanteur : "Il faut que les autorités légifèrent pour abolir l’ivoirité"

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Musique ivoirienne : Alpha Blondy
Rentré depuis le lundi au bercail après près de six mois passés en Europe, Alpha Blondy qui s’est rendu à Grand-Bassam où il a un hôtel en chantier à finir, s’est confié hier mardi 31 mai à
L’Intelligent d’Abidjan.


Bienvenu Kôrô (Ndlr ; Grand-frère) ! Depuis lundi vous êtes à Grand-Bassam après six mois passés hors de la Côte d’Ivoire. Quelles sont les nouvelles ?
Merci. Mon message est un message d’espoir. Qu’on se donne la main. La Côte d’Ivoire vient de traverser une épreuve très difficile et il nous incombe de redonner espoir aux Ivoiriens. Il faut qu’ensemble nous puissions panser les blessures des Ivoiriens et aider Monsieur Ouattara et son équipe à faire en sorte que la Côte d’Ivoire que nous connaissons depuis le temps d’Houphouët-Boigny renaisse. Ce travail qui consiste à bâtir la Côte d’Ivoire n’est pas seulement celui d’Alassane Ouattara, c’est celui de tous les Ivoiriens. Il faut que nous soyons fiers de la Côte d’Ivoire que nos parents ont laissée en héritage et que notre matière avant toutes les matières premières soit la paix. Il faut ensemble préparer la réconciliation, le pardon dans la justice.
Aux baramôgô, quelle que soit leur appartenance, il faut qu’on retrousse les manches. La mission qui attend Alasane Ouattara est notre mission à tous. Il faut que tous les Ivoiriens et toutes les Ivoiriennes oublient la politique, qu’on pense à bâtir notre pays et à soigner nos blessures. Que Dieu nous aide.

Vous prévoyiez dans ce sens de la réconciliation une caravane, quand pourra-t-elle démarrer effectivement ?
Le grand-frère Alassane m’a fait l’honneur de m’en parler et je lui ai répondu que j’allais avec mon équipe travailler là-dessus, you know ! Nous sommes pour l’instant en concertation pour cette caravane. Car il faut contacter tous les artistes à contacter par mon équipe. Je leur ai donc demandé de contacter Magic System, Meiway, Tiken Jah, Beta Simon, Aïcha Koné, Reine Pélagie, les vieux Môgô – les môgô du temple. L’équipe est en train de joindre Ziggy Marley et Burning Spear.

Il y a votre jeune frère Serge Kassy qui est de ceux qui sont exil ; est-ce qu’en votre qualité de grand frère, vous lui avez parlé ou demandé de rentrer au pays…
J’ai dit à Serge qu’il se raconte qu’il a disposé des armes à Port-Bouët et à Angré. Et donc je voudrais qu’il fasse auprès de vous les journalistes une interview pour affirmer ou infirmer cette assertion. Il s’agit de la réconciliation (Ndlr ; la Caravane), je n’ai pas envie que quelqu’un qui a contribué à des choses… mélange notre caravane. Je veux la réconciliation dans la justice. Je n’ai pas envie de le juger si je n’ai pas de preuves. Mais c’est à lui d’infirmer ou d’affirmer la rumeur. J’attends qu’il le fasse. Pour le moment, j’ai encore rien vu. Mais je ne suis pas en train de faire des mains et des pieds pour qui que ce soit. Ceci est une mission pour tout le monde ! Je veux qu’il y ait le pardon mais aussi la justice. Parce que l’une des conditions du pardon c’est la justice.

L’une des préoccupations inscrites sur votre calepin, a-t-on appris, est de rencontrer les autorités. Quand cela pourra-t-il se faire car votre séjour dure qu’une semaine?
Ce n’est pas une préoccupation étant entendu qu’ils ont un programme chargé. Selon leur disponibilité, j’aimerais rencontrer le grand-frère Alassane ; mon frère Soro pour qu’on puisse parler un peu, you know ! Il s’agira un peu de parler de ce que sera la caravane. Soro connaît mon équipe ! C’est celle avec qui on a fait le concert de Bouaké. Nous avons prévu six (6) villes à savoir Bouaké, Korhogo, Gagnoa, Man, Abengourou et Odienné. Avec Soro, il faut qu’on puisse travailler sur ces dates pour voir la faisabilité ou la non-faisabilité. Je veux proposer le mois de décembre (Ndlr ; 2011) parce que c’est dans la mouvance des fêtes. Je ne veux pas faire un flop, je veux que ce soit quelque chose de grand. Je ne veux pas que ce soit un simulacre de réconciliation, mais une réconciliation vraie avec quelques artistes qui soient propres.

L’on vous a vu très proche de Charles Blé Goudé qui se trouve lui aussi en exil. Un message particulier à l’endroit de celui avec qui vous avez rendu effectif le dernier Festa ?
J’ai été déçu. Il ne m’a pas écouté. Si Charles m’avait écouté, si Gbagbo m’avait écouté, on n’aurait pas eu tant de morts pour rien. C’est ce qui me blesse. Il n’y aurait pas eu autant de désolation, de larmes versées, de sang versé. C’est dommage ! Mais comme on parle de réconciliation, je voudrais qu’on parle des survivants, qu’on panse les blessures. On va essayer de calmer le traumatisme des Ivoiriens.

Pendant près de six mois hors du pays, quel a été votre état d’esprit durant la grave crise qu’a traversée la Côte d’Ivoire ?
J’étais très malheureux. J’ai pleuré tout le temps car tu sais, je pleure vite. A chaque fois que j’avais les gens au téléphone et qu’on me disait ce qui s’y passait, devant mon impuissance, je ne pouvais que pleurer au point que ça m’a rendu malade.

Je voudrais parler de Sidiki Bakaba qui dès les premiers jours de son arrivée à Paris a dit qu’il vous contacterait, vous son jeune frère. Vous vous êtes vus où est-ce que vous avez pu échanger sur le pays ?
Je l’ai eu au téléphone quand il y a eu les gbangban (Ndlr ; troubles, palabres). Je lui ai dit de sortir de là où il était. Il ne m’a pas écouté.

Une fois à Paris, vous ne vous êtes pas vus ?
A Paris, il m’a appelé. Je l’ai bien engueulé et lui ai dit qu’il dise merci à Dieu et aux combattants des FRCI qui ne l’ont pas tué.
Aux baramôgô, je voudrais dire qu’ils m’ont énormément manqué. Je les aime du fond du cœur, je ne suis rien sans eux et ça je m’en suis rendu compte. Tous les baramôgô FRCI, FDS, tous les petits frères miliciens qui sont morts, que Dieu ait pitié de leur âme. Maintenant, il faut que l’ivoirité soit abolie car ce qu’on a vécu est l’Ivoirité. J’attends que les nouvelles autorités légifèrent sur l’Ivoirité qui a trop fait couler les larmes.

Réalisé par Koné Saydoo
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