Quelque chose de pas clair se passe au sein de la coalition victorieuse de la bataille militaro-électorale qui a conduit Alassane Ouattara au palais présidentiel. Sous le manteau de la difficile victoire, bruissent en effet des grincements de dents et autres échos de guerre larvée, qui remontent de plus en plus à la surface depuis la formation de la nouvelle équipe gouvernementale, avec en toile de fond la bataille pour la succession à Alassane Ouattara.
La question fondamentale qui agite en ce moment les esprits chez les militants du parti à la case, c`est de savoir qui sera le futur président du Rdr. Mieux, quel leader pour toute cette population du nord de la Côte d`Ivoire, dont Alassane Ouattara s`est fait le porte-voix durant son parcours politique jusqu`au palais présidentiel ? En clair, qui après Ouattara ? Dans le principe, la question ne devrait pas se poser. Le Rassemblement des Républicains qui est un parti structuré, avec des textes, a certainement prévu le mécanisme pour la succession de son mentor. Les regards devraient se tourner, légitimement, vers la secrétaire générale Henriette Dagri Diabaté. Mais fatiguée par le poids de l`âge, elle semble avoir été remerciée à travers le poste de Grande Chancelière, après sa longue marche avec le Rdr. Une sorte de terminus politique donc. Vient ensuite, le lion Amadou Gon Coulibaly, le secrétaire général adjoint du parti. Revigoré par l`accession au pouvoir, et du haut de son poste de secrétaire général de la présidence, il se positionne comme le successeur de Ouattara à la tête du Rdr.
D`autres cadres du nord, et non des moindres sont dans le starting-bloc, et se voient bien entrer dans le costume de président du Rdr. Même si officiellement le coup de gong pour la bataille de la succession n`a pas encore sonné, les tractations souterraines et les coups bas semblent engagés. Pour les uns et les autres, Alassane Ouattara a atteint son objectif et doit céder le fauteuil du parti. Il demeure certes le leader charismatique du Rdr et conserve de ce fait un droit de regard sur les activités de cette formation politique, mais sa succession pourrait secouer le parti des républicains et l`entourage du nouveau président, si ce n`est déjà fait.
Question de survie pour le Rdr
A la vérité une guerre, encore larvée, sous-tend les relations entre les responsables du Rdr et ceux des Forces nouvelles. Pour l`aile dure du Rdr en effet, le successeur d`Alassane Ouattara et le nouveau leader du nord doit nécessairement sortir de leur parti. Celui qui va présider aux destinées du Rassemblement des républicains devra donc être un militant de ce parti, qui reste solidement adossé au septentrion ivoirien. Toute autre velléité de domination ou d`affranchissement en dehors du Rdr, rencontrera, pour ainsi dire, une solide résistance. Le parti des républicains s`était déjà signalé dans ce sens contre les Forces nouvelles en 2008. En témoigne cette phrase du ministre Amadou Soumahoro, membre influent du RDR : « Nous n`allons pas faire pipi et caïman va sortir dans ce pipi pour nous mordre », avait-il dit. Il commentait le clash entre le chef de guerre Koné Zackaria et la hiérarchie des Forces nouvelles sur la question du désarmement à Séguéla en 2008, Zackaria étant alors soupçonné d`agir pour le compte d`un homme politique. L`on devrait déduire des propos du ministre Amadou Soumahoro, que les Forces nouvelles sont une émanation du Rdr, et que par conséquent, sa ligne de conduite est dictée par les instances de ce parti. En outre, l`idée d`une fusion du Rdr dans la coalition du Rhdp n`est pas bien accueillie à la rue Lepic. Elle est perçue comme une stratégie pour faire disparaître le parti des républicains. « Le Rdr est certes sorti des entrailles du Pdci, mais il s`est imposé comme un parti fort, un parti qui compte sur l`échiquier politique national. Le Rdr entend donc poursuivre sa marche et demeurer dans cet élan », nous a confié récemment un cadre influent de ce parti. Pour conforter cette assise et mieux se positionner sur le terrain politique, le Rdr veut renforcer les capacités de ses cadres et leur influence dans leurs régions respectives. Dans la nouvelle équipe gouvernementale, le parti d`Alassane Ouattara s`est ainsi taillé la part du lion, avec 14 portefeuilles ministériels. Les analystes y voient une manoeuvre subtile dans la perspective des élections législatives pour lesquelles le Rdr veut avoir un groupe parlementaire fort et une représentativité écrasante sur le terrain. Cela pourrait mettre ce parti à l`abri de toute surprise désagréable, notamment dans la bataille pour le contrôle du Nord qui semble se profiler à l`horizon.
Soro: allié encombrant, adversaire de taille
En face du Rdr dans cette partie du pays, se trouvent, en plus des autres partis politiques faiblement représentés, un certain Guillaume Soro et les Forces nouvelles. Le chef de l`ex-mouvement rebelle se pose en effet comme un obstacle solide à l`hégémonie du Rdr dans le Nord. D`abord, il ne se proclame pas militant Rdr et se veut équidistant des chapelles politiques. Mais pour la succession d`Alassane Ouattara et le leadership au Nord, il compte.
A la faveur des dix années de crise traversée par la Côte d`Ivoire, l`ancien secrétaire général de la Fesci s`est bâti une véritable stature d`homme politique charismatique et de leader du nord de nature à créer des soucis au Rdr. Natif de Ferké, dans l`extrême-Nord, et chef de l`ex-rébellion, Soro a les faveurs de nombreuses populations, notamment celles de cette partie du pays, qui le perçoivent comme « leur sauveur » dans une Côte d`Ivoire où elles s`estimaient lésées. De plus, en tant que signataire de l`accord politique de Ouagadougou, il a transformé ses habits de chef de l`ex-rébellion en costume de faiseur de paix, avec la conduite du processus électoral. Et enfin, la bataille que lui et ses hommes ont menée pour l`installation d`Alassane Ouattara au pouvoir conforte son charisme et son leadership. Soro se voit donc en droit de réclamer des dividendes et se positionne du coup soit comme un allié gênant, soit un adversaire de taille contre le Rdr au Nord. Quelques signes qui font foi: la coalition nationale des mouvements de soutien à Guillaume Soro (Conamss) dirigée par Bamba Ahmadou, estime que le leader des Forces nouvelles est le digne successeur d`Alassane Ouattara, et fait campagne pour cela auprès des militants du Rdr et même du Rhdp. « Soro n`a pas suivi ceux qui voulaient qu`il crée un autre parti. Il faut donc tout mettre en oeuvre pour le maintenir dans notre maison commune qui est le Rdr et le Rhdp. Soro représente l`avenir de ce pays. C`est une valeur sûre que le Rdr ne peut se permettre de perdre », martèle M. Bamba de la Conamss, dans les colonnes du journal « Nord-Sud » du mercredi 1er juin dernier. « ADO est désormais président de la République, il faut quelqu`un pour le remplacer à la tête du parti (…) Et c`est Guillaume Soro qui a le profil », ajoute le président communal du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr) de San-Pédro, Drissa Tiéné. L`entourage de Guillaume Soro n`est certainement pas étranger à ce mouvement de soutien qui fait ouvertement campagne pour la prise en main du Rdr par l`actuel Premier ministre. Ce sont ces mêmes lobbyistes pro-Soro que d`aucuns soupçonnent d`être derrière les critiques contre le nouveau gouvernement à forte coloration Rdr. « Dé-ce-vant », avait en effet titré à sa Une un journal de la place, proche du Premier ministre, pour qualifier la nouvelle équipe mise en place par Guillaume Soro. Ce commentaire, qui a surpris plus d`un, parce que venant du camp du chef du gouvernement, semblait ainsi révéler un malaise au sein de la coalition au pouvoir. La tactique politicienne est bien connue.
Elle consiste à faire dire haut et fort par un tiers ce que l`on pense tout bas. En clair, soit le Rdr se livre à Soro, soit il l`aura comme un adversaire de taille, surtout dans le Nord, la zone où leurs influences respectives semblent se chevaucher.
Hamadou ZIAO
La question fondamentale qui agite en ce moment les esprits chez les militants du parti à la case, c`est de savoir qui sera le futur président du Rdr. Mieux, quel leader pour toute cette population du nord de la Côte d`Ivoire, dont Alassane Ouattara s`est fait le porte-voix durant son parcours politique jusqu`au palais présidentiel ? En clair, qui après Ouattara ? Dans le principe, la question ne devrait pas se poser. Le Rassemblement des Républicains qui est un parti structuré, avec des textes, a certainement prévu le mécanisme pour la succession de son mentor. Les regards devraient se tourner, légitimement, vers la secrétaire générale Henriette Dagri Diabaté. Mais fatiguée par le poids de l`âge, elle semble avoir été remerciée à travers le poste de Grande Chancelière, après sa longue marche avec le Rdr. Une sorte de terminus politique donc. Vient ensuite, le lion Amadou Gon Coulibaly, le secrétaire général adjoint du parti. Revigoré par l`accession au pouvoir, et du haut de son poste de secrétaire général de la présidence, il se positionne comme le successeur de Ouattara à la tête du Rdr.
D`autres cadres du nord, et non des moindres sont dans le starting-bloc, et se voient bien entrer dans le costume de président du Rdr. Même si officiellement le coup de gong pour la bataille de la succession n`a pas encore sonné, les tractations souterraines et les coups bas semblent engagés. Pour les uns et les autres, Alassane Ouattara a atteint son objectif et doit céder le fauteuil du parti. Il demeure certes le leader charismatique du Rdr et conserve de ce fait un droit de regard sur les activités de cette formation politique, mais sa succession pourrait secouer le parti des républicains et l`entourage du nouveau président, si ce n`est déjà fait.
Question de survie pour le Rdr
A la vérité une guerre, encore larvée, sous-tend les relations entre les responsables du Rdr et ceux des Forces nouvelles. Pour l`aile dure du Rdr en effet, le successeur d`Alassane Ouattara et le nouveau leader du nord doit nécessairement sortir de leur parti. Celui qui va présider aux destinées du Rassemblement des républicains devra donc être un militant de ce parti, qui reste solidement adossé au septentrion ivoirien. Toute autre velléité de domination ou d`affranchissement en dehors du Rdr, rencontrera, pour ainsi dire, une solide résistance. Le parti des républicains s`était déjà signalé dans ce sens contre les Forces nouvelles en 2008. En témoigne cette phrase du ministre Amadou Soumahoro, membre influent du RDR : « Nous n`allons pas faire pipi et caïman va sortir dans ce pipi pour nous mordre », avait-il dit. Il commentait le clash entre le chef de guerre Koné Zackaria et la hiérarchie des Forces nouvelles sur la question du désarmement à Séguéla en 2008, Zackaria étant alors soupçonné d`agir pour le compte d`un homme politique. L`on devrait déduire des propos du ministre Amadou Soumahoro, que les Forces nouvelles sont une émanation du Rdr, et que par conséquent, sa ligne de conduite est dictée par les instances de ce parti. En outre, l`idée d`une fusion du Rdr dans la coalition du Rhdp n`est pas bien accueillie à la rue Lepic. Elle est perçue comme une stratégie pour faire disparaître le parti des républicains. « Le Rdr est certes sorti des entrailles du Pdci, mais il s`est imposé comme un parti fort, un parti qui compte sur l`échiquier politique national. Le Rdr entend donc poursuivre sa marche et demeurer dans cet élan », nous a confié récemment un cadre influent de ce parti. Pour conforter cette assise et mieux se positionner sur le terrain politique, le Rdr veut renforcer les capacités de ses cadres et leur influence dans leurs régions respectives. Dans la nouvelle équipe gouvernementale, le parti d`Alassane Ouattara s`est ainsi taillé la part du lion, avec 14 portefeuilles ministériels. Les analystes y voient une manoeuvre subtile dans la perspective des élections législatives pour lesquelles le Rdr veut avoir un groupe parlementaire fort et une représentativité écrasante sur le terrain. Cela pourrait mettre ce parti à l`abri de toute surprise désagréable, notamment dans la bataille pour le contrôle du Nord qui semble se profiler à l`horizon.
Soro: allié encombrant, adversaire de taille
En face du Rdr dans cette partie du pays, se trouvent, en plus des autres partis politiques faiblement représentés, un certain Guillaume Soro et les Forces nouvelles. Le chef de l`ex-mouvement rebelle se pose en effet comme un obstacle solide à l`hégémonie du Rdr dans le Nord. D`abord, il ne se proclame pas militant Rdr et se veut équidistant des chapelles politiques. Mais pour la succession d`Alassane Ouattara et le leadership au Nord, il compte.
A la faveur des dix années de crise traversée par la Côte d`Ivoire, l`ancien secrétaire général de la Fesci s`est bâti une véritable stature d`homme politique charismatique et de leader du nord de nature à créer des soucis au Rdr. Natif de Ferké, dans l`extrême-Nord, et chef de l`ex-rébellion, Soro a les faveurs de nombreuses populations, notamment celles de cette partie du pays, qui le perçoivent comme « leur sauveur » dans une Côte d`Ivoire où elles s`estimaient lésées. De plus, en tant que signataire de l`accord politique de Ouagadougou, il a transformé ses habits de chef de l`ex-rébellion en costume de faiseur de paix, avec la conduite du processus électoral. Et enfin, la bataille que lui et ses hommes ont menée pour l`installation d`Alassane Ouattara au pouvoir conforte son charisme et son leadership. Soro se voit donc en droit de réclamer des dividendes et se positionne du coup soit comme un allié gênant, soit un adversaire de taille contre le Rdr au Nord. Quelques signes qui font foi: la coalition nationale des mouvements de soutien à Guillaume Soro (Conamss) dirigée par Bamba Ahmadou, estime que le leader des Forces nouvelles est le digne successeur d`Alassane Ouattara, et fait campagne pour cela auprès des militants du Rdr et même du Rhdp. « Soro n`a pas suivi ceux qui voulaient qu`il crée un autre parti. Il faut donc tout mettre en oeuvre pour le maintenir dans notre maison commune qui est le Rdr et le Rhdp. Soro représente l`avenir de ce pays. C`est une valeur sûre que le Rdr ne peut se permettre de perdre », martèle M. Bamba de la Conamss, dans les colonnes du journal « Nord-Sud » du mercredi 1er juin dernier. « ADO est désormais président de la République, il faut quelqu`un pour le remplacer à la tête du parti (…) Et c`est Guillaume Soro qui a le profil », ajoute le président communal du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr) de San-Pédro, Drissa Tiéné. L`entourage de Guillaume Soro n`est certainement pas étranger à ce mouvement de soutien qui fait ouvertement campagne pour la prise en main du Rdr par l`actuel Premier ministre. Ce sont ces mêmes lobbyistes pro-Soro que d`aucuns soupçonnent d`être derrière les critiques contre le nouveau gouvernement à forte coloration Rdr. « Dé-ce-vant », avait en effet titré à sa Une un journal de la place, proche du Premier ministre, pour qualifier la nouvelle équipe mise en place par Guillaume Soro. Ce commentaire, qui a surpris plus d`un, parce que venant du camp du chef du gouvernement, semblait ainsi révéler un malaise au sein de la coalition au pouvoir. La tactique politicienne est bien connue.
Elle consiste à faire dire haut et fort par un tiers ce que l`on pense tout bas. En clair, soit le Rdr se livre à Soro, soit il l`aura comme un adversaire de taille, surtout dans le Nord, la zone où leurs influences respectives semblent se chevaucher.
Hamadou ZIAO