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Art et Culture Publié le mercredi 8 juin 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Propos de journalistes...

François Bécanthy, «Le Nouveau Réveil»: «La liberté est contrariée»

« Dans le principe, on peut dire qu’il existe une liberté de la presse en Côte
d’Ivoire, parce que toutes les autorités confondues prônent cela. Mais, sur le
terrain, cette liberté est contrariée. Il y a, par exemple, le cas du quotidien «

Notre Voie » dont le siège est en ce moment occupé par les FRCI. On ne
peut pas dire qu’il y a liberté, d’autant plus que les journalistes n’ont pas la
possibilité de travailler librement. Ils sont quelque part et ils font leur travail.
Je pense que les journalistes font leur travail dans les règles de l’art, mais il y
a une autre réalité, parce que les patrons de presse subissent des pressions.
La plupart des journaux sont proches des partis politiques et une fois que les
hommes politiques sentent leurs intérêts ou ceux de leurs partis politiques
menacés, ils font pression sur les patrons de presse pour empêcher un certain
nombre de choses ou pour permettre certaines choses. Les patrons aussi à leur
tour font pression sur les journalistes et il peut même arriver que tu écrives
un article la veille et que le lendemain, tu retrouves cet article complètement
différent de celui que tu as laissé la veille. Cela les oblige parfois à se laisser
intéresser et orienter dans la rédaction de leurs articles. Ce ne sont pas tous les
journalistes qui sont dans ce cas, mais cela existe aussi ».


Marcelin Bogui, « Notre Voie » : «La liberté de la presse n’existe pas»

«La liberté de la presse n’existe pas. De quelle liberté parle-t-on quand le
journaliste Serges Grah a été enlevé le vendredi dernier puis relâché, il y a
quelques jours ? On ne peut pas avoir accès à nos locaux, notre siège a été
pillé, on nous empêche de visiter notre propre entreprise. Quand on incendie
l’imprimerie d’un journal, le but recherché c’est d’empêcher que ce journal
paraisse. Nous travaillons en réseau, mais je pense que c’est mieux ainsi tant
que des éléments incontrôlés et en armes seront partout dans les rues. On ne
sait jamais, ils peuvent venir un matin pour bastonner tout le monde. Quand
le président Gbagbo était au pouvoir, des gens ont écrit ici qu’il a fait ceci, sa
femme a fait cela, mais aujourd’hui, qui peut écrire que Ouattara a fait un coup
d’Etat ? C’est dans cette situation que nous nous trouvons actuellement».


Assane Niada, « L’Inter » : «Il est encore trop tôt»

«Nous sommes au stade où nous étions avant la crise postélectorale. Encore
qu’à cette période, tous les journaux paraissaient. Aujourd’hui, il y a certains
journaux qui ne paraissent pas, ils prétendent qu’ils subissent des pressions,
mais en tout cas, on constate qu’ils ne sont pas encore sur le terrain. Pour ceux
qui sont sur le terrain, il faut réfléchir par deux fois avant de s’aventurer sur
une quelconque piste. Ce qui fait que dans nos rédactions, on nous demande
d’écrire ceci ou de ne pas écrire cela, d’arrondir les angles, eu égard au
contexte dans lequel nous sommes, puisque tout le monde parle d’insécurité.
Je pense donc qu’il est encore trop tôt pour parler de liberté de la presse.
Cela va se mettre en place progressivement, d’autant que tout est en rapport
avec le contexte général qui prévaut en ce moment et nous qui nous disons
journaux indépendants, nous ne nous permettons pas tout. Le contexte actuel
nous incline à davantage respecter les règles d’éthique et de déontologie. Le
contexte s’y prête, parce que si tu enfreins à certaines dispositions du code
d’éthique et de déontologie, cela risque de se retourner contre toi. C’est
pourquoi, quand nous voulons écrire quelque chose, tout le monde s’assure
que nous avons pris le soin d’interroger la partie incriminée, pour ne pas
s’exposer au courroux de quelque personne que ce soit».


Alexis Tanoh, « Le Jour Plus » : «Il y a des contingences liées à la crise»

«La liberté de la presse est plutôt institutionnelle que politique. La contrainte
actuelle, c’est que le gouvernement met l’accent sur le processus de
réconciliation nationale et oublie souvent la presse, avec la situation que
traversent certains journaux bleus. Le quotidien « Notre Voie » paraît
maintenant, il faut saluer le courage de ses responsables, mais les autres ne
sont pas encore sur le marché. Ils ont peur de sortir, mais je pense que cela
est dû à des contingences liées à la crise. Nous pouvons affirmer qu’il y a une
liberté de la presse, mais il faut aussi noter des contraintes».

Propos recueillis par Olivier Dion
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