Au plus fort de la crise post-électorale, l’Union européenne (Ue), dans sa logique d’asphyxier financièrement le régime de l’ex-Président Laurent Gbagbo, a mis sous sanction plus d’une centaine de proches ou supposés proches de ce dernier. Au titre des concernés des opérateurs économiques dont le seul crime a été de « collaborer » avec le Régime d’alors. Sans motif valable et réel prouvant qu’ils ont fait entrave au processus de paix ou inciter à la haine. Au nombre de ceux-ci, il y a l’homme d’affaires Libanais Ibrahim Ezzedine, Charles Kader Goré, Pdg du Groupe Ckg Holding, Kouaho Niamoutié, Sassan Kouaho, Bléoué Aka, Tiacoh Thomas. En outre, les comptes de certaines sociétés d’Etat et régies financières et certains directeurs généraux acquis à la cause de Laurent Gbagbo sont bloqués. Même si les comptes des Sociétés d’Etats ont été débloqués et leurs patrons débarqués sans ménagement, après la chute du régime le 11 avril dernier, il n’est pas à écarter que ces ex-dg ont toujours leurs comptes gelés. Conséquences : ils broient du noir. Sans oublier leurs parents dont tous les biens ont été pillés et donc condamnés à refaire tout chez eux ou à relancer leurs petites affaires. S’il est heureux que la cour de Justice de l’Union européenne a levé les embargos sur l’entrée des navires battant pavillon européens dans les ports d’Abidjan et de San Pedro, et «débloquer » les comptes des sociétés d’Etat comme le Port autonome d’Abidjan (Paa) et celui de San Pedro d’une part, et de la Petroci, de la Sir d’autre part, il n’en est pas de même pour certains opérateurs économiques privés et exploitants agricoles. Du reste gros employeurs de manœuvres agricoles. Il s’agit par exemple de Sassan Kouao, Bléoué Aka, de gros exploitants agricoles qui gèrent chacun d’eux au moins 300 manœuvres agricoles y compris des cadres et cadres moyens supérieurs sur leurs plantations de cacao, de café, d’hévéa et de palmiers à huile. Ainsi que leurs fermes et étends piscicoles. Il en va de même pour M. Gilbert Anoh, ancien Président du Conseil de gestion de la filière café-cacao (Cgfcc) qui dispose lui aussi d’une entreprise opérant dans le secteur de l’hévéa. Dans le secteur agro-alimentaire, il y a Ibrahim Ezzedine qui approvisionne à lui seul pour 75% le marché ivoirien en riz. Il est également présent dans l’importation du blé conditionné dans son moulin de farine Mmci qui emploie plus 5000 travailleurs et payent comme toujours ses impôts et redevances. N’est-ce pas ce qui lui a valu les félicitations et hommages sonores et retentissants il y a de cela quelques mois du Ministre Diby Koffi Charles de l’Economie et des Finances de l’ancien Président Gbagbo devant la communauté libanaise à l’occasion du lancement officiel de la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire ? L’actuel ministre de l’Economie et des Finances d’Alassane Ouattara avait rendu un hommage en ces termes : «S’il y avait plusieurs Ibrahim Ezzedine en Côte d’Ivoire, notre économie se porterait mieux. Car cet opérateur économique avait aidé la Côte d’Ivoire, à éponger ses arriérés de dette envers la Banque africaine que de développement (Bad). En payant ses impôts par anticipation sur l’année 2010. Arriérés dont le règlement faisait partie des conditionnalités à respecter pour que la Côte d’Ivoire soit admise à l’Initiative des Pays pauvres très Endettés (Ppte) en mars 2009 », a-t-il dit. Veut-on faire payer aujourd’hui à Ezzedine le fait d’avoir approvisionné le marché ivoirien en riz et en blé au moment où les ports ivoiriens étaient sous embargo et donné à manger aux ivoiriens ou veut-on le casser au profit de certains gros négociants en riz très proches du nouvel homme fort d’Abidjan ? Tout porte à le croire. Comme Ezzedine, les affaires du Groupe Ckg Holding de Charles Kader Goré repreneur entre autres, de Sn Chocodi, spécialisée dans la transformation sur place des fèves de cacao, d’Hydrochem (engrais et fertilisants), d’Ivoirelogistic (transport maritime) et Kouao Niamoutié, Patron de Côte d’Ivoire Logistique, concessionnaire du Guichet unique automobile (Gua), connaissent des tensions de trésorerie et de réelles difficultés financières. Ces derniers risquent de fermer boutique et donc de jeter des milliers de pères de familles dans la rue. Sans oublier les entreprises de presse et maisons d’éditions. Y compris les cliniques privées. Pour avoir collaboré avec le régime de Gbagbo ou refuser de se retrouver à l’Hôtel du golf au plus fort de la crise post-électorale, leurs avoirs ont été gelés et sont interdits de visa dans l’espace européen. En levant donc les sanctions qui frappent certains de ces chefs d’entreprises dont les acquis étaient en difficulté pour une raison ou pour une autre, en levant les sanctions qui les frappent, ils pourront à nouveau commercer aisément à non seulement commercer avec l’Union européenne (Ue), mais aussi avec le reste du monde. Dans un souci de réconciliation nationale et en vue de donner sa chance à la relance économique, le gouvernement du Premier Ministre Soro Guillaume et le Président Ouattara doivent se faire l’avocat de la souffrance de ces anonymes et opérateurs économiques auprès de la cour de justice de la Commission européenne.
B. Mafoumgbé
B. Mafoumgbé