Avant-hier dimanche, le Premier ministre Guillaume Soro, en compagnie du ministre de l`Intérieur en charge de la sécurité, Hamed Bakayoko, a effectué une opération coup de poing à plusieurs endroits du District d`Abidjan. Le chef du gouvernement ivoirien a fait une descente surprise sur le terrain pour se rendre compte de visu de la réalité quant à l`engagement de son équipe pour la pacification de l`ensemble du territoire ivoirien miné par la présence massive d`hommes en armes et en tenue sur les artères publiques. Parti de sa résidence à Cocody, le Premier ministre et une équipe de la télévision nationale ont sillonné plusieurs artères, notamment l`axe Abidjan – Grand-Bassam, mais aussi la commune de Yopougon. Sur son passage, le chef du gouvernement ivoirien n`a pas hésité à poser pied par terre, à interpeller vivement des hommes en armes parfois méconnus et à démanteler systématiquement des barrages fictifs érigés sur les routes. Plusieurs éléments se réclamant des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) ont essuyé un cinglant revers au cours de cette opération surprise, qui a permis de démasquer de faux agents de sécurité aussitôt embarqués et conduit à l`école de gendarmerie pour être déshabillés. Si cette action vigoureuse a été saluée par la population et les usagers, qui se plaignent de plus en plus contre les agissements de certains éléments des FRCI, ce n`est cependant pas le cas, au sein de la nouvelle armée où des voix s`élèvent pour dénoncer l`initiative du Premier ministre. Des soldats des FRCI, qui ont tenu à garder l`anonymat, nous ont joint pour exprimer leur ras-le-bol et leur intention de manifester bruyamment pour se faire entendre dans les jours à venir. «Soro Guillaume et Hamed Bakayoko ont commencé à patrouiller dans Abidjan. Ils ont commencé, depuis Cocody, à ramasser toutes les FRCI et les ex-FDS qui sont dans les corridors et barrages sans chercher à nous comprendre. Quand ils voient un élément des FRCI dans un barrage, ils le déshabillent, sous les regards des civils, qui sortent nombreux les acclamer. Ils nous humilient, pourtant depuis que nous avons commencé le mouvement, nous ne sommes pas payés. Nous n`avons reçu aucun centime. Malgré tout, on est resté dans le combat. Mais, avec ce qui a commencé, on en a marre. Actuellement, ça grogne en notre sein. Nous allons nous révolter. On s`est réuni pour se concerter et nous allons faire ce qu`il faut faire. On en a marre. Trop c`est trop! Quand quelque chose ne va pas que tu veux te plaindre, on te tue. On dit que tu es pro-IB (ndlr: feu Ibrahim Coulibaly, chef du commando invisible) ou tu es pro-Gbagbo et on t`élimine. Mais, cette fois-ci, si on ne fait rien pour nous, ça va se passer autrement. Ils vont nous tuer tous. Ils tueront tous les FRCI, mais on en a marre! Tous les volontaires, on en a marre». Voici en substance les propos tenus par notre interlocuteur anonyme, qui nous a joint une première fois sur un numéro inconnu, tard dans la nuit du dimanche, jour de l`opération coup de poing des nouvelles autorités, avant de rappeler hier après-midi pour nous faire le point de la concertation qu`ils ont eue entre eux éléments FRCI mécontents. Ce coup de fil révèle le malaise au sein de la nouvelle armée. Cette troupe à laquelle se sont greffés des milliers de jeunes volontaires dont le sort n`est pas encore déterminé, au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo à laquelle ils ont contribué. Après avoir risqué leurs vies pour permettre à Alassane Ouattara de disposer de son pouvoir, ces jeunes, dont beaucoup rêvent de se voir intégrer à l`armée nouvelle attendent une reconnaissance des nouvelles autorités. A l`instar de ceux des Forces nouvelles pris en compte soit par le service civique, soit par le programme de réinsertion et de réhabilitation communautaire. En attendant leur point de chute, la quasi-totalité de ces recrues ont gardé leurs armes et leurs tenues et paradent encore dans les rues. Les exactions et autres méfaits à eux attribuées, se multipliant chaque jour. Toute chose qui n`honore pas et ternit l`image des FRCI. Que va-t-il se passer entre les nouvelles autorités et ces éléments mécontents? Va-t-on trouver une solution à leur préoccupations ou en arriver à une épreuve de force? Les jours à venir nous situeront mieux sur cette question.
F.D.BONY
F.D.BONY