Nommé à la tête de Fraternité matin, Venance Konan dévoile son ambition de faire de ce groupe de presse le plus grand d’Afrique. Par ailleurs, le journaliste écrivain engage ses collaborateurs à exercer leur métier dans les règles de l’art. « VK » ne manque pas d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité pour la Côte d’Ivoire d’avoir une presse de qualité.
Le Patriote: Quelques jours seulement après votre prise de fonction, vous avez initié un séminaire à l’intention des agents de Fraternité Matin. De quoi a-t-il été question au cours de ces assises et quelles en sont les conclusions?
Venance Konan: Lorsque j’ai été nommé à la tête de Fraternité Matin, mon ambition première a été tout de suite d’en le plus grand groupe de presse d’Afrique. Il est vrai que sur l’échiquier africain, Fraternité Matin est considéré comme l’un des plus grands groupes. Ce séminaire avait donc pour but, entre autres, de redimensionner Frat-Mat afin de le mettre à la place qui est la sienne. Il fallait qu’on se retire pour réfléchir et se donner les moyens qu’il faut pour concrétiser cette ambition. Pendant deux jours, nous nous sommes retirés à Grand-Bassam pour réfléchir, discuter et mettre sur pied la stratégie à adopter.
LP: Quelle est la stratégie en question?
VK: Elle est toute simple ! Il s’agit de revenir à la qualité, au professionnalisme et faire en sorte que tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire et même tous les Africains, se retrouvent en ce journal. C’est un travail d’équipe qui va s’appuyer sur toutes les compétences au sein du journal.
LP: En faisant une rétrospective, on se demande dans quel état vous avez trouvé Fraternité Matin
VK: Frat-Mat était pratiquement à l’agonie! N’oubliez pas que pendant un certain nombre de jours, en raison de la crise postélectorale, le journal n’est pas paru. Les ventes étaient quasiment à zéro. Même si le journal paraissait, il était à douze pages. Ce qui est fait rare pour ce journal, et cela a duré de novembre jusqu’à mon arrivée. On en était même à un problème de positionnement du journal sur le marché de la presse. Cela était dû à la position très partisane que le journal avait prise et qui avait détourné bien des lecteurs de Fraternité Matin. Evidement, dans ces conditions, les finances du groupe ont elles aussi pris un coup terrible, quand on sait qu’à cette période de crise il n’y avait pas de publicité. Mais pis, nous avons été pillés. Toutes les voitures de reportage ont été emportées, les dégâts étaient estimés à 800 millions de nos francs. Le magasin de pièces détachées de l’imprimerie a été également pillé. Voici donc la situation dans laquelle j’ai pris Fraternité Matin.
LP: Est-ce au vu de cette situation que vous disiez, récemment, dans la presse que Fraternité Matin n’avait pas d’argent?
VK: L’état des lieux a été fait avant que je n’arrive, donc chacun connait la situation financière de l’entreprise.
LP: Mais, en le disant aussi ouvertement, cela n’était-il pas de nature à effrayer les travailleurs?
VK: Ils étaient là lorsque l’entreprise a été pillée. Ce n’était pas quelque chose de caché. Ils voient eux-mêmes qu’il n’y a plus de voitures de reportage, je ne leur apprends rien. C’est une situation qui est là. Les huissiers ont fait ce constat avant que je n’arrive.
LP: On vous connait grand journaliste et écrivain. Mais, la gestion d’une entreprise est une autre paire de manches. Personnellement, qu’elle est votre vision managériale de Fraternité Matin?
VK: C’est tout d’abord un travail d’équipe. Et ce sera cela ma touche : fondre tout le monde dans le moule. Je ne serai pas un directeur général au-dessus des autres.
S’agissant des finances, les spécialistes sont là. J’ai un Directeur général adjoint chargé des Finances, il y a aussi un Chef du département Finances et comptabilité. Toutes les compétences sont là. Il s’agit de les mettre à contribution.
LP: Pendant la crise postélectorale, les Ivoiriens ont décrié le traitement de l’information fait par Fraternité Matin. Ce revirement du journal à capitaux publics a fait que la majorité des Ivoiriens ne s’y reconnaissait plus. Comment comptez-vous réconcilier les Ivoiriens avec ce journal et quelle sera sa part dans la réconciliation?
VK: Tout se trouvera avant tout dans le ton. A ce niveau, les lecteurs l’auront constaté depuis le 23 mai dernier, tout a changé. Nous ne sommes plus dans les invectives, les injures et la publication des propos violents. J’ai amorcé les premiers changements et nous attendons les critiques et suggestions des Ivoiriens. Il y a aussi le fait que personne n(a été exclu d’accès aux colonnes de Fraternité Matin. Comme innovations, il y a de nouvelles signatures, de nouvelles chroniques, le billet est de retour, les débats également. Toutes les deux semaines, nous en lançons un. Le premier a porté sur :"Quel type de régime faut-il à la Côte d’Ivoire?". Le second, c’est "Comment réconcilier les Ivoiriens". Ce dernier thème a connu un tel engouement au sein de la population que nous avons dû le proposer sur deux semaines et même plus. Au nombre de nos chroniqueurs, il faut citer Catherine Morand qui est une Suissesse, Bandaman Maurice, nommé malheureusement (pour nous) ministre tout juste après sa première chronique. Je me demande d’ailleurs s’il pourra poursuivre ses chroniques malgré ses nouvelles charges ! Il y a une jeune journaliste française que j’ai connue à Afrique magazine qui travaille avec nous. Parmi les nouveautés, il y aura aussi quatre pages spéciales Economie. Car nous devons accompagner le développement économique du pays. Il y aura également quatre pages Culture chaque semaine. Pour moi, la Culture est un élément important dont nous devons faire la promotion. Les grands reportages sur les différentes régions du pays seront priorisés.
LP: Quelle sera la marge entre vos activités d’écrivain et celles de gestionnaire au quotidien de Fraternité Matin?
VK: Quand j’écrivais mes livres, je travaillais, je n’étais pas au chômage ! Quelles que soient les occupations, on peut toujours trouver le temps de faire autre chose. L’écriture c’est ma passion, comme certain ont pour passion le football, la natation. Je trouverai toujours du temps pour écrire.
LP: Vous étiez en France lorsque le Président Ouattara vous a nommé. Mais, dès que vous êtes rentré, votre toute première audience, vous l’avez accordée au président Bédié!
VK: Je suis de Daoukro, ma mère est à Daoukro. Je suis arrivé à Paris depuis le 19 janvier dernier. Plusieurs mois d’exil durant, ma mère me manquait. C’est normal que dès que rentré, je m’empresse à aller la voir. Elle était très heureuse de me revoir, et moi aussi. Il se trouve que le président Bédié était à Daoukro à cette période et je ne pouvais pas être dans la ville et ne pas aller lui présenter mes civilités. Il n’y a pas une autre symbolique que cela.
LP: A votre avis, que faut-il à la presse ivoirienne aujourd’hui afin qu’elle soit viable?
VK: C’est à nous, journalistes, de faire preuve de professionnalisme. Le public est de plus en plus exigeant. Si nous faisons un travail de qualité, le public nous le revaudra en achetant nos journaux. C’est vrai que depuis de nombreuses années, l’Etat n’envoie plus des journalistes se former dans des écoles de journalisme. Beaucoup étant recrutés et formés sur le tas, il incombe à chacun de renforcer ses capacités en lisant, en participant à des séminaires et même en se frottant à des références. Moi, par exemple, je n’ai pas fait d’école de journalisme, il y a eu des modèles auxquels j’ai voulu ressembler ! En outre, il faut qu’il y ait de vraies entreprises de presse et l’Etat doit être regardant sur ce fait, car on ne fait pas un grand journal avec des bouts de ficelles. Les gens ont pensé qu’il suffisait d’avoir 10 millions pour créer un journal. On a vu cela dans ce pays. On prend des jeunes gens qu’on ne pait pas et ces derniers sont obligés d’avoir des comportements peu recommandables, qui ternissent l’image de la corporation. Mais, à dire vrai, est-ce leur faute ? Ils ont besoin de vivre! Pour une presse de qualité en Côte d’Ivoire, il faut des entreprises légalement constituées, qui donnent des salaires décents aux journalistes et qui mettent des moyens à leur disposition pour leur permettre de faire de bons reportages et enquêtes. C’est en cela que le projet de création du Centre de formation de journalistes au sein de Fraternité Matin me tient à cœur. Nous allons concrétiser ce projet pour que notre pays ait de bons journalistes. Frat-Mat a aussi un département édition, un journal en ligne et nous créerons d’autres titres selon la demande du marché. Vous convenez avec moi que pour réaliser le challenge d’être le plus grand groupe de presse en Afrique, il faut des moyens. Il faut une gestion drastique de nos revenus, par la réduction de nos dépenses. Cela nous permettra de démontrer que nous sommes de bons gestionnaires. En tout cas, nous sommes une équipe soudée, je connais presque la capacité de tous les travailleurs. Le message que je leur passe est claire : qu’on ne vous oblige pas à insulter, à diaboliser ou à encenser quelqu’un. Nous ferons votre travail de journaliste en toute liberté, selon les règles de la profession. Je pense que mas collaborateurs s’y sont mis. Réalisée par Jean- Antoine Doudou
Le Patriote: Quelques jours seulement après votre prise de fonction, vous avez initié un séminaire à l’intention des agents de Fraternité Matin. De quoi a-t-il été question au cours de ces assises et quelles en sont les conclusions?
Venance Konan: Lorsque j’ai été nommé à la tête de Fraternité Matin, mon ambition première a été tout de suite d’en le plus grand groupe de presse d’Afrique. Il est vrai que sur l’échiquier africain, Fraternité Matin est considéré comme l’un des plus grands groupes. Ce séminaire avait donc pour but, entre autres, de redimensionner Frat-Mat afin de le mettre à la place qui est la sienne. Il fallait qu’on se retire pour réfléchir et se donner les moyens qu’il faut pour concrétiser cette ambition. Pendant deux jours, nous nous sommes retirés à Grand-Bassam pour réfléchir, discuter et mettre sur pied la stratégie à adopter.
LP: Quelle est la stratégie en question?
VK: Elle est toute simple ! Il s’agit de revenir à la qualité, au professionnalisme et faire en sorte que tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire et même tous les Africains, se retrouvent en ce journal. C’est un travail d’équipe qui va s’appuyer sur toutes les compétences au sein du journal.
LP: En faisant une rétrospective, on se demande dans quel état vous avez trouvé Fraternité Matin
VK: Frat-Mat était pratiquement à l’agonie! N’oubliez pas que pendant un certain nombre de jours, en raison de la crise postélectorale, le journal n’est pas paru. Les ventes étaient quasiment à zéro. Même si le journal paraissait, il était à douze pages. Ce qui est fait rare pour ce journal, et cela a duré de novembre jusqu’à mon arrivée. On en était même à un problème de positionnement du journal sur le marché de la presse. Cela était dû à la position très partisane que le journal avait prise et qui avait détourné bien des lecteurs de Fraternité Matin. Evidement, dans ces conditions, les finances du groupe ont elles aussi pris un coup terrible, quand on sait qu’à cette période de crise il n’y avait pas de publicité. Mais pis, nous avons été pillés. Toutes les voitures de reportage ont été emportées, les dégâts étaient estimés à 800 millions de nos francs. Le magasin de pièces détachées de l’imprimerie a été également pillé. Voici donc la situation dans laquelle j’ai pris Fraternité Matin.
LP: Est-ce au vu de cette situation que vous disiez, récemment, dans la presse que Fraternité Matin n’avait pas d’argent?
VK: L’état des lieux a été fait avant que je n’arrive, donc chacun connait la situation financière de l’entreprise.
LP: Mais, en le disant aussi ouvertement, cela n’était-il pas de nature à effrayer les travailleurs?
VK: Ils étaient là lorsque l’entreprise a été pillée. Ce n’était pas quelque chose de caché. Ils voient eux-mêmes qu’il n’y a plus de voitures de reportage, je ne leur apprends rien. C’est une situation qui est là. Les huissiers ont fait ce constat avant que je n’arrive.
LP: On vous connait grand journaliste et écrivain. Mais, la gestion d’une entreprise est une autre paire de manches. Personnellement, qu’elle est votre vision managériale de Fraternité Matin?
VK: C’est tout d’abord un travail d’équipe. Et ce sera cela ma touche : fondre tout le monde dans le moule. Je ne serai pas un directeur général au-dessus des autres.
S’agissant des finances, les spécialistes sont là. J’ai un Directeur général adjoint chargé des Finances, il y a aussi un Chef du département Finances et comptabilité. Toutes les compétences sont là. Il s’agit de les mettre à contribution.
LP: Pendant la crise postélectorale, les Ivoiriens ont décrié le traitement de l’information fait par Fraternité Matin. Ce revirement du journal à capitaux publics a fait que la majorité des Ivoiriens ne s’y reconnaissait plus. Comment comptez-vous réconcilier les Ivoiriens avec ce journal et quelle sera sa part dans la réconciliation?
VK: Tout se trouvera avant tout dans le ton. A ce niveau, les lecteurs l’auront constaté depuis le 23 mai dernier, tout a changé. Nous ne sommes plus dans les invectives, les injures et la publication des propos violents. J’ai amorcé les premiers changements et nous attendons les critiques et suggestions des Ivoiriens. Il y a aussi le fait que personne n(a été exclu d’accès aux colonnes de Fraternité Matin. Comme innovations, il y a de nouvelles signatures, de nouvelles chroniques, le billet est de retour, les débats également. Toutes les deux semaines, nous en lançons un. Le premier a porté sur :"Quel type de régime faut-il à la Côte d’Ivoire?". Le second, c’est "Comment réconcilier les Ivoiriens". Ce dernier thème a connu un tel engouement au sein de la population que nous avons dû le proposer sur deux semaines et même plus. Au nombre de nos chroniqueurs, il faut citer Catherine Morand qui est une Suissesse, Bandaman Maurice, nommé malheureusement (pour nous) ministre tout juste après sa première chronique. Je me demande d’ailleurs s’il pourra poursuivre ses chroniques malgré ses nouvelles charges ! Il y a une jeune journaliste française que j’ai connue à Afrique magazine qui travaille avec nous. Parmi les nouveautés, il y aura aussi quatre pages spéciales Economie. Car nous devons accompagner le développement économique du pays. Il y aura également quatre pages Culture chaque semaine. Pour moi, la Culture est un élément important dont nous devons faire la promotion. Les grands reportages sur les différentes régions du pays seront priorisés.
LP: Quelle sera la marge entre vos activités d’écrivain et celles de gestionnaire au quotidien de Fraternité Matin?
VK: Quand j’écrivais mes livres, je travaillais, je n’étais pas au chômage ! Quelles que soient les occupations, on peut toujours trouver le temps de faire autre chose. L’écriture c’est ma passion, comme certain ont pour passion le football, la natation. Je trouverai toujours du temps pour écrire.
LP: Vous étiez en France lorsque le Président Ouattara vous a nommé. Mais, dès que vous êtes rentré, votre toute première audience, vous l’avez accordée au président Bédié!
VK: Je suis de Daoukro, ma mère est à Daoukro. Je suis arrivé à Paris depuis le 19 janvier dernier. Plusieurs mois d’exil durant, ma mère me manquait. C’est normal que dès que rentré, je m’empresse à aller la voir. Elle était très heureuse de me revoir, et moi aussi. Il se trouve que le président Bédié était à Daoukro à cette période et je ne pouvais pas être dans la ville et ne pas aller lui présenter mes civilités. Il n’y a pas une autre symbolique que cela.
LP: A votre avis, que faut-il à la presse ivoirienne aujourd’hui afin qu’elle soit viable?
VK: C’est à nous, journalistes, de faire preuve de professionnalisme. Le public est de plus en plus exigeant. Si nous faisons un travail de qualité, le public nous le revaudra en achetant nos journaux. C’est vrai que depuis de nombreuses années, l’Etat n’envoie plus des journalistes se former dans des écoles de journalisme. Beaucoup étant recrutés et formés sur le tas, il incombe à chacun de renforcer ses capacités en lisant, en participant à des séminaires et même en se frottant à des références. Moi, par exemple, je n’ai pas fait d’école de journalisme, il y a eu des modèles auxquels j’ai voulu ressembler ! En outre, il faut qu’il y ait de vraies entreprises de presse et l’Etat doit être regardant sur ce fait, car on ne fait pas un grand journal avec des bouts de ficelles. Les gens ont pensé qu’il suffisait d’avoir 10 millions pour créer un journal. On a vu cela dans ce pays. On prend des jeunes gens qu’on ne pait pas et ces derniers sont obligés d’avoir des comportements peu recommandables, qui ternissent l’image de la corporation. Mais, à dire vrai, est-ce leur faute ? Ils ont besoin de vivre! Pour une presse de qualité en Côte d’Ivoire, il faut des entreprises légalement constituées, qui donnent des salaires décents aux journalistes et qui mettent des moyens à leur disposition pour leur permettre de faire de bons reportages et enquêtes. C’est en cela que le projet de création du Centre de formation de journalistes au sein de Fraternité Matin me tient à cœur. Nous allons concrétiser ce projet pour que notre pays ait de bons journalistes. Frat-Mat a aussi un département édition, un journal en ligne et nous créerons d’autres titres selon la demande du marché. Vous convenez avec moi que pour réaliser le challenge d’être le plus grand groupe de presse en Afrique, il faut des moyens. Il faut une gestion drastique de nos revenus, par la réduction de nos dépenses. Cela nous permettra de démontrer que nous sommes de bons gestionnaires. En tout cas, nous sommes une équipe soudée, je connais presque la capacité de tous les travailleurs. Le message que je leur passe est claire : qu’on ne vous oblige pas à insulter, à diaboliser ou à encenser quelqu’un. Nous ferons votre travail de journaliste en toute liberté, selon les règles de la profession. Je pense que mas collaborateurs s’y sont mis. Réalisée par Jean- Antoine Doudou