Le président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Jacques Bernard Anouma, s’est prêté aux questions des journalistes, à l’issue de l’Assemblée générale mixte de sa structure, au cours d’une conférence de presse tenue dans les locaux de la Bourse du Travail de Treichville.
Propos liminaires du Pdt Jacques Anouma
«L’assemblée a demandé qu’on reporte l’adoption des textes dans trois semaines. Donc nous nous retrouvons dans trois semaines pour reprendre ces textes ainsi que le budget 2011 qui a été largement entamé, parce que nous sommes déjà dans le mandat. Une autre satisfaction, pour la première fois depuis vingt ans c’est que les débats ont été à la hauteur.
Est-ce la proximité de l’élection dans quelques semaines qui fait que certaines personnes ont été attentives que d’autres ? Mais c’est une bonne chose. Cela démontre qu’il y a une démocratie naissante au sein de cette institution ; il n’y a plus de langue de bois. Je m’en réjouis et je voudrais qu’on continue de la sorte. On m’a donné une femme en mariage. Je l’ai rendue belle, très attirante, c’est pour cela que beaucoup de personnes veulent se l’approprier, c’est une bonne chose. Maintenant, il faut que celui qui va se l’approprier soit vraiment digne de relever les défis. Parce que les défis sont nombreux. Il y a l’organisation de la fédération, l’organisation au sein des clubs, le problème de financement à trouver pour relever les défis. Il y a encore du travail et j’espère que les clubs continueront encore à participer à ces réformes. Surtout avec la même ardeur avec laquelle ils demandent des comptes à la fédération. Il faudrait qu’en leur sein cette ardeur se manifeste. La professionnalisation doit être complètement rectiligne, pas à un seul sens».
Depuis trois mois vous avez remis les textes aux clubs. Est –ce que dans trois semaines ils pourront lire les textes, apporter les amendements si possibles et les adopter ?
J’ai déploré comme vous cet état des choses. Mais je vous dis, l’assemblée est souveraine. Donc nous nous retrouvons dans trois semaines en espérant qu’ils auront pris le temps de regarder les textes.
N’avez-vous pas le sentiment que certains présidents de clubs prétendus candidats ont senti le piège à travers l’adoption des textes ?
Je suis un peu surpris. Je l’ai senti comme vous dans la salle. Quel piège peut-il avoir dans un statut qui définit les conditions de l’éligibilité d’un président de la fédération ? Il n’y a pas de piège. C’est la FIFA qui définit avec nous les conditions d’éligibilité. Pour être éligible, il faut être âgé de 35 ans au minimum et 70 ans au plus, être ivoirien, ne pas avoir faire l’objet de condamnation correctionnelle comme pénale. Avoir le parrainage de plusieurs clubs dont les associations de groupement. Donc, il n’y a pas de piège. Mais j’ai senti que les gens n’étaient pas prêts à aborder une élection dans les jours qui viennent. Tant mieux pour les candidats qui ne se sont pas encore prononcés parce que ceux qui ont commencé, auront trois semaines à dépenser de l’argent pour faire venir les délégués vers eux. En dehors de cela, je ne vois pas de désaveu. Le plus important, est que ce comité sorte avec un quitus sur ces trois années de gestion. Je m’attendais à ce que le quitus soit accordé à 50, 51 pour cent, mais c’est à l’unanimité puisqu’il y a eu une seule voix contre. Je suis satisfait, le reste, ce sont des détails. Il va falloir que tous nous nous mettions au travail pour avoir des textes dignes de la fédération.
Président, j’ai toujours eu pour préoccupation de savoir que le problème du football ivoirien est un problème de ressources humaines. Autant vous êtes représentatif au plan international, autant vous avez des dirigeants qui n’arrivent pas à lire des textes au bout d’un trimestre et plus… N’avez-vous pas le sentiment d’être une locomotive qui s’essouffle ?
N’avez-vous pas le sentiment d’être pris en otage par le football de votre pays ?
Il ne faudrait pas avoir cette vision. L’intensité des débats a prouvé qu’il y avait une certaine maturité. Il faut accepter que les gens aient fait beaucoup d’efforts. Je ne suis pas surpris qu’ils n’aient pas lu les textes. C’est ce qui se passe dans les autres assemblées générale.
C’est dans la salle que certaines personnes lisent les textes et passent tout leur temps à chipoter sur les détails. Je ne suis donc pas surpris. C’est que c’est un sujet important, après quatre heures de débat, les esprits sont un peu fatigués. Si on se donne trois semaines de répit, on espère qu’on reviendra frais pour adopter les textes. Mais la locomotive, c’est moi qui dois donner le tempo. Les Africains m’ont fait confiance en me donnant deux mandats à la FIFA et à la CAF. Ça faisait partie des raisons pour lesquelles, je ne me suis pas encore décidé de repartir pour un autre mandat. Parce que je n’ai pas envie de perdre le bénéfice de toutes ces années de dur combat pour arriver à ce niveau et qu’à la moindre défaite de l’équipe nationale, je perde tout ce bénéfice pour être pratiquement pris comme un paria. Ce sont tous ces paramètres qui m’emmène à hésiter si je suis partant ou pas. J’aimerais sentir sur le plan local le soutien de mes compatriotes pour attaquer d’autres challenges, beaucoup plus importants. Je crois qu’il faut passer à une autre étape. Je n’en dirai pas plus. Pour cela, j’ai besoin des clubs locaux, des autorités politiques et administratives, pour attaquer les challenges que ce soit à la FIFA et à la CAF, je vous avoue que ce que nous avons vu aujourd’hui, n’est pas rien à comparer à ce qui va se passer plus tard, si jamais des décisions sont prises. Déjà vous avez vu quelques avant goût de ce qui se passe avec les nombreux scandales à répétition à la FIFA. C’est un monde féroce. Il faut se prémunir contre tout cela avant de savoir, où est-ce qu’on met les pieds.
Donc ça reporte l’élection du président de la FIF, et je me vois obligé de tenir cette maison.
J’espère que les dates fixées seront respectées et que chacun aura à cœur de remplir ses obligations.
Y a-t-il un délai prescrit pour la date de clôture des candidatures ?
Les textes disent que les dépôts de candidatures, interviennent un mois avant la date de l’élection. Une fois que la date sera fixée, on tiendra compte de ce mois pour les dépôts de candidatures et les dépouillements de ces candidatures. Mais là encore, il y a un vide que nous allons essayer de réparer pour le 09 Juillet prochain (ndlr date de la prochaine assemblée générale extraordinaire). C’est de savoir qui organise les élections ? Parce que si nous adoptons les nouveaux textes, cela suppose que nous sommes dans les nouveaux statuts. Et dans les nouveaux statuts, c’est la commission électorale indépendante, qui doit être élue six mois avant et composée de sept à neuf membres. Si on veut tenir compte de tout cela, l’élection n’aura pas lieu ? Je vais proposer une commission ad’ hoc qui sera une sorte de mixage entre les anciens statuts où c’étaient le ministère de l’intérieur et celui du sport qui organisaient les élections et que nous allons adjoindre à ces personnes des personnalités du football pour organiser ces élections. Voilà le schéma de ce qui va se passer dans les prochains jours.
Visiblement les soucis de financement de la FIF ne pourront pas trouver de réponses immédiates. Est-ce qu’au-delà du préalable que vous souhaitez, il n’y a pas d’autres alternatives ?
J’espère pouvoir organiser avec la presse une analyse plus profonde de la structure de nos finances .Depuis 2006, nous dépendons des ressources de la FIFA et des ressources qui nous sont attribuées par le sponsoring de l’équipe nationale. Si l’Etat ne joue pas à 100% son rôle dans le financement des compétitions et si jamais nous ne sommes pas qualifiés pour la prochaine coupe du monde ; c'est-à-dire qu’à partir de 2013, la fédération va se retrouver avec un manque à gagner de trois milliards de FCFA. Voici le défi. Aujourd’hui, nous partons avec une garantie de déficit de pratiquement deux milliards, puisque nous avons perdu beaucoup de sponsors en cours de route ; il faut le combler. On les prendra sur les trois milliards de la Coupe du Monde et garder une provision pour attaquer 2012. Si les financements se font à 50, 60 pourcent, c’est toujours deux milliards de déficit qu’il va falloir combler. Voilà la problématique de la Fédération Ivoirienne de Football. On avait les moyens, mais avec le départ de certains sponsors, j’espère qu’ils vont revenir avec le nouveau gouvernement, l’attraction des institutions financières qui se met en place, j’espère que les privés vont s’intéresser un peu plus à notre institution comme ce fut le cas en 2002 quand j’arrivais. Si vous faites l’attraction d’une Coupe du Monde et si l’Etat ne joue pas son rôle ne serait-ce qu’à 60, 70 pour cent on ne pourra plus assurer les subventions octroyées aux clubs et l’on sera obligé de régresser de 20 ans. D’où la table ronde que je propose, où nous allons discuter des moyens mis à la disposition de toutes les fédérations sportives pour fonctionner. Dans certains Etats, il existe une subvention directe, qui est la première voix. La seconde est celle de la parafiscalité. Il y a beaucoup de produits d’exportation qui ne sont pas touchés. Nous avons fait une petite étude ne serais ce que sur l’hévéa. Ça peut nous sortir l’épine du pied. Si vous ajoutez le pétrole, le gaz, le café-cacao… si vous décidez d’aller aux élections sans résoudre tous ces problèmes, je crains qu’on ait un matin des surprises. Nous souhaitons que l’Etat finance toutes nos compétitions en ce qui concerne l’équipe nationale. Mais l’Etat a aussi ses réalités. C’est notre devoir de trouver les moyens additionnels pour, mettre à la disposition de l’équipe nationale. Et c’est ce que nous faisons.
Les moyens, ce sont nos sponsors, les recettes du mondial de la FIFA. Pour le moment, ce n’est pas dramatique. Mais j’ai posé des conditions, si elles ne sont pas respectées, l’institution se met en danger.
Quelle est votre appréciation sur le football local ?
Dire qu’on ne fait rien pour le football local, je dis non. Le football local ne se définit pas en termes de spectateurs au stade ou en termes de trophées. Je suis désolé, ce n’est pas la fédération espagnole qui donne le tempo ou les directives pour que le FC Barcelone joue comme il le fait. C’est une affaire privée. Le football est dirigé par des chefs d’entreprises que j’appelle présidents de clubs. C’est à eux d’imprégner au football local le souffle que nous attendons. Je ne suis pas d’accord quand on dit qu’on ne fait rien pour que le football local avance ; il avance. Malheureusement, les moyens financiers des présidents de clubs s’amenuisent d’année en année. Et c’est cela ma crainte. Les clubs trop liés à des personnes physiques, demain si vous ne bénéficiez plus de moyens, qui sont les vôtres, c’est toute une génération de footballeurs que vous mettez en danger. Voilà mon souci. Il faut doter les clubs de structures locales de sorte que les clubs ne soit pas liés à une seule personne et qui ont un conseil d’administration qui dirige.
Propos recueillis par K.Ange
Propos liminaires du Pdt Jacques Anouma
«L’assemblée a demandé qu’on reporte l’adoption des textes dans trois semaines. Donc nous nous retrouvons dans trois semaines pour reprendre ces textes ainsi que le budget 2011 qui a été largement entamé, parce que nous sommes déjà dans le mandat. Une autre satisfaction, pour la première fois depuis vingt ans c’est que les débats ont été à la hauteur.
Est-ce la proximité de l’élection dans quelques semaines qui fait que certaines personnes ont été attentives que d’autres ? Mais c’est une bonne chose. Cela démontre qu’il y a une démocratie naissante au sein de cette institution ; il n’y a plus de langue de bois. Je m’en réjouis et je voudrais qu’on continue de la sorte. On m’a donné une femme en mariage. Je l’ai rendue belle, très attirante, c’est pour cela que beaucoup de personnes veulent se l’approprier, c’est une bonne chose. Maintenant, il faut que celui qui va se l’approprier soit vraiment digne de relever les défis. Parce que les défis sont nombreux. Il y a l’organisation de la fédération, l’organisation au sein des clubs, le problème de financement à trouver pour relever les défis. Il y a encore du travail et j’espère que les clubs continueront encore à participer à ces réformes. Surtout avec la même ardeur avec laquelle ils demandent des comptes à la fédération. Il faudrait qu’en leur sein cette ardeur se manifeste. La professionnalisation doit être complètement rectiligne, pas à un seul sens».
Depuis trois mois vous avez remis les textes aux clubs. Est –ce que dans trois semaines ils pourront lire les textes, apporter les amendements si possibles et les adopter ?
J’ai déploré comme vous cet état des choses. Mais je vous dis, l’assemblée est souveraine. Donc nous nous retrouvons dans trois semaines en espérant qu’ils auront pris le temps de regarder les textes.
N’avez-vous pas le sentiment que certains présidents de clubs prétendus candidats ont senti le piège à travers l’adoption des textes ?
Je suis un peu surpris. Je l’ai senti comme vous dans la salle. Quel piège peut-il avoir dans un statut qui définit les conditions de l’éligibilité d’un président de la fédération ? Il n’y a pas de piège. C’est la FIFA qui définit avec nous les conditions d’éligibilité. Pour être éligible, il faut être âgé de 35 ans au minimum et 70 ans au plus, être ivoirien, ne pas avoir faire l’objet de condamnation correctionnelle comme pénale. Avoir le parrainage de plusieurs clubs dont les associations de groupement. Donc, il n’y a pas de piège. Mais j’ai senti que les gens n’étaient pas prêts à aborder une élection dans les jours qui viennent. Tant mieux pour les candidats qui ne se sont pas encore prononcés parce que ceux qui ont commencé, auront trois semaines à dépenser de l’argent pour faire venir les délégués vers eux. En dehors de cela, je ne vois pas de désaveu. Le plus important, est que ce comité sorte avec un quitus sur ces trois années de gestion. Je m’attendais à ce que le quitus soit accordé à 50, 51 pour cent, mais c’est à l’unanimité puisqu’il y a eu une seule voix contre. Je suis satisfait, le reste, ce sont des détails. Il va falloir que tous nous nous mettions au travail pour avoir des textes dignes de la fédération.
Président, j’ai toujours eu pour préoccupation de savoir que le problème du football ivoirien est un problème de ressources humaines. Autant vous êtes représentatif au plan international, autant vous avez des dirigeants qui n’arrivent pas à lire des textes au bout d’un trimestre et plus… N’avez-vous pas le sentiment d’être une locomotive qui s’essouffle ?
N’avez-vous pas le sentiment d’être pris en otage par le football de votre pays ?
Il ne faudrait pas avoir cette vision. L’intensité des débats a prouvé qu’il y avait une certaine maturité. Il faut accepter que les gens aient fait beaucoup d’efforts. Je ne suis pas surpris qu’ils n’aient pas lu les textes. C’est ce qui se passe dans les autres assemblées générale.
C’est dans la salle que certaines personnes lisent les textes et passent tout leur temps à chipoter sur les détails. Je ne suis donc pas surpris. C’est que c’est un sujet important, après quatre heures de débat, les esprits sont un peu fatigués. Si on se donne trois semaines de répit, on espère qu’on reviendra frais pour adopter les textes. Mais la locomotive, c’est moi qui dois donner le tempo. Les Africains m’ont fait confiance en me donnant deux mandats à la FIFA et à la CAF. Ça faisait partie des raisons pour lesquelles, je ne me suis pas encore décidé de repartir pour un autre mandat. Parce que je n’ai pas envie de perdre le bénéfice de toutes ces années de dur combat pour arriver à ce niveau et qu’à la moindre défaite de l’équipe nationale, je perde tout ce bénéfice pour être pratiquement pris comme un paria. Ce sont tous ces paramètres qui m’emmène à hésiter si je suis partant ou pas. J’aimerais sentir sur le plan local le soutien de mes compatriotes pour attaquer d’autres challenges, beaucoup plus importants. Je crois qu’il faut passer à une autre étape. Je n’en dirai pas plus. Pour cela, j’ai besoin des clubs locaux, des autorités politiques et administratives, pour attaquer les challenges que ce soit à la FIFA et à la CAF, je vous avoue que ce que nous avons vu aujourd’hui, n’est pas rien à comparer à ce qui va se passer plus tard, si jamais des décisions sont prises. Déjà vous avez vu quelques avant goût de ce qui se passe avec les nombreux scandales à répétition à la FIFA. C’est un monde féroce. Il faut se prémunir contre tout cela avant de savoir, où est-ce qu’on met les pieds.
Donc ça reporte l’élection du président de la FIF, et je me vois obligé de tenir cette maison.
J’espère que les dates fixées seront respectées et que chacun aura à cœur de remplir ses obligations.
Y a-t-il un délai prescrit pour la date de clôture des candidatures ?
Les textes disent que les dépôts de candidatures, interviennent un mois avant la date de l’élection. Une fois que la date sera fixée, on tiendra compte de ce mois pour les dépôts de candidatures et les dépouillements de ces candidatures. Mais là encore, il y a un vide que nous allons essayer de réparer pour le 09 Juillet prochain (ndlr date de la prochaine assemblée générale extraordinaire). C’est de savoir qui organise les élections ? Parce que si nous adoptons les nouveaux textes, cela suppose que nous sommes dans les nouveaux statuts. Et dans les nouveaux statuts, c’est la commission électorale indépendante, qui doit être élue six mois avant et composée de sept à neuf membres. Si on veut tenir compte de tout cela, l’élection n’aura pas lieu ? Je vais proposer une commission ad’ hoc qui sera une sorte de mixage entre les anciens statuts où c’étaient le ministère de l’intérieur et celui du sport qui organisaient les élections et que nous allons adjoindre à ces personnes des personnalités du football pour organiser ces élections. Voilà le schéma de ce qui va se passer dans les prochains jours.
Visiblement les soucis de financement de la FIF ne pourront pas trouver de réponses immédiates. Est-ce qu’au-delà du préalable que vous souhaitez, il n’y a pas d’autres alternatives ?
J’espère pouvoir organiser avec la presse une analyse plus profonde de la structure de nos finances .Depuis 2006, nous dépendons des ressources de la FIFA et des ressources qui nous sont attribuées par le sponsoring de l’équipe nationale. Si l’Etat ne joue pas à 100% son rôle dans le financement des compétitions et si jamais nous ne sommes pas qualifiés pour la prochaine coupe du monde ; c'est-à-dire qu’à partir de 2013, la fédération va se retrouver avec un manque à gagner de trois milliards de FCFA. Voici le défi. Aujourd’hui, nous partons avec une garantie de déficit de pratiquement deux milliards, puisque nous avons perdu beaucoup de sponsors en cours de route ; il faut le combler. On les prendra sur les trois milliards de la Coupe du Monde et garder une provision pour attaquer 2012. Si les financements se font à 50, 60 pourcent, c’est toujours deux milliards de déficit qu’il va falloir combler. Voilà la problématique de la Fédération Ivoirienne de Football. On avait les moyens, mais avec le départ de certains sponsors, j’espère qu’ils vont revenir avec le nouveau gouvernement, l’attraction des institutions financières qui se met en place, j’espère que les privés vont s’intéresser un peu plus à notre institution comme ce fut le cas en 2002 quand j’arrivais. Si vous faites l’attraction d’une Coupe du Monde et si l’Etat ne joue pas son rôle ne serait-ce qu’à 60, 70 pour cent on ne pourra plus assurer les subventions octroyées aux clubs et l’on sera obligé de régresser de 20 ans. D’où la table ronde que je propose, où nous allons discuter des moyens mis à la disposition de toutes les fédérations sportives pour fonctionner. Dans certains Etats, il existe une subvention directe, qui est la première voix. La seconde est celle de la parafiscalité. Il y a beaucoup de produits d’exportation qui ne sont pas touchés. Nous avons fait une petite étude ne serais ce que sur l’hévéa. Ça peut nous sortir l’épine du pied. Si vous ajoutez le pétrole, le gaz, le café-cacao… si vous décidez d’aller aux élections sans résoudre tous ces problèmes, je crains qu’on ait un matin des surprises. Nous souhaitons que l’Etat finance toutes nos compétitions en ce qui concerne l’équipe nationale. Mais l’Etat a aussi ses réalités. C’est notre devoir de trouver les moyens additionnels pour, mettre à la disposition de l’équipe nationale. Et c’est ce que nous faisons.
Les moyens, ce sont nos sponsors, les recettes du mondial de la FIFA. Pour le moment, ce n’est pas dramatique. Mais j’ai posé des conditions, si elles ne sont pas respectées, l’institution se met en danger.
Quelle est votre appréciation sur le football local ?
Dire qu’on ne fait rien pour le football local, je dis non. Le football local ne se définit pas en termes de spectateurs au stade ou en termes de trophées. Je suis désolé, ce n’est pas la fédération espagnole qui donne le tempo ou les directives pour que le FC Barcelone joue comme il le fait. C’est une affaire privée. Le football est dirigé par des chefs d’entreprises que j’appelle présidents de clubs. C’est à eux d’imprégner au football local le souffle que nous attendons. Je ne suis pas d’accord quand on dit qu’on ne fait rien pour que le football local avance ; il avance. Malheureusement, les moyens financiers des présidents de clubs s’amenuisent d’année en année. Et c’est cela ma crainte. Les clubs trop liés à des personnes physiques, demain si vous ne bénéficiez plus de moyens, qui sont les vôtres, c’est toute une génération de footballeurs que vous mettez en danger. Voilà mon souci. Il faut doter les clubs de structures locales de sorte que les clubs ne soit pas liés à une seule personne et qui ont un conseil d’administration qui dirige.
Propos recueillis par K.Ange