. Les propositions du président de la FIF pour sauver le football ivoirien
Au sortir de l`assemblée général mixte de la Fédération ivoirienne de football le samedi 18 juin dernier à la Bourse du Travail de Treichville, le président Jacques Anouma s`est prononcé sur le report des travaux au 9 juillet 2011, la question du financement des compétitions, l`organisation de la prochaine élection, son retour en Côte d`Ivoire après deux mois d`absence... Morceaux choisis!
Des débats à la hauteur
Je suis globalement satisfait de la tenue de cette assemblée générale l`assemblée générale ordinaire et l`assemblée générale extraordinaire qui portait essentiellement sur les textes. En ce qui concerne l`assemblée générale ordinaire, nous partons de 4 années d`exercice avec un quitus. Que ce soit sur le bilan d`activité ou sur le bilan financier, dans leur grande majorité, les clubs ont donné leur quitus au comité exécutif sortant. Malheureusement, les textes n`ont pas pu être adoptés parce que comme c`est souvent le cas, les gens ont les documents, ils ne les lisent pas. C`est attristant, mais l`assemblée générale est souveraine.
Elle a demandé qu`on reporte l`adoption des textes dans trois semaines. Nous allons donc nous retrouver dans trois semaines pour reprendre ces textes ainsi que le budget 2011 qui a été largement entamé puisque nous sommes déjà à mi-mandat. Une autre satisfaction, c`est la première fois pratiquement en vingt ans environ que je suis dans cette institution, que les débats ont été à la hauteur. Est-ce que c`est la proximité des élections dans quelques semaines qui font que certaines personnes ont été plus regardantes que d`autres? En tout cas, c`est une bonne chose. Cela démontre qu`il y a une démocratie naissante au sein de cette institution et qu`il n`y a plus de langue de bois. Je m`en réjouis et j`aimerais que cela continue comme ça et j`espère que pour les prochains mandats l`activité sera aussi abondante. Je l`ai dit, on m`a donné une femme en mariage, je l`ai rendue belle, très attirante.
C`est pour cela qu`aujourd`hui, beaucoup de gens veulent se l`approprier, c`est une bonne chose. Maintenant, il faut faire en sorte que la personne qui va se l`approprier soit vraiment digne de relever les nombreux défis. Il y a l`organisation de la Fédération elle-même, il y a l`organisation au sein des clubs, les problèmes de financements qu`il va falloir trouver pour relever les défis. Il y a encore du travail et j`espère que les clubs continueront à participer à ces reformes. Et surtout avec la même ardeur avec laquelle ils demandent des comptes à la fédération, il faudrait qu`en leur sein même, cette ardeur se manifeste. La professionnalisation doit être rectiligne.
Report de l`adoption des textes
Je suis un peu surpris parce que je l`ai senti comme vous aussi dans la salle, quel piège peut-il y avoir dans un statut qui définit les conditions d`éligibilité d`un président de la fédération. Il n`y a pas de piège. C`est la FIFA qui définit avec nous les conditions d`éligibilité.
Pour être éligible, il faut être âgé de 35 ans au minimum, 70 ans au plus, être Ivoirien, ne pas avoir fait l`objet de condamnation en correctionnel comme en pénal etc. Donc il y a des conditions à remplir, comme avoir par exemple le parrainage de plusieurs clubs dont les groupements des associations de groupements. Mais j`ai senti que les gens ne sont pas prêts à aborder une élection dans les jours qui viennent. Tant mieux pour les candidats qui ne se sont pas encore prononcés, parce que ceux qui ont commencé très vite auront encore trois semaines à dépenser beaucoup d`argent pour faire venir les délégués vers eux.
En dehors de cela, moi je ne vois pas dans ce report, une sorte de désaveux. Le plus important pour moi, c`était que ce comité exécutif sorte de là avec un quitus sur ces trois années de gestion. Parce qu`on a tellement entendu des choses, que moi je m`attendais à ce que le quitus soit accordé à 51%. Mais là, c`est pratiquement à l`unanimité puisqu`il y a eu un seul vote contre. Donc je suis satisfait. Pour le reste, c`est une question de détails. Il va falloir donc que nous tous nous nous mettions au travail pour avoir des textes qui soient dignes de la fédération ivoirienne de football.
Anouma, candidat ou pas candidat ?
Il ne faut pas avoir cette vision. L`intensité des débats aujourd`hui (samedi 18 juin) a montré qu`il y a une certaine maturité. Il faut accepter que les dirigeants ont fait vraiment beaucoup d`effort. Je ne suis pas surpris qu`il n`y ait pas eu l`adoption des textes. C`est comme ça que ça se passe dans toutes les assemblées générales. Et même en Afrique, quand je vais représenter la FIFA, c`est dans la salle que les gens lisent les textes et passent tout leur temps à discuter sur des détails. Je ne suis donc pas surpris. C`est vrai que c`est un sujet assez important. Mais comme après plus de 4 heures de débats, je pense que les esprits sont un peu fatigués, on se donne donc trois semaines de replis. J`espère qu`on reviendra plus frais et qu`on pourra adopter ces textes. Mais me considérant comme la locomotive, c`est moi qui dois donner le tempo. Les Africains m`ont fait confiance, ça fait deux mandats qu`ils me donnent aujourd`hui à la FIFA et à la CAF. Ça faisait partie peut-être des raisons qui faisaient que je ne me suis pas encore décidé à repartir pour un autre mandat. Parce que je n`ai pas envie de perdre le bénéfice de toutes ces années de durs combats pour arriver à ce niveau et qu`à la moindre défaite de l`équipe nationale sur un stade quelconque ou ici, que je perde ce bénéfice-là, pour être pris comme un paria. C`est tout cela qui fait que j`hésite encore à décider si je suis partant ou pas. J`aimerais sentir que sur le plan local, j`ai le soutien de mes compatriotes pour attaquer d`autres challenges beaucoup plus importants.
Je crois qu`il faut passer à une autre étape. Je n`en dirai pas plus. Pour cela, j`ai besoin de votre soutien, j`ai besoin du soutien des clubs locaux, j`ai besoin du soutien des autorités politiques et administratives, pour pouvoir attaquer ces challenges. Parce que que ce soit à la FIFA ou à la CAF, je vous assure que ce que nous avons vu aujourd`hui, ce n`est rien par rapport à ce qui va se passer plus tard, si jamais des décisions sont prises. D`ailleurs, vous avez déjà vu un avant-goût avec les nombreux scandales à répétition au niveau de la FIFA.
C`est un monde féroce, donc il faut se prémunir contre tout cela avant de savoir où est-ce qu`on met les pieds. L`élection du président de la fédération est donc reportée de quelques semaines. Je me vois obligé encore de tenir cette maison. J`espère que les dates qui seront fixées seront respectées et que chacun aura à coeur de remplir ses obligations.
Qui va organiser les élections à la FIF?
Les textes disent que les dépôts de candidatures, c`est un mois avant les élections. Donc lorsqu`on aura fixé la date des élections, on tiendra compte de ce mois pour le dépôt des candidatures et pour le dépouillement des candidatures. Mais il y a un vide que nous allons essayer de réparer le 9 juillet: c`est qui organise les élections. Parce que si on adopte les nouveaux textes, cela veut dire qu`on est immédiatement dans les nouveaux statuts. Et dans les nouveaux statuts, il est dit que c`est une commission électorale indépendante de 7 à 9 membres qui est élue, qui organise les élections. Et qui doit être élue aussi 6 mois avant les élections. Si on veut tenir compte de tout cela, on ne va jamais faire les élections à la FIF.
Alors je vais proposer une commission ad`hoc qui sera une sorte de mixage entre les anciens statuts où c`était le ministère de l`Intérieur et le ministère des Sports qui organisaient les élections, et nous allons adjoindre à ces personnes des personnalités du football pour pouvoir organiser ces élections. Voilà un peu le schéma de ce qui va se passer dans les prochains jours.
Repenser le financement du football ivoirien
C`est dommage, j`espère pouvoir organiser avec la presse une analyse plus profonde de la structure de nos finances. Je l`ai dit depuis 2006, nous dépendons essentiellement des ressources de la FIFA et des ressources qui sont attribuées pour le sponsoring de l`équipe nationale. Si l`Etat ne joue pas à 100% son rôle dans le financement de l`équipe nationale et si jamais nous ne sommes pas qualifiés pour la prochaine coupe du monde, cela veut dire qu`à partir de 2013, la FIF va se retrouver avec un manque à gagner de plus trois milliards de FCFA. Voilà le défi à relever. Malheureusement, on n`a pas encore adopté le budget 2011, sinon j`allais dire aux dirigeants de clubs que nous partons déjà du 1er janvier 2011 avec une garantie de déficit de pratiquement 2 milliards de FCFA. Puisque nous avons perdu beaucoup de sponsors en cours de route, nous devons combler ce déficit. Mais on les prend où pour pouvoir les prendre sur les 3 milliards de FCFA de la coupe du monde - et puis garder une provision pour attaquer 2012? Mais si les financements se font toujours à 50 ou 60%, cela veut dire que c`est toujours 2 milliards de FCFA de déficit qu`il va falloir combler.
Voilà le problème de la FIF. On avait les moyens, mais avec le départ de certains sponsors - et j`espère qu`ils vont revenir avec l`embellie créée par le nouveau gouvernement en place et l`attraction que les institutions financières ont pour la Côte d`Ivoire-, j`espère que les entreprises privées vont s`intéresser un peu plus à notre football comme ce fut le cas en 2002 lorsque je suis arrivé. Si vous faites l`abstraction d`une coupe du monde, et si l`Etat ne joue pas son rôle régalien ne serait-ce qu`à 60 ou 70%, on ne pourra plus assurer les subventions que nous donnons aux clubs et on sera encore obligé de dégraisser et de revenir à une situation pratiquement 20 ans en arrière. D`où la table ronde que je propose où nous devons discuter des moyens mis à la disposition de toutes les fédérations sportives.
Dans certains Etats, ils existe une subvention directe. C`est-à-dire que l`Etat dit: ``vous fédération de football, on vous donne 1 milliard par an``, ou ``à chaque club, je donne 200 millions par an``. La deuxième voie que nous allons préconiser, c`est le financement par parafiscalité. Il y a trop de produits d`exportation qui ne sont pas touchés. On a fait déjà une petite étude, ne serait-ce que sur l`hévéa, ça peut nous sortir l`épine du pied. Si vous ajoutez le pétrole, le gaz, l`or que nous produisons, on ne parle même pas du café et du cacao, pour lequel je suis un peu surpris que ça ne fasse pas partie de moyens de financement du sport national. Mais j`espère qu`on va y arriver par négociation. Le problème est très épais. Si vous décidez aujourd`hui d`aller aux élections dans deux semaines, sans avoir résolu tous ces problèmes, je crains qu`on ait un matin des surprises. Parce qu`une communication n`est pas forcément financée. Voilà le dilemme qui se pose à nous.
Le statut des joueurs de l`équipe nationale
Quand vous faites une communication et que vous mettez les joueurs que nous avons en équipe nationale, qui ne sont quand même pas des gens qui n`ont pas les moyens de leur politique, et que vous décidez de les faire voyager en classe affaire et qu`on vous dit non, il faut qu`ils partent en classe économique. Mais il faut le faire accepter par ces stars-là qui ne sont pas obligés de l`accepter. Donc vous êtes obligé de trouver vous-mêmes les moyens supplémentaires pour les mettre dans de bonnes conditions. Parce que quand ont joue un match au Malawi ou en Namibie, c`est quand même 10 à 12 heures de vol. Il y a tous ces aspects que les gens ne savent pas forcément, et qu`ils pensent que ce sont des dépenses excessives. Je dis non, il faut arriver frais pour jouer dans de bonnes conditions et gagner votre match et repartir.
Nous souhaitons que l`Etat finance la totalité de nos compétitions. Mais l`Etat aussi à ses réalités. C`est donc de notre devoir de trouver les moyens additionnels pour les mettre à la disposition de l`équipe nationale. Ces moyens additionnels, ce sont nos sponsors, les recettes du Mondial de la FIFA. Pour le moment ce n`est pas encore dramatique, mais j`ai posé des conditions. Si ces conditions ne sont pas respectées, l`institution se met en danger.
C`est comme un Etat qui fonctionne sans appuis extérieurs.
Des obligations sportives hors du pays
Cela fait pratiquement deux mois, jour pour jour, que je suis parti, je me sens bien de retour chez moi au pays. De toutes les façons, on ne se sent bien que chez soi. Pour diverses raisons, je suis parti, mais je suis de retour. Si je repars, c`est parce qu`il y a encore des obligations sportives. Heureusement que je suis sorti parce que j`avais effectivement plusieurs obligations à l`extérieur. Au moment où je vous parle, je dois normalement être au Mexique. Après le Mexique, je dois être à la Coupe du monde féminine en Allemagne, revenir pour les matches amicaux. Tous les mois, il y a une activité. Je suis vraiment heureux d`être là, de retrouver mes parents, mes amis... et aussi les journalistes que j`aime beaucoup, malgré le fait que vous me chatouilliez régulièrement. Ça fait partie aussi de la démocratie. Mais je déplore certains propos, parce que vous avez l`impression quelquefois de ne même pas être utile à votre pays. C`est ce sentiment que j`ai quelquefois. J`ai défendu la Côte d`Ivoire à différents niveaux. Je pense qu`aujourd`hui, en cinquante ans, le niveau auquel se trouve le football ivoirien, la considération qu`on lui donne, je pense quand même avoir avec le comité exécutif, contribué un peu à cela. Nous sommes aujourd`hui représentés à la FIFA.
Ça fait deux mandats. Mais j`ai l`impression que ça ne fait pas plaisir à certains de mes frères ivoiriens. Alors quand vous avez cette impression, vous avez le sentiment d`être inutile. Mais heureusement que ce n`est pas la majorité. On prend cela avec beaucoup de pincement au coeur mais c`est la vie.
Propos recueillis par Alphonse CAMARA
Au sortir de l`assemblée général mixte de la Fédération ivoirienne de football le samedi 18 juin dernier à la Bourse du Travail de Treichville, le président Jacques Anouma s`est prononcé sur le report des travaux au 9 juillet 2011, la question du financement des compétitions, l`organisation de la prochaine élection, son retour en Côte d`Ivoire après deux mois d`absence... Morceaux choisis!
Des débats à la hauteur
Je suis globalement satisfait de la tenue de cette assemblée générale l`assemblée générale ordinaire et l`assemblée générale extraordinaire qui portait essentiellement sur les textes. En ce qui concerne l`assemblée générale ordinaire, nous partons de 4 années d`exercice avec un quitus. Que ce soit sur le bilan d`activité ou sur le bilan financier, dans leur grande majorité, les clubs ont donné leur quitus au comité exécutif sortant. Malheureusement, les textes n`ont pas pu être adoptés parce que comme c`est souvent le cas, les gens ont les documents, ils ne les lisent pas. C`est attristant, mais l`assemblée générale est souveraine.
Elle a demandé qu`on reporte l`adoption des textes dans trois semaines. Nous allons donc nous retrouver dans trois semaines pour reprendre ces textes ainsi que le budget 2011 qui a été largement entamé puisque nous sommes déjà à mi-mandat. Une autre satisfaction, c`est la première fois pratiquement en vingt ans environ que je suis dans cette institution, que les débats ont été à la hauteur. Est-ce que c`est la proximité des élections dans quelques semaines qui font que certaines personnes ont été plus regardantes que d`autres? En tout cas, c`est une bonne chose. Cela démontre qu`il y a une démocratie naissante au sein de cette institution et qu`il n`y a plus de langue de bois. Je m`en réjouis et j`aimerais que cela continue comme ça et j`espère que pour les prochains mandats l`activité sera aussi abondante. Je l`ai dit, on m`a donné une femme en mariage, je l`ai rendue belle, très attirante.
C`est pour cela qu`aujourd`hui, beaucoup de gens veulent se l`approprier, c`est une bonne chose. Maintenant, il faut faire en sorte que la personne qui va se l`approprier soit vraiment digne de relever les nombreux défis. Il y a l`organisation de la Fédération elle-même, il y a l`organisation au sein des clubs, les problèmes de financements qu`il va falloir trouver pour relever les défis. Il y a encore du travail et j`espère que les clubs continueront à participer à ces reformes. Et surtout avec la même ardeur avec laquelle ils demandent des comptes à la fédération, il faudrait qu`en leur sein même, cette ardeur se manifeste. La professionnalisation doit être rectiligne.
Report de l`adoption des textes
Je suis un peu surpris parce que je l`ai senti comme vous aussi dans la salle, quel piège peut-il y avoir dans un statut qui définit les conditions d`éligibilité d`un président de la fédération. Il n`y a pas de piège. C`est la FIFA qui définit avec nous les conditions d`éligibilité.
Pour être éligible, il faut être âgé de 35 ans au minimum, 70 ans au plus, être Ivoirien, ne pas avoir fait l`objet de condamnation en correctionnel comme en pénal etc. Donc il y a des conditions à remplir, comme avoir par exemple le parrainage de plusieurs clubs dont les groupements des associations de groupements. Mais j`ai senti que les gens ne sont pas prêts à aborder une élection dans les jours qui viennent. Tant mieux pour les candidats qui ne se sont pas encore prononcés, parce que ceux qui ont commencé très vite auront encore trois semaines à dépenser beaucoup d`argent pour faire venir les délégués vers eux.
En dehors de cela, moi je ne vois pas dans ce report, une sorte de désaveux. Le plus important pour moi, c`était que ce comité exécutif sorte de là avec un quitus sur ces trois années de gestion. Parce qu`on a tellement entendu des choses, que moi je m`attendais à ce que le quitus soit accordé à 51%. Mais là, c`est pratiquement à l`unanimité puisqu`il y a eu un seul vote contre. Donc je suis satisfait. Pour le reste, c`est une question de détails. Il va falloir donc que nous tous nous nous mettions au travail pour avoir des textes qui soient dignes de la fédération ivoirienne de football.
Anouma, candidat ou pas candidat ?
Il ne faut pas avoir cette vision. L`intensité des débats aujourd`hui (samedi 18 juin) a montré qu`il y a une certaine maturité. Il faut accepter que les dirigeants ont fait vraiment beaucoup d`effort. Je ne suis pas surpris qu`il n`y ait pas eu l`adoption des textes. C`est comme ça que ça se passe dans toutes les assemblées générales. Et même en Afrique, quand je vais représenter la FIFA, c`est dans la salle que les gens lisent les textes et passent tout leur temps à discuter sur des détails. Je ne suis donc pas surpris. C`est vrai que c`est un sujet assez important. Mais comme après plus de 4 heures de débats, je pense que les esprits sont un peu fatigués, on se donne donc trois semaines de replis. J`espère qu`on reviendra plus frais et qu`on pourra adopter ces textes. Mais me considérant comme la locomotive, c`est moi qui dois donner le tempo. Les Africains m`ont fait confiance, ça fait deux mandats qu`ils me donnent aujourd`hui à la FIFA et à la CAF. Ça faisait partie peut-être des raisons qui faisaient que je ne me suis pas encore décidé à repartir pour un autre mandat. Parce que je n`ai pas envie de perdre le bénéfice de toutes ces années de durs combats pour arriver à ce niveau et qu`à la moindre défaite de l`équipe nationale sur un stade quelconque ou ici, que je perde ce bénéfice-là, pour être pris comme un paria. C`est tout cela qui fait que j`hésite encore à décider si je suis partant ou pas. J`aimerais sentir que sur le plan local, j`ai le soutien de mes compatriotes pour attaquer d`autres challenges beaucoup plus importants.
Je crois qu`il faut passer à une autre étape. Je n`en dirai pas plus. Pour cela, j`ai besoin de votre soutien, j`ai besoin du soutien des clubs locaux, j`ai besoin du soutien des autorités politiques et administratives, pour pouvoir attaquer ces challenges. Parce que que ce soit à la FIFA ou à la CAF, je vous assure que ce que nous avons vu aujourd`hui, ce n`est rien par rapport à ce qui va se passer plus tard, si jamais des décisions sont prises. D`ailleurs, vous avez déjà vu un avant-goût avec les nombreux scandales à répétition au niveau de la FIFA.
C`est un monde féroce, donc il faut se prémunir contre tout cela avant de savoir où est-ce qu`on met les pieds. L`élection du président de la fédération est donc reportée de quelques semaines. Je me vois obligé encore de tenir cette maison. J`espère que les dates qui seront fixées seront respectées et que chacun aura à coeur de remplir ses obligations.
Qui va organiser les élections à la FIF?
Les textes disent que les dépôts de candidatures, c`est un mois avant les élections. Donc lorsqu`on aura fixé la date des élections, on tiendra compte de ce mois pour le dépôt des candidatures et pour le dépouillement des candidatures. Mais il y a un vide que nous allons essayer de réparer le 9 juillet: c`est qui organise les élections. Parce que si on adopte les nouveaux textes, cela veut dire qu`on est immédiatement dans les nouveaux statuts. Et dans les nouveaux statuts, il est dit que c`est une commission électorale indépendante de 7 à 9 membres qui est élue, qui organise les élections. Et qui doit être élue aussi 6 mois avant les élections. Si on veut tenir compte de tout cela, on ne va jamais faire les élections à la FIF.
Alors je vais proposer une commission ad`hoc qui sera une sorte de mixage entre les anciens statuts où c`était le ministère de l`Intérieur et le ministère des Sports qui organisaient les élections, et nous allons adjoindre à ces personnes des personnalités du football pour pouvoir organiser ces élections. Voilà un peu le schéma de ce qui va se passer dans les prochains jours.
Repenser le financement du football ivoirien
C`est dommage, j`espère pouvoir organiser avec la presse une analyse plus profonde de la structure de nos finances. Je l`ai dit depuis 2006, nous dépendons essentiellement des ressources de la FIFA et des ressources qui sont attribuées pour le sponsoring de l`équipe nationale. Si l`Etat ne joue pas à 100% son rôle dans le financement de l`équipe nationale et si jamais nous ne sommes pas qualifiés pour la prochaine coupe du monde, cela veut dire qu`à partir de 2013, la FIF va se retrouver avec un manque à gagner de plus trois milliards de FCFA. Voilà le défi à relever. Malheureusement, on n`a pas encore adopté le budget 2011, sinon j`allais dire aux dirigeants de clubs que nous partons déjà du 1er janvier 2011 avec une garantie de déficit de pratiquement 2 milliards de FCFA. Puisque nous avons perdu beaucoup de sponsors en cours de route, nous devons combler ce déficit. Mais on les prend où pour pouvoir les prendre sur les 3 milliards de FCFA de la coupe du monde - et puis garder une provision pour attaquer 2012? Mais si les financements se font toujours à 50 ou 60%, cela veut dire que c`est toujours 2 milliards de FCFA de déficit qu`il va falloir combler.
Voilà le problème de la FIF. On avait les moyens, mais avec le départ de certains sponsors - et j`espère qu`ils vont revenir avec l`embellie créée par le nouveau gouvernement en place et l`attraction que les institutions financières ont pour la Côte d`Ivoire-, j`espère que les entreprises privées vont s`intéresser un peu plus à notre football comme ce fut le cas en 2002 lorsque je suis arrivé. Si vous faites l`abstraction d`une coupe du monde, et si l`Etat ne joue pas son rôle régalien ne serait-ce qu`à 60 ou 70%, on ne pourra plus assurer les subventions que nous donnons aux clubs et on sera encore obligé de dégraisser et de revenir à une situation pratiquement 20 ans en arrière. D`où la table ronde que je propose où nous devons discuter des moyens mis à la disposition de toutes les fédérations sportives.
Dans certains Etats, ils existe une subvention directe. C`est-à-dire que l`Etat dit: ``vous fédération de football, on vous donne 1 milliard par an``, ou ``à chaque club, je donne 200 millions par an``. La deuxième voie que nous allons préconiser, c`est le financement par parafiscalité. Il y a trop de produits d`exportation qui ne sont pas touchés. On a fait déjà une petite étude, ne serait-ce que sur l`hévéa, ça peut nous sortir l`épine du pied. Si vous ajoutez le pétrole, le gaz, l`or que nous produisons, on ne parle même pas du café et du cacao, pour lequel je suis un peu surpris que ça ne fasse pas partie de moyens de financement du sport national. Mais j`espère qu`on va y arriver par négociation. Le problème est très épais. Si vous décidez aujourd`hui d`aller aux élections dans deux semaines, sans avoir résolu tous ces problèmes, je crains qu`on ait un matin des surprises. Parce qu`une communication n`est pas forcément financée. Voilà le dilemme qui se pose à nous.
Le statut des joueurs de l`équipe nationale
Quand vous faites une communication et que vous mettez les joueurs que nous avons en équipe nationale, qui ne sont quand même pas des gens qui n`ont pas les moyens de leur politique, et que vous décidez de les faire voyager en classe affaire et qu`on vous dit non, il faut qu`ils partent en classe économique. Mais il faut le faire accepter par ces stars-là qui ne sont pas obligés de l`accepter. Donc vous êtes obligé de trouver vous-mêmes les moyens supplémentaires pour les mettre dans de bonnes conditions. Parce que quand ont joue un match au Malawi ou en Namibie, c`est quand même 10 à 12 heures de vol. Il y a tous ces aspects que les gens ne savent pas forcément, et qu`ils pensent que ce sont des dépenses excessives. Je dis non, il faut arriver frais pour jouer dans de bonnes conditions et gagner votre match et repartir.
Nous souhaitons que l`Etat finance la totalité de nos compétitions. Mais l`Etat aussi à ses réalités. C`est donc de notre devoir de trouver les moyens additionnels pour les mettre à la disposition de l`équipe nationale. Ces moyens additionnels, ce sont nos sponsors, les recettes du Mondial de la FIFA. Pour le moment ce n`est pas encore dramatique, mais j`ai posé des conditions. Si ces conditions ne sont pas respectées, l`institution se met en danger.
C`est comme un Etat qui fonctionne sans appuis extérieurs.
Des obligations sportives hors du pays
Cela fait pratiquement deux mois, jour pour jour, que je suis parti, je me sens bien de retour chez moi au pays. De toutes les façons, on ne se sent bien que chez soi. Pour diverses raisons, je suis parti, mais je suis de retour. Si je repars, c`est parce qu`il y a encore des obligations sportives. Heureusement que je suis sorti parce que j`avais effectivement plusieurs obligations à l`extérieur. Au moment où je vous parle, je dois normalement être au Mexique. Après le Mexique, je dois être à la Coupe du monde féminine en Allemagne, revenir pour les matches amicaux. Tous les mois, il y a une activité. Je suis vraiment heureux d`être là, de retrouver mes parents, mes amis... et aussi les journalistes que j`aime beaucoup, malgré le fait que vous me chatouilliez régulièrement. Ça fait partie aussi de la démocratie. Mais je déplore certains propos, parce que vous avez l`impression quelquefois de ne même pas être utile à votre pays. C`est ce sentiment que j`ai quelquefois. J`ai défendu la Côte d`Ivoire à différents niveaux. Je pense qu`aujourd`hui, en cinquante ans, le niveau auquel se trouve le football ivoirien, la considération qu`on lui donne, je pense quand même avoir avec le comité exécutif, contribué un peu à cela. Nous sommes aujourd`hui représentés à la FIFA.
Ça fait deux mandats. Mais j`ai l`impression que ça ne fait pas plaisir à certains de mes frères ivoiriens. Alors quand vous avez cette impression, vous avez le sentiment d`être inutile. Mais heureusement que ce n`est pas la majorité. On prend cela avec beaucoup de pincement au coeur mais c`est la vie.
Propos recueillis par Alphonse CAMARA