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Politique Publié le lundi 20 juin 2011 | Le Patriote

Lieutenant Koné Sampayo (commandant FRCI à Noé) : “Le Ghana ne constitue pas une menace”

© Le Patriote Par Aristide
Tournées du chef de l`Etat: le Président Alassane Ouattara a rencontré son homologue ghanéen, SEM Atta Mills
Dimanche 29 mai 2011. Accra (Ghana). Photo: Le Président Alassane Ouattara et son homologue ghanéen, Atta Mills
Regard froid mais amical, le lieutenant Sampayo devise avec certains de ses adjoints (Lt Dao et Lt Aka) sur la colline ou est perchée la base de celui qui, depuis deux mois, contrôle la frontière ivoiro-ghanéenne à partir de Noé. Le lieutenant Koné Sampayo, commandant en second du groupement tactique 2 (commandé par Touré Hervé dit Vetcho) ne fait aucune difficulté pour répondre à nos questions. Dans un français impeccable, Sampayo répond sans détours à nos préoccupations. Entretien.
LP : Peut-on dire que vous êtes bien installé ici à Noé, d’où vous contrôlez depuis quelques temps la frontière ivoiro-ghanéenne ?
KS : Le soldat que je suis fait tout pour s’adapter au terrain. Je peux donc dire que nous sommes bien installés. Depuis deux mois, si jusqu’à présent je dis que nous ne sommes pas bien installés, c’est que nous ne sommes pas de bons soldats. Je pense que depuis deux mois, nous sommes assez bien installés.

LP : Peut-on, à l’instar de toutes les frontières dire que la frontière ivoiro-ghanéenne est une zone sensible ?
KS : A priori, moi je ne vois pas de problèmes particuliers. Il y a une situation. Des hommes pour une raison ou un autre, ont traversé la frontière pour se retrouver sur le territoire d’un pays ami. Si on devait s’en tenir là cela, je dirais qu’on ne peut pas dire que le Ghana constitue une menace. Le Ghana pour moi, ne constitue pas une menace. Il y a des gens qui s’y sont rendus. Certains y sont encore, d’autres sont revenus. Pour moi, la situation n’est pas particulière.

LP : Parmi ceux qui ont traversé la frontière, on annonce beaucoup de vos anciens frères d’armes. Cette situation n’est-elle pas une préoccupation particulière pour vous ?
KS : Je pense que nos frères d’arme qui sont actuellement au Ghana ont leur raison. Mais au jour d’aujourd’hui, il y a beaucoup qui sont retournés au pays. Il y en a qui ont pris directement contact avec nous et qui sont rentrés, j’allais dire officiellement. Par contre, il y en a qui ont voulu rentrer sur la pointe des pieds. On a pu les intercepter mais ils n’ont pas été inquiétés outre mesure. Ils sont actuellement en Côte d’Ivoire. Pour la plupart, ils travaillent.

LP : Des rumeurs persistantes font état, ces derniers jours, de la préparation d’une offensive militaire sur la Côte d’Ivoire. Avez-vous reçu cette information ?
KS : Je ne pense pas qu’il y ait d’offensive en préparation et surtout du côté du Ghana. Comme je vous le disais tantôt, je pense que le Ghana et la Côte d’Ivoire entretiennent de bonnes relations. Je ne pense pas que le Ghana puisse constituer une base arrière de personnes voulant préparer une offensive, qui serait cautionnée par le Ghana. Je n’ai aucune preuve, je n’ai aucun indice qui dit qu’il y a des hommes qui se préparent là-bas.

LP : Est-ce que de votre position vous pouvez voir des gens qui se prépareraient au Ghana ?
KS : Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a moins de deux semaines, nous avons eu un repas de corps ici à Noé. A cette occasion, toutes les autorités militaires ghanéennes qui étaient à la frontière étaient ici. Ce qui veut dire que nous avons de bons rapports. Si quelque chose se préparait à ce niveau-là, je pense qu’ils allaient nous informer. Dans tous les cas, sans rentrer dans les détails, je voudrais dire que le militaire s’arrange pour voir le plus loin possible. Je n’ai rien vu. Je ne pense pas et je ne crois pas que quelque chose est en train de se préparer là-bas. Je pense qu’il serait idiot de la part de qui que ce soit, de vouloir préparer quelque chose contre les institutions de la Côte d’Ivoire. Ce sera quelque chose de très difficile à réaliser et ce sera stupide. Parce que nous venons de traverser une période assez trouble de notre histoire, ce n’est pas le moment de le faire. A notre niveau, nous avons pris toutes les dispositions pour que ce genre de choses ne se passe pas. Même si cela devrait se faire, elle ne se ferait pas le doigt dans le nez. Si par extraordinaire quelqu’un voulait s’y aventurer, il aurait beaucoup à faire.

LP : Ces dires suffisent-ils pour rassurer la population ivoirienne?
KS : La population ivoirienne peut vaquer tranquillement à ses occupations. Les dispositions ont été prises. Si nous sommes ici, ce n’est pas par hasard. Si les autorités nous ont fait confiance et nous ont demandé d’être ici, elles savent pourquoi. Et en étant ici, nous-mêmes nous nous disons que c’est sans recul. C’est-à-dire que nous ne pouvons plus reculer. Nous sommes prêts à accueillir toute personne qui viendrait ici. Mais cela dépendra de comment la personne viendra. Déjà, il faut dire que les autorités ont donné un signal fort le samedi dernier en levant les barrages sauvages. Tout cela pour faciliter la fluidité routière, pour aussi faire le tri, pour distinguer le vrai de l’ivraie. Je pense que d’ici peu, les choses vont rentrer dans l’ordre.

Réalisée Par Koné Lassiné à Noé
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